Une condamnation provisoire qui sonne comme un avertissement de la justice à tous les élus
La sévère condamnation pénale de Valérie Bozzi ,l aisse entendre que la justice entend se montrer plus sévère en Corse........
Une condamnation provisoire qui sonne comme un avertissement de la justice à tous les élus
La sévère condamnation pénale de Valérie Bozzi, mairesse de Grossetu-Prugna, mais aussi présidente de la Communauté des communes de la Pieve d’Ornano et du Taravo, laisse entendre que la justice entend se montrer plus sévère en Corse qu’elle ne l’a été par le passé. Auquel cas, ça serait un sérieux avertissement envoyé à tous les élus insulaires.
Un verdict en appel
Le tribunal correctionnel d’Ajaccio a condamné, le 5 octobre, la mairesse de Grosseto-Prugna, Valérie Bozzi à quatre mois de prison avec sursis, 5 000 euros d’amende et trois ans d’inéligibilité pour prise illégale d’intérêt et son compagnon Sylvestre Ceccaldi à une peine identique. Le ministère public reprochait à l’édile d’avoir participé, en octobre 2016, à un vote de son conseil municipal pour la vente d’un bail commercial en faveur de la SAS Alta Rocca, présidée par son compagnon Sylvestre Ceccaldi. Et, moins de deux ans plus tard, d’avoir signé des concessions de plage au bénéfice de la société de son compagnon. La défense de la prévenue a consisté à affirmer qu’elle ne possédait aucun intérêt financier dans la société et qu’elle n’apparaissait pas dans le montage de la société, une défense de petit niveau, qui n’a pas convaincu les juges. La mairesse avait ajouté qu’elle pensait que « tout avait été bien fait par mes services en amont » semblant ainsi reléguer la faute sur des subalternes.
Quant à Sylvestre Ceccaldi, il s’est défendu en affirmant « ne pas connaître les rouages de l’administration ». Sylvestre Ceccaldi avait été précédemment condamné à 10 000 euros d’amende pour l’aménagement, en 2017, d’un terrain dans une zone d’un espace protégé en parking destiné à accueillir les clients de son restaurant de place, l’Alta Rocca. La plainte avait été déposée par deux associations de défense de l’environnement, le Garde et U levante. Pour justifier son réquisitoire contre Valérie Bozzi et son compagnon, le procureur Geoffroy Makan a reproché une prise illégale d’intérêt. « Et il y a intérêt, a-t-il précisé. Ces personnes ont un compte commun, des enfants en commun. C’est un comportement qui nuit à la démocratie en signant cette concession, il y a une négation de l’intérêt public et de la confiance portée par ses concitoyens à Valérie Bozzi pour le mandat qui est le sien. » L’avocat de Valérie Bozzi a dénoncé « une réquisition hors sol » et a affirmé la bonne foi de sa cliente tout en reconnaissant « une erreur de plume ». La mairesse a, de son côté, nié la réalité de ce qui lui est reproché protestant de sa totale innocence ?
L’appel étant suspensif, Valérie Bozzi et son compagnon sont considérés innocents en attendant l’appel. Néanmoins, la sévérité du verdict sonne comme un tocsin pour tous les élus dépassant par là même le strict cas de Grosseto Prugna et s’inscrivant dans l’air du temps. Attaquée de tous bords, la justice a peut-être voulu montrer une fermeté à laquelle on n’est guère habitués.
Une île où la justice a eu du mal à passer
En effet, sans pratiquer le moindre rapprochement entre cette affaire dont l’enjeu est somme toute très local et de précédentes qui ont émaillé la vie judiciaire de la Corse, on ne peut qu’interpréter la rudesse du jugement comme une volonté de ne plus laisser passer d’infractions à la loi. Les élus font un travail difficile et, sur le continent, bien des communes peinent à trouver un homme ou une femme qui veuille bien endosser les responsabilités inhérentes à cette fonction.
Mais, au-delà même des maires, l’état français et sa justice ont eu, en Corse, beaucoup de faiblesses pour celles et ceux qui s’autorisaient des infractions afin d’enrichir leur patrimoine personnel ou de favoriser leur clientèle. La récente affaire de la fraude aux hectares en est un bel exemple. Des familles entières se sont scandaleusement enrichies au détriment des petits agriculteurs et, de plus, pour des raisons de clientélisme, ont trouvé un soutien, hélas attendu, de la part de syndicats locaux. Et pour l’heure, la justice n’a toujours rendu son verdict.
À l’heure où la Corse connaît un endettement record provoqué certes par la Covid (qui a bon dos), mais aussi par des mesures clientélaires qui grèvent outrageusement les finances publiques, on ne peut qu’approuver une justice énergique qui restitue à la société insulaire ses repères nécessaires pour avancer. Un proverbe bien de chez nous affirme « à chì hà solda è amicizia torci u nasu à a ghjustizia ».
Eh bien il serait temps qu’à la société des copains et des coquins succèdent quelque chose qui s’approcherait le plus proche possible d’une Corse où le misérable sans argent et sans relation aurait les mêmes chances que le puissant appuyé par un réseau d’amis puissants.
GXC