Construire le futur de notre Corse se joue en ce moment
Dramatique leçon que celle qu'il nous faut tirer des évènements récents survenus en Corse.
Construire le futur de notre Corse se joue en ce moment
Dramatique leçon que celle qu’il nous faut tirer des évènements récents survenus en Corse. Le statut de DPS, hier encore impossible à obtenir, a été levé par le premier ministre “en gage d’apaisement”. Yvan Colonna s’il survit, Ferrandi et Alessandri vont pouvoir retrouver leur terre. Il aura fallu la dramatique agression d’Yvan Colonna, l’incroyable faute qui a consisté à lever son statut alors qu’il se trouve dans le coma et les manifestations de jeunes Corses pour obtenir ce qui aurait dû être octroyé il y a bien longtemps.
L’irruption de la jeunesse
Ne nous leurrons pas : quelques milliers de jeunes Corses qui s’affrontent dans la rue avec les forces de l’ordre ne représentent pas l’entièreté d’une jeunesse en grande partie déboussolée par les crises successives et l’échec relatif de la majorité nationaliste. Mais c’est un évènement majeur. La totalité de ces étudiants et lycéens n’ont pas connu la terrible période de la guerre intranationaliste, pas plus que la répression provoquée par l’assassinat du préfet Érignac. Ils s’en tiennent à des symboliques qui n’ont pas grand-chose à voir avec ce que fut la réalité. Mais n’en est-il pas toujours ainsi dans l’histoire ? Et aujourd’hui la réalité est qu’une fois de plus, il a fallu la détermination de ces adolescents, quelques blessés graves qui ont fait craindre plus grave encore, et des dégâts matériels importants pour imposer au gouvernement (vraisemblablement sous la pression présidentielle) un geste à la fois respectueux de la loi et humain qui aurait dû intervenir il y a des années : le retour des trois derniers prisonniers politiques corses chez eux.
Une jeunesse qui bouscule la génération adulte
Comme l’a fort intelligemment fait remarquer Paul Félix Benedetti (qui apparaît aujourd’hui comme l’un des plus perspicaces et des plus honnêtes acteurs nationalistes) hier le FLNC aurait ordonné au mouvement public de se retirer pour permettre à la clandestinité de reprendre sa suzeraineté. Aujourd’hui, en l’absence heureuse des clandestins, les rapports de force se jouent au niveau de la représentation visible. Pour les jeunes manifestants, le monde adulte a échoué. Depuis des années maintenant, le mouvement nationaliste sans exception geint et se plaint de ne rien obtenir de la part d’un état sourd et aveugle. L’absence de résultats dans tous les domaines est criante. Les déchets s’accumulent, l’énergie nous file entre les doigts, les transports sont confisqués par une armada de requins privés. La force citoyenne en Corse a reculé sur tous les plans malgré le miroir aux alouettes que nous tend l’exécutif. Regardons notre futur à court terme : la centrale au gaz n’a plus aucune chance d’exister étant donné la flambée des prix de l’énergie. Cela va avoir des répercussions dans tous les domaines. La tonne de déchets exportée va nous coûter plus cher encore. Se chauffer, se déplacer va devenir un petit luxe domestique que ne pourront plus se payer les plus démunis. Les prix alimentaires vont subir une hausse historique tandis que l’inflation va galoper. Bref nous sommes au-devant d’une crise multifactorielle qu’il va falloir gérer sans toujours se réfugier sous les jupes de l’État. Le message des jeunes est aussi un cri d’immense déception fasse à la mollesse insigne des adultes et son incapacité à gérer la situation sans le recours permanent à Paris.
Se reprendre en main
Selon des indiscrétions médiatiques, Gilles Simeoni aurait été en voie d’obtenir une avancée statutaire qui permettrait de se rapprocher d’une autonomie. Mais il ne va pas suffire pas de posséder le bon outil. Encore va-t-il falloir être capable de s’en servir. Tout est à revoir dans la gestion de la Corse. Le rapport de Wanda Mastor mettait en exergue une réalité : la CdC est un monstre obèse qui ne fonctionne pas n’en déplaise aux syndicats. Les offices sont devenus une machine à enrichir quelques individus au détriment des citoyens. Car il faut le dire franchement : les nationalistes ont créé une nouvelle caste, peu nombreuse, qui vit largement de l’argent public et qui, en faisant mine de défendre un idéal, défend son pré carré. Pour avancer, il va falloir du courage et de l’unité. Le courage va consister à accepter les échecs. L’unité indispensable va exiger d’oublier les orgueils et les particularismes qui déjà commencent à pointer. Certains responsables, perdants des élections ou déçus de choix anciens, s’agitent en coulisses pour retrouver du pouvoir. S’ils persistent aucune victoire ne sera envisageable. Nous voilà donc au pied du mur. La révolte de la jeunesse est saine mais elle doit trouver une finalité politique crédible. Sans cela, nous allons avancer dans la nuit, aveugle et sourd à notre tour, cheminant de drames en drames, dans une ambiance planétaire crépusculaire, sans jamais percevoir la moindre embellie.
GXC