Yannick Jadot en Corse, EELV en quète du soutien nationaliste
EELV en quète du soutien nationaliste
Yannick Jadot en Corse
EELV en quête du soutien nationaliste
Le candidat des Verts, investi pour la Présidentielle d’avril prochain, sera à Bastia le 31 janvier. Il pourra y échanger avec ses soutiens, mais aussi s’entretenir longuement avec Gilles Simeoni. Cette rencontre a été confirmée par l’Eurodéputé François Alfonsi, mais aussi par plusieurs responsables corses d’Europe Ecologie les Verts (EELV). Une entente serait-elle possible ?
Un Vert « moins clivant », « plus pragmatique » … et de moins en moins à Gauche
Les positions récentes de l’ex-militant de Greenpeace battent en brèche l’image d’Épinal du candidat écologiste, allié naturel de la Gauche depuis des décennies. Alors présidentiable, Jadot avait pourtant rallié en 2017 le Parti socialiste de Benoit Hamon, avant la défaite. C’est peut-être cet échec électoral et la victoire d’Emmanuel Macron qui ont conduit l’Eurodéputé à changer de positionnement politique, tentant d'imposer depuis 2019 une ligne « ni droite ni gauche » loin de faire l'unanimité au sein de son parti. D’ailleurs, lors des dernières municipales, l’eurodéputé n’excluait pas certaines alliances avec la droite, en taclant au passage La France Insoumise (LFI) et certains maires socialistes. Une ligne politique qui, loin de plaire à tout le monde au sein d'EELV, a pourtant participé sans doute à conforter son leadership lors des Primaires écologistes de septembre dernier.
Le rapprochement des prisonniers
Parmi les positions emblématiques concernant la Corse, Jadot s’est à plusieurs reprises prononcé publiquement en faveur du rapprochement des prisonniers nationalistes. Le 11 janvier, un mois après les rencontres à Paris entre la délégation corse et les représentants des différents groupes de l’Assemblée nationale, le candidat EELV s’est une nouvelle fois opposé au maintien en détention sur le Continent : « Avec les autres élus d’Europe Écologie au Parlement Européen, j’ai soutenu cette démarche. Un mois après, je constate qu’elle n’a toujours pas eu de suite positive et que leur situation de Détenus Particulièrement Signalés fait toujours obstacle à ce rapprochement. » Selon l’Eurodéputé, « ce blocage met en péril le dialogue politique avec les élus du suffrage universel de l’île, nécessaire pour construire l’avenir de la Corse. Il faut y être mis fin sans délai. » Un discours porté jusqu’aux plus hautes sphères européennes qui ne peut laisser Gilles Simeoni insensible.
Des soutiens proches de Femu
Ces positions sont sans nul doute en lien direct avec les soutiens de Yannick Jadot dans l’île. Au premier plan, on retrouve François Alfonsi. Militant nationaliste depuis près d’un demi-siècle et ancien membre du PNC, Alfonsi a depuis la précédente mandature territoriale rejoint les rangs de Femu a Corsica, la formation majoritaire. En 2019, 9ème sur la liste commune EELV – ALE – RPS menée par Yannick Jadot, le nationaliste faisait son retour en tant qu’Eurodéputé, seul membre élu du contingent Régions & Peuples Solidaires. En Corse, cette liste avait recueilli 21,96 % des suffrages. Cette élection témoigne à elle seule de la proximité ancienne liant nationalistes et écologistes. Dans une interview accordée à Via Stella en septembre dernier, l’Eurodéputé corse précisait qu’il était convaincu de la nécessité de « continuer de s'appuyer sur cette proximité ». François Alfonsi se dit lui-même proche de Mounir Satouri, avec qui il siège à Bruxelles et qui est par ailleurs Directeur de campagne de Yannick Jadot pour l’élection présidentielle.
Autre soutien notable : celui de Leslie Pellegri, actuelle secrétaire régionale d’EELV Corsica et 7ème Vice-présidente de la Communauté d’agglomération bastiaise (CAB). En 2015, alors élue adjointe au maire de Bastia déléguée à la santé et au handicap sur le contingent porté par François Tatti, la Bastiaise avait été mise sur le devant de la scène après les attaques envers Simeoni émanant de ce dernier. Reprochant à Tatti de s’être exprimé en son nom sans l’avoir préalablement consultée, elle continuera à siéger après l’éviction de Julien Morganti de sa fonction d’Adjoint au maire. Ayant de ce fait clairement rompu avec le MCD, elle adhère en 2019 à EELV qu’elle tente avec d’autres de relancer. Le 28 juin 2020, elle est réélue conseillère municipale de Bastia, cette fois-ci via la liste portée par Pierre Savelli, où elle était placée en 8e position. Alors même qu’elle n’est pas membre de Femu a Corsica, le parcours de la jeune femme en dit long quant aux liens tissés par les écologistes avec le mouvement nationaliste. Toutefois, la position de la Secrétaire générale de EELV Corsica est claire : si Femu est un allié fort, le courant écologiste doit selon elle être un partenaire exigeant. Dans une interview accordée à Via Stella, elle précise : « on n'a pas signé un blanc-seing aux nationalistes. Il y a des dossiers où ils n'ont pas avancé assez vite, où l'on a cherché en vain des marqueurs forts. Il faut que nous soyons exigeants avec la majorité nationaliste. On a vocation à être là aux prochaines territoriales, pour mettre la majorité actuelle face à ses contradictions ».
En Corse, les Verts en pleine réinvention
Dans l’île, 2021 était une année historique pour le mouvement écologiste : c’était la première fois, depuis 22 ans, qu’une de ses émanations avait sa propre liste aux Territoriales. Depuis 1999, les Verts n’avaient en effet été présents aux élections qu’au travers de listes nationalistes, cette mouvance étant historiquement fondatrice de la lutte pour la défense de l’Environnement en Corse.
La coalition Verte de la dernière élection, nommée Eculugia Sulidaria, regroupait quatre organisations : EELV, Génération.S, Nouvelle Donne et Génération Ecologie. Son objectif était d’élargir la base écologiste à gauche, de promouvoir un « vrai débat d’idées » et de « tourner le dos au passé ». Pour rappel, en 2013, EELV s’était violemment déchirée entre les plus anciens Verts corses, par ailleurs nationalistes, et un courant extérieur aux sphères identitaires et ancré à gauche, lors d’un débat interne au sujet de propositions faites précisément par le mouvement national. L’omniprésence des différentes sensibilités de cette mouvance dans la campagne 2021 a sans nul entravé l’essor du vote Vert dans l’île, circonscrit à 3.75% des suffrages.
Le renouveau écologiste en Corse, qui s’est malgré tout manifesté l’an dernier par cette présentation autonome aux élections, renvoie à l’essor du mouvement sur la scène internationale, suite à la prise de conscience des menaces qui planent sur la planète elle-même. Néanmoins, les positions d’Eculugia Sulidaria, clairement ancrées à Gauche, ne semblent que peu compatibles avec la ligne portée par Jadot.
Une nouvelle fois, Gilles Simeoni apparaît comme le seul meneur capable de fournir un certain vivier de voix pour Jadot, dont l’importance resterait toutefois relative pour l’heure à l’échelle de la population française. Encore faudrait-il que le Président du Conseil exécutif choisisse d’apporter son soutien officiel au candidat. Une telle prise de position dès le premier tour de l’élection présidentielle serait en tout état de cause un fait inédit pour un élu nationaliste ayant le statut de Simeoni. Elle consoliderait cependant sans doute, la possible nouvelle élection d’un nationaliste corse à Bruxelles en Juin 2024.
Petru Ghjaseppu Poggioli
EELV en quête du soutien nationaliste
Le candidat des Verts, investi pour la Présidentielle d’avril prochain, sera à Bastia le 31 janvier. Il pourra y échanger avec ses soutiens, mais aussi s’entretenir longuement avec Gilles Simeoni. Cette rencontre a été confirmée par l’Eurodéputé François Alfonsi, mais aussi par plusieurs responsables corses d’Europe Ecologie les Verts (EELV). Une entente serait-elle possible ?
Un Vert « moins clivant », « plus pragmatique » … et de moins en moins à Gauche
Les positions récentes de l’ex-militant de Greenpeace battent en brèche l’image d’Épinal du candidat écologiste, allié naturel de la Gauche depuis des décennies. Alors présidentiable, Jadot avait pourtant rallié en 2017 le Parti socialiste de Benoit Hamon, avant la défaite. C’est peut-être cet échec électoral et la victoire d’Emmanuel Macron qui ont conduit l’Eurodéputé à changer de positionnement politique, tentant d'imposer depuis 2019 une ligne « ni droite ni gauche » loin de faire l'unanimité au sein de son parti. D’ailleurs, lors des dernières municipales, l’eurodéputé n’excluait pas certaines alliances avec la droite, en taclant au passage La France Insoumise (LFI) et certains maires socialistes. Une ligne politique qui, loin de plaire à tout le monde au sein d'EELV, a pourtant participé sans doute à conforter son leadership lors des Primaires écologistes de septembre dernier.
Le rapprochement des prisonniers
Parmi les positions emblématiques concernant la Corse, Jadot s’est à plusieurs reprises prononcé publiquement en faveur du rapprochement des prisonniers nationalistes. Le 11 janvier, un mois après les rencontres à Paris entre la délégation corse et les représentants des différents groupes de l’Assemblée nationale, le candidat EELV s’est une nouvelle fois opposé au maintien en détention sur le Continent : « Avec les autres élus d’Europe Écologie au Parlement Européen, j’ai soutenu cette démarche. Un mois après, je constate qu’elle n’a toujours pas eu de suite positive et que leur situation de Détenus Particulièrement Signalés fait toujours obstacle à ce rapprochement. » Selon l’Eurodéputé, « ce blocage met en péril le dialogue politique avec les élus du suffrage universel de l’île, nécessaire pour construire l’avenir de la Corse. Il faut y être mis fin sans délai. » Un discours porté jusqu’aux plus hautes sphères européennes qui ne peut laisser Gilles Simeoni insensible.
Des soutiens proches de Femu
Ces positions sont sans nul doute en lien direct avec les soutiens de Yannick Jadot dans l’île. Au premier plan, on retrouve François Alfonsi. Militant nationaliste depuis près d’un demi-siècle et ancien membre du PNC, Alfonsi a depuis la précédente mandature territoriale rejoint les rangs de Femu a Corsica, la formation majoritaire. En 2019, 9ème sur la liste commune EELV – ALE – RPS menée par Yannick Jadot, le nationaliste faisait son retour en tant qu’Eurodéputé, seul membre élu du contingent Régions & Peuples Solidaires. En Corse, cette liste avait recueilli 21,96 % des suffrages. Cette élection témoigne à elle seule de la proximité ancienne liant nationalistes et écologistes. Dans une interview accordée à Via Stella en septembre dernier, l’Eurodéputé corse précisait qu’il était convaincu de la nécessité de « continuer de s'appuyer sur cette proximité ». François Alfonsi se dit lui-même proche de Mounir Satouri, avec qui il siège à Bruxelles et qui est par ailleurs Directeur de campagne de Yannick Jadot pour l’élection présidentielle.
Autre soutien notable : celui de Leslie Pellegri, actuelle secrétaire régionale d’EELV Corsica et 7ème Vice-présidente de la Communauté d’agglomération bastiaise (CAB). En 2015, alors élue adjointe au maire de Bastia déléguée à la santé et au handicap sur le contingent porté par François Tatti, la Bastiaise avait été mise sur le devant de la scène après les attaques envers Simeoni émanant de ce dernier. Reprochant à Tatti de s’être exprimé en son nom sans l’avoir préalablement consultée, elle continuera à siéger après l’éviction de Julien Morganti de sa fonction d’Adjoint au maire. Ayant de ce fait clairement rompu avec le MCD, elle adhère en 2019 à EELV qu’elle tente avec d’autres de relancer. Le 28 juin 2020, elle est réélue conseillère municipale de Bastia, cette fois-ci via la liste portée par Pierre Savelli, où elle était placée en 8e position. Alors même qu’elle n’est pas membre de Femu a Corsica, le parcours de la jeune femme en dit long quant aux liens tissés par les écologistes avec le mouvement nationaliste. Toutefois, la position de la Secrétaire générale de EELV Corsica est claire : si Femu est un allié fort, le courant écologiste doit selon elle être un partenaire exigeant. Dans une interview accordée à Via Stella, elle précise : « on n'a pas signé un blanc-seing aux nationalistes. Il y a des dossiers où ils n'ont pas avancé assez vite, où l'on a cherché en vain des marqueurs forts. Il faut que nous soyons exigeants avec la majorité nationaliste. On a vocation à être là aux prochaines territoriales, pour mettre la majorité actuelle face à ses contradictions ».
En Corse, les Verts en pleine réinvention
Dans l’île, 2021 était une année historique pour le mouvement écologiste : c’était la première fois, depuis 22 ans, qu’une de ses émanations avait sa propre liste aux Territoriales. Depuis 1999, les Verts n’avaient en effet été présents aux élections qu’au travers de listes nationalistes, cette mouvance étant historiquement fondatrice de la lutte pour la défense de l’Environnement en Corse.
La coalition Verte de la dernière élection, nommée Eculugia Sulidaria, regroupait quatre organisations : EELV, Génération.S, Nouvelle Donne et Génération Ecologie. Son objectif était d’élargir la base écologiste à gauche, de promouvoir un « vrai débat d’idées » et de « tourner le dos au passé ». Pour rappel, en 2013, EELV s’était violemment déchirée entre les plus anciens Verts corses, par ailleurs nationalistes, et un courant extérieur aux sphères identitaires et ancré à gauche, lors d’un débat interne au sujet de propositions faites précisément par le mouvement national. L’omniprésence des différentes sensibilités de cette mouvance dans la campagne 2021 a sans nul entravé l’essor du vote Vert dans l’île, circonscrit à 3.75% des suffrages.
Le renouveau écologiste en Corse, qui s’est malgré tout manifesté l’an dernier par cette présentation autonome aux élections, renvoie à l’essor du mouvement sur la scène internationale, suite à la prise de conscience des menaces qui planent sur la planète elle-même. Néanmoins, les positions d’Eculugia Sulidaria, clairement ancrées à Gauche, ne semblent que peu compatibles avec la ligne portée par Jadot.
Une nouvelle fois, Gilles Simeoni apparaît comme le seul meneur capable de fournir un certain vivier de voix pour Jadot, dont l’importance resterait toutefois relative pour l’heure à l’échelle de la population française. Encore faudrait-il que le Président du Conseil exécutif choisisse d’apporter son soutien officiel au candidat. Une telle prise de position dès le premier tour de l’élection présidentielle serait en tout état de cause un fait inédit pour un élu nationaliste ayant le statut de Simeoni. Elle consoliderait cependant sans doute, la possible nouvelle élection d’un nationaliste corse à Bruxelles en Juin 2024.
Petru Ghjaseppu Poggioli