Se préparer à une pénurie alimentaire généralisée
Le 23 mars, la Commission européenne a présenté sa feuille de route pour renforcer la sécurité alimentaire de l'Union européenne face à la guerre en Ukraine.
Se préparer à une pénurie alimentaire généralisée
Le 23 mars, la Commission européenne a présenté sa feuille de route pour renforcer la sécurité alimentaire de l’Union européenne face à la guerre en Ukraine. Or, la situation est déjà devenue critique au Portugal, qui se prépare à une escalade vertigineuse des prix des denrées de base.
Du jamais vu
Personne parmi les producteurs de denrées alimentaires au Portugal, aucun ne se souvient d’une telle pénurie. À la sécheresse et à la flambée des prix de l’énergie et des carburants est venue s’ajouter la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux des plus grands fournisseurs mondiaux de céréales. Le tarif des céréales a soudain bondi et, avec lui, celui de plusieurs matières premières essentielles à la production alimentaire. Désormais, à cause de ce cycle inflationniste, certains fournisseurs de farine fixent leur prix à la journée. La vente d’huile de tournesol, très employée dans les conserves, est maintenant restreinte dans les magasins. Plusieurs produits de base vont être majorés de 20 à 30 % et deviendront inabordables pour des milliers de familles à faibles revenus. Du jamais vu selon les acteurs de l’économie portugaise. Et cette situation a toutes les chances de s’étendre comme une contagion au sud européen puis au reste de l’Europe.
En marche vers l’inconnu
L’augmentation vertigineuse des prix de l’énergie et du gasoil vont obliger des agriculteurs à cesser de cultiver plusieurs produits saisonniers, comme le maïs, les légumes et plusieurs fruits, pour ne pas travailler à perte. Et personne ne peut prédire où la chute va s’arrêter. Les stocks ne permettront pas de dépasser le mois de mai.
Pour l’instant, c’est dans les farines, qui constituent le principal ingrédient de produits aussi divers que le pain, les pâtes et l’alimentation animale, que la pression se fait le plus sentir. Le kilo de farine à pain est passé en un an de 0,35 à 0,57 euro et pourrait atteindre 0,77 euro dans les prochains mois.
Le Portugal est particulièrement touché car sa dépendance céréalière vis-à-vis de l’étranger est totale. Le maïs est le principal composant de l’alimentation animale et son prix a déjà augmenté de 25 à 30 % en une semaine mettant en péril tout le secteur de l’élevage animal. Il est prévu que la viande de porc prenne plus de 30 %. David Neves, le président de la Fédération portugaise des associations d’éleveurs de porcs, a déclaré : « Les stocks de rations n’iront que jusqu’au mois d’avril. Après, nous n’avons rien pour nourrir les bêtes, ce qui signifie qu’on risque une pénurie de viande. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, nous allons assister à un retour de la faim au Portugal. »
Il est par ailleurs probable que cette hausse va être similaire pour toute sorte de viande et, supérieure si l’été est porteur d’une nouvelle sécheresse ce qui semble être le cas. De plus, le prix des poissons, va augmenter dans des proportions identiques à cause de leur alimentation à base de céréales. Enfin il est prévu que les conserves prennent 25 % d’augmentation notamment parce que nous assistons à une pénurie d’huile de tournesol extraite des fleurs produites en Ukraine.
Une crise sociale majeure
Pour faire face à l’augmentation de la facture alimentaire, les ménages de la classe moyenne vont devoir adapter leur consommation et remplacer les produits les plus chers par d’autres plus abordables. Ce sont les ménages à bas revenus qui vont connaître une situation dramatique : ils n’auront aucune solution puisqu’ils achètent déjà les produits les moins chers. Il faut donc s’attendre à une crise sociale sans précédent. Au Portugal ce sont déjà un demi-million de personnes qui ne mangent pas à leur faim. Leur nombre va augmenter en exponentielle. La situation va s’étendre à l’Espagne, à l’Italie, à la Grèce dont les économies sont fragiles. Puis elle va toucher la France impactant directement la moitié de la population.
Les gouvernements à venir doivent donc s’attendre à des mouvements sociaux à caractère violent. Nous sommes tous assis sur un baril de poudre. D’autant qu’outre l’accroissement de la demande de la part des familles « nationales », les institutions vont devoir répondre à l’afflux de réfugiés. Le réseau d’aide sociale risque de s’effondrer démontrant combien tous les pays du monde sont devenus interdépendants dans un système globalisé.
GXC