STC : qui et quoi aprés Jean Brignole ?
On ne remplace pas aisément un responsable qui a été au centre de la vie d'une organisation quasiment depuis sa création.....
STC : qui et quoi après Jean Brignole ?
On ne remplace pas aisément un responsable qui a été au centre de la vie d’une organisation quasiment depuis sa création ; qui a assumé trois mandats de secrétaire général ; qui a forgé sa légitimité et son autorité autant dans les combats politiques que dans les luttes sociales ; qui a su être acteur de l’indépendance de son organisation et garant de l’implication de cette dernière dans les luttes du mouvement nationaliste.
Créé en 1984, à l’initiative et sous la direction politique du FLNC, dans un contexte de mise en place de contre-pouvoirs au service de la stratégie de lutte de libération nationale que développait alors l’organisation clandestine, le STC (Sindicatu di i Travagliadori Corsi) a rapidement gagné en influence. Malgré les contestations de sa légitimité, de sa légalité ou de sa représentativité par l'Etat et aussi par certaines organisations syndicales, le STC est au fil des ans devenu la première organisation syndicale de salariés de Corse. Il a fondé cette réussite sur sa capacité à défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs de Corse dans tous les secteurs d’activité du privé et du public. Le STC a par ailleurs très vite imposé son aspiration à l’indépendance syndicale. En effet, tout en conservant la ligne politico-syndicale nationaliste « Liberazione naziunale / Liberazione suciale » qui a déterminé son identité et fortement contribué à sa montée en puissance, il s’est, dès les années 1980-1990, affranchi de la direction politique du FLNC, et a affirmé son refus de dépendre de toute influence étrangère à sa structure. Il convient de souligner que tous les secrétaires généraux qui ont dirigé le STC depuis sa création, à savoir Bernard Trojani, Marie-France Giovannangeli, Étienne Santucci et Jean Brignole (toujours en place), ont su concilier la volonté d’indépendance syndicale et la présence de leur organisation dans tous les combats, y compris politiques, allant dans le sens de l’émancipation nationale et de la défense des intérêts collectifs du Peuple corse. Dans les mois qui viennent, sur fond de la négociation annoncée par Gérald Darmanin dans laquelle, fort de son leadership syndical, il devra fortemnt s’impliquer pour que soient préservés au mieux les intérêts des salariés, le STC va être confronté à un virage difficile : il va lui falloir trouver un successeur à Jean Brignole qui, à ce jour, n’entend pas demander un renouvellement de son mandat de secrétaire général.
7000 adhérents à gérer !
La chose ne s’annonce pas facile car, même si le STC dispose de responsables chevronnés au sein de sa commission exécutive, on ne remplace pasaisément un responsable qui a été au centre de la vie d’une organisation quasiment depuis sa création ; qui a assumé trois mandats de secrétaire général ; qui a forgé sa légitimité et son autorité autant dans les combats politiques que dans les luttes sociales, autant dans les jours difficiles que dans les moments fastes ; et qui a su être à la fois acteur de l’indépendance de son organisation et garant de l’implication de cette dernière dans les principales luttes du mouvement nationaliste. La difficulté de remplacer Jean Brignole est d’autant plus grande que le successeur devra avoir l’envergure de faire appliquer et partager la stratégie globale du syndicat à plus de 7000 adhérents et surtout à certains secteurs ou sections qui ont tendance à agir de leur propre chef comme chacun a pu le constater ces dernières semaines. En effet, à la suite de la tentative d'assassinat ayant finalement provoqué le décès d’Yvan Colonna, la direction nationale du STC a appelé l’ensemble des adhérents à participer à toutes les actions décidées par le Collectif de Corte initié par les syndicats estudiantins. Mais, parallèlement, des secteurs ont joué leur propre partition. Le STCÉducation a annoncé avoir déposé un préavis de grève courant 9 au 31 mars. Le STC Marins a fait savoir qu’il entraverait « le débarquement des troupes répressives sur l'île ». Ce qu’il a fait à Aiacciu en interdisant l’accostage d’un navire de la Corsica Ferries qui transportait des véhicules d’une compagnie de CRS et en obtenant ainsi l’annulation du débarquement de ces matériels. Enfin, le jour durant lequel ont été célébrées les obsèques d’Yvan Colonna, les agents STC des Chemins de Fer de la Corse ont arrêté le travail durant toute la journée alors que la plupart des sections implantées dans des collectivités publique ont uniquement suivi des décisions prises par les élus ou les directions (fermeture des services, minute de silence).
Trois problématiques majeures.
Le successeur de Jean Brignole devra aussi avoir les épaules assez larges pour gérer trois problématiques majeures. Premièrement, avec la probable adhésion massive et à court terme de nouveaux arrivants, le STC devra rapidement relever le défi de rendre ces nouveaux adhérents solidaires des combats nationalistes afin qu’ils s’approprient l’ADN stratégique « Liberazione naziunale / Liberazione suciale ». Deuxièmement, le STC devra remobiliser ses adhérents autour de la revendication « Corsisation des emplois » car le constat que faisait Jean Brignole dans les colonnes d’Arritti en juin 2018, quelques jours après sa troisième élection à la tête du STC, est plus que jamais d’actualité : « La notion de corsisation des emplois est la clef pour permettre la survie du peuple corse sur sa terre (…) Le refus des organismes représentant le patronat corse de ratifier la charte pour l’emploi local est caractérisé et le nombre de signatures dérisoire. » Troisièmement : le STC devra savoir prendre en compte et surmonter l’incidencedes dissensions au sein de la mouvance nationaliste. La récente prise de position publique d’une section représente d’ailleurs une première alerte.Évoquant la motion votées à l’unanimité par le Conseil d'administration de l'Université qui - outre apporter un soutien à Yvan Colonna, demander la libération des prisonniers nationalistes et exiger une solution politique - affichait une solidarité totale avec le combat mené par la jeunesse dans la rue et sur la scène politique, la section STC Università di Corsica a vertement critiqué les conditions d’adoption de ce texte et les suites qui lui ont été données. La section a déploré que le texte ait « été présentée directement en séance, dans la précipitation » et qu’un « petit nombre prenne la parole au nom de la communauté universitaire (…) pour servir leurs ambitions politiques personnelles. » Si l’on considère que cette prise de position a été portée sur la place publique au lieu d’avoir été uniquement communiquée en interne et qu’elle a aussi fait allusion au fait que des élus de la majorité territoriale ont été très chahutés lors des réunions du Collectif de Corte initié par les organisations estudiantines, il est permis de supposerque les conflits au sein de la mouvance politique nationaliste risquent de déteindre sur la sphère syndicale. A suivre...
Pierre Corsi
On ne remplace pas aisément un responsable qui a été au centre de la vie d’une organisation quasiment depuis sa création ; qui a assumé trois mandats de secrétaire général ; qui a forgé sa légitimité et son autorité autant dans les combats politiques que dans les luttes sociales ; qui a su être acteur de l’indépendance de son organisation et garant de l’implication de cette dernière dans les luttes du mouvement nationaliste.
Créé en 1984, à l’initiative et sous la direction politique du FLNC, dans un contexte de mise en place de contre-pouvoirs au service de la stratégie de lutte de libération nationale que développait alors l’organisation clandestine, le STC (Sindicatu di i Travagliadori Corsi) a rapidement gagné en influence. Malgré les contestations de sa légitimité, de sa légalité ou de sa représentativité par l'Etat et aussi par certaines organisations syndicales, le STC est au fil des ans devenu la première organisation syndicale de salariés de Corse. Il a fondé cette réussite sur sa capacité à défendre les intérêts des travailleuses et travailleurs de Corse dans tous les secteurs d’activité du privé et du public. Le STC a par ailleurs très vite imposé son aspiration à l’indépendance syndicale. En effet, tout en conservant la ligne politico-syndicale nationaliste « Liberazione naziunale / Liberazione suciale » qui a déterminé son identité et fortement contribué à sa montée en puissance, il s’est, dès les années 1980-1990, affranchi de la direction politique du FLNC, et a affirmé son refus de dépendre de toute influence étrangère à sa structure. Il convient de souligner que tous les secrétaires généraux qui ont dirigé le STC depuis sa création, à savoir Bernard Trojani, Marie-France Giovannangeli, Étienne Santucci et Jean Brignole (toujours en place), ont su concilier la volonté d’indépendance syndicale et la présence de leur organisation dans tous les combats, y compris politiques, allant dans le sens de l’émancipation nationale et de la défense des intérêts collectifs du Peuple corse. Dans les mois qui viennent, sur fond de la négociation annoncée par Gérald Darmanin dans laquelle, fort de son leadership syndical, il devra fortemnt s’impliquer pour que soient préservés au mieux les intérêts des salariés, le STC va être confronté à un virage difficile : il va lui falloir trouver un successeur à Jean Brignole qui, à ce jour, n’entend pas demander un renouvellement de son mandat de secrétaire général.
7000 adhérents à gérer !
La chose ne s’annonce pas facile car, même si le STC dispose de responsables chevronnés au sein de sa commission exécutive, on ne remplace pasaisément un responsable qui a été au centre de la vie d’une organisation quasiment depuis sa création ; qui a assumé trois mandats de secrétaire général ; qui a forgé sa légitimité et son autorité autant dans les combats politiques que dans les luttes sociales, autant dans les jours difficiles que dans les moments fastes ; et qui a su être à la fois acteur de l’indépendance de son organisation et garant de l’implication de cette dernière dans les principales luttes du mouvement nationaliste. La difficulté de remplacer Jean Brignole est d’autant plus grande que le successeur devra avoir l’envergure de faire appliquer et partager la stratégie globale du syndicat à plus de 7000 adhérents et surtout à certains secteurs ou sections qui ont tendance à agir de leur propre chef comme chacun a pu le constater ces dernières semaines. En effet, à la suite de la tentative d'assassinat ayant finalement provoqué le décès d’Yvan Colonna, la direction nationale du STC a appelé l’ensemble des adhérents à participer à toutes les actions décidées par le Collectif de Corte initié par les syndicats estudiantins. Mais, parallèlement, des secteurs ont joué leur propre partition. Le STCÉducation a annoncé avoir déposé un préavis de grève courant 9 au 31 mars. Le STC Marins a fait savoir qu’il entraverait « le débarquement des troupes répressives sur l'île ». Ce qu’il a fait à Aiacciu en interdisant l’accostage d’un navire de la Corsica Ferries qui transportait des véhicules d’une compagnie de CRS et en obtenant ainsi l’annulation du débarquement de ces matériels. Enfin, le jour durant lequel ont été célébrées les obsèques d’Yvan Colonna, les agents STC des Chemins de Fer de la Corse ont arrêté le travail durant toute la journée alors que la plupart des sections implantées dans des collectivités publique ont uniquement suivi des décisions prises par les élus ou les directions (fermeture des services, minute de silence).
Trois problématiques majeures.
Le successeur de Jean Brignole devra aussi avoir les épaules assez larges pour gérer trois problématiques majeures. Premièrement, avec la probable adhésion massive et à court terme de nouveaux arrivants, le STC devra rapidement relever le défi de rendre ces nouveaux adhérents solidaires des combats nationalistes afin qu’ils s’approprient l’ADN stratégique « Liberazione naziunale / Liberazione suciale ». Deuxièmement, le STC devra remobiliser ses adhérents autour de la revendication « Corsisation des emplois » car le constat que faisait Jean Brignole dans les colonnes d’Arritti en juin 2018, quelques jours après sa troisième élection à la tête du STC, est plus que jamais d’actualité : « La notion de corsisation des emplois est la clef pour permettre la survie du peuple corse sur sa terre (…) Le refus des organismes représentant le patronat corse de ratifier la charte pour l’emploi local est caractérisé et le nombre de signatures dérisoire. » Troisièmement : le STC devra savoir prendre en compte et surmonter l’incidencedes dissensions au sein de la mouvance nationaliste. La récente prise de position publique d’une section représente d’ailleurs une première alerte.Évoquant la motion votées à l’unanimité par le Conseil d'administration de l'Université qui - outre apporter un soutien à Yvan Colonna, demander la libération des prisonniers nationalistes et exiger une solution politique - affichait une solidarité totale avec le combat mené par la jeunesse dans la rue et sur la scène politique, la section STC Università di Corsica a vertement critiqué les conditions d’adoption de ce texte et les suites qui lui ont été données. La section a déploré que le texte ait « été présentée directement en séance, dans la précipitation » et qu’un « petit nombre prenne la parole au nom de la communauté universitaire (…) pour servir leurs ambitions politiques personnelles. » Si l’on considère que cette prise de position a été portée sur la place publique au lieu d’avoir été uniquement communiquée en interne et qu’elle a aussi fait allusion au fait que des élus de la majorité territoriale ont été très chahutés lors des réunions du Collectif de Corte initié par les organisations estudiantines, il est permis de supposerque les conflits au sein de la mouvance politique nationaliste risquent de déteindre sur la sphère syndicale. A suivre...
Pierre Corsi