La Hausse vertigineuse des prix mondiaux de l'alimentation
Jamais les prix mondiaux alimentaires n'ont atteint de tels sommets depuis dix ans
La hausse vertigineuse des prix mondiaux de l'alimentation
Jamais les prix mondiaux alimentaires n’ont atteint de tels sommets depuis dix ans. L’annonce, début novembre, par l’Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), que son indice mensuel de mesure des prix alimentaires a grimpé de plus de 30 % et avait atteint son niveau le plus élevé depuis juillet 2011, a fait l’effet d’une bombe. On se rappellera que c’est à l’occasion de la précédente hausse alimentaire qu’avaient éclaté les printemps arabes et notamment en Syrie, mais aussi en Tunisie, en Égypte. Mais surtout la crise économique et alimentaire prolongée, alors pour paysage la crise de la COVID laisse présager un drame humanitaire gigantesque.
Une hausse continue du prix de l’énergie
La flambée actuelle des prix a pour cause première la progression continue du prix de l’énergie depuis 2020 elle-même provoquée par la multiplication des aléas climatiques dus au réchauffement (sécheresses, inondations…) et le développement des agrocarburants, qui entraîne une compétition entre produits agroalimentaires et énergétiques dans l’utilisation des terres arables. Mais, de plus chaque matière première possède son histoire propre et des raisons particulières de flamber : mauvaises récoltes en Amérique du Nord pour le blé, faible récolte de l’huile de palme à cause d’une pénurie de main-d’œuvre, gelées au Brésil causées par le changement climatique qui ont affecté la récolte de canne à sucre. En d’autres termes, ça n’est pas seulement les productions agricoles déficientes qui ont provoqué la hausse, mais également une crise des filières agricoles. L’une des conséquences annexes est que privées de leurs nourritures traditionnelles les populations se tournent vers des aliments moins chers, souvent moins sains, contaminés aux pesticides ou alors bourrés de glucides. D’où une flambée des diabètes, de l’obésité et des morts prématurées. Selon les Nations unies, trois milliards de personnes dans le monde (soit près de 40 % de la population mondiale) n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour se nourrir sainement.
De forts risques de famine
Concernant les situations les plus critiques, le Programme alimentaire mondial (PAM) a fait état d’une hausse du nombre de personnes en risque de famine, de 42 millions début 2021 à 45 millions fin octobre, particulièrement en Afghanistan, en Syrie et au Yémen. Selon l’ONU, l’insécurité alimentaire a gagné autant de terrain en 2020 sous l’effet du Covid-19 que lors des cinq années précédentes cumulées. Toujours selon l’ONU il y a trois causes principales de la faim dans le monde — les conflits, le réchauffement climatique et les crises économiques, qui se sont amplifiées et aggravées sous l’effet de la Covid-19. « Les prix de l’alimentation jouent un rôle majeur : depuis deux ans, une partie de la population a déjà fait des compromis sur son alimentation, à cause des pertes d’emploi et de revenus. Non seulement elle a moins d’argent dans la poche, mais cela coûte plus cher d’acheter de la nourriture a écrit Nynne Warring, économiste au PAM. »« On sait que la vraie solution n’est pas de distribuer de la nourriture, mais de lier humanitaire et développement à long terme pour aider les populations à produire par elles-mêmes » a déclaré au quotidien Le Monde, le président du Fonds international de développement agricole, le Togolais Gilbert Houngbo. « Dans la plupart des pays pauvres, plus de la moitié de la force de travail dans les milieux ruraux est composée de femmes : dès lors que le Covid-19 a eu un impact négatif sur cette communauté, cela a frappé davantage les femmes. Il faut absolument intégrer la problématique du genre dans nos actions de développement visant le monde rural. Ce n’est pas suffisant de dire que nos projets ciblent davantage les femmes : il faut une approche transformative pour que nos programmes changent de façon durable les causes profondes de ces écarts : il faut s’attaquer à la question des héritages, de la propriété terrienne, donner la parole aux femmes, et les associer dans les prises de décision communales et rurales. Le genre — tout comme le changement climatique — doit être intégré systématiquement dans tous nos projets de développement. »
Gare aux conséquences
On ne le répétera jamais assez : aider les populations du globe à devenir autonomes c’est préserver notre avenir. Car il ne fait aucun doute que la crise s’aggravant, elles viendront frapper à notre porte tout simplement pour espérer un futur digne. Nous savons tout ça et pourtant nous préférons les gestes de charité pure et souvent indigents comme les dons, l’humanitaire seul. Nous savons et plus tard nous pourrons dire nous savions, mais nous n’avons rien fait.
GXC