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Una Volta: La rentrée et le festival de BD

Le festival << BD à Bastia >> émigre de Pâques en septembre .
Una Volta
La rentrée et le festival de BD


Le festival « BD à Bastia » émigre de Pâques en septembre. Encore une conséquence du Covid ! Mais l’important n’est-il pas qu’il soit là : à nous tendre les bras du 16 au 19 de ce mois. Avec ses merveilles de dessins originaux, de spectacles, de rencontres.



La manifestation bastiaise consacrée à la bande dessinée est devenue le rendez-vous incontournable du calendrier festif de la ville. Proposer ce festival en même temps que la rentrée des activités artistiques, créatives, ludiques du Centre culturel s’adressant aux petits et aux grands, tient du tour de force. Une vraie ruche Una Volta !... Heureusement l’équipe de Juana Macari, responsable du lieu, est rodée. Même si les tracas dus aux répercussions de la crise sanitaire sont toujours présents avec leurs obstacles à surmonter au jour le jour qui gênent toute anticipation.

Obligation, par exemple, d’avoir constamment l’œil sur les textes législatifs successifs, sur leurs décrets d’application, sur leur interprétation faisant autorité et sur des distinguos parfois étranges à faire entre secteurs associatifs, privés, publics ! Sans parler des polémiques sur le port du pass qui laisse planer une épée de Damoclès sur les pratiques artistiques. « Il fallait tenir. Poursuivre nos activités. Maintenir le lien avec les adhérents et tous les Bastiais. On a tenu en exerçant une forme de résistance », souligne la directrice du Centre culturel.

Signaler que le Covid a eu également un impact financier sur le budget d’Una Volta ne relève pas d’une coquetterie mais d’une réalité qui s’est soldée par moitié moins d’inscrits. D’où la nécessité pour l’année 2021 – 2022 de redoubler d’efforts en concevant une programmation alléchante.

La saison qui s’annonce comporte plusieurs temps forts. Le premier de ceux-ci doit se dérouler le 16 octobre en collaboration avec « Le Théâtre du Commun », dirigé par Noël Casale. Dédié à l’art dramatique il sera axé sur des lectures de pièces et sur la convivialité. Du 25 octobre au 3 décembre on pourra admirer dans les salles d’Una Volta une exposition venant de Florence, soutenue par la Collectivité de Corse, sur Dante dont on commémore le sept centième anniversaire de la mort.

L’année prochaine débutera avec une exposition de photographies de Georges Rousse. Cette commande du CMP (Centre méditerranéen de la photo) doit évoquer le couvent Saint Antoine et le Bon Pasteur de Bastia – un monument en déshérence et un autre en rénovation. Plus tard dans la saison on pourra découvrir les œuvres d’art contemporain d’Estelle Deschamp et le travail photographique d’Elise Pinelli.

Sur les chapeaux de roues la rentrée et les trois coups ouvrant le festival de la bande dessinée !

La vocation du Centre culturel bastiais est d’initier aux pratiques artistiques les enfants et de former ainsi le public de demain. Essentielle cette part réservée aux jeunes. L’un des aspects sympathiques et réconfortants n’est-il pas de croiser durant le festival de la bande dessinée des petits arpentant « BD à Bastia » avec grands-parents ou parents et des groupes d’ados allant de bulle en case, de planches en vignettes à la découverte de surprises avec d’un étonnement toujours renouvelé !


Les spectacles sont programmés le samedi 18 septembre : Salle des Congrès du théâtre à 16 h pour « The Till Show ». A 20 h 30, au théâtre, pour le Space Opera, « Cosmolitude ».



« Et surtout – c’est notre spécificité – nous montrons des planches originales et non des pages d’albums imprimées. Ces originaux focalisent l’attention des visiteurs. Ils font la différence »…
Juana Macari


Pour quelles raisons le choix de l’architecture comme thème de votre édition en ce mois de septembre de « BD à Bastia » ?
Précision : l’architecture est le thème de notre grande exposition collective scénographiée par Raphaël Lerays. Cette expo qui réunit treize auteurs, s’intitule, « Le 1 er dans le 9 è (Arts) : l’archi entre les cases ». Discipline parfois considérée comme élitiste l’architecture est très présente dans notre vie quotidienne et nombreux sont les auteurs de BD à s’en être emparés. Dans la BD, ce 1 er art se décline en vastes espaces urbains, en maisons de famille qui participent à construire un individu ou peut être un personnage en soi. L’architecture peut aussi dire l’évolution d’un chantier, ou signer la propagande de régimes autoritaires ou fascistes qui veulent graver leurs traces dans la pierre ou le béton.


Actuellement qu’y-a-t-il de nouveau dans le monde de la BD ? Une tendance se dégage-t-elle ?
On constate l’émergence de petites maisons d’éditions souvent créées par des auteurs. Ainsi Jérôme Dubois qui édite ses deux albums, « CitéVille » et « Citéruines », qui forment un diptyque, chez « Cornélius » et chez « Ed. Matière ». Ces albums, reflet de son univers très personnel, montrent un monde se déshumanisant à l’extrême et au bout du processus ce qu’il en reste : rien, sauf des ruines. Hugo Bienvennu, lui, veut se lancer dans des projets expérimentaux qui pourraient intimider des éditeurs plus… classiques. Alex Chauvel, que nous recevons les avait précédés dans cette voie. Son objectif en fondant les éditions, Polystyrène : miser sur de nouvelles formes pour raconter des histoires en proposant des bandes dessinées à déplier, à combiner, à dérouler, à mélanger… Du bel ouvrage sur des formats atypiques.


Que se passe-t-il du côté de l’illustration jeunesse ?
Dans pas mal d’albums on constate un rapport à l’enfance inséré dans un temps lent et dans la contemplation. En contrepoint avec notre époque où prime la vitesse et l’immédiateté.


Pourquoi les livres destinés aux adultes ne comportent-ils plus d’illustrations ?
Certains illustrateurs souffrent d’être cantonnés au secteur jeunesse. Absents du roman en particulier, de la littérature en général ils prennent leur revanche dans la presse écrite. Le magazine, « The New Yorker », s’en est fait une spécialité. Ils trouvent aussi leur place dans « Le Monde » ou « Libération ».


Cette édition septembriste de « BD à Bastai » est-elle aussi ample que d’ordinaire ?
Nous n’avons pu avoir de salle au Musée de Bastia où se déroule l’exposition, « Banditi ». Face aux incertitudes liées au Covid et aux précautions sanitaires de l’heure nous avons légèrement réduit la voilure mais avec dix expos il y a largement de quoi voir… En tout nous montrons les réalisations de 28 auteurs et nous en invitons 21. Onze rendez-vous entre créateurs et public sont organisés et nous programmons deux spectacles. L’un autour des aventures de Till l’Espiègle, ce héros de la littérature médiévale flamande. L’autre, « Cosmolitude 21 », qui est un Space Opera.


Est-il facile de faire côtoyer des univers très différents par leur sujets et leurs styles ?
Ce n’est pas un souci ! L’espace labyrinthique de nos salles et la signalétique que nous déployons nous aide. Et surtout – c’est notre spécificité – nous montrons des planches originales et non des pages d’albums imprimés. Ces originaux focalisent l’attention des visiteurs. Ils font la différence… Dans nos expositions nous jouons sur la cohabitation, non sur la rupture. On mise sur la mélodie intérieure de celui qui regarde.


Vous proposez des spectacles associant dessins en live, musique, chant, jeu d’acteur. Est-ce là un épiphénomène ou une tendance qui s’inscrit dans la durée ?
Depuis quelques années les auteurs de BD se tournent de plus en plus vers le spectacle vivant. Il est donc naturel de programmer ce genre. L’an dernier nous proposions « Aux champs d’honneur », cette année c’est « Cosmolitude 21 » dont l’idée a germé lors d’un festival de BD et « The Till Show » qui repose sur du dessin en live ce qui n’est pas à portée de tous et dévoile au public le mystère du geste du dessinateur.


Les rencontres, auteurs-public, sont-elles une règle d’or ?
On tient beaucoup à ces échanges qui mettent l’accent sur la rencontre. Rappelons que nous ne sommes pas dans un schéma de salon et que nous n’avons pas de vocation commerciale. « BD à Bastia » a avant tout le but de dévoiler aux spectateurs-lecteurs le travail des auteurs.


Pourquoi pas le manga ?
Avec le manga nous ne sommes pas trop en terrain de connaissances et de compétences ! Autre paramètre : les mangaras vivant au Japon œuvrent en équipes et se déplacent en groupes, ce qui requiert des moyens que nous n’avons pas !

Propos recueillis par M.A-P


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