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Vers la fin de l'autosoliste ?

La question de la mobilité reste au coeur de l'actualité, sociale et écologique.

Vers la fin de l’autosoliste ?


En 2019, la hausse des prix des carburants avait donné naissance au mouvement des gilets jaunes. Aujourd’hui, la crise sanitaire étouffe la crise sociale. Pourtant, la question de la mobilité reste au cœur de l’actualité, sociale et écologique.


Casse-tête en zone peu dense

À ce jour, la mobilité personnelle reste dominée par « l’autosolisme » - l’automobiliste seul dans sa voiture. La voiture particulière assure aujourd’hui les trois quarts des kilomètres parcourus en France ; elle semble être devenue le moyen incontournable de notre mobilité. Le pétrole fournit la quasi-totalité des forces motrices à tous les véhicules lourds et légers. La pollution ne diminue pas, tout comme les maladies associées. Pourtant, l’essor de la voiture a permis à nombre de ménages d’échapper à la fatigue de la marche et du pédalage, de ne plus dépendre de transports publics contraignants, de gagner en liberté de mouvement, d’accéder à une plus grande diversité de destinations et de s’offrir une habitation plus spacieuse, avec jardin. Les chercheurs ne s’accordent pas sur le problème des automobiles en zones peu denses. Pour certains, la voiture n’étant pas nocive dans ces territoires, il n’y a pas de raison de s’en préoccuper. Pour d’autres, les nuisances existent et il ne faut pas les négliger. Alors la question se pose de garder la voiture, mais de la rendre moins nuisible. Si les voitures électriques sont moins polluantes, le bruit des pneus sur la chaussée et de la circulation demeure. Autre problème de l’autosoliste, c’est la question du stationnement, de l’occupation de l’espace. Les villes saturent. En Corse, l'urbanisation exponentielle des villes et de leur périphérie complique ce problème de stationnement que connaissent toutes les villes en expansion.


Rester mobiles à tout prix

Le tiers de la population française vit dans des zones peu denses, c’est-à-dire des villes de moins de 10 000 habitants et le milieu rural. Dans ces territoires, plus des trois quarts des déplacements se font en voiture. Plus de la moitié des ménages y ont deux voitures ou plus. Avec 558 véhicules pour 1 000 habitants, la Corse est d’ailleurs présentée comme la première région pour le parc automobile. La dépendance à la voiture est assez forte dans les villes moyennes et en périphérie des grandes villes où vit un autre tiers de la population. La dépendance à l’autosoliste s’est développée dans tous les territoires, puisque ces derniers se sont eux-mêmes développés par l’automobile. Même le télétravail incite les gens à habiter plus loin de leur lieu de travail ou à accepter un emploi plus éloigné de leur résidence et ne réduit en rien l’usage de la voiture. Lorsque cette dépendance devient contrainte avec des mesures visant à réduire la vitesse, augmentant le coût du carburant, introduisant des taxes supplémentaires, des mouvements de protestation s’organisent face à cette injustice, comme en 2014 avec les bonnets rouges, en 2018 avec les gilets jaunes.


À la recherche d’alternatives

Si en zone dense les alternatives à l’automobile (marche, vélo, transports publics…) se développent, en zone moins dense, c’est tout l’inverse. Dans son rapport sur les mobilités, le Sénat parle même de défi à relever. Au-delà de 5-10 kilomètres, le vélo n’est plus compétitif et l’insécurité routière dissuade d’adopter les deux roues ou même de marcher (l’accidentologie en Corse reste préoccupante). Les transports publics ne peuvent être déployés partout ou à un coût exorbitant et ne peuvent être rejoints qu’en voiture ou en deux-roues. Le covoiturage de courte et moyenne distance a beaucoup de mal à séduire à cause des contraintes d’organisation et de la difficulté à monétiser le service. Le taux de remplissage des véhicules est estimé en Corse à 1,26 pers/ véhicule. D’ailleurs, le covoiturage est inscrit dans tous les documents stratégiques de planification énergétique de la Corse. À ces pistes de réflexion s’ajoutent celles sur le véhicule lui-même, avec des matériaux moins polluants, utilisant d’autres ressources, avec des carburants alternatifs (comme le gaz de pétrole liquéfié (GPL), le gaz naturel pour véhicule (GNV) et le biogaz, le dihydrogène (H2) ; le bioéthanol ou biodiesel…). L’augmentation du prix des carburants, la lutte contre le changement climatique poussant à réduire les émissions de CO2 des véhicules… De nombreux facteurs concourent à modifier notre rapport à la voiture et aux déplacements.


Maria Mariana
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