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Sebastian Lörscher

La BD allemende en Corse

Sebastian Lörscher
La BD allemande en Corse


Auteur de BD et de carnets de voyage Sebastian Lörscher était l’un des hôtes d’excellence de la manifestation bastiaises dédiée à la bande dessinée. Une invitation résultat d’une triple coopération : Una Volta, Emma Lab Culturel, Office franco-allemand pour la jeunesse.


D’un naturel sympathique, spontané, souriant Sebastian Lörscher ou l’art de présenter son travail avec vivacité, humour, entrain lors de sa conférence au café Una Volta devant des afficionados de BD.

Né à Paris pendant un séjour de ses parents dans la métropole française, l’artiste a grandi en Bavière et vit maintenant à Berlin. Un voyage d’études à l’initiative de son école d’art va être déterminant pour lui. En Inde, à Bangalore, en effet, c’est le choc d’un autre monde, d’autres odeurs, d’autres couleurs, d’autres gens qui vont l’entourer lorsqu’il sort son carnet de croquis et qu’il se met à dessiner sur le vif. Ce sont alors des contacts, qui se nouent immédiatement, des questions qu’on lui pose, des histoires qu’on lui raconte tandis qu’en Allemagne il est plutôt habitué à l’indifférence des passants. Dans la société très patriarcale indienne il rencontre cependant une forte femme qui refuse les mariages arrangés et qui n’a pas peur de tenir tête aux hommes qui l’interpellent et l’invectivent ! Cette femme courageuse on en retrouve bien sûr le portrait, en bonne place, croqué par le bédéaste. De Bangalore il rapporte, « Making friends » où ses scènes de rue sont complétées d’anecdotes vécues avec les personnages avec qui il s’est lié d’amitié.

La passion des voyages comme celle du dessin ne va plus le quitter. Pour son diplôme il s’envole à Haïti, trois ans après le tremblement de terre catastrophique qui a ravagé l’île. Il s’installe comme professeur dans une école de de Port-au-Prince fondée par une petite ONG allemande. Le séisme dévastateur ne fait plus la « une » des journaux. Oublié le malheur haïtien. Se laissant guider par le hasard Sebastia Lörscher dessine les fleuves de déchets d’un bidonville et dans ce foisonnement détonnant se fait de nouveaux copains qui le soir se métamorphosent pour assister à quelques fêtes afin de mettre entre parenthèses leur extrême et désolante pauvreté, qui fait dire à l’un deux, superbe philosophe : « Je ne vis pas. J’existe ».

Avec l’artiste nous pénétrons également dans le Berlin des SDF par un froid glacial. Des sans abris qu’il écoute, avec qui il échange et pour lesquels il fera un travail sur le web. On le suit aussi à Vienne où il fréquente un stand de saucisses, sa tenancière et ses habitués… des petits vieux surtout…

En regardant les œuvres de l’artistes berlinois on ressent la même humanité, le même goût des autres. Même… dans cette ville de dingues qu’est Lagos (Nigeria). « Vivre comme les gens du coin et c’est chaque jour une aventure ! » telle est la devise de Lörscher. Cela nous vaut des croquis d’une incroyable délicatesse.

ENTRETIEN AVEC ELSA COMELLI d’Emma Lab Culturel


Qu’est-ce qu’Emma Lab Culturel ?
Nous sommes basés en Balagne. L’association a vu le jour en 2010 quand nous avons étrenné une scène mobile sur un ancien camion de l’armée suisse ! Cette scène c’était Emma et grâce à elle nous faisions des tournées avec des artistes dans notre microrégion. Puis je suis partie en Allemagne où j’ai travaillé dans le secteur de la culture. Revenue dans l’île j’ai occupé des postes culturels dans des mairies, à l’Aria, au Centre Voce. En 2019 nous décidons de professionnaliser notre association. J’en deviens la salariée avec à mes côtés une personne à temps partiel ainsi qu’une autre à mi-temps.


Quel est l’objet de l’association ?
L’éducation artistique et culturelle en Balagne en proposant des stages, des ateliers pour adultes et enfants. Nous nous adressons aussi à des publics spécifiques comme celui des détenus de Borgo. Nous nous inscrivons dans le courant de l’éducation populaire et promouvons ses valeurs.


Votre autre spécificité ?
Notre dimension franco-allemande en liaison avec l’Office franco-allemand pour la jeunesse. D’où notre implication régionale pour favoriser la mobilité des jeunes et nos liens avec la plateforme, Mobighjuvani, de la Collectivité de Corse.


Emma Lab est le PIO (Point information de l’Office franco-allemand pour la jeunesse). Quel est le rôle de ce PIO ?
Nous informons les jeunes corses sur les possibilités d’effectuer des stages de langue en Allemagne. On s’adresse aussi bien aux individus qu’aux groupes. Nous accompagnons les enseignants et les acteurs culturels afin qu’ils puissent bénéficier d’échanges franco-allemands. Le but du PIO est de renforcer l’apprentissage de l’allemand ici. Nous avons deux permanences : l’une aux Terrasses du Fango dans le service jeunesse d’information bastiais de la CDC, une autre à Corte dans les locaux de A Rinascita.


L’étude de l’allemand a longtemps décliné en Corse. Quelles opérations envisagez-vous pour stimuler son apprentissage ?
L’allemand est toujours enseigné à Bastia et Ajaccio. Pour inciter les enfants à s’intéresser à cette langue nous invitons deux lectrices allemandes qui travaillent dans des établissements d’Aix et de Nice à venir animer des séances très ludiques auprès d’élèves de CM2 et de 6 ème. Nous accueillons également en Balagne une jeune volontaire du Service civique franco-allemand qui nous épaule dans nos actions culturelles.


Comment a été menée l’initiative, « La BD allemande s’invite en Corse » et pourquoi ?
Elle l’a été grâce à l’Office franco-allemand pour la jeunesse afin de faire découvrir la bande dessinée d’outre Rhin fort méconnue ici… et en France ! Pour cela nous avons fait appel à Sebastian Lörscher réputé dans son pays pour ses carnets d voyage. La visite de cet artiste en Corse avait un double objectif : stimuler la pratique de l’allemand et la création artistique des jeunes germanistes bastiais de seconde et de 1 ère.


De quelle manière se sont déroulés les ateliers de Sebastian Lörscher ?
Avec les lycéens de Bastia ils ont eu lieu en deux temps. D’abord deux jours en janvier puis deux autres en avril. Il s’agissait d’aboutir à la réalisation d’un ouvrage de BD publié par Una Volta, en s’appuyant au départ sur des objets incongrus. Les jeunes ont imaginé un récit très drôle !


Qui a financé le projet ?
Le Fonds citoyen franco-allemand abondé par la France et l’Allemagne à part égale. Ce fonds est mis en œuvre par l’Office franco-allemand pour la jeunesse. Il soutient des projets de toutes tailles à destination de toutes les générations d’acteurs de la société civile. Son propos est d’aider à vaincre les a priori qui planent encore sur l’Allemagne… De faire tomber les barrières sans occulter le devoir de mémoire.


La BD allemande en Corse a également fait escale à l’Ile Rousse ?
Là, l’artiste a organisé deux ateliers l’un pour les jeunes de la Mission locale, le second pour les usagères du CCAS, appelé Fabrique citoyenne ile-roussienne. Ces dames sont des retraitées qui ont déjà participé à un stage en janvier avec l’artiste. Parallèlement l’Ile Rousse accueille une exposition de Sebastian sur le Nigeria et ce pendant trois semaines. Cette exposition se tient à la Casa Salvini.


Quelles sont les autres actions culturelles d’Emma Lab ?
Nous mettons un point d’honneur à soutenir les artistes qui font le choix de vivre et travailler en Balagne, en particulier les femmes. Pour ce qui est de l’éducation artistique et culturelle nous avons des stages de cirque pour enfants et ados, des ateliers hebdomadaires d’initiation à cette discipline, des ateliers créatifs pour tout petits, des opérations « langues vivantes, arts vivants ». Nous nous occupons aussi de médiation culturelle pour Centru Voce.

Propos recueillis par M.A-P


Association Emma Lab Culturel. Siège social : quartier U Pinu – 20225 Feliceto.
Bureau : Espace coworking Imaginà – 20226 Spelocato. Téléphone : 00 33 7 83 51 56 52.
www. Emmalab.fr
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