Le bonheur est dans le territoire
Le Baromètre des territoires 2021 dresse le portrait d'une France convalescente après la crise sanitaire.
Le bonheur est dans le territoire
Le Baromètre des territoires 2021 dresse le portrait d'une France convalescente après la crise sanitaire. Parmi les enseignements de cette vaste étude, une France divisée, qui aspire pourtant à plus de respect et de dialogue, aux priorités axées sur la proximité, régionale et affective.
Un rapport optimiste
D’après une enquête publiée par Elabe, l’Institut Montaigne en partenariat avec la SNCF et franceinfo, 57 % des Français sont optimistes quant à leur avenir. Ils sont 78 % à se déclarer heureux. 8 Français sur 10 heureux… On est loin des accros aux anxiolytiques ! Et la crise sanitaire a fait apprécier le lieu de vie : il est décrit comme un endroit dans lequel il fait bon vivre. Ils sont 8 % à avoir déménagé après la pandémie, 19 % souhaitent le faire dans le futur. Les valeurs les plus appréciées des Français sont le respect (note de 8,8/10), devant l’honnêteté (8,6/10), la justice (8,5/10), et la sécurité (8,5/10). L’objectif des Français est de vivre sereinement et de permettre à chacun de « bien vivre ». Selon eux, pour améliorer le monde dans lequel on vit, la priorité est la proximité affective et géographique, prendre soin de ses proches en situation de dépendance, trier les déchets, se déplacer de manière « propre », voter aux élections locales et renoncer à des habitudes de vie préjudiciables pour la planète. La santé est devenue la préoccupation personnelle no1 des Français. Parmi les « essentiels » cités pour définir une vie réussie, les personnes interrogées évoquent le fait d’être en bonne santé (8,6 sur 10), le fait de se sentir bien dans son corps (8,1) et d’avoir des relations régulières avec sa famille (7,9). 2 Français sur 3 décrivent leur lieu de vie comme un endroit qui va bien, dans lequel il fait bon vivre. Les Bretons sont plus attachés à leur région (69 % et +) que les Corses (63 %). Les insulaires sont 64 % à estimer qu’il fait bon vivre dans leur quartier et leur commune.
Crise sanitaire toujours
Mais cet élan d’optimisme ne cache pas le constat d’une désunion nationale. Et cela se traduit dans l’impossibilité de débattre. Environ 7 Français sur 10 ont le sentiment qu’il n’est plus possible de débattre sereinement, et même de débattre tout simplement. Ils l’observent chez les politiques (74 %), sur les plateaux de télévision (69 %), mais aussi entre eux (67 %). Les sujets de la question vaccinale et du pass sanitaire divisent. Antivax et provaccin s’opposent, des plateaux télé aux tablées familiales. Même si le taux de vaccination des plus de 18 ans atteint aujourd’hui 90 %, il cache un clivage fort : 68 % l’ont fait sans hésiter, mais 32 % l’ont fait par contrainte (notamment chez les plus jeunes, et les individus les plus défiants envers les institutions). Le nombre de doses risque de mettre les gens encore plus en opposition. Sans oublier le passage du pass sanitaire en pass vaccinal qui ne va pas pacifier les débats. Déjà la question du pass sanitaire divise : 64 % y sont favorables, 36 % opposés. C’est en Occitanie (70 %) et en PACA (71 %) qu’on y est le moins favorable (56 %). C’est aussi dans ces deux régions que le sentiment de division du pays est plus élevé, alors qu’il est nettement moins partagé dans les Hauts-de-France (59 % divisé). Les autres sujets clivants sont le harcèlement de rue et la conduite alcoolisée, qui indignent. 87 % sont profondément choqués face à la situation de harcèlement de rue à l’encontre d’une femme. Les autres grandes colères contre les incivilités sont la conduite sous l’emprise de l’alcool (84 %), le déchet jeté par terre (74 %), cracher par terre (59 %), mettre la musique forte dans les transports en commun (54 %), fumer du cannabis dans un jardin public (50 %), ne pas payer son ticket de transport (47 %).
Quelques points noirs
Les sujets d’inquiétude des Français restent la qualité du lien social, l’insécurité, l’accès aux services publics et aux lieux de culture et de loisirs. 36 % des Français doivent se restreindre pour boucler les fins de mois, et parmi ces derniers, seuls 43 % ont le sentiment d’avoir choisi leur vie. Ce qui maintient le sentiment de vivre dans une société injuste. Six Français sur dix jugent que notre modèle économique n’est pas compatible avec les enjeux soulevés par le défi écologique. Les trois quarts des Français considèrent même que nous sommes dans l’obligation de changer nos modes de vie. Il y a fort à parier que les candidats à l’élection présidentielle s’inspirent de ces thèmes pour séduire un électorat qui ne croit plus au modèle démocratique.