Maroc : l'eau manque
Le pays subit un sévère déficit pluviométrique.
Maroc : l’eau manque
Le pays subit un sévère déficit pluviométrique. Les précipitations jusqu’au mois de décembre 2021 n’ont pas été aussi conséquentes que celles des années 2019 et de 2020, qui étaient des années de sécheresse.
Le réchauffement climatique et ses effets sont de plus en plus constatés un peu partout.
Chez nous, avec seulement 27 mm en moyenne de précipitations, le mois de janvier a été très sec. Météo France ne manifeste cependant pas encore d’inquiétude.
L’organisme rappelle que des pluies importantes sont tombées à la fin de l’automne dernier, qu’en janvier 1993, année record, les précipitations n’avaient été en moyenne que de 4 mm, et que le cumul de recharge hydrique est encore de 80 % et que la sécheresse en profondeur des sols agricole reste modérée. Il existe toutefois la crainte qu’une météo de plus en plus caractérisée par de rares pluies mais d’une intensité relevée, n’aide pas à porter, avant l’été, les stocks d’eau naturels et artificiels à un niveau optimal. En effet, s’il pleut trop dans un court laps de temps, l’eau n’a pas le temps de pénétrer dans les sols.
Au Maroc, la situation est en revanche très inquiétante. Le pays subit un sévère déficit pluviométrique. Les précipitations jusqu’au mois de décembre 2021 n’ont pas été aussi conséquentes que celles des années 2019 et de 2020, qui étaient des années de sécheresse. L’inquiétude est d’autant plus grande que si l’année 2022 s’avère à nouveau pauvre en pluies, on en sera à quatre années consécutives de sécheresse et qu’un grave déficit de taux de remplissage des barrages est constaté et doit être couvert.
Problématique nationale urgente de stress hydrique
Un professeur-chercheur en hydrogéologie à l’Université Hassan II de Casablanca a récemment souligné que le Maroc fait désormais face à une problématique nationale urgente de stress hydrique à l’échelle du pays, alors que cette problématique était jusque-là mise en avant concernant des régions connues pour leur climat aride.
Cette situation est bien entendu une conséquence du dérèglement climatique. Mais elle résulte aussi d’une politique défaillante de grand équipements, de certaines pratiques des activités économique et de l’augmentation de la consommation des ménages. Il apparaît que le Programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 qui a pourtant été présenté au roi Mohammed VI, a pris du retard. A la fin 2021, peu de choses ont avancé.
La construction de barrages prévue par le Programme accuse un important retard. La reconversion des cultures afin de les réadapter à la disponibilité réduite d’eau et les bonnes pratiques dans l’industrie, le tourisme et la vie quotidienne d’économie restent peu appliquées. Le stress hydrique compromet les ambitions économiques du gouvernement. Une situation qui met à mal les prévisions économiques du gouvernement. Il y aura « forcément de la casse » pour l’économie nationale préviennent différents acteurs.
Programme d’urgence et meilleure gestion de la ressource
Les autorités ont décidé de réagir. Le pays va lancer un programme d’urgence de 10 milliards de dirhams (940 millions d’euros) en faveur de l’agriculture a récemment annoncé le gouvernement. Ce programme « vise à atténuer les effets du retard des précipitations, à alléger l’impact sur l’activité agricole et à fournir l’aide aux agriculteurs et aux éleveurs concernés » en protégeant le capital animal et végétal, gérant la pénurie d’eau, finançant des opérations d’approvisionnement du marché en céréales et en fourrages, en allégeant les charges financières pesant sur les agriculteurs. Le plan prévoit en outre le financement « d’investissements innovants dans le domaine de l’irrigation ».
Par ailleurs, une meilleure gestion immédiate de la ressource est désormais à l’ordre du jour. Dans un récent courrier adressé aux responsables locaux , le ministre de l’Intérieur a énoncé une batterie de mesures à adopter rapidement pour « faire face au stress hydrique critique » Parmi celles-ci figurent notamment : la sensibilisation à la protection de la ressource et à la rationalisation de sa consommation, des restrictions sur les débits distribués aux usagers, l’interdiction de l’arrosage des espaces verts, du lavage des voies et places publiques, et des prélèvements sauvages, l’alimentation en eau potable par camions citernes de la population rurale touchée par le déficit hydrique, des efforts de réduction des pertes d’eau dans les réseaux de distribution et de production.
Alexandra Sereni