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Vapoter, ça reste fumer

Le vaping est devenu cool. Cela reste une nouvelle forme de tabagisme.
Vapoter, ça reste fumer

Le vaping est devenu cool. Cela reste une nouvelle forme de tabagisme. Certains la diabolisent autant que le tabac, d’autres arguent qu’elle aide au sevrage. Les méfaits et bienfaits de la cigarette électronique alimentent les débats. Pendant ce temps, le marché de la vape ne connait pas la crise.



Un marché en expansion

Depuis son arrivée en France en 2010, la cigarette électronique est devenue un business florissant. Sans doute aidé par l’augmentation du prix du paquet de cigarettes classiques. Les ventes de cigarettes électroniques et des e-liquides ont littéralement explosé au bout de la première année de commercialisation. Dès 2011, de nombreuses boutiques spécialisées se sont implantées partout en France. En 2016, seules les franchises les plus solides se sont maintenues et profitent d’une aubaine législative. En effet, la directive européenne sur les produits du tabac (Tobacco Products Directive ou TPD) encadre les produits de la vape en tant que produits du tabac connexe. La France est devenue le troisième marché mondial de la cigarette électronique après les États-Unis et le Royaume-Uni. Selon la société PGVG Marketing, la France compte 3 007 boutiques pour 49,3 millions d’adultes âgés de plus de 20 ans. Soit une boutique spécialisée pour 16 395 personnes. En 2019, la Corse en comptait 18.
Chaque hausse du prix du tabac favorise le passage des fumeurs à devenir des vapoteurs. D’autant plus que régulièrement des études scientifiques prouvent que les vapoteurs ont plus de chance d’arrêter de fumer. Dans sa brochure Agir pour sa santé, l’Institut national du cancer (InCA) précise que la cigarette électronique « peut être un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Utilisée seule et non en association avec la cigarette traditionnelle, elle permet de réduire les risques liés au tabac. »


Risques sanitaires

Une vapoteuse moderne comporte trois parties : une batterie, une résistance et un réservoir pour le e-liquide. La composition du e-liquide est variable. Il contient généralement des arômes (tabac, menthe, fruits rouges… Il y en aurait environ 16 000), du propylène-glycol (PG), de la glycérine végétale (GV), de la nicotine (avec un taux maximal imposé de 19,9 mg/ml en Europe), et parfois de l’alcool (moins de 2 %). Cet outil, qui permet de réduire l’addiction au tabac, n’est pas un gadget récréatif. Le vapotage n’est pas sans danger. Selon différentes études scientifiques, les cigarettes électroniques seraient à l’origine de plusieurs inflammations pulmonaires, sous le nom de Evali, acronyme anglais signifiant « pneumopathies liées à l’utilisation de produits de cigarettes électroniques ou de vapotage ».
Pour l’Organisation mondiale pour la Santé (OMS), la cigarette électronique est « incontestablement nocive ». Dans son dernier rapport, l’OMS plaide pour une meilleure réglementation de cette alternative au tabac classique, qui vise principalement les jeunes, attirés par les différents arômes. Selon le rapport, 32 pays interdisent la vente de ces inhalateurs électroniques de nicotine et 79 ont adopté au moins une mesure pour en limiter l'usage comme l'interdiction de la publicité. Mais souligne l'OMS, 84 pays n'ont pas de garde-fous contre la prolifération de ce type de produits. Même si la proportion de fumeurs a baissé dans de nombreux pays, la croissance de la population fait que le nombre total de fumeurs reste « obstinément élevé », souligne le rapport.


Politique de « moindre mal »

La position radicale de l’OMS ne fait pas l’unanimité parmi les professionnels de la santé et les tabacologues. Pour de nombreuses instances sanitaires, la vape a aidé le sevrage tabagique. Santé publique France estime qu’au moins 700 000 personnes en France ont utilisé ces dispositifs pour arrêter de fumer ces sept dernières années. Même si les effets à long terme des inhalateurs électroniques restent méconnus, la cigarette électronique est reconnue comme moins nocive que la cigarette. Une étude publiée en janvier 2021 par l’Institut Pasteur a établi que « les aérosols générés par les cigarettes électroniques contiennent moins de 1 % des toxiques retrouvés dans la fumée de cigarette ». Mieux vaudrait vapoter que fumer du tabac, pour limiter les risques sanitaires liés à la cigarette. L’idéal restant de ne pas goûter à la nicotine pour éviter de tomber dans cette addiction. Le tabagisme tue 8 millions de personnes par an dans le monde, dont 1 million du tabagisme passif.


Maria Mariana
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