Autonomie : Défiances et espérances
Force est de constater que, malgré de belles promesses girondines, le président Macron a emprunté les vêtements de la monar.chie républicaine méfiante par nature envers les pouvoirs périphériques.
Autonomie : défiances et espérances
Il ne fait aucun doute que dans le monde de demain, les entités nationales de taille moyenne ou petite auront les capacités de naviguer dans un monde impermanent, soumis aux aléas de la nature et d’une économie volatile. Les pouvoirs trop centralisés finiront par se morceler ou alors par devoir utiliser une répression de plus en plus brutale aux marges de leurs empires. Cette règle prévaut bien entendu pour la France confrontée à une fronde « régionale ». Force est de constater que, malgré de belles promesses girondines, le président Macron a emprunté les vêtements de la monarchie républicaine méfiante par nature envers les pouvoirs périphériques. L’impossible dialogue entre Paris et Ajaccio tire ses raisons de ce travers inné d’une France qui n’a cessé depuis mille cinq cents ans de peaufiner son centralisme.
Un sentiment général, mais flou
Que la Corse possède une forte identité est aujourd’hui accepté par toutes les composantes de la vie politique insulaire et plus généralement française. Et pourtant ça coince. Le président Macron déclarait lors d’une de ses visites qu’il serait bon que d’abord la Corse donnât la preuve de son savoir-faire. En soi il n’avait pas tort. La majorité actuelle n’a pas donné la preuve de son efficience en matière de gestion. Mais soyons justes : alors que la Corse pourrait exercer un droit d’expérimentation législative, 95 % de ses demandes sont restées sans réponses.
Quant aux deux dernières, elles ont été refusées. Il était inutile de nous proposer de grandir de nos expériences si c’était pour sans cesse les recaler. Pourtant la remarque présidentielle est plus que pertinente et entre en écho avec les interrogations de bien de nos compatriotes.
Les échecs successifs de la majorité nationaliste dans des secteurs qui impactent directement notre vie quotidienne laissent planer un doute pesant quant à ses réelles capacités d’exercer un pouvoir plus vaste. Son jacobinisme local fait craindre la constitution d’une nouvelle féodalité, de celle qu’ici on appelle « clan ».
La collectivité unique est une vaste usine à gaz qui dispense des salaires plus que conséquents à ses agents et à ses contractuels, mais peine à pratiquer une justice sociale. Le népotisme, qui était la marque de fabrique du clan, est resté extrêmement vivace. On embauche « les enfants de », on promeut « les amis de » voire on s’offre une place et des salaires de choix. La Corse détient le record d’emplois administratifs rapportés à la population. Des caciques nationaux gagnent des salaires de PDG quand le résultat de leur travail ne semble pas être particulièrement exceptionnel. Bref, tout a tremblé et rien ou pas grand-chose n’a changé.
Le danger du grand banditisme
L’autre menace qui pèse sur une autonomie, dont il reste d’ailleurs à accrocher à véritable programme qui dépasse la simple sémantique, est le poids de la grande délinquance qui pèse sur notre économie. Il est d’ailleurs malheureux que les enquêtes judiciaires semblent s’enliser dans les marais de la politique. N’oublions jamais que la Mafia sicilienne a retrouvé une nouvelle vie avec le statut d’autonomie octroyé en 1948.
Comment ne pas s’inquiéter lorsqu’on constate que la Chambre de commerce et de l’industrie de Corse du Sud a subi l’assassinat de l’un de ses présidents que tous les autres présidents sans exception ont été condamnés par la justice ou ont démissionné avant terme ? La CCI gère les finances relatives aux ports et aéroports et est donc responsable d’importantes sommes d’argent public, nos impôts.
Comment ne pas s’inquiéter par ailleurs lorsque dans un ouvrage au contenu jamais démenti, au cours d’une conversation enregistrée entre Guy Orsoni et Jean-Luc Germani en prison, les deux voyous font état de réunions réunissant les voyous et des nationalistes pour ponctionner le budget destiné à l’hôpital d’Ajaccio ? Et cela sans qu’aucune enquête ne soit déclenchée.
Comment ne pas s’inquiéter de ce que nos impôts puissent être confiés à un personnel politique qui se montrerait incapable de résister aux pressions mafieuses ? Alors l’autonomie oui, mais pas à n’importe quel prix.
Des garde-fous sérieux
Je suis par principe pour l’autonomie, mais par principe également je me méfie de tout pouvoir lorsqu’il émane d’une société de proximité comme la nôtre. Je ne saurais accepter un système qui ne comporte pas de sérieuses garanties de contrôle dispensées par des organes de l’État. Plus l’inspection vient de loin et plus elle a des chances d’être scrupuleuse. Une autonomie qui n’apporterait pas plus de justice sociale qu’il n’en existe aujourd’hui n’a aucune raison d’être.
` Pour l’instant, la nouvelle majorité a conforté une certaine bourgeoisie insulaire qui n’a jamais montré beaucoup de compassion concrète envers les plus pauvres malgré de grandes déclarations larmoyantes. Enfin, l’autonomie ne saurait rester un concept creux. Il doit s’appuyer sur un programme économique et social et cesser de s’embourber dans un constitutionnalisme absurde et condamné par avance à l’échec. Les fins de mois se comptent en euros et non pas en mots écrits sur un papier.
Alors messieurs les autonomistes, quittez le monde des slogans et convainquez-nous de votre projet, je veux parler de notre futur et pas seulement du vôtre qui, à coup sûr, s’est grandement amélioré ces dernières années. La balle est dans votre camp.
GXC
Il ne fait aucun doute que dans le monde de demain, les entités nationales de taille moyenne ou petite auront les capacités de naviguer dans un monde impermanent, soumis aux aléas de la nature et d’une économie volatile. Les pouvoirs trop centralisés finiront par se morceler ou alors par devoir utiliser une répression de plus en plus brutale aux marges de leurs empires. Cette règle prévaut bien entendu pour la France confrontée à une fronde « régionale ». Force est de constater que, malgré de belles promesses girondines, le président Macron a emprunté les vêtements de la monarchie républicaine méfiante par nature envers les pouvoirs périphériques. L’impossible dialogue entre Paris et Ajaccio tire ses raisons de ce travers inné d’une France qui n’a cessé depuis mille cinq cents ans de peaufiner son centralisme.
Un sentiment général, mais flou
Que la Corse possède une forte identité est aujourd’hui accepté par toutes les composantes de la vie politique insulaire et plus généralement française. Et pourtant ça coince. Le président Macron déclarait lors d’une de ses visites qu’il serait bon que d’abord la Corse donnât la preuve de son savoir-faire. En soi il n’avait pas tort. La majorité actuelle n’a pas donné la preuve de son efficience en matière de gestion. Mais soyons justes : alors que la Corse pourrait exercer un droit d’expérimentation législative, 95 % de ses demandes sont restées sans réponses.
Quant aux deux dernières, elles ont été refusées. Il était inutile de nous proposer de grandir de nos expériences si c’était pour sans cesse les recaler. Pourtant la remarque présidentielle est plus que pertinente et entre en écho avec les interrogations de bien de nos compatriotes.
Les échecs successifs de la majorité nationaliste dans des secteurs qui impactent directement notre vie quotidienne laissent planer un doute pesant quant à ses réelles capacités d’exercer un pouvoir plus vaste. Son jacobinisme local fait craindre la constitution d’une nouvelle féodalité, de celle qu’ici on appelle « clan ».
La collectivité unique est une vaste usine à gaz qui dispense des salaires plus que conséquents à ses agents et à ses contractuels, mais peine à pratiquer une justice sociale. Le népotisme, qui était la marque de fabrique du clan, est resté extrêmement vivace. On embauche « les enfants de », on promeut « les amis de » voire on s’offre une place et des salaires de choix. La Corse détient le record d’emplois administratifs rapportés à la population. Des caciques nationaux gagnent des salaires de PDG quand le résultat de leur travail ne semble pas être particulièrement exceptionnel. Bref, tout a tremblé et rien ou pas grand-chose n’a changé.
Le danger du grand banditisme
L’autre menace qui pèse sur une autonomie, dont il reste d’ailleurs à accrocher à véritable programme qui dépasse la simple sémantique, est le poids de la grande délinquance qui pèse sur notre économie. Il est d’ailleurs malheureux que les enquêtes judiciaires semblent s’enliser dans les marais de la politique. N’oublions jamais que la Mafia sicilienne a retrouvé une nouvelle vie avec le statut d’autonomie octroyé en 1948.
Comment ne pas s’inquiéter lorsqu’on constate que la Chambre de commerce et de l’industrie de Corse du Sud a subi l’assassinat de l’un de ses présidents que tous les autres présidents sans exception ont été condamnés par la justice ou ont démissionné avant terme ? La CCI gère les finances relatives aux ports et aéroports et est donc responsable d’importantes sommes d’argent public, nos impôts.
Comment ne pas s’inquiéter par ailleurs lorsque dans un ouvrage au contenu jamais démenti, au cours d’une conversation enregistrée entre Guy Orsoni et Jean-Luc Germani en prison, les deux voyous font état de réunions réunissant les voyous et des nationalistes pour ponctionner le budget destiné à l’hôpital d’Ajaccio ? Et cela sans qu’aucune enquête ne soit déclenchée.
Comment ne pas s’inquiéter de ce que nos impôts puissent être confiés à un personnel politique qui se montrerait incapable de résister aux pressions mafieuses ? Alors l’autonomie oui, mais pas à n’importe quel prix.
Des garde-fous sérieux
Je suis par principe pour l’autonomie, mais par principe également je me méfie de tout pouvoir lorsqu’il émane d’une société de proximité comme la nôtre. Je ne saurais accepter un système qui ne comporte pas de sérieuses garanties de contrôle dispensées par des organes de l’État. Plus l’inspection vient de loin et plus elle a des chances d’être scrupuleuse. Une autonomie qui n’apporterait pas plus de justice sociale qu’il n’en existe aujourd’hui n’a aucune raison d’être.
` Pour l’instant, la nouvelle majorité a conforté une certaine bourgeoisie insulaire qui n’a jamais montré beaucoup de compassion concrète envers les plus pauvres malgré de grandes déclarations larmoyantes. Enfin, l’autonomie ne saurait rester un concept creux. Il doit s’appuyer sur un programme économique et social et cesser de s’embourber dans un constitutionnalisme absurde et condamné par avance à l’échec. Les fins de mois se comptent en euros et non pas en mots écrits sur un papier.
Alors messieurs les autonomistes, quittez le monde des slogans et convainquez-nous de votre projet, je veux parler de notre futur et pas seulement du vôtre qui, à coup sûr, s’est grandement amélioré ces dernières années. La balle est dans votre camp.
GXC