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L'autonomie, un mot qui ne fait plus peur ?

Le rapport sur l'évolution institutionnelle de la Corse élaborée par Wanda Mastor rendu public la semaine dernière....

L’autonomie, un mot qui ne fait plus peur



Le rapport sur l’évolution institutionnelle de la Corse élaboré par Wanda Mastor, professeure agrégée des facultés de droit a été rendu public la semaine dernière à l’Hôtel de Région. Près de 300 pages, 15 propositions et 28 entretiens pour ce qui pourrait être le point de départ d’une nouvelle donne politique pour l’île mais également à l’échelle nationale.


Difficile, en découvrant le rapport sur l’évolution institutionnelle rédigé par Wanda Mastor et qui aura nécessairement une suite, de ne pas se replonger en 1973 avec le fameux « Autonomia, pour que vive le peuple corse » rédigé par l’ARC et qui fut longtemps le livre de chevet des nationalistes. Jean Biancucci, président du groupe « Fà populu inseme » y fera même référence, tout comme Gilles Simeoni, président de l’Exécutif.

Même s’il ne résout aucun des problèmes liés à l’île ce document de près de 300 pages qui compte 28 entretiens de personnalités politiques d’hier et d’aujourd’hui, pose peut-être la première pierre d’une nouvelle donne politique. Parmi les personnalités interrogées, Pierre Joxe ancien ministre de l’intérieur et dont le statut, au début des années quatre-vingt dix, marquait déjà une évolution politique pour l’île. Et en tout cas les prémices d’un règlement dans ce sens et qui malheureusement n’a guère été suivi…


Une mission plus large

Mais voilà que depuis 1973, le monde, a changé et la Corse aussi. Aujourd’hui, non seulement le mot d’autonomie ne fait plus peur (tous au cours des entretiens effectués par Wanda Mastor, se sont prononcés favorablement avec, bien sûr, des nuances), mais la société corse dans son ensemble a affirmé lors des élections territoriales en juin dernier, par le suffrage universel (68 % des voix), son désir de changement. Certes, les problèmes internes sont toujours là. Les absences, lors de la restitution du document, des deux autres présidents de groupe nationaliste de l’Assemblée de Corse, Jean-Christophe Angelini (Avanzemu) et Paul-Félix Benedetti (Core in Fronte), de Josepha Giacometti, ancienne conseillère exécutive nationaliste et de Laurent Marcangeli (Un soffiu novu), tous pourtant invités, sont là pour l’attester. Pour autant, les deux axes forts de la majorité territoriale (renforcement démocratique de la vie collective et évolution institutionnelle vers une autonomie de plein droit et de plein exercice) trouvent dans ce rapport un écho relativement important. Un nouveau rapport, le troisième pour Wanda Mastor mais semble-t-il, plus concis que les précédents. « La mission est plus large, souligne-t-elle, à l’époque de Paul Giacobbi, Guy Carcassonne, professeur de droit constitutionnel, avait piloté quelque chose de moins substantiel. Jean-Guy Talamoni avait demandé, pour sa part, un travail exclusif sur l’inscription de la Corse dans la constitution. Il s’agit, ici, d’une meilleure respiration démocratique interne et externe de nos institutions afin avoir, à terme, plus d’outils pour négocier l’autonomie... »

De son côté, Gilles Simeoni ne manquera de souligner le vent de la décentralisation qui souffle un peu partout dans l’Hexagone. « Derrière le mot d’autonomie, rappelle-t-il, certains voient une décentralisation. Nous voyons, bien sûr beaucoup plus loin. Il n’empêche que l’Association des Régions de France va publier d’ici la fin de l’année, un livre blanc sur la décentralisation incluant la Corse. Par ailleurs, chacun des candidats à l’élection présidentielle devra se positionner clairement sur ce point. »

Dans son document, Wanda Mastor évoque l’évolution des discours politiques sur l’indivisibilité de la République et le pacte girondin -peu respecté par le candidat Macron-. Une notion d’indivisibilité qui fait de moins en moins consensus au Sénat et à l’Assemblée Nationale. Et comme dans son riche passé historique, la Corse pourrait encore servir d’exemple…

Philippe Peraut

Légende photo : Wanda Mastor (au centre), entourée de Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse et Gilles Simeoni, président de l’Exécutif
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