La démocratie est l'enjeu de la guerre en Ukraine
Oublions l'activité de penser, et accordons un bref instant à la nécessité de réfléchir.
La démocratie est l’enjeu de la guerre en Ukraine
Oublions l'activité de penser, exercice hors d'atteinte en ces temps de passion nationaliste en Europe, et accordons un bref instant à la nécessité de réfléchir.
Nous croyions avoir donné assez à manger aux peuples pour éviter d'avoir à leur offrir de mastiquer seulement des songes de grandeur et de gloire, hélas si démodés quand l'heure n'est plus à bâtir des nations mais à les faire coexister. Ce n'est plus le cas. La résurgence d'un mode d’expression belliqueux dans l'est de l'Europe signe l'échec d'un processus de normalisation mené par des esprits d'une hauteur exceptionnelle auxquels on ne rend pas assez hommage, Mikael Gorbachev en particulier, ainsi que ceux qui l'ont accompagné et aidé. Mais la main tendue n'a pas été saisie avec la hardiesse et la fermeté nécessaire et nous le payons. La surenchère ne sert qu'à flatter le narcissisme et l'autisme de qui s'est emparé aujourd'hui des commandes de l'action violente. Il faut y prendre garde. Relisons "La guerre de Troie n'aura pas lieu" de Jean Giraudoux, c'est urgent. La part des choses se fera après, il faut désescalader nos esprits. On ne va pas arrêter de boire de la vodka ni cesser de lire Tolstoï, même quand on aime Napoléon, ce qui est le cas de l'auteur de ces lignes, pour faire plaisir aux sirènes des punisseurs tardifs.
Ce drame était prévisible, pourquoi n'a-t-il pas été prévu ? Plus que jamais, il faut s’interroger. Que faire et que dire, certes, mais aussi comment, sans humilier l’agressé, victime hélas de sa faiblesse et de sa taille, ménager l'agresseur dont le retour à la mesure est une impérative nécessité. Il existe une fatalité de la puissance, nous le savons nous-même qui avons été il y a trois grands-pères de cela, c'est à dire il y a peu, à pied jusqu'à Moscou pour faire respecter « des sanctions », un embargo contre l’Angleterre ! C'était le "blocus continental".
Erreur historique qui signa la fin du premier Empire. Poutine se trompe d’époque, c'est sûr, mais il faut éviter de lui donner du grain à moudre. L'idéal d'une politique à suivre est de se conformer aux leçons de l'Histoire pour peu qu'on la connaisse, sachant qu'avec toute guerre se déchaînent les forces implacables de la bêtise et de la haine. Le bon sens commande de faire baisser l'aveuglement des désirs de revanche.
L'appel au "bon droit" ne sert à rien et toute morale est nuisible quand elle est utilisée à une autre fin qu'au retour à la paix. Qu'un génie absolu comme l'était Napoléon n'ait pu vaincre ses passions et sa colère, comme le démontre l'expédition de Russie, parce qu'il était vexé en somme par le Tsar Alexandre, ne laisse pas augurer hélas que l'actuel maître du Kremlin, à sa plus modeste hauteur, soit en mesure intellectuelle de dominer avec aisance l’événement. Il faut pourtant travailler à ce retour sur terre. L'expédition d'Ukraine est absurde, et l'on ne peut impunément allier la sottise à la brutalité. Ce n'est pas faire honneur au rang que l'on prétend avoir. Ou alors, la fatalité enchaîne-t-elle la fin programmée du monde occidental, car la Russie en fait aussi partie quoiqu'elle dise et qu'elle veuille dans un carnaval grotesque où se joue la fin de nos valeurs sur fond de submergement du monde Chrétien par les forces qui le nient.
Cette guerre est bête, cette guerre est nuisible, cette guerre est suicidaire ! Saint Gribouille, priez pour nous.
En bref, il faut de la douceur pour désarmer les fous, tout le monde le sait, les engueuler ne sert à rien. Et dans l'affaire qui nous occupe, où commence la folie ?
L’erreur majeure serait à l’évidence d’oublier que tous les russes ne sont pas derrière Poutine et que l’Ukraine ne mérite pas le sort atroce qui lui est fait. Ces deux notions combinées révèlent la vraie nature du problème : l’ennemi qui est poursuivi aujourd‘hui par l’armée d’invasion, c’est la démocratie. Les ukrainiens sont combattus parce qu’ils se sont extraits de la gangue totalitaire, ce qui explique leur tropisme européen, et les russes qui manifestent à Saint Petersbourg et ailleurs aspirent à faire de la Russie une démocratie selon les normes en vigueur à l’ouest du continent. Il n’est donc pas étonnant que la Chine ait pris parti contre l’Ukraine. Là est le butoir en ce début de XXIème siècle, c’est la ligne de crête des combats du futur, Daech compris.
• Jean-François Marchi
Oublions l'activité de penser, exercice hors d'atteinte en ces temps de passion nationaliste en Europe, et accordons un bref instant à la nécessité de réfléchir.
Nous croyions avoir donné assez à manger aux peuples pour éviter d'avoir à leur offrir de mastiquer seulement des songes de grandeur et de gloire, hélas si démodés quand l'heure n'est plus à bâtir des nations mais à les faire coexister. Ce n'est plus le cas. La résurgence d'un mode d’expression belliqueux dans l'est de l'Europe signe l'échec d'un processus de normalisation mené par des esprits d'une hauteur exceptionnelle auxquels on ne rend pas assez hommage, Mikael Gorbachev en particulier, ainsi que ceux qui l'ont accompagné et aidé. Mais la main tendue n'a pas été saisie avec la hardiesse et la fermeté nécessaire et nous le payons. La surenchère ne sert qu'à flatter le narcissisme et l'autisme de qui s'est emparé aujourd'hui des commandes de l'action violente. Il faut y prendre garde. Relisons "La guerre de Troie n'aura pas lieu" de Jean Giraudoux, c'est urgent. La part des choses se fera après, il faut désescalader nos esprits. On ne va pas arrêter de boire de la vodka ni cesser de lire Tolstoï, même quand on aime Napoléon, ce qui est le cas de l'auteur de ces lignes, pour faire plaisir aux sirènes des punisseurs tardifs.
Ce drame était prévisible, pourquoi n'a-t-il pas été prévu ? Plus que jamais, il faut s’interroger. Que faire et que dire, certes, mais aussi comment, sans humilier l’agressé, victime hélas de sa faiblesse et de sa taille, ménager l'agresseur dont le retour à la mesure est une impérative nécessité. Il existe une fatalité de la puissance, nous le savons nous-même qui avons été il y a trois grands-pères de cela, c'est à dire il y a peu, à pied jusqu'à Moscou pour faire respecter « des sanctions », un embargo contre l’Angleterre ! C'était le "blocus continental".
Erreur historique qui signa la fin du premier Empire. Poutine se trompe d’époque, c'est sûr, mais il faut éviter de lui donner du grain à moudre. L'idéal d'une politique à suivre est de se conformer aux leçons de l'Histoire pour peu qu'on la connaisse, sachant qu'avec toute guerre se déchaînent les forces implacables de la bêtise et de la haine. Le bon sens commande de faire baisser l'aveuglement des désirs de revanche.
L'appel au "bon droit" ne sert à rien et toute morale est nuisible quand elle est utilisée à une autre fin qu'au retour à la paix. Qu'un génie absolu comme l'était Napoléon n'ait pu vaincre ses passions et sa colère, comme le démontre l'expédition de Russie, parce qu'il était vexé en somme par le Tsar Alexandre, ne laisse pas augurer hélas que l'actuel maître du Kremlin, à sa plus modeste hauteur, soit en mesure intellectuelle de dominer avec aisance l’événement. Il faut pourtant travailler à ce retour sur terre. L'expédition d'Ukraine est absurde, et l'on ne peut impunément allier la sottise à la brutalité. Ce n'est pas faire honneur au rang que l'on prétend avoir. Ou alors, la fatalité enchaîne-t-elle la fin programmée du monde occidental, car la Russie en fait aussi partie quoiqu'elle dise et qu'elle veuille dans un carnaval grotesque où se joue la fin de nos valeurs sur fond de submergement du monde Chrétien par les forces qui le nient.
Cette guerre est bête, cette guerre est nuisible, cette guerre est suicidaire ! Saint Gribouille, priez pour nous.
En bref, il faut de la douceur pour désarmer les fous, tout le monde le sait, les engueuler ne sert à rien. Et dans l'affaire qui nous occupe, où commence la folie ?
L’erreur majeure serait à l’évidence d’oublier que tous les russes ne sont pas derrière Poutine et que l’Ukraine ne mérite pas le sort atroce qui lui est fait. Ces deux notions combinées révèlent la vraie nature du problème : l’ennemi qui est poursuivi aujourd‘hui par l’armée d’invasion, c’est la démocratie. Les ukrainiens sont combattus parce qu’ils se sont extraits de la gangue totalitaire, ce qui explique leur tropisme européen, et les russes qui manifestent à Saint Petersbourg et ailleurs aspirent à faire de la Russie une démocratie selon les normes en vigueur à l’ouest du continent. Il n’est donc pas étonnant que la Chine ait pris parti contre l’Ukraine. Là est le butoir en ce début de XXIème siècle, c’est la ligne de crête des combats du futur, Daech compris.
• Jean-François Marchi