Ghjirulatu / Girolata
Par courrier daté du 13 octobre 2021, U Levante demandé a demandé à Mme la Directrice du Conservatoire du Littoral et à son Délégué pour la Corse de retirer le dossier d’aménagement de sentiers à Girolata.
“Le site de la DREAL de Corse fait état d’une « demande d’aménagement, en vue d’une construction d’un cheminement maçonné sur le rivage rocheux pour l’accès au fortin à Girolata », site classé, sur la commune d’OSANI demande présentée le 20 septembre 2021 par le Conservatoire du Littoral. http://www.corse.developpement-durable.gouv.fr/projets-2021-a1816.html
En réalité le document CERFA et le document annexé décrivent :
Le but avoué est :
Août 2018, 14 h – Touristes sur deux des pontons
Le fortin a déjà été envisagé, après restauration, comme ”un produit qu’il faudra bien mettre en valeur”… nous y voici.
L’introduction fait uniquement état d’un lieu à voir et en aucun cas d’un lieu à vivre. Un produit exotique en quelque sorte. Ainsi évoque-t-on en page 3 une ”carte postale”, on présente le fait qu’il n’y a ”aucune route” comme une ”originalité” et un ”attrait majeur touristique”.
L’historique fait état du passage d’une société agro-pastorale à un haut lieu du tourisme (”Le petit hameau (…) jadis occupé par les agriculteurs et les éleveurs (…) s’est aujourd’hui transformé en un village touristique de commerces et de résidences secondaires” (p.3)) sans évoquer à aucun moment les constructions illégales liées à la surexploitation touristique qui ont fleuri de façon exponentielle depuis 2002 et ont ainsi dénaturé le site. L’observation du front de mer est à cet égard très parlante. Pratiquement rien n’y est légal, tout est bétonné derrière des planches apparentes et de surcroît la quasi-totalité des bâtisses se trouve en zone inondable.
2018 : zone inondable … et inondée
Le présent projet semble se situer dans la continuité de cette logique d’agression de la nature. Le projet ne fera qu’accroître le flux de visiteurs en leur vantant un circuit touristique nouveau… sur lequel se jetteront les publicistes/voyagistes. Il n’est donc pas acceptable.
A – L’accès au fort
Alors qu’un accès au fort existe déjà (trait jaune ci-dessous), vous voudriez créer un nouvel accès (en bleu).
Ce tracé nécessiterait, le long de la mer, soit de creuser et casser la roche, soit d’envisager une structure du type Aldilonda à Bastia. Le conservatoire veut donc encourager les déjà trop nombreux visiteurs à aller vers le fort en créant une nouvelle voie d’accès édifiée sur les rochers du DPM… un nouveau produit touristique.
B – L’aghja : l’aire à blé
Le projet évoque ensuite l’aghja en la positionnant ”au dessus de la plage du Cavone” (p.3) mais en omettant de préciser qu’elle se situe avant tout dans la continuité immédiate du village et que, de par sa situation géographique, elle offre un panorama à couper le souffle, particulièrement au coucher du soleil. De fait, elle pourrait être un lieu parfait pour développer des activités du type ”événementiel”.
Rappelons à ce propos qu’une rave party y a déjà été organisée dans la nuit du 22 au 23 juillet 2017 et que cette rave party avait vocation à devenir pérenne. Rappelons également qu’un certain nombre de mariages concernant des personnes étrangères au village y ont déjà été célébrés. Cette aghja est exceptionnelle et est connue : inutile d’y faire venir davantage de visiteurs !
C – Le projet lié à la plage de Cavone
Il faut ici, en préambule, positionner la plage du Cavone par rapport au village : elle se situe au Nord-Ouest du fortin et suffisamment loin pour que l’on se questionne quant à la nécessité d’y introduire des activités humaines.
S’agissant des voies d’accès actuelles, il est tendancieusement fait état, page 4, de ”traces sauvages” qui ”lacèrent le maquis” au-dessus du Cavone, alors que c’est en réalité le site qui est sauvage et naturel au point que des boucs débordant de la Réserve le traversent tous les matins franchissant les falaises et points de vue que ce projet souhaite mettre en avant.
Il y a effectivement des reliquats de rares sentiers ancestraux et quelques chemins, peu commodes, certes, mais ils permettent juste l’accès à de rares baigneurs. Ces sentiers ont été ouverts par l’usage ces dernières années et leur tracé, que l’on se propose de remettre en état, défie généralement le bon sens. Les nouveaux tracés visent essentiellement à mettre en scène quelques pics et falaises où personne ne passe…
Le spectacle, toujours le spectacle !
En fait, on se propose d’aménager un site naturel encore vierge de toute activité comme de toute spéculation pour le rendre accessible au tout-tourisme et à ses dérives.
La plage du Cavone et le ruisseau à son embouchure
Précisons que, si ce projet aboutit, l’accès aura été pensé dans les deux sens : du village vers le Cavone, certes, mais également du Cavone vers le village, étant entendu qu’existe un autre projet d’aménagement de mouillages dits« écologiques » visant à accueillir des bateaux de la grande plaisance, lesquels yachts sont quotidiennement présents en été :
L’invasion serait alors permanente car si la plage du Cavone est peu praticable en hiver, elle l’est de façon quasi quotidienne en été et le lieu qui pourrait servir de débarcadère après aménagement ne se situe qu’à 5mn à pied de l’aghja :
Quelle belle promesse de ”carte postale” pour les tour-opérateurs !
Lorsque le projet évoque la possibilité de ”diversifier les activités proposées sur le site de Girolata” (p.4) c’est possiblement de cela dont il est question, d’autant que l‘argument des sentiers qui ”désengorgeront le village” (p.4) ne tient pas dans la mesure où lesdits sentiers se situent géographiquement après que l’on a traversé la totalité du village :
Ci-dessous, en rouge, le tracé de la traversée du village, obligatoire pour aller à ou revenir de la plage du Cavone:
Ce projet, s’il est mené à terme, aura pour seul effet d’augmenter le passage et d’envahir encore davantage un ”lieu de vie” qui est déjà en souffrance du fait du va-et-vient ininterrompu des touristes mais également d’engins motorisés, polluants et sonores (quads, mules mécaniques, tracteur des poubelles…). Étrange paradoxe pour un village dont la spécificité est de ne pas avoir de route…
Girolata, site classé, se situe aussi en plein cœur de l’ensemble du site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les instances de l’UNESCO ont sur ce site des objectifs prioritaires de maintien des équilibres entre une biodiversité en souffrance et une activité économique de découverte qui doit être de toute urgence maîtrisée et réduite. Or ce projet, à l’inverse, renforcerait la surfréquentation en ajoutant à l’activité anarchique de promenade en mer, dénoncée par l’UNESCO, une fréquentation supplémentaire issue de la “Grande Plaisance”.”
Retrouvez la suite de l'article dans notre édition papier, disponible en kiosque.
Mais également,en ligne via le site internet de l'association U Levantu.
En réalité le document CERFA et le document annexé décrivent :
- “Aménagement de sentiers d’accès au fortin de Girolata depuis la plage et depuis le village
- Construction d’un cheminement et d’un escalier en pierres maçonnées sur le rivage rocheux
- Ouverture de sentiers de découverte des abords du hameau
- restauration de murs de terrasse en pierre sèche
- Aménagement d’escaliers et d’emmarchements en pierre sèche“
- de construction d’un sentier longeant le rivage par enrochement
- de création de sentiers menant au fortin avec modification de chemins existant
- de création de sentiers vers le nord et la plage de Cavone
Le but avoué est :
- Accueillir le public souhaitant découvrir le fortin de Girolata rénové et aménagé pour la visite
- Proposer des sentiers de découverte des abords du hameau sous la forme de boucles courtes aux ambiances variées
- Répartir les flux de visiteurs et leur offrir une expérience plus intéressante du site de Girolata“
Août 2018, 14 h – Touristes sur deux des pontons
Le fortin a déjà été envisagé, après restauration, comme ”un produit qu’il faudra bien mettre en valeur”… nous y voici.
L’introduction fait uniquement état d’un lieu à voir et en aucun cas d’un lieu à vivre. Un produit exotique en quelque sorte. Ainsi évoque-t-on en page 3 une ”carte postale”, on présente le fait qu’il n’y a ”aucune route” comme une ”originalité” et un ”attrait majeur touristique”.
L’historique fait état du passage d’une société agro-pastorale à un haut lieu du tourisme (”Le petit hameau (…) jadis occupé par les agriculteurs et les éleveurs (…) s’est aujourd’hui transformé en un village touristique de commerces et de résidences secondaires” (p.3)) sans évoquer à aucun moment les constructions illégales liées à la surexploitation touristique qui ont fleuri de façon exponentielle depuis 2002 et ont ainsi dénaturé le site. L’observation du front de mer est à cet égard très parlante. Pratiquement rien n’y est légal, tout est bétonné derrière des planches apparentes et de surcroît la quasi-totalité des bâtisses se trouve en zone inondable.
2018 : zone inondable … et inondée
Le présent projet semble se situer dans la continuité de cette logique d’agression de la nature. Le projet ne fera qu’accroître le flux de visiteurs en leur vantant un circuit touristique nouveau… sur lequel se jetteront les publicistes/voyagistes. Il n’est donc pas acceptable.
A – L’accès au fort
Alors qu’un accès au fort existe déjà (trait jaune ci-dessous), vous voudriez créer un nouvel accès (en bleu).
Ce tracé nécessiterait, le long de la mer, soit de creuser et casser la roche, soit d’envisager une structure du type Aldilonda à Bastia. Le conservatoire veut donc encourager les déjà trop nombreux visiteurs à aller vers le fort en créant une nouvelle voie d’accès édifiée sur les rochers du DPM… un nouveau produit touristique.
B – L’aghja : l’aire à blé
Le projet évoque ensuite l’aghja en la positionnant ”au dessus de la plage du Cavone” (p.3) mais en omettant de préciser qu’elle se situe avant tout dans la continuité immédiate du village et que, de par sa situation géographique, elle offre un panorama à couper le souffle, particulièrement au coucher du soleil. De fait, elle pourrait être un lieu parfait pour développer des activités du type ”événementiel”.
Rappelons à ce propos qu’une rave party y a déjà été organisée dans la nuit du 22 au 23 juillet 2017 et que cette rave party avait vocation à devenir pérenne. Rappelons également qu’un certain nombre de mariages concernant des personnes étrangères au village y ont déjà été célébrés. Cette aghja est exceptionnelle et est connue : inutile d’y faire venir davantage de visiteurs !
C – Le projet lié à la plage de Cavone
Il faut ici, en préambule, positionner la plage du Cavone par rapport au village : elle se situe au Nord-Ouest du fortin et suffisamment loin pour que l’on se questionne quant à la nécessité d’y introduire des activités humaines.
S’agissant des voies d’accès actuelles, il est tendancieusement fait état, page 4, de ”traces sauvages” qui ”lacèrent le maquis” au-dessus du Cavone, alors que c’est en réalité le site qui est sauvage et naturel au point que des boucs débordant de la Réserve le traversent tous les matins franchissant les falaises et points de vue que ce projet souhaite mettre en avant.
Il y a effectivement des reliquats de rares sentiers ancestraux et quelques chemins, peu commodes, certes, mais ils permettent juste l’accès à de rares baigneurs. Ces sentiers ont été ouverts par l’usage ces dernières années et leur tracé, que l’on se propose de remettre en état, défie généralement le bon sens. Les nouveaux tracés visent essentiellement à mettre en scène quelques pics et falaises où personne ne passe…
Le spectacle, toujours le spectacle !
En fait, on se propose d’aménager un site naturel encore vierge de toute activité comme de toute spéculation pour le rendre accessible au tout-tourisme et à ses dérives.
La plage du Cavone et le ruisseau à son embouchure
Précisons que, si ce projet aboutit, l’accès aura été pensé dans les deux sens : du village vers le Cavone, certes, mais également du Cavone vers le village, étant entendu qu’existe un autre projet d’aménagement de mouillages dits« écologiques » visant à accueillir des bateaux de la grande plaisance, lesquels yachts sont quotidiennement présents en été :
L’invasion serait alors permanente car si la plage du Cavone est peu praticable en hiver, elle l’est de façon quasi quotidienne en été et le lieu qui pourrait servir de débarcadère après aménagement ne se situe qu’à 5mn à pied de l’aghja :
Quelle belle promesse de ”carte postale” pour les tour-opérateurs !
Lorsque le projet évoque la possibilité de ”diversifier les activités proposées sur le site de Girolata” (p.4) c’est possiblement de cela dont il est question, d’autant que l‘argument des sentiers qui ”désengorgeront le village” (p.4) ne tient pas dans la mesure où lesdits sentiers se situent géographiquement après que l’on a traversé la totalité du village :
Ci-dessous, en rouge, le tracé de la traversée du village, obligatoire pour aller à ou revenir de la plage du Cavone:
Ce projet, s’il est mené à terme, aura pour seul effet d’augmenter le passage et d’envahir encore davantage un ”lieu de vie” qui est déjà en souffrance du fait du va-et-vient ininterrompu des touristes mais également d’engins motorisés, polluants et sonores (quads, mules mécaniques, tracteur des poubelles…). Étrange paradoxe pour un village dont la spécificité est de ne pas avoir de route…
Girolata, site classé, se situe aussi en plein cœur de l’ensemble du site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les instances de l’UNESCO ont sur ce site des objectifs prioritaires de maintien des équilibres entre une biodiversité en souffrance et une activité économique de découverte qui doit être de toute urgence maîtrisée et réduite. Or ce projet, à l’inverse, renforcerait la surfréquentation en ajoutant à l’activité anarchique de promenade en mer, dénoncée par l’UNESCO, une fréquentation supplémentaire issue de la “Grande Plaisance”.”
Retrouvez la suite de l'article dans notre édition papier, disponible en kiosque.
Mais également,en ligne via le site internet de l'association U Levantu.