Vaccination obligatoire
Le personnel de l'Hôpital de Bastia, réfractaire à l'obligation vaccinale, est moralement détruit.
Vaccination obligatoire
Le personnel de l’Hôpital de Bastia, réfractaire à l’obligation, est moralement détruit.
Le pass sanitaire pose un problème éthique à un certain nombre de soignants de l’Hôpital de Bastia. C’est le maintien et la prolongation de l’état d’urgence en France qui a rendu leur vaccination obligatoire. Si la législation avait été différente, le pass sanitaire aurait-il existé ? Ils s’interrogent sur leur mission, sur ce que signifie aujourd’hui : soigner sous la contrainte.
En France, comme en Corse, lors du confinement strict, à l’approche des 20h, les hommes et les femmes se dirigeaient vers les balcons, fenêtres et applaudissaient ceux qu’ils considéraient comme des combattants en première ligne de la pandémie. Imitant nos amis italiens, ils faisaient vibrer à l’unisson la solidarité entre les êtres humains. Aujourd’hui, ces mêmes combattants sont dans l’obligation de se vacciner contre la Covid 19 sous peine d’une mise à pied au 15 septembre et d’une suspension de salaire. À l’heure de la publication de ce billet, ces mises à pied seront effectives. En deux ans de travail quotidien, acharné, rigoureux, au contact permanent avec la Covid 19, ils sont passés du statut de héros à ceux d’irresponsables, déraisonnables, assassins. Stéphane, infirmier au bloc opératoire, s’étonne : « Aucun de nous, au bloc, n’a été contaminé et ce depuis le début de la crise sanitaire. Nous sommes suffisamment habitués à ce danger pour y être très vigilants. Par exemple, nous observons que les gens vaccinés sont les plus oublieux des gestes barrières qu’il faut pourtant absolument conserver pour éviter une reprise du taux d’incidence. » Son collègue, Michaël, renchérit : « Ce que l’Agence Régionale de Santé (ARS) ne précise jamais, c’est le schéma complet des personnes en réanimation. En effet, les non vaccinés représentent 65 % des gens admis dans ce service. Mais 35% d’entre eux, a contrario, ont déjà reçu leur dose vaccinale. Il faut ne pas oublier non plus que l’efficacité du vaccin ne court que sur 6 à 8 mois. » Rappelons également que les vaccins anti-Covid sont encore tous en phase expérimentale (« phase3 »). Le Pfizer, par exemple, ne conclura ses études cliniques que le 2 mai 2023 (documentation officielle des laboratoires).
Que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se refuse à l’injection d’une troisième dose, sous prétexte de privilégier d’abord les pays pauvres. Que l’Union européenne se désengage de ses responsabilités en cas de problèmes. L’administration d’un rappel n’a pas été recommandée par l’Agence européenne des médicaments, Commission du 26 août 2021. Christian, qui a passé 42 ans de sa vie au sein de l’Hôpital de Bastia, qui a subi à plusieurs reprises de graves soucis de santé, reste perplexe : « Dans ma carrière, je n’ai pas eu le sentiment d’être inutile. Si aujourd’hui, j’avais encore besoin de soins, je ne pourrai plus accéder aux consultations si je ne suis pas vacciné et les tests deviendront payants au 15 octobre. » Les pragmatiques lui répondront : « Faîtes vous vacciner ». Mais sans consentement éclairé, il est en droit de disposer de son corps. Il conclut : « Quand il n’y a plus de message, on attaque le messager ». Car l’impression est bien de vouloir trouver des boucs-émissaires.
Au-delà des débats contradictoires et infinis sur la vaccination (son infaillibilité, ses effets à moyen et long terme, son autorisation de mise sur le marché conditionnelle), la véritable question semble être la disproportion des sanctions qu’encourent les professionnels de santé et non celle de la vaccination pour laquelle ils ne sont pas inconsciemment hostiles. La liberté de choix n’est-elle pas plus efficace que cibler précisément les soignants, qui pendant le confinement de mars 2020 devaient s’armer de sacs plastiques pour pallier au manque de matériel essentiel. Qu’en est-il également des lits supplémentaires promis en réanimation ? Ou l’incohérence de n’avoir, sur tout le territoire insulaire, que 25 lits dans ces services en saison estivale alors que l’île se gorge de 2,7 millions de personnes (chiffre correspondant au nombre de passagers transportés) ?
Est-ce à dire que la contrainte décidée par un État prévaut seule sur la pensée individuelle et collective ? Sommes-nous entrés dans une ère de défiance et de soumission ? La lame de fond créée pour instaurer un climat de peur et de division n’est-elle pas initiée de longue date ? Elle sert l’instrumentalisation et dévie de la réalité de terrain. L’obéissance aveugle, enfin, justifie-t-elle l’acceptation de la vaccination des enfants à partir de 12 ans ? Elle n’est certes pas (encore) obligatoire mais fait l’objet d’une campagne de propagande et d’exclusion, à grands renforts médiatiques et directives ministérielles. En septembre, le ministre de l’Éducation nationale, Monsieur Blanquer, intronisait les professeurs « Ambassadeurs de la vaccination ». Et sur la question d’une vaccination obligatoire pour le corps enseignant, il jugeait celle-ci « ni légitime, ni souhaitable, ni utile », préférant miser sur « une logique de confiance et de responsabilité ». Retrouver nos esprits, trop souvent embrouillés par les flots incessants d’informations, semble être la seule planche de salut. Choisir librement de nous vacciner, de ne pas nous vacciner. Dans un réel réveil de nos consciences, à nouveau éclairées, sereines, solidaires.
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Anna Massari
Photographie Centre hospitalier : © Pascal Pochard-Casabianca / AFP
« Ne touchez pas aux enfants » : © Lea Eouzan-Pieri
Le personnel de l’Hôpital de Bastia, réfractaire à l’obligation, est moralement détruit.
Le pass sanitaire pose un problème éthique à un certain nombre de soignants de l’Hôpital de Bastia. C’est le maintien et la prolongation de l’état d’urgence en France qui a rendu leur vaccination obligatoire. Si la législation avait été différente, le pass sanitaire aurait-il existé ? Ils s’interrogent sur leur mission, sur ce que signifie aujourd’hui : soigner sous la contrainte.
En France, comme en Corse, lors du confinement strict, à l’approche des 20h, les hommes et les femmes se dirigeaient vers les balcons, fenêtres et applaudissaient ceux qu’ils considéraient comme des combattants en première ligne de la pandémie. Imitant nos amis italiens, ils faisaient vibrer à l’unisson la solidarité entre les êtres humains. Aujourd’hui, ces mêmes combattants sont dans l’obligation de se vacciner contre la Covid 19 sous peine d’une mise à pied au 15 septembre et d’une suspension de salaire. À l’heure de la publication de ce billet, ces mises à pied seront effectives. En deux ans de travail quotidien, acharné, rigoureux, au contact permanent avec la Covid 19, ils sont passés du statut de héros à ceux d’irresponsables, déraisonnables, assassins. Stéphane, infirmier au bloc opératoire, s’étonne : « Aucun de nous, au bloc, n’a été contaminé et ce depuis le début de la crise sanitaire. Nous sommes suffisamment habitués à ce danger pour y être très vigilants. Par exemple, nous observons que les gens vaccinés sont les plus oublieux des gestes barrières qu’il faut pourtant absolument conserver pour éviter une reprise du taux d’incidence. » Son collègue, Michaël, renchérit : « Ce que l’Agence Régionale de Santé (ARS) ne précise jamais, c’est le schéma complet des personnes en réanimation. En effet, les non vaccinés représentent 65 % des gens admis dans ce service. Mais 35% d’entre eux, a contrario, ont déjà reçu leur dose vaccinale. Il faut ne pas oublier non plus que l’efficacité du vaccin ne court que sur 6 à 8 mois. » Rappelons également que les vaccins anti-Covid sont encore tous en phase expérimentale (« phase3 »). Le Pfizer, par exemple, ne conclura ses études cliniques que le 2 mai 2023 (documentation officielle des laboratoires).
Que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se refuse à l’injection d’une troisième dose, sous prétexte de privilégier d’abord les pays pauvres. Que l’Union européenne se désengage de ses responsabilités en cas de problèmes. L’administration d’un rappel n’a pas été recommandée par l’Agence européenne des médicaments, Commission du 26 août 2021. Christian, qui a passé 42 ans de sa vie au sein de l’Hôpital de Bastia, qui a subi à plusieurs reprises de graves soucis de santé, reste perplexe : « Dans ma carrière, je n’ai pas eu le sentiment d’être inutile. Si aujourd’hui, j’avais encore besoin de soins, je ne pourrai plus accéder aux consultations si je ne suis pas vacciné et les tests deviendront payants au 15 octobre. » Les pragmatiques lui répondront : « Faîtes vous vacciner ». Mais sans consentement éclairé, il est en droit de disposer de son corps. Il conclut : « Quand il n’y a plus de message, on attaque le messager ». Car l’impression est bien de vouloir trouver des boucs-émissaires.
Au-delà des débats contradictoires et infinis sur la vaccination (son infaillibilité, ses effets à moyen et long terme, son autorisation de mise sur le marché conditionnelle), la véritable question semble être la disproportion des sanctions qu’encourent les professionnels de santé et non celle de la vaccination pour laquelle ils ne sont pas inconsciemment hostiles. La liberté de choix n’est-elle pas plus efficace que cibler précisément les soignants, qui pendant le confinement de mars 2020 devaient s’armer de sacs plastiques pour pallier au manque de matériel essentiel. Qu’en est-il également des lits supplémentaires promis en réanimation ? Ou l’incohérence de n’avoir, sur tout le territoire insulaire, que 25 lits dans ces services en saison estivale alors que l’île se gorge de 2,7 millions de personnes (chiffre correspondant au nombre de passagers transportés) ?
Est-ce à dire que la contrainte décidée par un État prévaut seule sur la pensée individuelle et collective ? Sommes-nous entrés dans une ère de défiance et de soumission ? La lame de fond créée pour instaurer un climat de peur et de division n’est-elle pas initiée de longue date ? Elle sert l’instrumentalisation et dévie de la réalité de terrain. L’obéissance aveugle, enfin, justifie-t-elle l’acceptation de la vaccination des enfants à partir de 12 ans ? Elle n’est certes pas (encore) obligatoire mais fait l’objet d’une campagne de propagande et d’exclusion, à grands renforts médiatiques et directives ministérielles. En septembre, le ministre de l’Éducation nationale, Monsieur Blanquer, intronisait les professeurs « Ambassadeurs de la vaccination ». Et sur la question d’une vaccination obligatoire pour le corps enseignant, il jugeait celle-ci « ni légitime, ni souhaitable, ni utile », préférant miser sur « une logique de confiance et de responsabilité ». Retrouver nos esprits, trop souvent embrouillés par les flots incessants d’informations, semble être la seule planche de salut. Choisir librement de nous vacciner, de ne pas nous vacciner. Dans un réel réveil de nos consciences, à nouveau éclairées, sereines, solidaires.
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Anna Massari
Photographie Centre hospitalier : © Pascal Pochard-Casabianca / AFP
« Ne touchez pas aux enfants » : © Lea Eouzan-Pieri