40 Anni di l'Università : A rombu di studià
<< L'Université n'est pas déconnectée de son environement >> Dominique federici, 7 ème président de l'Université de Corse
40 Anni di l’Università : A rombu di studià
40 années se sont écoulées depuis la réouverture de l’université de Corse.
A Corte, siège de l’institution, l’heure est à la célébration malgré le Covid.
L’occasion aussi de se remémorer les jalons que l’université et les hommes qui l’ont faite vivre, ont posé en Corse et pour la Corse.
Au XVIIIème siècle, les corses se retrouvaient dans les grandes villes italiennes pour s’instruire.
Pise, Naples, Bologne, Gênes… Et si l’idée de donner à la Corse une université et discuté bien avant son arrivée au pouvoir, la première pierre vient de Pasquale Paoli, en 1765.
La jeune république de Corse, dans la continuité de l’esprit des Lumières dans laquelle elle baignait, inaugure au Palazzu Naziunalu son université, le but est de donner à la Corse le moyen de former ses élites et de permettre à la plus large part possible de la population, un accès à l’éducation.
Elle devra fermer ses portes 4 ans plus tard suite au traité de Versailles où Gênes a cédé la Corse à la France et l'exil de Pascal Paoli suite à sa défaite à Ponte Novu.
La première Histoire de l'Université se clôt.
Deux siècles s’écoulent, l’université reste fermée et la Corse souffre du manque d’accès aux études supérieures sur l’île.
Dans les années soixante, les premières voix pour le retour de l’université se font entendre élus ou simples citoyens font savoir que la Corse à le droit à une université et qu’elle doit être à Corte (Michel Pierrucci, maire de Corte par exemple ou encore Dominique Alfonsi, nationaliste de la première heure).
Du coté de l’Etat, la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur (1968) d’Edgar Faure prévoyait des universités de partout en France, sauf en Corse.
Création de syndicat (1974, Cunsulta di i Studienti Corsi), Manifestations, sondages, comité (1972, création du comité d’initiative pour la réouverture de l’Université de Corse), groupe de réflexion (1973 : Groupe de Réflexion et d’Action Pour la réouverture de l’Université de Corse). Autant d’initiatives citoyennes qui amèneront l’Etat une dizaine d’années plus tard (06/11/1975) à décréter la création de l’Université de Corse.
De là il faudra attendre l’élection de François Mitterrand avec le nouveau statut Defferre pour que l’université réouvre enfin ses portes le 26 octobre 1981.
Un amphithéâtre, une salle polyvalente et de 10 salles de Travaux Dirigés pour les 711 inscrits de l’année 81/82, ils sont aujourd’hui plus de 5 000.
La réouverture de l’Université de Corse était assurément un combat politique et ses murs n’ont cessé d’être une arène.
La jeunesse joue un rôle prépondérant dans la réouverture de l’université et, ses actions et aspirations ne vont cesser de rythmer la vie du campus.
La CSC qui avait été créée avant la réouverture a été rejointe par la Ghjuventù Paolina (1992) puis la Ghjuventù Indipendentista (1999).
Les syndicats étudiants ont porté des revendications essentielles au bon fonctionnement et au développement de l’institution, mêlant vie politique et vie universitaire, leurs actions prendront souvent une ampleur dépassant l’enceinte de Corte. Ce n’est pas un hasard si beaucoup des représentants syndicaux de l’époque sont aujourd’hui des responsables politiques.
Et si, l’université a eu la latitude d’évoluer, de se développer et s’illustrer sur le devant de la scène, c’est en grande partie grâce à l’engagement des syndicats étudiants.
L’illustration la plus marquante de cette dualité sphère politique / sphère universitaire est la mise hors-normes SANREMO.
Introduit en 1994, le système SanRemo (Système Analytique de Répartition des Moyens) était initialement basé sur une logique d'analyse des coûts et des taux d'encadrement moyens constatés par filière de formation.
Un coefficient surface/nombre d’étudiants/filière qui conditionnait la dotation de fonctionnement. Ce qui, de par sa taille, ne donnait pas à l’Université de Corse toute la possibilité de se développer pleinement.
20 ans de mobilisation étudiante, d’occupations du rectorat, d’occupations de préfectures ont permis à la faculté d’avoir les leviers politiques nécessaires pour sortir de cette norme qui bridait l’université.
En 2004, l’ancien syndicaliste nationaliste devenu président de l’université, Antoine Aiello, au détour d’une discussion avec le ministre de l’Intérieur et du développement des territoires de l’époque, Nicolas Sarkozy, arrache au forceps la mise hors-normes SanRemo de l’université.
L’ère Aiello commence en 2002 et se termine en 2012, l’université verra son budget passer de 5 millions d’euros à 62 millions d’euros.
Le petit campus de Corte change de dimension, le mot d’ordre : « Excellence »
La capacité de recrutement est triplée, ouverture de filières comme la PACES, sciences politique, PaoliTech, le taux de réussite en licence sera doublé, le CNRS labelisera les deux Unités Mixtes de Recherche, les plateformes Myrte/Stella Mare/M3C, elle devient aussi la première université à l’autonomie dans le cadre de la loi LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités).
L’université réunit chaque année plus de 5000 étudiants, enrichi sa carte de formation en relation directe avec la CdC pour coller avec les besoins du territoire malgré un enseignement supérieur en difficulté à l’échelle nationale.
En 40 ans, l’université est devenue une institution incontournable de l’île, un outil d’émancipation culturelle, politique et sociale.
Elle le doit à ses jeunes qui se sont battu avec acharnement qui ont mêlé politique et enseignement supérieur, souvent en le payant cher.
Et c’est ce qui définit le mieux Corte, un campus en ébullition où les corses font leurs humanités sans oublier le poids de l’Histoire sur les murs qui les entourent.
Dominique Federici, 7ème président de l’Université de Corse
« L’Université n’est pas déconnectée de son environnement »
L’université de Corse, le fruit d’un combat politique, la dimension est-elle aujourd’hui toujours présente ?
L’Università di Corsica est le fruit de plusieurs combats. Le combat sur le terrain politique des années 70, 80, 90 pour que cette institution puisse renaitre et disposer des moyens nécessaires à son développement. Il fallut ensuite convaincre et faire reconnaître nos compétences scientifiques, pédagogiques. A force de démonstrations concluantes et sur la base d’un projet pertinent, l’Università di Corsica est aujourd’hui un acteur connu et reconnu. Nous avons la confiance et le soutien de nos partenaires scientifiques, institutionnels, académiques, socio-économiques et culturels.
Le combat est aujourd’hui ailleurs. Dans un espace de l’enseignement supérieur et de la recherche extrêmement concurrentiel, il s’agit aujourd’hui de faire reconnaitre notre spécificité, notre identité scientifique, être capable de démontrer que l’on peut être une université insulaire capable de se positionner sur des niches d’excellence. Une Université est un catalyseur de dynamiques, un outil structurant au service des jeunes et du développement d’un territoire. Collectivement, il nous faut aujourd’hui penser et préparer l’avenir de la Corse, pour bâtir une société de la connaissance sur les quatre piliers suivants : Formation, Recherche, Innovation et Transfert.
Plus de 5 000 étudiants inscrits, quel est le niveau moyen des inscrits et leurs débouchées ?
Nous comptons aujourd’hui environ 5000 étudiants au profil très divers puisque nous comptons près de 400 étudiants internationaux, 450 étudiants alternants, et environ 800 étudiants ayant eu leur baccalauréat dans une autre académie que la Corse. L’Université de Corse propose une offre de formation riche et un accompagnement pédagogique privilégié. Elle permet à chacun la possibilité de moduler et adapter son parcours selon son profil et ses attentes. Notre souci constant de l’insertion des étudiants s’appuie également sur des formations à fort contenu professionnalisant qui orientent vers des métiers ciblés, en accord avec les grandes problématiques de développement de notre territoire : numérique, droit, audiovisuel et communication, économie et gestion des entreprises, ingénierie de l’environnement et des énergies renouvelables, langue et culture corses, tourisme durable, génie civil, santé, enseignement…
Sur le plan de la vie étudiante, j’ai souhaité qu’un fort accent soit mis sur cet élément fondamental pour la réussite des jeunes. Nos étudiants doivent pouvoir s’épanouir pleinement sur les campus. Cadre d’étude et cadre de vie ne font qu’un. Il faut soutenir la créativité et les initiatives de nos étudiants en leur offrant des dispositifs capables de révéler leur talent et leur compétence que ce soit sur le plan sportif, culturel, associatif…
Une cellule de soutien a également été mise en place afin d’accompagner les étudiants rencontrant des difficultés financières, sociales, psychologiques, matérielles, … Quelle que soit le problème qu’un étudiant puisse rencontrer, nous devons être à ses côtés pour que cela ne nuise pas à ses études. Nous travaillons ainsi main dans la main avec nos partenaires du CROUS et du BAPU. Nous avons également pu compter sur le soutien remarquable et totalement spontané de nos partenaires économiques lors de la crise COVID. Plus de 70 000 euros ont ainsi été récoltés au bénéfice des étudiants fragilisés par la situation.
Est-ce que l’université est en relation directe avec les besoins de son territoire ?
Oui, l’Université de Corse n’est pas déconnectée de l’environnement qui l’entoure. Volontairement pluridisciplinaire pour permettre aux jeunes corses d’étudier au plus près de chez eux, elle propose de nombreux dispositifs répondant aux besoins exprimés par ses partenaires. Le DU Journalisme, Médias et Corsophonie, le DU Assistance à Maîtrise d’ouvrage ou encore le DU Artisanat ont été construit en lien étroit avec les acteurs professionnels. Ces derniers sont d’ailleurs membres à part entière des différents conseils des composantes pédagogiques. Nous disposons par ailleurs de nombreux outils et structures intégrant cette dimension professionnelle. Un CFA universitaire, un Fab Lab, un espace de coworking, une Fondation… qui sont autant d’interfaces avec l’écosystème entrepreneurial. Les résultats des enquêtes d’insertion que nous réalisons chaque année auprès de nos diplômés sont bons. Au global, nous oscillons chaque année autour de 80%/85% d’insertion. Je citerai par exemple les diplômés de notre école d’ingénieurs qui ont ces deux dernières années un taux d’insertion de 100%. Ce qui est le plus satisfaisant c’est de constater que non seulement nos étudiants s’insèrent bien mais qu’en plus ils obtiennent un emploi en adéquation avec leur niveau universitaire.
La prochaine carte de formation que nous sommes en train d’élaborer sera construite autour de ces quatre idées forces :
- Maintenir et développer une offre de formation pluridisciplinaire de qualité et attractive
- Renforcer la réussite des étudiants en les orientant efficacement
- Favoriser l’insertion professionnelle des étudiants, en interaction avec les besoins du territoire
- Continuer et amplifier la dimension internationale de notre offre de formation
Accompagner notre jeunesse sur le chemin de la réussite et de l’émancipation, former des futurs citoyens pourvus d’une conscience libre, aptes à comprendre les problèmes de notre monde et inventer les solutions de demain telle est la mission que nous nous sommes fixés.
Quels sont les défis de l’université au cours et moyen terme ?
Les défis sont nombreux ! Je pense tout d’abord au travail qui vient de démarrer sur l’écriture de la nouvelle carte de formation 2023/2027. C’est un travail de fond qui associera bien entendu l’ensemble des forces vives de l’Université mais également ses partenaires. Il nous faut aujourd’hui insuffler de nouvelles dynamiques et faire émerger de nouveaux projets.
L’élaboration de la prochaine convention tripartite 2023/2027 avec la Collectivité de Corse et l’Etat est l’enjeu de cette année universitaire puisqu’il s’agira de définir les axes stratégiques et moyens afférents pour les cinq années à venir.
Les prochains mois verront également la mise en œuvre du nouveau Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière de l’Université de Corse. Ce document fixe des objectifs raisonnés répondant à l’accompagnement de projets structurants pour le développement de l’institution : densification et intégration des campus dans la Ville de Corte ; Adaptation du patrimoine immobilier aux évolutions du projet de l’université, aux nouveaux usages et aux enjeux d’innovation ; Création d’un campus durable (réhabilitation énergétique et mobilité douce). A titre d’exemple, l’Université de Corse, en collaboration avec la CDC et la Ville de Corte, souhaite proposer un véritable projet de rénovation urbaine à travers la création d’un poumon universitaire au cœur de la Haute Ville de Corte.
• Propos recueillis par J.C
Crédits photos : Université de Corse
40 années se sont écoulées depuis la réouverture de l’université de Corse.
A Corte, siège de l’institution, l’heure est à la célébration malgré le Covid.
L’occasion aussi de se remémorer les jalons que l’université et les hommes qui l’ont faite vivre, ont posé en Corse et pour la Corse.
Au XVIIIème siècle, les corses se retrouvaient dans les grandes villes italiennes pour s’instruire.
Pise, Naples, Bologne, Gênes… Et si l’idée de donner à la Corse une université et discuté bien avant son arrivée au pouvoir, la première pierre vient de Pasquale Paoli, en 1765.
La jeune république de Corse, dans la continuité de l’esprit des Lumières dans laquelle elle baignait, inaugure au Palazzu Naziunalu son université, le but est de donner à la Corse le moyen de former ses élites et de permettre à la plus large part possible de la population, un accès à l’éducation.
Elle devra fermer ses portes 4 ans plus tard suite au traité de Versailles où Gênes a cédé la Corse à la France et l'exil de Pascal Paoli suite à sa défaite à Ponte Novu.
La première Histoire de l'Université se clôt.
Deux siècles s’écoulent, l’université reste fermée et la Corse souffre du manque d’accès aux études supérieures sur l’île.
Dans les années soixante, les premières voix pour le retour de l’université se font entendre élus ou simples citoyens font savoir que la Corse à le droit à une université et qu’elle doit être à Corte (Michel Pierrucci, maire de Corte par exemple ou encore Dominique Alfonsi, nationaliste de la première heure).
Du coté de l’Etat, la loi d’orientation sur l’enseignement supérieur (1968) d’Edgar Faure prévoyait des universités de partout en France, sauf en Corse.
Création de syndicat (1974, Cunsulta di i Studienti Corsi), Manifestations, sondages, comité (1972, création du comité d’initiative pour la réouverture de l’Université de Corse), groupe de réflexion (1973 : Groupe de Réflexion et d’Action Pour la réouverture de l’Université de Corse). Autant d’initiatives citoyennes qui amèneront l’Etat une dizaine d’années plus tard (06/11/1975) à décréter la création de l’Université de Corse.
De là il faudra attendre l’élection de François Mitterrand avec le nouveau statut Defferre pour que l’université réouvre enfin ses portes le 26 octobre 1981.
Un amphithéâtre, une salle polyvalente et de 10 salles de Travaux Dirigés pour les 711 inscrits de l’année 81/82, ils sont aujourd’hui plus de 5 000.
La réouverture de l’Université de Corse était assurément un combat politique et ses murs n’ont cessé d’être une arène.
La jeunesse joue un rôle prépondérant dans la réouverture de l’université et, ses actions et aspirations ne vont cesser de rythmer la vie du campus.
La CSC qui avait été créée avant la réouverture a été rejointe par la Ghjuventù Paolina (1992) puis la Ghjuventù Indipendentista (1999).
Les syndicats étudiants ont porté des revendications essentielles au bon fonctionnement et au développement de l’institution, mêlant vie politique et vie universitaire, leurs actions prendront souvent une ampleur dépassant l’enceinte de Corte. Ce n’est pas un hasard si beaucoup des représentants syndicaux de l’époque sont aujourd’hui des responsables politiques.
Et si, l’université a eu la latitude d’évoluer, de se développer et s’illustrer sur le devant de la scène, c’est en grande partie grâce à l’engagement des syndicats étudiants.
L’illustration la plus marquante de cette dualité sphère politique / sphère universitaire est la mise hors-normes SANREMO.
Introduit en 1994, le système SanRemo (Système Analytique de Répartition des Moyens) était initialement basé sur une logique d'analyse des coûts et des taux d'encadrement moyens constatés par filière de formation.
Un coefficient surface/nombre d’étudiants/filière qui conditionnait la dotation de fonctionnement. Ce qui, de par sa taille, ne donnait pas à l’Université de Corse toute la possibilité de se développer pleinement.
20 ans de mobilisation étudiante, d’occupations du rectorat, d’occupations de préfectures ont permis à la faculté d’avoir les leviers politiques nécessaires pour sortir de cette norme qui bridait l’université.
En 2004, l’ancien syndicaliste nationaliste devenu président de l’université, Antoine Aiello, au détour d’une discussion avec le ministre de l’Intérieur et du développement des territoires de l’époque, Nicolas Sarkozy, arrache au forceps la mise hors-normes SanRemo de l’université.
L’ère Aiello commence en 2002 et se termine en 2012, l’université verra son budget passer de 5 millions d’euros à 62 millions d’euros.
Le petit campus de Corte change de dimension, le mot d’ordre : « Excellence »
La capacité de recrutement est triplée, ouverture de filières comme la PACES, sciences politique, PaoliTech, le taux de réussite en licence sera doublé, le CNRS labelisera les deux Unités Mixtes de Recherche, les plateformes Myrte/Stella Mare/M3C, elle devient aussi la première université à l’autonomie dans le cadre de la loi LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités).
L’université réunit chaque année plus de 5000 étudiants, enrichi sa carte de formation en relation directe avec la CdC pour coller avec les besoins du territoire malgré un enseignement supérieur en difficulté à l’échelle nationale.
En 40 ans, l’université est devenue une institution incontournable de l’île, un outil d’émancipation culturelle, politique et sociale.
Elle le doit à ses jeunes qui se sont battu avec acharnement qui ont mêlé politique et enseignement supérieur, souvent en le payant cher.
Et c’est ce qui définit le mieux Corte, un campus en ébullition où les corses font leurs humanités sans oublier le poids de l’Histoire sur les murs qui les entourent.
Dominique Federici, 7ème président de l’Université de Corse
« L’Université n’est pas déconnectée de son environnement »
L’université de Corse, le fruit d’un combat politique, la dimension est-elle aujourd’hui toujours présente ?
L’Università di Corsica est le fruit de plusieurs combats. Le combat sur le terrain politique des années 70, 80, 90 pour que cette institution puisse renaitre et disposer des moyens nécessaires à son développement. Il fallut ensuite convaincre et faire reconnaître nos compétences scientifiques, pédagogiques. A force de démonstrations concluantes et sur la base d’un projet pertinent, l’Università di Corsica est aujourd’hui un acteur connu et reconnu. Nous avons la confiance et le soutien de nos partenaires scientifiques, institutionnels, académiques, socio-économiques et culturels.
Le combat est aujourd’hui ailleurs. Dans un espace de l’enseignement supérieur et de la recherche extrêmement concurrentiel, il s’agit aujourd’hui de faire reconnaitre notre spécificité, notre identité scientifique, être capable de démontrer que l’on peut être une université insulaire capable de se positionner sur des niches d’excellence. Une Université est un catalyseur de dynamiques, un outil structurant au service des jeunes et du développement d’un territoire. Collectivement, il nous faut aujourd’hui penser et préparer l’avenir de la Corse, pour bâtir une société de la connaissance sur les quatre piliers suivants : Formation, Recherche, Innovation et Transfert.
Plus de 5 000 étudiants inscrits, quel est le niveau moyen des inscrits et leurs débouchées ?
Nous comptons aujourd’hui environ 5000 étudiants au profil très divers puisque nous comptons près de 400 étudiants internationaux, 450 étudiants alternants, et environ 800 étudiants ayant eu leur baccalauréat dans une autre académie que la Corse. L’Université de Corse propose une offre de formation riche et un accompagnement pédagogique privilégié. Elle permet à chacun la possibilité de moduler et adapter son parcours selon son profil et ses attentes. Notre souci constant de l’insertion des étudiants s’appuie également sur des formations à fort contenu professionnalisant qui orientent vers des métiers ciblés, en accord avec les grandes problématiques de développement de notre territoire : numérique, droit, audiovisuel et communication, économie et gestion des entreprises, ingénierie de l’environnement et des énergies renouvelables, langue et culture corses, tourisme durable, génie civil, santé, enseignement…
Sur le plan de la vie étudiante, j’ai souhaité qu’un fort accent soit mis sur cet élément fondamental pour la réussite des jeunes. Nos étudiants doivent pouvoir s’épanouir pleinement sur les campus. Cadre d’étude et cadre de vie ne font qu’un. Il faut soutenir la créativité et les initiatives de nos étudiants en leur offrant des dispositifs capables de révéler leur talent et leur compétence que ce soit sur le plan sportif, culturel, associatif…
Une cellule de soutien a également été mise en place afin d’accompagner les étudiants rencontrant des difficultés financières, sociales, psychologiques, matérielles, … Quelle que soit le problème qu’un étudiant puisse rencontrer, nous devons être à ses côtés pour que cela ne nuise pas à ses études. Nous travaillons ainsi main dans la main avec nos partenaires du CROUS et du BAPU. Nous avons également pu compter sur le soutien remarquable et totalement spontané de nos partenaires économiques lors de la crise COVID. Plus de 70 000 euros ont ainsi été récoltés au bénéfice des étudiants fragilisés par la situation.
Est-ce que l’université est en relation directe avec les besoins de son territoire ?
Oui, l’Université de Corse n’est pas déconnectée de l’environnement qui l’entoure. Volontairement pluridisciplinaire pour permettre aux jeunes corses d’étudier au plus près de chez eux, elle propose de nombreux dispositifs répondant aux besoins exprimés par ses partenaires. Le DU Journalisme, Médias et Corsophonie, le DU Assistance à Maîtrise d’ouvrage ou encore le DU Artisanat ont été construit en lien étroit avec les acteurs professionnels. Ces derniers sont d’ailleurs membres à part entière des différents conseils des composantes pédagogiques. Nous disposons par ailleurs de nombreux outils et structures intégrant cette dimension professionnelle. Un CFA universitaire, un Fab Lab, un espace de coworking, une Fondation… qui sont autant d’interfaces avec l’écosystème entrepreneurial. Les résultats des enquêtes d’insertion que nous réalisons chaque année auprès de nos diplômés sont bons. Au global, nous oscillons chaque année autour de 80%/85% d’insertion. Je citerai par exemple les diplômés de notre école d’ingénieurs qui ont ces deux dernières années un taux d’insertion de 100%. Ce qui est le plus satisfaisant c’est de constater que non seulement nos étudiants s’insèrent bien mais qu’en plus ils obtiennent un emploi en adéquation avec leur niveau universitaire.
La prochaine carte de formation que nous sommes en train d’élaborer sera construite autour de ces quatre idées forces :
- Maintenir et développer une offre de formation pluridisciplinaire de qualité et attractive
- Renforcer la réussite des étudiants en les orientant efficacement
- Favoriser l’insertion professionnelle des étudiants, en interaction avec les besoins du territoire
- Continuer et amplifier la dimension internationale de notre offre de formation
Accompagner notre jeunesse sur le chemin de la réussite et de l’émancipation, former des futurs citoyens pourvus d’une conscience libre, aptes à comprendre les problèmes de notre monde et inventer les solutions de demain telle est la mission que nous nous sommes fixés.
Quels sont les défis de l’université au cours et moyen terme ?
Les défis sont nombreux ! Je pense tout d’abord au travail qui vient de démarrer sur l’écriture de la nouvelle carte de formation 2023/2027. C’est un travail de fond qui associera bien entendu l’ensemble des forces vives de l’Université mais également ses partenaires. Il nous faut aujourd’hui insuffler de nouvelles dynamiques et faire émerger de nouveaux projets.
L’élaboration de la prochaine convention tripartite 2023/2027 avec la Collectivité de Corse et l’Etat est l’enjeu de cette année universitaire puisqu’il s’agira de définir les axes stratégiques et moyens afférents pour les cinq années à venir.
Les prochains mois verront également la mise en œuvre du nouveau Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière de l’Université de Corse. Ce document fixe des objectifs raisonnés répondant à l’accompagnement de projets structurants pour le développement de l’institution : densification et intégration des campus dans la Ville de Corte ; Adaptation du patrimoine immobilier aux évolutions du projet de l’université, aux nouveaux usages et aux enjeux d’innovation ; Création d’un campus durable (réhabilitation énergétique et mobilité douce). A titre d’exemple, l’Université de Corse, en collaboration avec la CDC et la Ville de Corte, souhaite proposer un véritable projet de rénovation urbaine à travers la création d’un poumon universitaire au cœur de la Haute Ville de Corte.
• Propos recueillis par J.C
Crédits photos : Université de Corse