La Corse solidaire de l'Ukraine
Refusons tout d'abord tout rapprochement indécent entre la situation corse et la situation ukrainienne.
La Corse solidaire de l’Ukraine
Refusons tout d’abord tout rapprochement indécent entre la situation corse et la situation ukrainienne. On ne saurait comparer la lutte démocratique dans un pays en pays avec celle d’un peuple tout entier qui combat une armée immense et qui survit sous les bombes. Une fois ceci établi, saluons toutes les initiatives qui, déjà, ont permis en Corse de récolter des vivres, des vêtements afin de les acheminer vers la frontière polonaise. L’exécutif de la Corse a tenu avec beaucoup de dignité à signaler l’entière solidarité de la Corse avec ce peuple qui se bat, à l’Est, pour ne pas être avalé par le géant russe.
Tout le monde sera touché
La crise économique et financière qu’a déclenchée l’intervention armée de la Russie en Ukraine ne fait que commencer.
Pour la Corse, les retombées vont être difficiles à assumer. Elles vont d’abord toucher le domaine énergétique. L’essence, le fuel et donc l’électricité vont augmenter de façon sauvage. Mécaniquement, les transports vont aussi connaître une hausse historiqueÒ. Tout va devenir plus difficile pour le privé mais aussi pour le public. Le budget va devoir suivre car il n’est pas certain qu’avec la masse salariale qui grève son fonctionnement, il n’est pas besoin d’une rallonge de l’État. De plus, il est certain qu’entre l’élection présidentielle et la guerre en Ukraine, la question corse ne soit grandement relativisée. C’est dire s’il va falloir finement la jouer avec en arrière-plan la zizanie entre partis nationalistes.
Un futur imprévisible
Le monde vit aujourd’hui un basculement. La mutation climatique, le retour aux blocs impérialistes ennemis, le poids de la dette, obligent la Corse à revoir sa copie. Il est fini le temps où, en dehors de la question constitutionnelle, nous pouvions exiger avec beaucoup de chances d’être entendus. Toute stratégie politique exige des tactiques d’une grande souplesse. Faute de quoi, on n’obtient rien mais surtout on donne l’impression de ne rien comprendre à la situation globale.
Le président Macron va être réélu. La crise ukrainienne lui a permis de montrer ses capacités réelles de chef d’État. À côté de lui, les autres candidats font piètre figure ne serait-ce que parce qu’il ne leur est pas donné l’occasion une crise aussi grave que celle que nous traversons. Mais son élection ne changera rien aux conséquences de l’inflation et du choc pétrolier qui se profile. La position de l’exécutif corse s’annonce particulièrement difficile à tenir. Comment ne pas se figer dans une figure d’opposant quand on a la responsabilité de la gestion quotidienne de la Corse ? Cela ressemble aujourd’hui à une figure presque impossible.
Accentuer la solidarité
Il est une route sur laquelle Gilles Simeoni doit continuer à s’engager sans hésiter : celle de la solidarité avec l’Ukraine. Il l’a fait jusqu’à maintenant avec un réel panache. L’exécutif doit patronner une campagne pratique de collecte de fonds, de matériel pour aider les combattants et la population tout entière. Mais il faudrait aussi prévoir l’accueil maximum des réfugiés qui, au moins, jusqu’à la fin des combats, vont avoir besoin d’hébergements. Mais dans un contexte où nos propres concitoyens ont du mal à en trouver, il va falloir être astucieux pour ne pas créer une vague de ressentiment à l’égard de ces malheureux.
Cela va passer par la communication et la mise en avant d’une Corse généreuse, solidaire et capable de sacrifices. Cela a été le cas pendant la Grande Guerre au profit des réfugiés serbes, arméniens et russes. Durant la Seconde guerre mondiale, les Corses eurent en général une attitude fraternelle envers les Juifs. Persévérons sur ce beau chemin de vie. C’est le moins que nous puissions faire pour lutter contre la tyrannie.
GXC