Les Editions Eoliennes / L'exigence poétique
Xavier Dandoy de Casabianca a 24 ans quand il crée, en région parisienne, sa première structure éditoriale
Les Éditions Éoliennes
L’exigence poétique
Xavier Dandoy de Casabianca a 24 ans quand il crée, en région parisienne, sa première structure éditoriale, consacrée à la littérature. Près de 30 ans plus tard, la même passion du « livre - objet » l’anime et le convainc que la rigueur de ses choix a porté loin ses aspirations artistiques.
Les yeux rivés sur son écran d’ordinateur (bien que les éditeurs, résolument attachés au papier, ont dû se résoudre à la mise en page numérique qui a pris le pas sur les assemblages manuels), Xavier s’attèle à l’un de ses futurs projets, un livre de référence de l’auteur Augustin Berque, Recouvrance, le sixième, plus précisément, publié aux éditions Éoliennes. Plus de 500 pages et 863 notes ! « Il s’agit là d’un immense travail de collectage, prend une nouvelle fois conscience Xavier, qui plus est, en plusieurs langues, à réaliser de manière totalement artisanale. Il faut tout vérifier. Pas moyen ici d’automatiser la tâche ! » Mais les défis sont loin de lui faire peur !
En 1992, sans un centime en poche pour débuter sa nouvelle activité, le jeune diplômé des Arts décoratifs de Paris fait le pari de l’exigence plastique et culturelle. Il choisit de mettre l’accent sur la forme, les typographies, « les objets poétiques ». « À l’époque, raconte l’éditeur, nous ne pouvions pas rivaliser avec les services de presse des grandes maisons. Il nous fallait trouver des concepts peu connus, des niches en quelque sorte ». Chaque exemplaire alors se singularise, les ouvrages s’apparentent au livre d’artiste avec des illustrations originales, des exemplaires numérotés.
La parution du premier livre de Nathalie Kuperman, Janus, auteure passée aujourd’hui chez Gallimard, a joué le rôle de tremplin et permis à l’association de prendre des risques éditoriaux audacieux sur d’autres projets. Installée depuis 2009 au cœur de la Citadelle de Bastia, la maison Éoliennes se nourrit de cette différence, augmente progressivement son catalogue de titres tournés vers la spiritualité, l’art contemporain et conserve son orientation toujours plus poétique. « Je reste très attentif, confie Xavier, à la cohérence entre l’objet et son contenu, héritage sans doute de ma formation initiale. C’est dans ce souci que nous avons conçu ensemble, avec Stefanu Cesari, Bartolomeo in Cristu. » Paru en 2018, l’ouvrage obtient quatre récompenses importantes, dont le Prix du poème en prose Louis–Guillaume en 2019. L’auteur, âgé de 48 ans, n’a de cesse de chercher en langues corse et française les chemins de la poésie. Le dernier recueil, sorti en 2021, Peuple d’un printemps, populu d’una Branata
« pourrait être le récit de voyage aux clés multiples, un long poème en prose au fil duquel se dévoilent des territoires insulaires à la fois familiers et fantastiques. »*
L’entente humaine est déjà bien présente entre les deux hommes. Les conceptions littéraires et plastiques sont accordées sur une même ligne directrice. Pour Peuple d’un printemps, ils ne souhaitaient pas « faire doublon » du premier succès. D’autant que l’objectif majeur est la recherche fondamentale sur la langue corse. Loin de la pure narration, Stefanu Cesari est en quête de saveurs littéraires, d’une prose poétique sophistiquée. « La question centrale, conclut l’éditeur, était de savoir comment organiser un tel objet avec ses nombreuses entrées, comment naviguer dans un livre de 200 pages écrit en deux langues. L’objet-livre est comparable à l’art-artisanat : il est primordial de se renouveler, de ne pas gâcher une première expérience en voulant la copier, de trouver une osmose entre le texte et la forme. Pour pouvoir voyager sur un parcours sensible. »
Aujourd’hui, Éolienne compte 150 références. Les futures éditions ne manquent pas : philosophie, photographie, théâtre, jeunesse. Avec pour seul mot d’ordre : l’exigence.
* (Éditions Éoliennes)
Anna Massari
www.editionseoliennes.fr
Ph... : © Lea Eouzan-Pieri
Couverture : © Éditions Éoliennes
L’exigence poétique
Xavier Dandoy de Casabianca a 24 ans quand il crée, en région parisienne, sa première structure éditoriale, consacrée à la littérature. Près de 30 ans plus tard, la même passion du « livre - objet » l’anime et le convainc que la rigueur de ses choix a porté loin ses aspirations artistiques.
Les yeux rivés sur son écran d’ordinateur (bien que les éditeurs, résolument attachés au papier, ont dû se résoudre à la mise en page numérique qui a pris le pas sur les assemblages manuels), Xavier s’attèle à l’un de ses futurs projets, un livre de référence de l’auteur Augustin Berque, Recouvrance, le sixième, plus précisément, publié aux éditions Éoliennes. Plus de 500 pages et 863 notes ! « Il s’agit là d’un immense travail de collectage, prend une nouvelle fois conscience Xavier, qui plus est, en plusieurs langues, à réaliser de manière totalement artisanale. Il faut tout vérifier. Pas moyen ici d’automatiser la tâche ! » Mais les défis sont loin de lui faire peur !
En 1992, sans un centime en poche pour débuter sa nouvelle activité, le jeune diplômé des Arts décoratifs de Paris fait le pari de l’exigence plastique et culturelle. Il choisit de mettre l’accent sur la forme, les typographies, « les objets poétiques ». « À l’époque, raconte l’éditeur, nous ne pouvions pas rivaliser avec les services de presse des grandes maisons. Il nous fallait trouver des concepts peu connus, des niches en quelque sorte ». Chaque exemplaire alors se singularise, les ouvrages s’apparentent au livre d’artiste avec des illustrations originales, des exemplaires numérotés.
La parution du premier livre de Nathalie Kuperman, Janus, auteure passée aujourd’hui chez Gallimard, a joué le rôle de tremplin et permis à l’association de prendre des risques éditoriaux audacieux sur d’autres projets. Installée depuis 2009 au cœur de la Citadelle de Bastia, la maison Éoliennes se nourrit de cette différence, augmente progressivement son catalogue de titres tournés vers la spiritualité, l’art contemporain et conserve son orientation toujours plus poétique. « Je reste très attentif, confie Xavier, à la cohérence entre l’objet et son contenu, héritage sans doute de ma formation initiale. C’est dans ce souci que nous avons conçu ensemble, avec Stefanu Cesari, Bartolomeo in Cristu. » Paru en 2018, l’ouvrage obtient quatre récompenses importantes, dont le Prix du poème en prose Louis–Guillaume en 2019. L’auteur, âgé de 48 ans, n’a de cesse de chercher en langues corse et française les chemins de la poésie. Le dernier recueil, sorti en 2021, Peuple d’un printemps, populu d’una Branata
« pourrait être le récit de voyage aux clés multiples, un long poème en prose au fil duquel se dévoilent des territoires insulaires à la fois familiers et fantastiques. »*
L’entente humaine est déjà bien présente entre les deux hommes. Les conceptions littéraires et plastiques sont accordées sur une même ligne directrice. Pour Peuple d’un printemps, ils ne souhaitaient pas « faire doublon » du premier succès. D’autant que l’objectif majeur est la recherche fondamentale sur la langue corse. Loin de la pure narration, Stefanu Cesari est en quête de saveurs littéraires, d’une prose poétique sophistiquée. « La question centrale, conclut l’éditeur, était de savoir comment organiser un tel objet avec ses nombreuses entrées, comment naviguer dans un livre de 200 pages écrit en deux langues. L’objet-livre est comparable à l’art-artisanat : il est primordial de se renouveler, de ne pas gâcher une première expérience en voulant la copier, de trouver une osmose entre le texte et la forme. Pour pouvoir voyager sur un parcours sensible. »
Aujourd’hui, Éolienne compte 150 références. Les futures éditions ne manquent pas : philosophie, photographie, théâtre, jeunesse. Avec pour seul mot d’ordre : l’exigence.
* (Éditions Éoliennes)
Anna Massari
www.editionseoliennes.fr
Ph... : © Lea Eouzan-Pieri
Couverture : © Éditions Éoliennes