• Le doyen de la presse Européenne

HIstoire de bannières

En ce début de mois de janvier, le président Macron est attaqué pour avoir accroché le seul drapeau européen sous l'Arc de Triomphe afin de saluer la présidence française à la tête de l'union européenne.
En février 2018 le président Macron était venu en Corse pour la commémoration de l’assassinat du préfet Erignac. Puis, lors du rassemblement tenu à Bastia, il avait fait fouiller les élus corses, mais également omis de pavoiser la tribune aux couleurs de la Corse ne conservant que le drapeau national. Et voilà qu’en ce début de mois de janvier, le président Macron est attaqué pour avoir accroché le seul drapeau européen sous l’Arc de Triomphe afin de saluer la présidence française à la tête de l’Union européenne. Il est symptomatique de la période marquée par une remontée des nationalismes ces emblèmes soient devenus des enjeux et des outils de pouvoir.

Un drapeau corse légitime


Ne nous leurrons pas : l’histoire n’est qu’une affaire de rapports de force et elle est dictée par les vainqueurs lesquels jouent sur l’effacement de la mémoire pour imposer leur seule vision. Seule la démocratie permet à cette mémoire de perdurer et de susciter des discussions. Si l’Allemagne nazie avait remporté la victoire, la Shoah aurait été reléguée aux oubliettes. Les Tibétains peuvent encore faire connaître leur existence grâce au monde démocratique. Sans lui, la Chine totalitaire aurait gommé l’existence de ce peuple. La Russie de Poutine tente aujourd’hui d’inventer un roman national qui tend à réhabiliter l’URSS de Staline effaçant ou pire tentant de justifier les dizaines de millions de morts qui marquèrent cette période. La Corse fut, il y a près de trois siècles, une nation en formation. Par nation, il faut entendre la prise de conscience pleine et entière d’un peuple quant à sa propre réalité politique et à son destin commun. Le drapeau corse en est la symbolique et possède donc une véritable légitimité historique acquise essentiellement durant les quinze ans du généralat paoliste. Et les élus corses ont eu raison de s’indigner de son absence aux côtés du président de la République.

Une histoire et une grandeur


Quand le président Macron s’est rendu en Nouvelle-Calédonie, il avait fait tout naturellement installer le drapeau kanak à côté de celui de la France. Situation différente, me répondra-t-on ? Certes oui, mais surtout vengeance personnelle. Le président avait été scandalisé à juste titre des insultes proférées sur Facebook à l’encontre de Madame Erignac par un ancien dirigeant du FLNC. L’indignation était légitime, mais il ne l’était pas de faire porter le poids de cette imbécillité sur les représentants légaux de la Corse, de mêler la colère à une reconnaissance de l’autre. Nous en revenons donc à la perception qu’a la France de la Corse. Pour lui accorder sa spéficité dans le cadre d’une réelle décentralisation, peut-être faudrait-il reconnaître que ce fut un état embryonnaire que détruisit une conquête militaire menée par l’un des royaumes les plus importants d’Europe. Ce qui ne fut pas le cas pour Nice et la Savoie, les territoires les plus récemment annexés à la France. Sans la connaissance de cet épisode historique, sans la prise en considération du traumatisme vécu par une population sommée de s’intégrer à un nouvel espace linguistique, on ne peut comprendre la portée des revendications portées par un mouvement majoritaire élu à l’assemblée insulaire.

Une lente marche vers la reconnaissance


Je ne crois pas du tout à l’obtention de nouveaux pouvoirs par la violence pas plus que par l’invective. Le progrès se fera par la conviction, l’intelligence des arguments présentés par la partie corse et surtout par la solidarité dont elle disposera sur le continent. Le drapeau corse ne trouvera sa légitimité politique qu’à ces conditions. Le travail d’approche effectué par les députés est positif. Encore faut-il parvenir à dessiner les frontières de ce qui est possible d’obtenir à court et à moyen terme et ce qui est irréaliste. Tout au moins pour les années à venir. Le système centralisé français fait eau de toutes parts comprimé par les avancées d’une désagrégation mondialiste. On peut le regretter ou l’approuver. Peu importe, c’est ainsi que l’histoire avance : par désagrégation et renouvellement. Il va falloir en profiter avec intelligence. Le temps des peuples, celui des militants et celui du progrès diffèrent. Savoir emporter des victoires tient surtout à sa propre capacité de patience et à savoir le faire comprendre aux populations concernées.

GXC
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