Graines d'autonomie ou poudre de perlimpinpin ?
Gilles Simeoni qui a rencontré Yannick Jadot et Valérie Pécresse s'est gardé d'affichjer une confiance démesurée envers ses deux interlocuteurs.
Graines d’autonomie ou poudre de perlimpinpin ?
Gilles Simeoni qui a rencontré Yannick Jadot et Valérie Pécresse s’est gardéd’afficher une confiance démesurée envers ses deux interlocuteurs. Pour des raison certes différentes, cette position relève du bon sens,
Les visites de Yannick Jadot et Valérie Pécresse ont permis d’en savoir un peu plus sur le poids qu’accordaient ces candidats à la Corse et ses électeurs et surtout sur ce que serait leur politique corse s’ils étaient élus. La brièveté de ces visites et le peu de recherche de contacts directs avec la population et les militants, même si la pandémie exige de la retenue, ont montré que l’électorat insulaire n’était pas jugé essentiel.
Ceci a aussi confirmé qu’avec l’absence d’attentats et la pacification du débat politique prévalant depuis les « victoires historiques » du nationalisme et du siméonisme, la Corse ne représentait plus un grand enjeu ou un dossier sensible pour les dirigeants et les partis politiques nationaux. Quant aux propositions qui ont été formulées, elles ont permis d’évaluer les niveaux de l’impact et de l’influence de l’actuelle majorité territoriale, et plus globalement de l’ensemble de la revendication nationaliste.
Quelles ont été ces propositions ?
Yannick Jadot s’est prononcé pour que la Corse bénéficie d’un « statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice » et a implicitement précisé que cela s’inscrivait dans la philosophie politique globalement décentralisatrice et girondine d’Europe Ecologie Les Verts: « Les écologistes sont des régionalistes […] Il y a besoin de construire une relation forte, une relation apaisée, entre l’Etat français, la France et la Corse . »
Valérie Pécresse a de son côté affirmé ne pas considérer comme un « tabou » la perspective d’une autonomie de la Corse et indiqué qu’elle pourrait envisager cette option dans le cadre d’une « République des territoires ».
Evoquer l’octroi à la Corse d’un statut d’autonomie n’est donc plus, pour reprendre le mot utilisé par ma candidate Les Républicains, jugé « tabou » au sein de partis qui comptent dans la classe politique française, y compris au sein d’un d’entre eux, Les Républicains, qui relève plutôt d’une tradition centraliste. Gilles Simeoni qui a rencontré Yannick Jadot et Valérie Pécresse s’est toutefois gardé de d’afficher une confiance démesurée envers ses deux interlocuteurs. Au premier, dont le parti a pourtant rendu possible la présence d’un autonomiste corse parmi les députés du Parlement Européen, il n’a pas apporté un soutien déclaré : « Je ne pense pas qu’en ma qualité de Président du Conseil Exécutif de Corse, j’aie à apporter un soutien où à engager ma signature. Je représente la Collectivité de Corse et je cherche à défendre les intérêts de la Corse. »A Valérie Pécresse, il a fait savoir qu’il ne se fierait qu’aux actes : « J’ai dit à la candidate Valérie Pécresse qu’il fallait prendre en compte le vote réaffirmé et massif des Corses, l’expression du suffrage universel et qu’il fallait que le prochain mandat présidentiel soit celui d’une solution globale ».
Gilles fait dans prudence
Cette prudence relève du bon sens, et ce, pour plusieurs raisons.
Première raison, le plus engagé des deux candidats a certes énoncé une position claire. Mais, à quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, les sondages sont loin d’augurer qu’il soit un futur vainqueur ou même qu’il réalise un résultat qui compte. Il est donc pertinent que le Président du Conseil Exécutif ne mette pas tous ses œufs dans le panier vert. Ce choix peut sembler d’autant plus opportun que, depuis quelques semaines, il se dit que celui qui a des chances non négligeables de se succéder s’il est candidat, pourrait, après le scrutin présidentiel, se montrer plus ouvert à une évolution institutionnelle que durant les années passées. S’investir ostensiblement aux côtés d’un de ses opposants ferait courir le risque de le froisser. Or ce risque, ayant appris à connaître la susceptibilité d’Emmanuel Macron et en ayant essuyé les incidences politiques, Gilles Simeoni ne veut très probablement pas le prendre.
Deuxièmement, la profession de foi en faveur de l’autonomie de Valérie Pécresse a été timide et a accompagnée de l’énoncé de lignes rouges. La candidate Les Républicains a d’abord signifié que pour elle « la question statutaire n'est pas prioritaire » et que « la question prioritaire, c'est celle d'un plan d'investissement ». Elle a ensuite inscrit une éventuelle avancée autonomiste non pas dans la perspective d’une prise en compte de la question corse, mais dans celle d’une remise à plat de la décentralisation à l’échelle de la France, et ce, en évoquant « un processus de décentralisation qui sera le plus ambitieux que la République ait connu depuis les lois Defferre ». Ceci conduit à se demander si le caractère spécifique des besoins de la Corse sera réellement retenu… Enfin, elle a affiché son opposition résolue à la coofficialité de la langue corse qui représenterait selon elle une atteinte à une nation une et indivisible et au statut de résident dont elle estime qu’il affecterait ni l'indivisibilité de la nation. Ces deux points faisant partie des revendications majeures des nationalistes, les refuser rend bien moins séduisante la levée du « tabou ». Et avoir déclaré être « très attachée à la diffusion des langues régionales et à leur enseignement, car ce sont nos racines, nos terroirs, nos territoires » ne peut être de nature à rassurer ni Gilles Simeoni, ni le plus modéré et le plus accommodant des autonomistes ou des corsistes. En effet, la vie politique de ces dernière décennies n’a jamais manqué de responsables ou de candidats venus de l’Hexagone qui ont, sans que cela aille plus loin que de bonnes paroles, déclaré leur grand attachement aux langues régionales en général et à la langue corse en particulier.
A ce jour, concrètement, il n’est donc pas certain que les pincées de graines d’autonomie qu’ont dispensé abondamment Yannick Jadot et avec parcimonie Valérie Pécresse, ne tournent pas à la poudre de perlimpinpin du fait de la défaite quasi certaine de l'un, d’une éventuelle victoire de l’autre, ou d'un Emmanuel Macron qui les ayant tous deux balayés, ne jugera pas utile ou urgent de faire beaucoup bouger les lignes.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour, rien à en attendre, ils n'ont pas encore croisé l'étal
du grainetier...
Pierre Corsi
Gilles Simeoni qui a rencontré Yannick Jadot et Valérie Pécresse s’est gardéd’afficher une confiance démesurée envers ses deux interlocuteurs. Pour des raison certes différentes, cette position relève du bon sens,
Les visites de Yannick Jadot et Valérie Pécresse ont permis d’en savoir un peu plus sur le poids qu’accordaient ces candidats à la Corse et ses électeurs et surtout sur ce que serait leur politique corse s’ils étaient élus. La brièveté de ces visites et le peu de recherche de contacts directs avec la population et les militants, même si la pandémie exige de la retenue, ont montré que l’électorat insulaire n’était pas jugé essentiel.
Ceci a aussi confirmé qu’avec l’absence d’attentats et la pacification du débat politique prévalant depuis les « victoires historiques » du nationalisme et du siméonisme, la Corse ne représentait plus un grand enjeu ou un dossier sensible pour les dirigeants et les partis politiques nationaux. Quant aux propositions qui ont été formulées, elles ont permis d’évaluer les niveaux de l’impact et de l’influence de l’actuelle majorité territoriale, et plus globalement de l’ensemble de la revendication nationaliste.
Quelles ont été ces propositions ?
Yannick Jadot s’est prononcé pour que la Corse bénéficie d’un « statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice » et a implicitement précisé que cela s’inscrivait dans la philosophie politique globalement décentralisatrice et girondine d’Europe Ecologie Les Verts: « Les écologistes sont des régionalistes […] Il y a besoin de construire une relation forte, une relation apaisée, entre l’Etat français, la France et la Corse . »
Valérie Pécresse a de son côté affirmé ne pas considérer comme un « tabou » la perspective d’une autonomie de la Corse et indiqué qu’elle pourrait envisager cette option dans le cadre d’une « République des territoires ».
Evoquer l’octroi à la Corse d’un statut d’autonomie n’est donc plus, pour reprendre le mot utilisé par ma candidate Les Républicains, jugé « tabou » au sein de partis qui comptent dans la classe politique française, y compris au sein d’un d’entre eux, Les Républicains, qui relève plutôt d’une tradition centraliste. Gilles Simeoni qui a rencontré Yannick Jadot et Valérie Pécresse s’est toutefois gardé de d’afficher une confiance démesurée envers ses deux interlocuteurs. Au premier, dont le parti a pourtant rendu possible la présence d’un autonomiste corse parmi les députés du Parlement Européen, il n’a pas apporté un soutien déclaré : « Je ne pense pas qu’en ma qualité de Président du Conseil Exécutif de Corse, j’aie à apporter un soutien où à engager ma signature. Je représente la Collectivité de Corse et je cherche à défendre les intérêts de la Corse. »A Valérie Pécresse, il a fait savoir qu’il ne se fierait qu’aux actes : « J’ai dit à la candidate Valérie Pécresse qu’il fallait prendre en compte le vote réaffirmé et massif des Corses, l’expression du suffrage universel et qu’il fallait que le prochain mandat présidentiel soit celui d’une solution globale ».
Gilles fait dans prudence
Cette prudence relève du bon sens, et ce, pour plusieurs raisons.
Première raison, le plus engagé des deux candidats a certes énoncé une position claire. Mais, à quelques semaines du premier tour des élections présidentielles, les sondages sont loin d’augurer qu’il soit un futur vainqueur ou même qu’il réalise un résultat qui compte. Il est donc pertinent que le Président du Conseil Exécutif ne mette pas tous ses œufs dans le panier vert. Ce choix peut sembler d’autant plus opportun que, depuis quelques semaines, il se dit que celui qui a des chances non négligeables de se succéder s’il est candidat, pourrait, après le scrutin présidentiel, se montrer plus ouvert à une évolution institutionnelle que durant les années passées. S’investir ostensiblement aux côtés d’un de ses opposants ferait courir le risque de le froisser. Or ce risque, ayant appris à connaître la susceptibilité d’Emmanuel Macron et en ayant essuyé les incidences politiques, Gilles Simeoni ne veut très probablement pas le prendre.
Deuxièmement, la profession de foi en faveur de l’autonomie de Valérie Pécresse a été timide et a accompagnée de l’énoncé de lignes rouges. La candidate Les Républicains a d’abord signifié que pour elle « la question statutaire n'est pas prioritaire » et que « la question prioritaire, c'est celle d'un plan d'investissement ». Elle a ensuite inscrit une éventuelle avancée autonomiste non pas dans la perspective d’une prise en compte de la question corse, mais dans celle d’une remise à plat de la décentralisation à l’échelle de la France, et ce, en évoquant « un processus de décentralisation qui sera le plus ambitieux que la République ait connu depuis les lois Defferre ». Ceci conduit à se demander si le caractère spécifique des besoins de la Corse sera réellement retenu… Enfin, elle a affiché son opposition résolue à la coofficialité de la langue corse qui représenterait selon elle une atteinte à une nation une et indivisible et au statut de résident dont elle estime qu’il affecterait ni l'indivisibilité de la nation. Ces deux points faisant partie des revendications majeures des nationalistes, les refuser rend bien moins séduisante la levée du « tabou ». Et avoir déclaré être « très attachée à la diffusion des langues régionales et à leur enseignement, car ce sont nos racines, nos terroirs, nos territoires » ne peut être de nature à rassurer ni Gilles Simeoni, ni le plus modéré et le plus accommodant des autonomistes ou des corsistes. En effet, la vie politique de ces dernière décennies n’a jamais manqué de responsables ou de candidats venus de l’Hexagone qui ont, sans que cela aille plus loin que de bonnes paroles, déclaré leur grand attachement aux langues régionales en général et à la langue corse en particulier.
A ce jour, concrètement, il n’est donc pas certain que les pincées de graines d’autonomie qu’ont dispensé abondamment Yannick Jadot et avec parcimonie Valérie Pécresse, ne tournent pas à la poudre de perlimpinpin du fait de la défaite quasi certaine de l'un, d’une éventuelle victoire de l’autre, ou d'un Emmanuel Macron qui les ayant tous deux balayés, ne jugera pas utile ou urgent de faire beaucoup bouger les lignes.
Quant à Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Eric Zemmour, rien à en attendre, ils n'ont pas encore croisé l'étal
du grainetier...
Pierre Corsi