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"Permis de construire" de Eric Fraticelli

Bienvenue au rire !

« Parmi de construire » de Éric Fraticelli

Bienvenue au rire !

En notre époque de sinistrose les occasions de rire sont une bénédiction ! Tel est le cadeau que nous offre Éric Fraticelli (Pido) avec son premier long-métrage, « Permis de construire », en sortie nationale le mercredi 9 mars.




L’intrigue de « Permis de construire » est on ne peut plus simple et c’est pourquoi tout devient compliqué ! Au démarrage Romain, dentiste à Paris, reçoit en héritage de son père avec qui il n’a plus de relations suivies depuis longtemps un grand terrain sur les hauteurs de Monticello.
La succession s’accompagne d’une condition incontournable : construire en cet endroit merveilleux une maison. S’enclenchent une suite de quiproquos, de situations loufoques, de gags, de jeux de mots assortis de macagne.

Tête d’affiche du film
: Didier Bourdon qui va dans son itinéraire corse de d’étonnements en stupéfactions. Lors de la présentation du film à Bastia, Boudon qui incarne Romain, le parisien, n’a pas manqué de souligner que « La vraie vedette de l’histoire c’est l’identité corse ». Car si l’on rit beaucoup aux tribulations balanines de Romain et de sa femme (Anne Consigny), c’est parce que les images d’Éric Fraticelli renvoient belle humeur, humanité, et bienveillance.

Berger, patron de bar, maçons à la petite semaine, rentiers prenant le soleil sur une murette, gangsters version pieds nickelés, le cinéaste croque une pétillante galerie de portraits insulaires. Au fil des surprises… très surprenantes on voit surgir un Jean Claude Acquaviva roulant des mécaniques en voyou approximatif qu’on n’oubliera pas de si peu ! Autre apparition inénarrable celle de Patrizia Gattaceca en femme de ménage acariâtre et détestable ronchonnant contre tout et surtout contre les touristes qui sont son gagne-pain. Et voilà qui est d’un croquignolesque en diable ! Personnage détonnant encore le flamboyant architecte Muller (Simon Abkarian) sosie de Karl Lagerfeld aux affres avec une araignée vibrionnante dans le plafond dont les postures et les répliques valent leur pesant de moutarde. Une excellente distribution avec une Anne Consigny d’une remarquable finesse.

Parmi les scènes inénarrables celles des limaces à préserver sans discussion possible au nom de la biodiversité. Certes la biodiversité est un trésor à préserver, mais Fraticellei filme ce passage avec une innocence si drolatique qu’on ne peut qu’éclater de rire.
Aspect touchant de « Permis de construire » le parcours initiatique de Romain qui l’amène à la redécouverte d’un père dont il s’était éloigné, parcours qui lui permet aussi de mieux se connaitre lui-même.
Éric Fraticelli s’apprête à tourner dans l’extrême sud l’adaptation cinématographique de sa pièce, « Le clan ». En même temps il prépare son troisième long-métrage dont l’action se situe sur le continent… Bien occupé notre Pido !

Michèle Acquaviva-Pache

                              * Lors de l’avant-première du film à Bastia, cet automne, c’était standing ovation et délire complet !

Distribution : Didier Bourdon. Anne Consigny. Éric Fraticelli. Michel Ferraci. Frédérique Bel. Simon Abkarian. Daniel Russo. Didier Ferrari. Jean François Peronne. Jzean Claude Acquaviva. Patrizia Gattaceca.
Production : Marvelous Productions
Distribution : Warner Bros. France.



                                  ENTRETIEN AVEC ÉRIC FRATICELLI

Passer à la réalisation c’était un rêve qui vous habitait depuis longtemps ? Être acteur vous a-t-il appris à devenir cinéaste ?
Au théâtre être metteur en scène était un rêve, au cinéma non ! C’est Philippe Godeau, producteur, qui m’en a fait la proposition et j’ai joué le jeu. Cinéaste… ça s’est fait au hasard : j’étais là au bon moment et au bon endroit. Être acteur permet d’avoir des outils pour la réalisation. Car on s’adresse aux comédiens différemment. Car on réfléchit différemment aussi à la direction de jeu. Car on acquiert une petite expérience en regardant les cinéastes qui nous filment.


Comment vous est venu le virus de faire rire avec Tzek ?
Naturellement ! Jeune, j’étais timide, faire rire m’a permis de faire ma place auprès des autres. Je suis devenu acteur grâce à Tzek qui m’a demandé de le rejoindre dans la troupe qu’il avait formé sur le continent et nous avons transposé ce qui nous faisait rire sur scène. Avec Tzek on était en classe ensemble. On plaisantait pendant les cours. On avait une grande complicité.


Est-ce difficile de faire un sort aux clichés qui pèsent sur les Corses côté continentaux et aux a priori que les Corses peuvent avoir sur les continentaux
C’est très dur ! Il ne faut surtout pas verser dans le vu et le revu mais donner des ficelles sur nos valeurs. Au fond il faut trouver un équilibre pour provoquer le rire sans trahir ni blesser les Corses. Du côté des continentaux c’est plus facile, sans doute parce qu’on ressent moins le poids de la responsabilité.


Du nord au sud, de l’est à l’ouest de la France rit-on des mêmes gags, des mêmes effets, des mêmes plaisanteries ?
Pendant un mois et demi avec « Permis de construire » on a fait le tour de France pour voir quel impact il avait. Partout dans le centre comme dans l’est, dans les grandes agglomérations et les petites villes on obtenait les mêmes réactions du public. Partout les spectateurs riaient aux mêmes scènes. « Permis de construire » a donc un aspect très universel et sa diffusion se fera dans toute la France. On a voulu un film humain avec des personnages attachants, cet objectif est atteint. Tout a fonctionné, à l’exception de quelques macagne corso-corso. Notre public se situe de surcroît dans la tranche d’âge des 35 – 77 ans, celle qui englobe 70 % des gens allant au cinéma.


Pour ce premier film en tant que réalisateur et où vous êtes aussi acteur vous aviez besoin d’une équipe de comédiens et de techniciens avec lesquels vous aviez des affinités ?
Évidemment, pas par facilité mais par plaisir. J’ai la chance de faire ces métiers d’acteur et de réalisateur, alors j’essaie de m’entourer de gens que j’aime. Ça permet d’arriver sur le plateau avec le sourire et d’avoir une bonne ambiance. L’excellence entente que j’ai avec Didier Bourdon se ressent à l’écran et c’est important.


Entre la caricature et l’outrance où se situe la ligne de partage ?
Je crois qu’on ne peut pas faire rire sans exagérer le trait. Mais s’il est trop chargé, trop lourd, ça ne fonctionne pas. Ça devient mécanique et on tombe dans le déjà-vu. On doit être léger en étant pertinent… Et puis n’est pas dans le documentaire !


Certaines scènes ubuesques de votre film ont-elles un fond de vérité ?
L’histoire du bail verbal, par exemple, est en effet véridique. Ce genre de baux n’existent d’ailleurs pas qu’en Corse ! Un berger peut faire un pacte oral avec un propriétaire pour que ses bêtes paissent sur son terrain. A partir du moment où le berger paie un loyer le bail oral devient juridiquement légal. Parfois ça tourne mal et les deux parties s’affrontent devant les juges…


Patrizia Gattaceca et Jean Claude Acquaviva jouent totalement à contre-emploi, ont-ils accepté facilement leurs rôles ?
D’abord ils ont été étonnés, mais comme ils sont ouverts d’esprit, ils ont accepté. On a travaillé les rôles, répétés… Au bout du compte ils ont été contents de l’expérience. J’adore amener les gens dans des espaces d’expression qui ne sont d’ordinaire pas les leurs.


Mine de rien avec « Permis de construire » vous touchez à un point sensible en Corse. Votre film est-il là pour apporter de l’apaisement ? Pour dire que les vilains ne dont pas forcément les autres ?
Je n’ai pas l’ambition de changer les choses. Je raconte une histoire avec des personnages attachants. Cette histoire a pour but de divertir, si elle parle en même temps de valeurs, tant mieux ! Tout le monde a des défauts, il est donc préférable de s’entendre.

Propos recueillis par M. A-P




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