Fabien Roussel en visite en Corse
Avec Fabien Roussel , le PCF veut croire " aux jours heureux "
Avec Fabien Roussel, le PCF veut croire « aux jours heureux »
La semaine dernière, le candidat communiste à l’éléction présidentielle était en visite en Corse. Une terre où la question du pouvoir d’achat est au centre du débat mais où le parti est en perte de vitesse depuis plusieurs années.
D’Ajaccio à Bastia, Fabien Roussel aura martelé le même discours. Celui d’une île où « la principale préoccupation des habitants reste la vie chère ». La semaine dernière, le candidait du Parti Communiste Français à la présidentielle a présenté aux Corses son programme « contre l’austérité » intitulé « la France des jours heureux » : smic à 1500 euros net, pension retraite à 1.200 euros, semaine de 32 heures, retraite à 60 ans, embauche de 90.000 enseignants. Autant de propositions « pour redonner du pouvoir d’achat » que le député du Nord a détaillées devant quelque 250 personnes au Palais des Congrès d’Ajaccio.
À la tribune, face aux dirigeants insulaires du PCF, Fabien Roussel n’a pas manqué de développer son désormais fameux « roussellement » : « Macron a théorisé le ruissellement pour favoriser les riches, lance-t-il. Je propose le « roussellement » qui consiste à partir de la base, à redonner le pouvoir d’achat à ceux qui consomment afin qu’ils fassent tourner l’économie réelle. »
Dans la salle, l’auditoire composé majoritairement de militants et sympathisants est conquis. Un enthousiasme qui tranche avec le peu d’engouement que suscite le Parti Communiste dans le pays et dans l’île, un territoire où il a compté jusqu’à 10.000 adhérents au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 600.
Absent des bancs de l’Assemblée de Corse depuis cinq ans, le PC insulaire est affaibli. Il n’a pas su convaincre lors des Territoriales de juin dernier, la liste conduite par Michel Stefani n’ayant récolté que 3,18% des suffrages. Difficile alors d’exister sur la scène politique insulaire lorsqu’on ne siège plus dans l’hémicycle du cours Grandval. « Du point de vue de la visibilité politique, ça pose un problème, reconnaît Michel Stefani, secrétaire régional du PCF. En Corse, l'Assemblée concentre tous les regards du point de vue politique et aussi toutes les attentes. »
Manque de représentativité
Ce manque de représentativité n’a cessé de s’accentuer ces dernières années. Aujourd’hui, le PCF a du mal à exister politiquement dans les principales villes de Corse. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années à Ajaccio – qui a eu pendant 13 ans un premier adjoint PCF - et à Bastia - où les communistes ont été les alliés des radicaux de gauche pendant cinq décennies. Auparavant, le bastion historique de Sartène – tombé en 2001 – a longtemps fait office de place forte, Dominique Bucchini en ayant été le maire pendant vingt-quatre ans.
Cette perte successive de vitrines a considérablement affaibli un parti qui a toujours tenté de préserver une certaine influence sur l’échiquier politique insulaire. « Dans une région où il y a beaucoup plus de fonctionnaires que d’ouvriers », relève un vieux militant.
Aux Territoriales de 2010, la coalition de gauche permettait à Dominique Bucchini d’accéder au perchoir de l’Assemblée de Corse. En termes de visibilité médiatique, difficile de faire beaucoup mieux. Mais en 2015, la victoire des nationalistes rebat les cartes. La gauche perd de l’influence, et le PCF aussi.
Dans la foulée, l’alliance avec les Insoumis lors des scrutins suivants ne jouera pas en faveur du parti. « Avec le recul, on n’aurait jamais dû faire front commun avec la France insoumise,
analyse un militant communiste. Ça nous a encore plus affaibli, surtout quand Mélenchon a désavoué la liste commune aux Territoriales de 2017. » Depuis, les communistes ne siègent plus à l’Assemblée de Corse. Une première depuis 1982.
« De l’eau dans son vin rouge »
En débarquant en Corse, Fabien Roussel n’ignorait pas la situation du parti, lui qui y vient en vacances depuis une vingtaine d’années. Il n’ignorait pas non plus certains sujets locaux. S’il s’est prononcé en faveur du rapprochement des prisonniers du commando Erignac, il est en revanche plus sceptique sur l’autonomie : « J’ai demandé à Gilles Simeoni de me présenter le projet. Est-ce un statut fiscal à part, un droit social à part et un droit du travail à part ? C’est toute la question que l’on doit avoir les Corses.»
Au milieu de cette gauche désunie, le secrétaire national du parti semble redonner un coup de projecteur sur le PC qui n’avait plus présenté de candidat à la présidentielle depuis 2007. « Sa manière de travailler est bonne. Je pense que les choses peuvent évoluer positivement », glissait Dominique Bucchini en marge du meeting d’Ajaccio.
"Depuis le début de la campagne, on sent que ça bouge un peu, prolonge Michel Stefani tout en indiquant « avoir reçu de nouvelles adhésions dernièrement ». Peut-être les premiers effets d’une campagne dans laquelle Fabien Roussel occupe l’espace médiatique. Ses sorties sur la viande et le nucléaire ne sont pas passées inaperçues et semblent contribuer, à travers sa personnalité, à donner une autre image du PCF. En témoigne la réaction de cet habitant des Salines, à Ajaccio, là où le candidat s’est arrêté la semaine dernière : « Il dénote par rapport au Parti Communiste. Il est moins buté, il est plus ouvert. Il a mis de l’eau dans son vin rouge. »
Reste à savoir s’il parviendra à faire davantage « rougir » les urnes qu’aux précédentes élections. « C’est l’avenir qui le dira, pointe-t-il. Tous ensemble, nous sommes très mobilisés et nous sommes encore une force importante dans le pays comme en Corse. »
Selon les derniers sondages, Fabien Roussel est cédité de 3,5% des intentions de vote.
A.S
La semaine dernière, le candidat communiste à l’éléction présidentielle était en visite en Corse. Une terre où la question du pouvoir d’achat est au centre du débat mais où le parti est en perte de vitesse depuis plusieurs années.
D’Ajaccio à Bastia, Fabien Roussel aura martelé le même discours. Celui d’une île où « la principale préoccupation des habitants reste la vie chère ». La semaine dernière, le candidait du Parti Communiste Français à la présidentielle a présenté aux Corses son programme « contre l’austérité » intitulé « la France des jours heureux » : smic à 1500 euros net, pension retraite à 1.200 euros, semaine de 32 heures, retraite à 60 ans, embauche de 90.000 enseignants. Autant de propositions « pour redonner du pouvoir d’achat » que le député du Nord a détaillées devant quelque 250 personnes au Palais des Congrès d’Ajaccio.
À la tribune, face aux dirigeants insulaires du PCF, Fabien Roussel n’a pas manqué de développer son désormais fameux « roussellement » : « Macron a théorisé le ruissellement pour favoriser les riches, lance-t-il. Je propose le « roussellement » qui consiste à partir de la base, à redonner le pouvoir d’achat à ceux qui consomment afin qu’ils fassent tourner l’économie réelle. »
Dans la salle, l’auditoire composé majoritairement de militants et sympathisants est conquis. Un enthousiasme qui tranche avec le peu d’engouement que suscite le Parti Communiste dans le pays et dans l’île, un territoire où il a compté jusqu’à 10.000 adhérents au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 600.
Absent des bancs de l’Assemblée de Corse depuis cinq ans, le PC insulaire est affaibli. Il n’a pas su convaincre lors des Territoriales de juin dernier, la liste conduite par Michel Stefani n’ayant récolté que 3,18% des suffrages. Difficile alors d’exister sur la scène politique insulaire lorsqu’on ne siège plus dans l’hémicycle du cours Grandval. « Du point de vue de la visibilité politique, ça pose un problème, reconnaît Michel Stefani, secrétaire régional du PCF. En Corse, l'Assemblée concentre tous les regards du point de vue politique et aussi toutes les attentes. »
Manque de représentativité
Ce manque de représentativité n’a cessé de s’accentuer ces dernières années. Aujourd’hui, le PCF a du mal à exister politiquement dans les principales villes de Corse. Ce qui n’était pas le cas il y a quelques années à Ajaccio – qui a eu pendant 13 ans un premier adjoint PCF - et à Bastia - où les communistes ont été les alliés des radicaux de gauche pendant cinq décennies. Auparavant, le bastion historique de Sartène – tombé en 2001 – a longtemps fait office de place forte, Dominique Bucchini en ayant été le maire pendant vingt-quatre ans.
Cette perte successive de vitrines a considérablement affaibli un parti qui a toujours tenté de préserver une certaine influence sur l’échiquier politique insulaire. « Dans une région où il y a beaucoup plus de fonctionnaires que d’ouvriers », relève un vieux militant.
Aux Territoriales de 2010, la coalition de gauche permettait à Dominique Bucchini d’accéder au perchoir de l’Assemblée de Corse. En termes de visibilité médiatique, difficile de faire beaucoup mieux. Mais en 2015, la victoire des nationalistes rebat les cartes. La gauche perd de l’influence, et le PCF aussi.
Dans la foulée, l’alliance avec les Insoumis lors des scrutins suivants ne jouera pas en faveur du parti. « Avec le recul, on n’aurait jamais dû faire front commun avec la France insoumise,
analyse un militant communiste. Ça nous a encore plus affaibli, surtout quand Mélenchon a désavoué la liste commune aux Territoriales de 2017. » Depuis, les communistes ne siègent plus à l’Assemblée de Corse. Une première depuis 1982.
« De l’eau dans son vin rouge »
En débarquant en Corse, Fabien Roussel n’ignorait pas la situation du parti, lui qui y vient en vacances depuis une vingtaine d’années. Il n’ignorait pas non plus certains sujets locaux. S’il s’est prononcé en faveur du rapprochement des prisonniers du commando Erignac, il est en revanche plus sceptique sur l’autonomie : « J’ai demandé à Gilles Simeoni de me présenter le projet. Est-ce un statut fiscal à part, un droit social à part et un droit du travail à part ? C’est toute la question que l’on doit avoir les Corses.»
Au milieu de cette gauche désunie, le secrétaire national du parti semble redonner un coup de projecteur sur le PC qui n’avait plus présenté de candidat à la présidentielle depuis 2007. « Sa manière de travailler est bonne. Je pense que les choses peuvent évoluer positivement », glissait Dominique Bucchini en marge du meeting d’Ajaccio.
"Depuis le début de la campagne, on sent que ça bouge un peu, prolonge Michel Stefani tout en indiquant « avoir reçu de nouvelles adhésions dernièrement ». Peut-être les premiers effets d’une campagne dans laquelle Fabien Roussel occupe l’espace médiatique. Ses sorties sur la viande et le nucléaire ne sont pas passées inaperçues et semblent contribuer, à travers sa personnalité, à donner une autre image du PCF. En témoigne la réaction de cet habitant des Salines, à Ajaccio, là où le candidat s’est arrêté la semaine dernière : « Il dénote par rapport au Parti Communiste. Il est moins buté, il est plus ouvert. Il a mis de l’eau dans son vin rouge. »
Reste à savoir s’il parviendra à faire davantage « rougir » les urnes qu’aux précédentes élections. « C’est l’avenir qui le dira, pointe-t-il. Tous ensemble, nous sommes très mobilisés et nous sommes encore une force importante dans le pays comme en Corse. »
Selon les derniers sondages, Fabien Roussel est cédité de 3,5% des intentions de vote.
A.S