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Nouvelle - Calédonie : l'absurdité gouvernementale

Pour la troisème fois, dimanche 12 décemnbre, les citoyens calédoniens ont été appelés à répondre à la question : "voulez vous que la Nouvelle- Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?"leine

Nouvelle-Calédonie : l’absurdité gouvernementale

Pour la troisième fois, dimanche 12 décembre, les citoyens calédoniens inscrits sur la liste électorale spéciale pour la consultation ont été appelés à répondre à la question : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ? » Par deux fois déjà, ils avaient répondu majoritairement non, mais l’écart s’est resserré d’un scrutin à l’autre : 56,7 % contre 43,3 % le 4 novembre 2018, 53,3 % contre 46,7 % le 4 octobre 2020. Mais par dessus — tout, les deux scrutins ont montré à quel point la société calédonienne était clivée en deux camps mettant en évidence la fracture ethnique, géographique et sociale de l’archipel. À l’heure où cet article est écrit, le résultat du référendum n’est pas connu et pourtant si : le non va l’emporter à une écrasante majorité ne faisant que repousser le problème qu’il était censé régler.



Une région à haut risque


L’affaire des sous-marins nucléaires, passés sous le nez de la France au dernier moment, a montré combien les enjeux planétaires se concentraient désormais dans deux régions : l’Europe orientale et plus particulièrement l’Ukraine et la région australe où la Chine et les États-Unis et leurs satellites anglo-saxons se disputent d’immenses territoires stratégiques. Or la Nouvelle-Calédonie est au centre de ceux. La conséquence directe est qu’on voit mal comment une Kanaky indépendante parviendrait à tirer son épingle du jeu sans demander la protection de l’une ou l’autre des grandes puissances sacrifiant ainsi par avance ses libertés fondamentales.
De surcroît, la Kanaky est formée par le rassemblement de populations mélanésiennes parlant vingt-huit langues différentes peu ou non-communicantes entre elles. Quatre de ses langues bénéficient d’un apprentissage optionnel au lycée, mais le français reste le seul lien linguistique entre la plupart des habitants premiers de l’archipel. En d’autres termes, le français risque d’être remplacé par l’anglais, langue déjà utilisée par les élites locales caldoches comme kanak. Les couches sociales les plus favorisées — quasiment toutes issues de la société blanche — seront en pointe au détriment des Kanaks. Le deuxième problème que pose l’indépendance est celui de l’infrastructure qu’offre la France : santé, éducation, sécurité, etc. Qu’en sera-t-il dans deux ans si l’indépendance devenait devenir effective ? Mais pour l’heure, la question essentielle est inverse : à quoi va servir un référendum boycotté par ceux à qui il devait offrir un destin choisi : les Kanaks ?

Pourquoi ne pas attendre un an ?


La position du gouvernement français est difficile à comprendre. Les accords de Nouméa ont été engagés en 1988. Ils ont été façonnés de façon à donner toutes ses chances à l’indépendance. Or voilà qu’avant le troisième référendum, relativement mal parti pour les indépendantistes, le gouvernement français a bloqué sur une question stupide de date. Les conséquences de cette transformation ratée risquent d’être catastrophiques. Au niveau international d’abord, la Nouvelle-Calédonie est inscrite dans le calendrier des décolonisations prévues par l’ONU. D’ailleurs même en cas de victoire du « non », la Nouvelle-Calédonie restera sur la liste des Nations Unies.
On finit d’ailleurs par se demander à quoi sert cette panoplie institutionnelle si complexe qui aboutira inévitablement à l’indépendance. Plus absurde encore, le ministère de l’outremer a indiqué que la position de la France resterait de « construire et de poursuivre le chemin avec les 45 % qui souhaitent l’indépendance de Kanaky–Nouvelle-Calédonie ». Tout ça pour ça. Le deuxième danger qui guette un scrutin légal mais moralement illégitime va être la situation au sein même du territoire calédonien. L’archipel est désormais géographiquement coupé en deux : il y a Nouméa la blanche au sud. La province sud, la plus peuplée regroupe 73 % de la population totale et est composée pour un gros tiers de Caldoches et de Métros pour un quart de mélanésiensLes descendants des colons les Caldoches sont au nombre de 42 000 soit un chiffre deux fois inférieur à celui des Kanaks. Les métros, les Français arrivés de métropole forment un groupe de 25 000 personnes.
Enfin les Polynésiens représentent 22 700 personnes. Un nombre similaire se réclame de la communauté métisse. Or ce patchwork humain a créé une situation relativement instable. Et le fait que la population kanake, légitime sur le sol de ses ancêtres, puisse être dépossédée en partie de son droit à l’autodétermination, risque de peser lourd dans la balance internationale. Sans une attitude intelligente et juste de la France, l’archipel pourrait une fois encore verser dans la violence qui apparaîtrait alors comme le seul levier utile pour obliger un état sourd et aveugle à accompagner le destin d’un peuple dans son droit historique.


GXC
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