Quinze ans au service des autres, la Marie-Do
Nous sommes là pour faire en sorte que les malades aient un petit moment de bonheur au milieu d'une situation compliquée.
Quinze ans au service des autres
Ce qui était un hommage à Marie-Do Versini, décédée en 2007 d’un cancer, s’est mué en quelques années, en un gigantesque élan de solidarité au sein duquel chacun s’efforce, à sa manière, d’apporter sa pierre à ce bel édifice social et humaniste…
Personne, dans notre société mondialiste, n’est épargné de près ou de loin, par le fléau du cancer, véritable mal du siècle. Et quand, à l’échelle nationale et internationale, les politiques se soucient plus du développement économique ou d’autres intérêts que de la santé, les budgets qui y sont alloués fondent malheureusement comme neige au soleil. Malgré une générosité évidente, la Corse n’échappe pas à ce triste constat. Dû, sans doute à un système mondial qui certes s’effrite mais donne la part belle au pouvoir de l’argent. Face à cette situation, ça et là, des hommes et des femmes de tous âges et de tous horizons se démènent sans compter les heures et l’investissement. Autour d’un seul objectif : aider l’autre.
Voilà résumée en quelques mots, l’histoire de l’association « La Marie Do ». L’histoire d’une amitié, celle qui liait Catherine Riera et Marie Do Versini, terrassée par cette cruelle maladie à tout juste 35 ans. Il fallait faire quelque chose et ce qui fut, au départ l’hommage émouvant durant une journée à peine à cette amie, cette parente, est devenu en quelques temps à peine, un concept humaniste où l’on ne compte plus les bénévoles ni l’élan de solidarité. Au-delà du souvenir qu’elle a pu laisser, Marie-Do Versini est, alors devenue le symbole de toutes ces personnes touchées par la maladie. Avec une énorme inquiétude ajoutée à une immense douleur, celle de voir ce fléau toucher les enfants…
Un soutien financier et moral
Depuis quinze ans donc, les parrains de la manifestation se succèdent de Patrick Fiori à Jenifer, les musiciens, sportifs, culturels renommés ou non, les politiques également, l’ensemble de la société corse s’investit totalement dans une démarche qui se veut sociale et solidaire. Un concept qui, s’il suscite parfois le doute du corps médical de par son aspect festif, émeut et sensibilise petits et grands. Un aspect festif qui constitue en quelques sortes l’ADN des journées de la Marie Do. Non pas que la maladie ne soit pas prise au sérieux. Il s’agit, bien au contraire, d’apporter une bouffée d’oxygène, de voir naître un sourire au lieu des larmes, d’aider toutes ces personnes touchées par la maladie ainsi que leurs familles à sortir de leur quotidien. Au-delà donc de l’aide financière, c’est aussi un soutien moral qui leur est apporté.
Les cinq axes de travail mis en place par l’association (Fonds de secours, recherche notamment en onco-pédiatrie, soins de bien-être, essais cliniques, investissements…) permettent d’avancer dans la lutte contre la maladie. Et l’investissement de tous à travers les actions développées a permis, quant à lui en 2020, de reverser plus de 155000 euros à 500 malades. Une année difficile en raison de la crise sanitaire. Mais un total de quinze années autour desquelles les centaines de bénévoles se serrent les coudes pour créer des manifestations, lancer des appels au don, communiquer, solliciter les médias... Parce que la maladie ne recule malheureusement pas. Nul doute que le retour des journées de la Marie Do va apporter un peu de cette éclaircie qui manque cruellement depuis plus d’un an…
Catherine Riera, présidente de l’association « La Marie Do >>
« Nous sommes là pour faire en sorte que les malades aient un petit moment de bonheur au milieu d’une situation compliquée. »
Comment se présente cette quinzième édition de la Marie Do ?
On est tous très heureux que cette quinzième édition ait finalement lieu après un an d’absence. Mais ce sont des journées bien particulières en raison des conditions sanitaires. La journée des enfants a été annulée, de même que le trail, le loto, les concerts, les défilés, galas de danse...L’inauguration se fera sur le site le vendredi 8 octobre à 18h30 avec un apéritif dînatoire, des animations diverses le samedi 9, une paella géante à midi, et un apéritif musical animé par « la P’tite culotte » le soir, trois courses solidaires de 10 et 5 km et une troisième symbolique de 500m le dimanche 10. Un déjeuner avec les Pescadiri in Festa à midi et d’autres animations jusqu’en fin d’après-midi. On retourne à nos premiers amours sur la Place Miot d’Ajaccio.
Une manifestation en « mode réduit » ?
L’organisation est particulière, elle doit respecter les contraintes sanitaires ( pass-sanitaire, distances, temps entre deux prestations…). Il y aura forcément un manque à gagner important mais l’essentiel est de pouvoir être présents après une période difficile pour tout le monde. Rien n’a été organisé depuis mars 2020. De ce fait, la collecte est très compliquée encore fois. Les journées de la Marie Do sont donc, cette année encore, notre événement majeur.
Comment l’association a-t-elle vécu la crise sanitaire et plus particulièrement les confinements ?
L’association vit grâce aux dons et notamment les fonds qu’elle avait pu mettre de côté depuis plusieurs années, à la générosité des partenaires. Nous vivons sans aides publiques, tous nos fonds proviennent de dons ou d’événements. Le fait de ne pas avoir pu organiser les journées de la Marie Do en 2020 nous a porté un gros coup. Sans événements, on collecte moins mais en même temps, la demande est toujours présente et plus particulièrement en cette période de crise.
L’association aujourd’hui ?
Pour notre première édition en 2007, avait organisé une seule journée plutôt à vocation sportive et reversé les fonds récoltés à la Ligue contre le cancer. Aujourd’hui, ce sont des événements durant toute l’année, 200 bénévoles partout dans l’île, un siège à Ajaccio cinq antennes dans toute la Corse. Une association qui est, je le rappelle 10 % bénévole.
Quels sont vos rapports avec l’association Inseme ?
Nous sommes vraiment complémentaires. On travaille ensemble. Ils gèrent les transports, l’hébergement et les déplacements médicaux urgents, quand nous sommes face à un cas compliqué, nous faisons appel à Inseme. On est faits pour travailler main dans la main.
Le cancer aujourd’hui en Corse ?
Dans l’ensemble, tout repose sur le monde associatif. Les transports et l’hébergement sont pris en charge à 90 % par Inseme, les secours financiers pour les malades par les ligues contre le cancer et la Marie Do. La Collectivité de Corse apporte un soutien mais la solution sera, bien sûr à terme, la création un CHU en Corse pour que l’on n’envoie plus nos malades se faire soigner sur le Continent. C’est une solution politique.
Le côté festif de la Marie Do ?
Il est important de garder le moral et de soutenir les malades, c’est une maladie grave mais nous sommes là pour les aider à relever la tête, à avoir un petit moment de bien-être au coeur d’une situation compliquée. Quand on voit toutes ces femmes qui défilent lors des journées, elles sont chouchoutées, elles sourient, c’est un petit moment de bonheur pour elles.
Interview réalisée par Philippe Peraut
Ce qui était un hommage à Marie-Do Versini, décédée en 2007 d’un cancer, s’est mué en quelques années, en un gigantesque élan de solidarité au sein duquel chacun s’efforce, à sa manière, d’apporter sa pierre à ce bel édifice social et humaniste…
Personne, dans notre société mondialiste, n’est épargné de près ou de loin, par le fléau du cancer, véritable mal du siècle. Et quand, à l’échelle nationale et internationale, les politiques se soucient plus du développement économique ou d’autres intérêts que de la santé, les budgets qui y sont alloués fondent malheureusement comme neige au soleil. Malgré une générosité évidente, la Corse n’échappe pas à ce triste constat. Dû, sans doute à un système mondial qui certes s’effrite mais donne la part belle au pouvoir de l’argent. Face à cette situation, ça et là, des hommes et des femmes de tous âges et de tous horizons se démènent sans compter les heures et l’investissement. Autour d’un seul objectif : aider l’autre.
Voilà résumée en quelques mots, l’histoire de l’association « La Marie Do ». L’histoire d’une amitié, celle qui liait Catherine Riera et Marie Do Versini, terrassée par cette cruelle maladie à tout juste 35 ans. Il fallait faire quelque chose et ce qui fut, au départ l’hommage émouvant durant une journée à peine à cette amie, cette parente, est devenu en quelques temps à peine, un concept humaniste où l’on ne compte plus les bénévoles ni l’élan de solidarité. Au-delà du souvenir qu’elle a pu laisser, Marie-Do Versini est, alors devenue le symbole de toutes ces personnes touchées par la maladie. Avec une énorme inquiétude ajoutée à une immense douleur, celle de voir ce fléau toucher les enfants…
Un soutien financier et moral
Depuis quinze ans donc, les parrains de la manifestation se succèdent de Patrick Fiori à Jenifer, les musiciens, sportifs, culturels renommés ou non, les politiques également, l’ensemble de la société corse s’investit totalement dans une démarche qui se veut sociale et solidaire. Un concept qui, s’il suscite parfois le doute du corps médical de par son aspect festif, émeut et sensibilise petits et grands. Un aspect festif qui constitue en quelques sortes l’ADN des journées de la Marie Do. Non pas que la maladie ne soit pas prise au sérieux. Il s’agit, bien au contraire, d’apporter une bouffée d’oxygène, de voir naître un sourire au lieu des larmes, d’aider toutes ces personnes touchées par la maladie ainsi que leurs familles à sortir de leur quotidien. Au-delà donc de l’aide financière, c’est aussi un soutien moral qui leur est apporté.
Les cinq axes de travail mis en place par l’association (Fonds de secours, recherche notamment en onco-pédiatrie, soins de bien-être, essais cliniques, investissements…) permettent d’avancer dans la lutte contre la maladie. Et l’investissement de tous à travers les actions développées a permis, quant à lui en 2020, de reverser plus de 155000 euros à 500 malades. Une année difficile en raison de la crise sanitaire. Mais un total de quinze années autour desquelles les centaines de bénévoles se serrent les coudes pour créer des manifestations, lancer des appels au don, communiquer, solliciter les médias... Parce que la maladie ne recule malheureusement pas. Nul doute que le retour des journées de la Marie Do va apporter un peu de cette éclaircie qui manque cruellement depuis plus d’un an…
Catherine Riera, présidente de l’association « La Marie Do >>
« Nous sommes là pour faire en sorte que les malades aient un petit moment de bonheur au milieu d’une situation compliquée. »
Comment se présente cette quinzième édition de la Marie Do ?
On est tous très heureux que cette quinzième édition ait finalement lieu après un an d’absence. Mais ce sont des journées bien particulières en raison des conditions sanitaires. La journée des enfants a été annulée, de même que le trail, le loto, les concerts, les défilés, galas de danse...L’inauguration se fera sur le site le vendredi 8 octobre à 18h30 avec un apéritif dînatoire, des animations diverses le samedi 9, une paella géante à midi, et un apéritif musical animé par « la P’tite culotte » le soir, trois courses solidaires de 10 et 5 km et une troisième symbolique de 500m le dimanche 10. Un déjeuner avec les Pescadiri in Festa à midi et d’autres animations jusqu’en fin d’après-midi. On retourne à nos premiers amours sur la Place Miot d’Ajaccio.
Une manifestation en « mode réduit » ?
L’organisation est particulière, elle doit respecter les contraintes sanitaires ( pass-sanitaire, distances, temps entre deux prestations…). Il y aura forcément un manque à gagner important mais l’essentiel est de pouvoir être présents après une période difficile pour tout le monde. Rien n’a été organisé depuis mars 2020. De ce fait, la collecte est très compliquée encore fois. Les journées de la Marie Do sont donc, cette année encore, notre événement majeur.
Comment l’association a-t-elle vécu la crise sanitaire et plus particulièrement les confinements ?
L’association vit grâce aux dons et notamment les fonds qu’elle avait pu mettre de côté depuis plusieurs années, à la générosité des partenaires. Nous vivons sans aides publiques, tous nos fonds proviennent de dons ou d’événements. Le fait de ne pas avoir pu organiser les journées de la Marie Do en 2020 nous a porté un gros coup. Sans événements, on collecte moins mais en même temps, la demande est toujours présente et plus particulièrement en cette période de crise.
L’association aujourd’hui ?
Pour notre première édition en 2007, avait organisé une seule journée plutôt à vocation sportive et reversé les fonds récoltés à la Ligue contre le cancer. Aujourd’hui, ce sont des événements durant toute l’année, 200 bénévoles partout dans l’île, un siège à Ajaccio cinq antennes dans toute la Corse. Une association qui est, je le rappelle 10 % bénévole.
Quels sont vos rapports avec l’association Inseme ?
Nous sommes vraiment complémentaires. On travaille ensemble. Ils gèrent les transports, l’hébergement et les déplacements médicaux urgents, quand nous sommes face à un cas compliqué, nous faisons appel à Inseme. On est faits pour travailler main dans la main.
Le cancer aujourd’hui en Corse ?
Dans l’ensemble, tout repose sur le monde associatif. Les transports et l’hébergement sont pris en charge à 90 % par Inseme, les secours financiers pour les malades par les ligues contre le cancer et la Marie Do. La Collectivité de Corse apporte un soutien mais la solution sera, bien sûr à terme, la création un CHU en Corse pour que l’on n’envoie plus nos malades se faire soigner sur le Continent. C’est une solution politique.
Le côté festif de la Marie Do ?
Il est important de garder le moral et de soutenir les malades, c’est une maladie grave mais nous sommes là pour les aider à relever la tête, à avoir un petit moment de bien-être au coeur d’une situation compliquée. Quand on voit toutes ces femmes qui défilent lors des journées, elles sont chouchoutées, elles sourient, c’est un petit moment de bonheur pour elles.
Interview réalisée par Philippe Peraut