ESS, secteur d'avenir
La France assure la présidence du Conseil de l'Union Européenne cette année.
ESS, secteur d’avenir
La France assure la présidence du Conseil de l’Union européenne cette année. L’un des enjeux de cette présidence est de redonner une définition européenne de l’économie sociale et solidaire. Le secteur de l’ESS représente 10 % du PIB et 14 % des emplois privés en France. Il est en forte croissance depuis quelques années, notamment en région où fleurissent les initiatives sociales et solidaires.
Un peu d’histoire
Avant de parler d’économie sociale et solidaire, on parlait de coopératives, des sociétés de secours mutuelles, des associations ouvrières. Ces structures pionnières de l’ESS remontent aux années 1830. À la fin du XIXe
et XXe siècle, la IIIe République reconnait l’économie sociale avec les premières mutuelles, les associations (loi 1901) et les premières coopératives de consommation, avec la loi de 1917. La Mutualité française est créée en 1902, c’est un des piliers fondateurs de l’économie sociale. Puis, après-guerre, les associations et les mutuelles se sont développées jusqu’à créer un comité de liaison en 1970, prémices de l’économie sociale et solidaire. On doit le nom et le concept de l’ESS à Henri Desroche, sociologue. Michel Roccard crée la délégation interministérielle en 1981. La première loi sur l’économie sociale date de 1983. En 1989, l’économie sociale est reconnue au niveau européen grâce à Jacques Delors, président de la Commission européenne, qui crée une administration dédiée à l’économie sociale et de nouveaux statuts « européens » pour les coopératives, les mutuelles et les associations. En 2014, il y a eu la loi de Benoît Hamon et la reconnaissance de nouveaux acteurs dans l'ESS, dont les fondations. Plus récemment, un nouveau statut, les entreprises à missions, a été créé, qui peut donner un élan de ces entreprises vers l’ESS, car elles ne font pas partie du secteur de l’ESS. La vigilance est de mise, que les entreprises à mission ne se transforment pas en greenwashing.
Accompagner les mutations
Les mutations de la société, qu’elles soient écologique, numérique, démographique…, sont un levier pour l’ESS, déjà très moteurs sur ces sujets, avec en plus une dimension politique, qui n’est pas inscrit dans le capitalisme. Les valeurs de ces entreprises sont une lucrativité limitée, une vision démocratique de la gouvernance et un objectif de redistribution plutôt que de maximisation du profit. La Corse s’est engagée en faveur de l’Économie sociale et solidaire dès 2011 en adoptant un Plan régional de cohésion économique, sociale et solidaire, Cors'Eco Solidaire, renouvelé en décembre 2014. Son SRDEII, adopté en décembre 2016 et nommé Riacquistu Economicu è Suciale, dédie un axe stratégique à part entière à l'ESS et l'innovation sociale en lien avec ses objectifs de Solidarité et de Justice sociale. La deuxième Conférence régionale de l'ESS en Corse s'est tenu 25 novembre 2019. En décembre 2019, un nouveau cadre de référence pour le développement de l’ESS en Corse a été adopté à l’unanimité par l’Assemblée de Corse. Il fixe des objectifs stratégiques et de développement pour un maillage territorial fort, favorisant l’innovation de projets pour accompagner les nouveaux modes de vie (économie de la fonctionnalité, filières alimentaires durables, économie circulaire...) et d'accès au logement (accession sociale, habitat participatif…). L’ESS représente 8,1 % du PIB de l’économie insulaire, avec 1107 établissements de l'ESS et 8 308 salariés de l'ESS, représentant 204 millions d’euros de rémunérations brutes annuelles versées (hors charges patronales).
Un secteur porteur d’emplois
L’ESS relève singulièrement du secteur tertiaire avec une majorité de structures qui réalisent des activités de services. Une caractéristique à rapprocher de l’essence même des entreprises de l’ESS qui développent leurs activités en réponse aux besoins non ou mal satisfaits des populations, des salariés et des entreprises d’un territoire. Le vaste champ de l’action sociale concentre plus de la moitié des emplois de l’ESS (53,9 %). Viennent ensuite les secteurs des activités financières et d’assurance (10,3 %), et l’enseignement (7,2 %). L’un des défis de l’ESS insulaire est de trouver les futurs salariés, car les projections de départs à la retraite dans l’ESS font état d’environ 2 300 postes à renouveler dans les dix prochaines années. De quoi satisfaire les jeunes, deux fois plus nombreux à vouloir travailler dans l'ESS que dans une entreprise du CAC 40. L’intérêt collectif et l’utilité sociale peuvent susciter des vocations.
Maria Mariana