De la pédophilie à la pédocriminalité
Le scandale des prêtres pédophiles remet sur le devant de la scène des affaires de moeurs touchants les enfants, ......
De la pédophilie à la pédocriminalité
Le scandale des prêtres pédophiles remet sur le devant de la scène les affaires de mœurs touchant les enfants, un crime de prédation sur des personnes fragiles qui ne laisse personne insensible. Car les enfants sont les membres les plus vulnérables de notre société et peuvent être victimes de diverses formes de violence. De cela, il faut les protéger. L’agresseur sexuel d’enfants ne bénéficie plus d’aucune tolérance sociale.
L’Église en cause
La commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) a rendu son rapport après deux ans et demi d’enquête. La commission Sauvé estime entre 2 900 et 3 200 le nombreux d'agresseurs au sein de l'institution depuis 1950 et 216 000 victimes de clercs ou de religieux. Ce chiffre atteint 330 000 victimes si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Église catholique (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse). Ce rapport de 2 500 pages montre le « caractère systémique » de ces actes de pédocriminalité, qui n’a pas épargné l’Île de Beauté. Jean-Marc Sauvé président de la Ciase a indiqué que quelques témoignages provenaient de Corse. Le diocèse de Corse a reçu un premier témoignage direct le 7 octobre. Le combat des victimes est d’abord de libérer la parole. Comme les victimes d'un aumônier scout du diocèse de Lyon, dont le combat a été raconté en 2019 par le film de François Ozon, « Grâce à Dieu ». Le Pape François doit gérer cet épineux dossier de pédocriminalité au sein de l’Église. Pour l’heure, l'épiscopat a pris des mesures au printemps et promis un dispositif de « contributions » financières, versées aux victimes à partir de 2022. Mais l’argent n’achète pas tout. La Conférence des évêques de France et de la Corref doivent plancher sur les réponses à apporter lors de leurs sessions plénières en novembre. Au total, les violences sur mineurs dans l'Église catholique représentent 4 % du total des violences sexuelles en France, si on prend en compte uniquement celles des clercs et des religieux, et 6 % avec les laïcs.
Profil type
Si dans la société les filles sont majoritairement visées par les pédocriminels, dans l’Église catholique, les abus commis par des clercs et des religieux concernent massivement des enfants de sexe masculin. Il représente près de 80 % des victimes avec une très forte concentration entre 10 et 13 ans. La part des filles est de 20 %, elle est répartie de manière plus égale entre les tranches d'âges. Côté agresseur, dans l'Église catholique comme ailleurs, il s'agit d'une personne déjà en lien avec la victime, qu'il fréquente de manière régulière dans le cadre d'activités éducatives (47 % des cas) ou pastorales (36 %). Les lieux les plus fréquents des actes pédocriminels sont les établissements et internats scolaires (30 % des abus), le catéchisme et les aumôneries (21,2 %), les mouvements de jeunesse, y compris les camps de vacances et les pèlerinages (20,2 %), le bureau ou le domicile de l'abuseur (21,2 %). Quant aux auteurs des violences, ce sont d'abord des prêtres de la paroisse (30 %), puis des enseignants membres du clergé (24,5 %), des aumôniers et animateurs de mouvements de jeunesse (14,8 %) et des religieux (7,7 %). Les enseignements à tirer de ce lourd rapport de la Ciase sont entre autres de suivre les communautés, les personnes laïques responsables des plus jeunes et de revoir la formation des prêtres dans les séminaires.
Coulisses sombres du web
Après un vaste coup de filet dans le milieu pédocriminel en octobre 2020, qui avait permis l’interpellation d’une soixante de personnes, l’Office central de répression des violences à la personne (OCRVP) a réitéré ce mois-ci une opération efficace sur l’ensemble du territoire. Cinquante-deux personnes ont été interpellées. Toutes sont soupçonnées d’avoir détenu ou mis à disposition des images ou des vidéos à caractère pédopornographique, certains d’avoir commis des agressions sexuelles et viols sur mineurs. Les profils de ces pédocriminels sont hétérogènes, de l’étudiant au retraité, du marginal au socialement très intégré. Leur crime ? Utiliser le web pour satisfaire leurs instincts pédosexuels. Depuis l’été 2020, la consultation et le téléchargement d’images pédopornographiques sont passibles de cinq ans d’emprisonnement, et les auteurs sont automatiquement inscrits au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles. L’exploitation sexuelle des enfants est un crime.
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Maria Mariana