• Le doyen de la presse Européenne

Intergénérationnel

N'en déplaise au débat public, le fossé générationnel n'est pas si infranchissable que cela.
Intergénérationnel


N’en déplaise au débat public, le fossé générationnel n’est pas si infranchissable que cela. C’est ce que met en lumière un rapport de l’association des Départements solidaires. Il y a bien sûr des écarts de perception et de valeurs selon les classes d’âge, mais il y a aussi une solidarité entre les jeunes et les seniors. La question sociale est ce qui les rassemble.


Loin du clash générationnel

Les fractures peuvent être sociales, économiques ou territoriales, mais elles ne sont pas générationnelles. Face à la crise sanitaire, les jeunes se sont révélés aussi fragiles que les plus âgés. Même si 62 % des soixante ans et plus considèrent que les jeunes n’ont pas pris conscience des difficultés rencontrées par les personnes âgées depuis le début de la crise liée à la Covid-19, et 44 % des moins de trente ans que les générations plus âgées n’ont pas pris conscience des difficultés des jeunes, seul un tiers des Français pensent qu’il y a un risque de conflit entre les générations. Les inégalités sont davantage perçues entre les hommes et les femmes, pour l’accès aux soins, les revenus, le handicap ou la maladie. La jeunesse ne se considère pas comme une génération sacrifiée ni les seniors comme des nantis. Une écrasante majorité de Français s’accordent à dire que l’ascenseur social est en panne, et qu’il est bien plus difficile à prendre pour les jeunes aujourd’hui que pour les générations les plus anciennes.


Au-delà de l’âge

Jusqu’à cinq générations peuvent aujourd’hui cohabiter. Jamais nous n’avons vécu aussi longtemps ensemble. Jamais autant de générations n’ont eu à coexister. L’esprit coopératif et inclusif se décline aussi dans l’habitat. Les projets d’habitat partagé et intergénérationnel essaiment en tous points du territoire. Ainsi, on assiste au déploiement de dispositifs d’habitat inclusif destinés aux personnes handicapées et personnes âgées. L’habitat inclusif mentionné à l’article L. 281-1 du code de l’action sociale et des familles (CASF) est destiné aux personnes handicapées et aux personnes âgées qui font le choix, à titre de résidence principale, d’un mode d’habitation regroupé, entre elles ou avec d’autres personnes. Ce mode d’habitat est assorti d’un projet de vie sociale et partagée. Ce type d’habitat partagé a aussi la cote parmi les « jeunes » seniors (55 – 75 ans) proches de la retraite ou déjà retraités ; ils représentent plus de 60 % des candidats à l’habitat participatif. C’est une alternative entre la vie à domicile (résidence principale actuelle) et l’accueil dans un établissement (type EPADH). C’est perçu comme un moyen particulièrement efficace pour éviter l’isolement et repousser l’âge de la dépendance. Il en existe une de ce type à Zigliara. Autre dispositif d’habitat solidaire en développement, la cohabitation intergénérationnelle qui permet à un senior qui dispose d’une chambre libre d’accueillir un jeune.


Solidarités entre générations

En dépit de tous les pronostics, le mélange intergénérationnel ouvre sur de nouvelles modalités de solidarité dans toutes les sphères de la vie : la famille, la vie associative, le monde professionnel. Il nous pousse également vers une société plus inclusive dans sa globalité, où le vivre ensemble prend tout son sens. Pendant la crise sanitaire, la faculté de résilience a montré que les liens entre générations se sont renforcés. Pour preuve, les collectes de denrées de première nécessité, et les plus jeunes moins exposés aux formes graves du virus qui n’ont pas hésité à se déplacer pour livrer courses et ravitaillement en tout genre à leurs aînés plus exposés. La famille reste le socle. Les jeunes ont besoin de leurs aînés pour se construire, les anciens ont besoin des plus jeunes pour rester dans le temps présent et mieux percevoir le monde actuel. Les coopérations existent dans tous les domaines. Selon une enquête Ipsos, les principales valeurs que les Français disent souhaiter transmettre à leurs enfants c’est le respect des autres (58 %), la confiance en soi (41 %) et l’autonomie (26 %). Côté apprentissages, la même enquête révèle que les Français souhaitent avant tout transmettre le savoir vivre et la politesse (85 %) et le respect de l’environnement (68 %). Car le climat est bien un objet de consensus intergénérationnel. 87 % des seniors et 82 % des jeunes se disent préoccupés et très préoccupés par les problèmes environnementaux et par leurs conséquences. Les baby-boomers sont aussi concernés que la « génération Climat ».
Partager :