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De l 'Elysée à Corte, la ligne est directe

D'abord ouverte en 1765 puis fermée quatre ans plus tard par le traité de Versailles, l'université de Corse était et reste encore aujourd'hui un lieu hautement politisé.
De l’Elysée à Corté, la ligne est directe


D’abord ouverte en 1765 puis fermée quatre ans plus tard par le traité de Versailles, l’université de Corse était et est encore aujourd’hui un lieu hautement politique et politisé. Sa réouverture en 1981 en est bien la preuve, résultat de plusieurs années de revendication et de combat. Elle fût fermée pour des raisons politiques et ce sont ces mêmes raisons qui la feront rouvrir.


Les années 70 marquent la genèse du nationalisme moderne et sa lutte armée en Corse, parmi les revendications du mouvement, donner aux corses la possibilité de se former sur l’île. Si Valéry Giscard-d’Estaing est celui qui enclenche le projet c’est bien François Mitterrand en 1981 qui l’accouche « Vous avez choisi ce lieu, entouré de montagnes, pour mettre en œuvre votre expression culturelle et votre identité, c’est un choix qui doit être respecté » François Mitterrand en 1983 devant l’assemblée de Corse

Mitterrand bouleverse la vie et les institutions français, abolition de la peine de mort, prise en charge de l’avortement

Pour la Corse, c’est l’homme de la décentralisation et plus particulièrement des statut Defferre qui donneront à l’université un premier élan d’émancipation. Le 13 juin 1983 dans le cadre d’un voyage présidentiel en Corse, François Mitterrand fait escale à l’Université de Corse. Le climat est tendu, les syndicats bouillonnent et les institutionnels sont dépassé par les manifestations organisées pour la venue du président. Un millier de manifestants qui mêle étudiants, professeurs ou même gens de l’extérieur se sont réunis pour demander des salles de classes, des professeurs, de nouvelles filières, de l’hébergement… En bref, de quoi donner à l’université les moyens de vivre et non de survivre. Imperturbable, François Mitterrand prend la parole dans l’amphithéâtre et dira notamment « J'aime bien les endroits où l'on vit et ça ne me gêne pas que l'on crie "manifestation". J'ai de bonnes oreilles et je sais distinguer au travers des sons qui me parviennent tout ce qu'il y a d'incertitude ou d'inquiétude, tout ce qu'il y a d'amour pour quelque chose ou de révolte d'occasion, étant entendu que je suis là moi pour que les révoltes d'occasion ne se transforment pas en révoltes permanentes qui risqueraient alors d'emporter beaucoup d'autres. »

Le ton baisse, les visages se décrispent et le voyage cortenais se clôt sur cette dernière phrase : « Je vous en remercie car vous êtes indispensables à la Corse d'aujourd'hui et de demain ». « Il est convenu, je le dis d'emblée, que les normes "San Remo", ce qui veut dire "répartition des moyens", ni plus ni moins, ne sont pas adaptées à l'université de Corte »


Nicolas Sarkozy en 2003 à l’Université de Corse

Quasiment 20 ans se passent, l’université ne peut toujours pas prendre son envol en raison du manque de moyens dévolu. Une rencontre entre deux hommes va changer tout ça. En 2003, Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, est en visite à l’IUFM de Borgo. Présent dans la salle, Antoine Aiello, tout jeune et fraichement élu président de l’université de Corse. Rapidement, une discussion houleuse à lieu entre le « plus jeune président d'université de France » et le premier flic de France, le sujet ? L’université. Les arguments fusent au sujet de l’université et de son avenir, au point que le ministre qui n’était à l’origine pas venu pour ce sujet, termine la discussion en disant : « Eh bien Monsieur Aiello, je me considère invité à l’université de Corse et sous votre responsabilité ».

Quelques mois plus tard, Sarkozy se rend à Corte, Bien que la visite soit extrêmement tendue pour des raisons politique, l’ouverture trois jours plus tard à la Cour d'assises spéciale de Paris du commando Erignac et le référendum du 06 Juillet 2003 sur la modification du statut territorial de la Corse. Bousculé par les nationalistes sur le campus, il n’oublie pas l’université. « On ne peut pas non plus dénoncer l'Etat et en même temps apprécier les mesures qu'il prend en faveur de l'Université de Corte ! » Convaincu par la vision du président de l’université et le projet qu’il porte, il annonce la fin des normes SanRemo pour le campus cortenais et débloque des postes, des fonds et finance même à 70% la nouvelle bibliothèque universitaire. Sarkozy fini son allocution à la faculté avec ces mots : « c'est ici que se joue l'avenir de la Corse, un avenir qui m'est cher, et pour lequel j'essaie de mobiliser, en Corse comme sur le continent, avec toute la force de mes convictions. »


Et le ministre devenu président a tenu sa parole

Libérée des normes SanRemo l’université rayonne, son budget a décuplé, ses recherches sont accréditées par le CNRS, son excellence est reconnue sur les plans régionaux, nationaux et internationaux. Une reconnaissance aujourd’hui méritée et due à l’engagement d’hommes, la persévérance de ceux qui voyait le potentiel de l’université et la volonté de surmonter les défis qui restent encore nombreux.



Jean Colonna



Légendes photos
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