Le couvent de Marcassu
Le Couvent de Marcassau renaît de ses cendres aprés bien des aléas.....
Le couvent de Marcassu
Une perle dans le village de Cateri, le Couvent de Marcassu qui renaît peu à peu de ses cendres après bien des aléas. Depuis 400 ans, l’édifice qui domine toute la plaine d’Aregno marque profondément par son humble beauté toutes les personnes qui le visitent et qui ressentent comme une touche d’éternité en ce lieu.
Le passé
La première pierre fut posée le 5 septembre 1623, sur des terrains cédés gracieusement par trois habitants du village. son emplacement avait été choisi deux ans plus tôt, le 6 mai 1621 et marqué par une croix posée sur les ruines d’une ancienne commanderie. Deux siècles plus tard et des travaux constants permirent d’achever cette imposante bâtisse de plus de 1500 m² avec sa quarantaine de salles, un cloître et une église citée au titre des « monuments historiques ». 1642 la population du couvent devenant très importante de nombreuses cultures furent développées dans ses dépendances et les besoins en eau augmentés. Il fut demandé à la commune limitrophe Lavatoggio, une donation en eau. Cette dernière fit donation au couvent des eaux provenant du « Capu di Guestia è Monacu Mortu ». 9 ans plus tard, une seconde donation d’eau provenant du Quarciolu et Parnicale fut faite, en revanche cette eau n’était disponible que de la mi-juillet à fin octobre. 1789, le couvent est décrété « Bien National » et vendu aux enchères à Joseph Salvini de Nessa et les Frères Franciscains qui l’occupaient en sont expulsés. 1806, Joseph Salvini vend les deux grosses cloches et les orgues. Il cède également le Maître Autel en marbre polychrome qui orne désormais l’église de Cateri.
Le présent
Haut lieu de la spiritualité, le Couvent habité pendant près de 350 ans par les Franciscains, puis 20 ans par les Bénédictins continue à ce jour sa vocation de « Maison de prières » avec la présence et l’installation de la communauté des religieuses « Le Rosier de l’Annonciation ». Sœur Laetitia, Prieure de la Communauté, nous explique la raison de leur venue à Marcassu. Un 22 août, jour de la mémoire de Marie Reine, j’arrivais à temps pour me glisser dans la procession de mon village d’origine Vivario et ensuite aller chercher mes sœurs au bateau à l’Île Rousse. Avant d’aller dîner, je leur propose de visiter le Couvent de Marcassu. Nous pensions visiter une ruine et à notre grande surprise constatons que le lieu semble habité. Il est 20 h passé nous nous dirigeons vers l’église ouverte et lisons le panneau d’affichage informant qu’une dame oblate assure une permanence pour l’hôtellerie et l’entretien. Nous n’osons déranger et choisissons de nous asseoir sur le muret devant l’église. Face à nous la plaine d’Aregno et la mer, à droite des villages posés sur des monts comme dans une crèche, s’éclairent jusque sur la crête. Derrière nous, la montagne presque bleue surplombe le village de Cateri. Nous apprécions la beauté du lieu, le silence habité d’un sentiment de paix et de douceur. Soudain le claquement de la porte de l’église nous ramène à la réalité. Clac ! une petite tête se faufile et regarde c’est la dame oblate venue fermer l’église. Elle descend les trois marches et se dirige vers nous : « et bien ça y est j’ai trouvé ma communauté ». Rires de notre côté, mais avec toute la détermination qui la caractérise elle continue : « ah si, si c’est vous. Vous irez très bien ainsi. » Et elle nous fait visiter le couvent.
Conquises par le charme et l’âme du lieu il nous était difficile de répondre à cette merveilleuse proposition. Nous venions de nous installer à Lourdes pour mettre en place une mission commune : un foyer pour enfants, un patronage, une aide aux mères en difficultés en leur proposant la prise en charge de leur enfant… Mireille, la dame oblate, nous emmène sur la terrasse et quelle n’est pas notre émotion quand nous découvrons au milieu du jardin, la reproduction de la Grotte de Lourdes. Ça alors ! Elle est là ! c’est peut-être ici qu’elle nous attend. Ce n’est pas tout de suite clair, mais c’est doux comme Marie. Il faudra un peu de temps pour confirmer avec des raisonnements humains ce que le Ciel semblait nous dire si vite : nous enraciner dans cette terre de Balagne. Mais la Providence est à l’œuvre et la communauté finie par revenir en Balagne où elle est reçue chaleureusement par tous. Les familles leur confient leurs enfants au premier mini camp proposé. Le 1er juin 2020, jour du « Renouvellement des vœux » des sœurs au couvent, la Source donnée à vie en 1642 par une famille voisine et qui s’était tarie, s’est remise à couler abondamment dans les jardins du couvent pour irriguer le potager des sœurs. L’évêque d’Ajaccio l’a bénie ce jour-là.
Le développement des apostolats, le retour de la source bénie par l’évêque, jour de Marie Mère de l’Eglise où nous renouvelons nos vœux d’un seul chœur, autant de signes qui viennent confirmer que notre place est là… Le tableau est presque parfait sauf, que le toit immense se détériore…s’effrite même par endroit, il pleut dans les cellules quand le vent souffle avec la pluie…Les fonds pour refaire le toit d’un tel édifice sont colossaux… L’association « Les amis du couvent de Marcassu » fait tout son possible pour récolter des fonds. Une rencontre sur le continent à l’occasion d’une visite à des sœurs en stage dans un internat de jeunes filles au collège de Pontlevoy avec la promesse d’un premier don de 177 000 euros d’une fondation privée…
Les années Covid et l’été 2020 font que les activités sont réduites. Pas de procession à Cateri pour le 15 août arrive. La veille, déçues de ne pouvoir honorer la Vierge sur la route, sœur Laetitia propose aux sœurs d’aller dans le village souhaiter une bonne fête du 15 août à ceux que qu’elles croiseront, précisant de ne pas s’arrêter pour un verre ou une myrte mais de mettre l’accent sur la fête de la Vierge. 1ère station : « Chez Léon », le restaurant est plein à craquer et Dumé le Maire, les bras chargés d’assiettes s’interroge en nous voyant : « qu’est-ce que vous faites là ? », « on vient vous souhaiter bonne fête », « c’est gentil, vous avez 2 minutes », « oui », il nous conduit à la table du ministre, Franck Riester. « Voilà les sœurs du couvent, leur toit s’écroule… Il faut les aider… » Précis, concis. Le ciel fait le reste : les bonnes personnes au bon moment. Le nom est lâché : Stéphane Bern, le contact est pris… Bouleversées par ce qui nous arrive, on en oublie notre résolution et nous voilà assises avec une myrte… Quelques jours après, sœur Soizic remplit le dossier pour postuler au loto du patrimoine, j’écris une lettre à Monsieur Stéphane Bern. Le jour de Pâques de cette année, Dumé le Maire m’appelle pour me dire : Ma sœur, le couvent a été sélectionné parmi les 18 lauréats du patrimoine.
Quel cadeau !! Non seulement le Christ est Ressuscité mais le couvent va ressusciter ! Aujourd’hui les sœurs du « Rosier de l’Annonciation » accueillent les visiteurs au couvent pour une location, des enfants au patronage pour les parents qui travaillent, réalisent des mini camps pour les vacances scolaires, enseignent le catéchisme dans tous les villages du secteur et aident comme elles l’avaient prévu les mamans en difficultés. Depuis peu elles ont la prise en charge du petit Néo, 6 mois. Donner et aimer c’est leur slogan.
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Danielle Campinchi
Une perle dans le village de Cateri, le Couvent de Marcassu qui renaît peu à peu de ses cendres après bien des aléas. Depuis 400 ans, l’édifice qui domine toute la plaine d’Aregno marque profondément par son humble beauté toutes les personnes qui le visitent et qui ressentent comme une touche d’éternité en ce lieu.
Le passé
La première pierre fut posée le 5 septembre 1623, sur des terrains cédés gracieusement par trois habitants du village. son emplacement avait été choisi deux ans plus tôt, le 6 mai 1621 et marqué par une croix posée sur les ruines d’une ancienne commanderie. Deux siècles plus tard et des travaux constants permirent d’achever cette imposante bâtisse de plus de 1500 m² avec sa quarantaine de salles, un cloître et une église citée au titre des « monuments historiques ». 1642 la population du couvent devenant très importante de nombreuses cultures furent développées dans ses dépendances et les besoins en eau augmentés. Il fut demandé à la commune limitrophe Lavatoggio, une donation en eau. Cette dernière fit donation au couvent des eaux provenant du « Capu di Guestia è Monacu Mortu ». 9 ans plus tard, une seconde donation d’eau provenant du Quarciolu et Parnicale fut faite, en revanche cette eau n’était disponible que de la mi-juillet à fin octobre. 1789, le couvent est décrété « Bien National » et vendu aux enchères à Joseph Salvini de Nessa et les Frères Franciscains qui l’occupaient en sont expulsés. 1806, Joseph Salvini vend les deux grosses cloches et les orgues. Il cède également le Maître Autel en marbre polychrome qui orne désormais l’église de Cateri.
Le présent
Haut lieu de la spiritualité, le Couvent habité pendant près de 350 ans par les Franciscains, puis 20 ans par les Bénédictins continue à ce jour sa vocation de « Maison de prières » avec la présence et l’installation de la communauté des religieuses « Le Rosier de l’Annonciation ». Sœur Laetitia, Prieure de la Communauté, nous explique la raison de leur venue à Marcassu. Un 22 août, jour de la mémoire de Marie Reine, j’arrivais à temps pour me glisser dans la procession de mon village d’origine Vivario et ensuite aller chercher mes sœurs au bateau à l’Île Rousse. Avant d’aller dîner, je leur propose de visiter le Couvent de Marcassu. Nous pensions visiter une ruine et à notre grande surprise constatons que le lieu semble habité. Il est 20 h passé nous nous dirigeons vers l’église ouverte et lisons le panneau d’affichage informant qu’une dame oblate assure une permanence pour l’hôtellerie et l’entretien. Nous n’osons déranger et choisissons de nous asseoir sur le muret devant l’église. Face à nous la plaine d’Aregno et la mer, à droite des villages posés sur des monts comme dans une crèche, s’éclairent jusque sur la crête. Derrière nous, la montagne presque bleue surplombe le village de Cateri. Nous apprécions la beauté du lieu, le silence habité d’un sentiment de paix et de douceur. Soudain le claquement de la porte de l’église nous ramène à la réalité. Clac ! une petite tête se faufile et regarde c’est la dame oblate venue fermer l’église. Elle descend les trois marches et se dirige vers nous : « et bien ça y est j’ai trouvé ma communauté ». Rires de notre côté, mais avec toute la détermination qui la caractérise elle continue : « ah si, si c’est vous. Vous irez très bien ainsi. » Et elle nous fait visiter le couvent.
Conquises par le charme et l’âme du lieu il nous était difficile de répondre à cette merveilleuse proposition. Nous venions de nous installer à Lourdes pour mettre en place une mission commune : un foyer pour enfants, un patronage, une aide aux mères en difficultés en leur proposant la prise en charge de leur enfant… Mireille, la dame oblate, nous emmène sur la terrasse et quelle n’est pas notre émotion quand nous découvrons au milieu du jardin, la reproduction de la Grotte de Lourdes. Ça alors ! Elle est là ! c’est peut-être ici qu’elle nous attend. Ce n’est pas tout de suite clair, mais c’est doux comme Marie. Il faudra un peu de temps pour confirmer avec des raisonnements humains ce que le Ciel semblait nous dire si vite : nous enraciner dans cette terre de Balagne. Mais la Providence est à l’œuvre et la communauté finie par revenir en Balagne où elle est reçue chaleureusement par tous. Les familles leur confient leurs enfants au premier mini camp proposé. Le 1er juin 2020, jour du « Renouvellement des vœux » des sœurs au couvent, la Source donnée à vie en 1642 par une famille voisine et qui s’était tarie, s’est remise à couler abondamment dans les jardins du couvent pour irriguer le potager des sœurs. L’évêque d’Ajaccio l’a bénie ce jour-là.
Le développement des apostolats, le retour de la source bénie par l’évêque, jour de Marie Mère de l’Eglise où nous renouvelons nos vœux d’un seul chœur, autant de signes qui viennent confirmer que notre place est là… Le tableau est presque parfait sauf, que le toit immense se détériore…s’effrite même par endroit, il pleut dans les cellules quand le vent souffle avec la pluie…Les fonds pour refaire le toit d’un tel édifice sont colossaux… L’association « Les amis du couvent de Marcassu » fait tout son possible pour récolter des fonds. Une rencontre sur le continent à l’occasion d’une visite à des sœurs en stage dans un internat de jeunes filles au collège de Pontlevoy avec la promesse d’un premier don de 177 000 euros d’une fondation privée…
Les années Covid et l’été 2020 font que les activités sont réduites. Pas de procession à Cateri pour le 15 août arrive. La veille, déçues de ne pouvoir honorer la Vierge sur la route, sœur Laetitia propose aux sœurs d’aller dans le village souhaiter une bonne fête du 15 août à ceux que qu’elles croiseront, précisant de ne pas s’arrêter pour un verre ou une myrte mais de mettre l’accent sur la fête de la Vierge. 1ère station : « Chez Léon », le restaurant est plein à craquer et Dumé le Maire, les bras chargés d’assiettes s’interroge en nous voyant : « qu’est-ce que vous faites là ? », « on vient vous souhaiter bonne fête », « c’est gentil, vous avez 2 minutes », « oui », il nous conduit à la table du ministre, Franck Riester. « Voilà les sœurs du couvent, leur toit s’écroule… Il faut les aider… » Précis, concis. Le ciel fait le reste : les bonnes personnes au bon moment. Le nom est lâché : Stéphane Bern, le contact est pris… Bouleversées par ce qui nous arrive, on en oublie notre résolution et nous voilà assises avec une myrte… Quelques jours après, sœur Soizic remplit le dossier pour postuler au loto du patrimoine, j’écris une lettre à Monsieur Stéphane Bern. Le jour de Pâques de cette année, Dumé le Maire m’appelle pour me dire : Ma sœur, le couvent a été sélectionné parmi les 18 lauréats du patrimoine.
Quel cadeau !! Non seulement le Christ est Ressuscité mais le couvent va ressusciter ! Aujourd’hui les sœurs du « Rosier de l’Annonciation » accueillent les visiteurs au couvent pour une location, des enfants au patronage pour les parents qui travaillent, réalisent des mini camps pour les vacances scolaires, enseignent le catéchisme dans tous les villages du secteur et aident comme elles l’avaient prévu les mamans en difficultés. Depuis peu elles ont la prise en charge du petit Néo, 6 mois. Donner et aimer c’est leur slogan.
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Danielle Campinchi