Inquiétudes énergétiques pour la Corse
L'augmentation exponentielle du prix du gaz pose à la Corse la question de son avenir énergetique.
Inquiétudes énergétiques pour la Corse
L’augmentation exponentielle du prix du gaz pose à la Corse la question de son avenir énergétique. Il est vrai que nous n’avons pas eu beaucoup de chance avec ce combustible. Après la pantalonnade du GALSI et du projet Cyrénée, voilà que la brutale explosion du prix gazier repose la question du choix énergétique de la Corse.
Un produit d’importation
La France importe la quasi-totalité du gaz naturel qu’elle consomme. 40 % de nos achats viennent de Norvège. Le 1er octobre 2021 a été marqué par la plus forte augmentation du prix du gaz ces 15 dernières années avec une hausse de +12,6 %. Depuis début 2021, le prix du gaz a augmenté de 57 % ce qui constitue un record historique et qui va inévitablement pénaliser les plus pauvres. La raison de cette hausse est la conjonction de deux phénomènes : la reprise économique en Asie qui marque la fin de la pandémie engendre une hausse mécanique de la demande. Les principaux producteurs mondiaux de gaz (Pays du Golfe et États-Unis) envoient donc leur production en Asie où les prix sont d’ailleurs plus élevés qu’en Europe. S’y ajoute la hausse de la demande de gaz en Europe à cause de la reprise économique, mais également de la nécessité de reconstituer les réserves de gaz européens. Les hivers sont de plus en plus rudes et les différents pays doivent désormais recréer leurs réserves de gaz pour l’hiver 2021 - 2022. Or la Norvège ne peut augmenter ses livraisons et que la Russie n’est pas mécontente de punir l’Europe à cause des sanctions votées après le conflit ukraino-russe. Et en bout de course, la Corse va inévitablement peiner à trouver son chemin énergétique.
Fâcheuses répétitions
Comme je l’écrivais il y a peu à propos des embouteillages, nous montrons une fâcheuse capacité à répéter les erreurs de gestion. Les déchets, les voies de circulation, les transports… nous cumulons les faux-pas. En matière d’énergie, il y eut l’engouement invraisemblable pour un GALSI malgré une absence de commencement de travaux en Algérie. Annexement, le projet Cyrénée devait amener le gaz depuis Lucciana jusqu’à Ajaccio au prix de 420 millions d’euros sans qu’on n’ait jamais très bien su qui allait mettre la main à la poche. Mais les nationalistes y croyaient dur comme fer. Il y eut aussi cet enthousiasme juvénile pour les éoliennes grâce auxquelles un ou deux dirigeants nationalistes entendaient bien mettre un peu de beurre dans leurs épinards. Puis le concept s’est évaporé. Le Vazzio devait disparaître en 2000. Les cheminées sont toujours là et, malgré les promesses gouvernementales cent fois énoncées, on ne voit toujours pas sortir de terre, la miraculeuse centrale au gaz qui devrait prendre sa place. Mais on y croit. Et voilà que le gaz entame une envolée stratosphérique mettant en danger le projet énergétique de la Corse. Heureusement que la « marâtre » française veille sur son île versatile. Grâce à la péréquation nationale, nous payons le prix continental. Sans cette générosité, nos misérables ne pourraient compter que sur la chaleur animale l’hiver et l’ombre des châtaigniers l’été.
Trouver des solutions
L’Union européenne impose à la France un tarif d’électricité accroché à celui du gaz. C’est parfaitement injuste, car nous, ou plutôt le continent, dispose de l’énergie nucléaire ce qui assure un prix 20 % inférieur à celui de nos voisins. Pour ce qui la Corse, le sud fonctionne toujours au fuel lourd. On se prend à rêver de ces années où nous aurions pu choisir le câble ICO qui nous aurait apporté une électricité stable au prix du continent. Mais non au nom de l’indépendance énergétique, nous avons opté pour le Vazzio. Mais je crois l’avoir déjà écrit dix fois. Et ça ne passe toujours pas. La bêtise laisse des traces indélébiles. Parce qu’aujourd’hui, il faut reconnaître que nous sommes dans une fichue panade. Et encore avons-nous la chance de bénéficier d’un climat plutôt clément. Il n’empêche qu’une catégorie de citoyens va souffrir. Les plus pauvres vont toucher une subvention. Les plus riches n’ont aucun souci à se faire. Mais les petites catégories de salariés qui paient l’impôt (je rappelle que plus de la moitié des foyers ne paient pas l’impôt ici comme sur le continent), qui se trouvent à un plancher légèrement supérieur à celui exigé pour toucher la subvention. Ceux-là seront les grands perdants. Il existe des solutions en Corse grâce au vent, à la mer et au soleil. Mais il faut preuve d’innovation (un grand coup de chapeau aux plateformes MYRTE et PAGLIA ORBA, ce projet phare de transfert de technologie mené par l’Université de Corse et le CNRS. Il porte sur l’hybridation de systèmes de production et de stockage de l’énergie utilisant comme source renouvelable le rayonnement solaire) et ne pas attendre tout de l’état en gémissant que nous sommes seuls et abandonnés. Il est rageant de perdurer dans une mendicité geignarde quand nous pourrions devenir un exemple international.
GXC