Ce que le vieux voit assis, le jeune ne le voit pas debout
Il a tout fait pour l'avoir cette affiche.
Ce que le vieux voit assis, le jeune ne le voit pas debout
Il a tout fait pour l’avoir cette affiche. Sans descendre dans l’arène, il l’a eu. Il s’est empêché de faire campagne invoquant d’indispensables coups de fil avec Poutine. Mais le premier tour et sa piqure de rappel l’obligent à sortir de sa tour d’ivoire. Le téléphone pleure quand il repart pour une tournée de selfies vulgaires et de bavasseries stupides à portée de gifles. Il navigue les yeux rivés sur le 24 au soir. S’il levait la tête pour voir ce qui se profile à l’horizon, il adopterait un comportement plus digne.
Les ukrainiens conjuguent depuis quelques jours un nouveau verbe : macronner. Traduction : blablater inutilement avec Poutine. Plus réactifs que les français, ils ont démasqué l’enfumeur qui jouait au téléphoniste pour son seul profit politique. L’urgence de leur situation aiguise la lucidité. Macron décrédibilisé à Kiev, et plus largement sur la scène internationale, déboule dans la campagne. Il a quand même réussi à enjamber le premier tour sans mettre le nez à la fenêtre. Sans rendre le moindre compte sur son bilan et ses dérapages. Les résultats confirment l’alignement des planètes la nuit où il a vu le jour. Ce mec est blindé. A une table de poker il aurait été injouable.
As de pique. Zemmour à 7% voit son rêve de recomposer la Droite partir en fumée. La main passe. Ça va se faire, mais au seul profit du candidat-président. Pécresse, humiliée, s’est mangée le tapis. Tous ses jetons sont déjà chez Macron, qui envisage un élargissement qui ressemble à s’y méprendre à un futur Parti unique. La Démocratie va encore morfler.
As de cœur. Mélenchon fait encore une belle élection, juste ce qu’il faut pour enterrer le reste de la Gauche. Avec son injonction martelée trois fois à ne pas donner une seule voix à Le Pen, il sonne le glas de son mouvement. Cinq ans de sermons pour dire qu’en Macron le Diable s’est réincarné et tracer à Satan un chemin pavé de rose bonbon. C’est la dernière contradiction de l’insoumis en carton-pâte. Il n’avait qu’une chose à dire : « faites un peu comme vous voulez !». Les cinq ans de « moraline » infligée par la bien-pensance, après son refus à faire voter Macron en 2017, sont passés par là. A moins que ce soit l’influence du vote communautaire. 65% des musulmans ont voté Merluchon. Dans les manifs à venir il lui serait plus prudent de mandater son hologramme Place de la République.
As de carreau. L’indéfectible soutien du candidat déjà Président : Marine le Pen herself, et le rejet qu’elle inspire. Elle porte son nom comme une croix et traine son héritage comme un boulet. Son virage social se heurte encore à son éternel déficit en crédibilité. Avec ses chats et ses « peines » elle a élargi la clientèle mais pas suffisamment pour inquiéter la machine à désosser du Système. Même si les Médias la Finance (aujourd’hui c’est pareil) et tout le personnel politique jouent à se faire peur. Tous les lobbies sont En Marche pour garder le contrôle du pouvoir.
As de trèfle. Zemmour dans les ronces, les aristocats du camp du Bien ont retrouvé dès 20 heures leur cible préférée. Les mêmes qui ont ronronné pendant deux mois auprès de la femme qui fendait l'armure, la femme de Gauche (oui, oui ils l’ont dit), la femme qui aime les bêtes, les bêtes qui aiment la femme et une brouette d'autres salamalecs... À la lecture des résultats la meute politico-journalistique a collectivement développé une allergie aux poils de chat. Pas un peu d’asthme, mais une férocité à chasser le raminagrobis d’extrême-droite. Les courtisans veillent encore et toujours à l’entrée du temple.
La cabane est tombée sur le chien. Hidalgo fait 2% sur Paris. Va-t-elle démissionner ? Tu parles Charles... Pécresse fait 4% en Ile de France. Va-t-elle démissionner ? « Parle plus fort Charles, on n'entend rien avec Valérie qui chiale. Elle te demande une pièce ». Elle est rincée Valérie. En sortant de l’isoloir, avec son bulletin elle a mis 5 millions d’euros dans l’urne cette buse. Pour celle qui s’auto-proclamait gestionnaire de fer dans la tradition Thatcher... Bon elle peut toujours faire le ménage au karcher pour se refaire. Son appel aux dons était indécent, ses larmes vulgaires. Jadot se vautre à moins de 5% et monte, lui aussi, un téléthon, un karaoké et un vide-greniers.
Pour qu’un enfant grandisse il faut tout un village. Macron a fait sa croissance dans le village Potemkine. Il y a développé un art consommé à rouler son prochain dans la farine. Il n’a pu y façonner des valeurs suffisamment sûres pour qu’on lui confie le poisson rouge. Sa survie politique il la doit à la médiocrité de la concurrence, à l’abstention et à l’absurdité du calendrier électoral. En s’appuyant sur l’avidité des députés de tous bord il redynamite le paysage politique. Macron l’illusionniste s’apprête à convertir les 27% du premier tour en plus de 60% à l’Assemblée. Problème, un Peuple est à la rue. Dès dimanche soir la détestation va se métamorphoser en haine. Le candidat en trompe l’œil ne pourra plus se planquer derrière le Covid et la guerre en Ukraine. Si au royaume des aveugles... Attention, même le borgne pleure.
• Sgaiuffu