Présidentielles : Macron n'oubliera sans doute pas
Il existe le risque que le rancunier Macron ne soit plus très enclin à céder grand-chose à Gilles Siméoni et plus globalement à la mouvance nationaliste.
Présidentielles : Macron n’oubliera sans doute pas
Il existe le risque que le rancunier Macron ne soit plus très enclin à céder grand-chose à Gilles Simeoni et plus globalement à la mouvance nationaliste.
Avec près de 58,54% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron a devancé Marine Le Pen qui a obtenu un peu plus de 41,46%. Comme l’ont été avant lui François Mitterrand, Jacques Chirac et Charles De Gaulle, il est désormais un président réélu malgré un bilan peu reluisant. Le quinquennat a en effet été marqué par « les affaires » ayant éclaboussé l’entourage présidentiel et plusieurs ministres, une gestion longtemps calamiteuse et toujours politicienne de la crise sanitaire, un déclin de l’influence de la France dans le traitement des grands dossiers internationaux, du mépris puis de la violence à l’encontre de la jacquerie des « gilets jaunes » et une politique économique et sociale de niches ayant pour axes de flatter et favoriser la suffisante et insouciante « France connectée » et d’infantiliser et rassurer la frileuse et égoïste « France de la rente et des charentaises ».
Ce succès assis sur des scandales, des bourdes, des échecs, des répressions et une fracture sociale acceptée voire cultivée doit beaucoup à l’insuffisance des uns et à la complaisance des autres. Emmanuel Macron peut remercier la médiocrité de ses concurrents libéral (Valérie Pécresse), socio-libéral (Anne Hidalgo) et écolo-bobo (Yannick Jadot) qui n’ont réussi à rendre crédibles ni leurs personnes ni leurs programmes. Il doit aussi un immense merci à la plupart des « grands médias » et à la société non pas civiles mais des nantis (Judas politiciens, intellos de plateaux TV, vedettes du sport et du show-biz…) qui ont usé de leur omniprésence sur les canaux d’information et de communication pour démolir systématiquement ses deux principaux opposants et une partie de la société ne lui étant pas favorable : peinture en rouge gauche radicale et vert islam de l’image et du message de Jean-Luc Melenchon ; peinture en brun ou vert-de-gris fascistes de l’image et du message de Marine Le Pen ; représentation en épouvantail ou en attardée mentale de la France des banlieues, des périphéries et de la ruralité.
Enfin, il lui faut aussi manifester de la gratitude au refus de choisir, à la lassitude, à la désespérance, au désespoir et au dégoût qui ont poussé plus de 3 millions d’électeurs s’étant exprimés à opter pour le blanc ou le nul et plus d’un quart de l’électorat vers l’abstention (28%). La victoire du président sortant n’est cependant pas glorieuse. Il a obtenu près de 8 points de moins (58,54 % au lieu de 66,10% en 2017), perdu près de 3 millions d’électeurs (18 779 809 suffrages au lieu de 20 743 128 en 2017) et capté 5% de moins d’inscrits (38,52 % au lieu de 43,61 %). Il semble qu’il soit davantage un élu de l’égoïsme social, de la division et du désarroi qu’un élu du désir, de l’adhésion et de l’espoir.
Quelques constats à chaud
Chez nous, le président sortant a été encore moins désiré que dans l’Hexagone. La vague Marine Le Pen a tout submergé. La candidate du Rassemblement National a obtenu 58,08 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron devant se contenter de 41,92% et constater qu’il avait perdu 10 points par rapport à 2017 (51,48 %). Marine Le Pen a été en tête dans la plupart des principales communes, et ce, quelle que soit l’appartenance politique des maires. A Aiacciu, Bunifaziu, A Ghisunaccia, U Vescuvatu et Lucciana, dont les maires Laurent Marcangeli, Jean-Charles Orsucci, Francis Giudici, Benoît Bruzi er José Galetti n’ont jamais caché leur forte sympathie pour le président sortant, elle a obtenu 58,80%, 57,36%, 57,6%, 62,38% et 69,28% des voix. A Bastia, L’isula, Biguglia, Furiani, Santa-Maria di Lota, Cùtuli-Curtighjatu et Brandu, sept cités dont les maires sont acquis au siméonisme ou sont de précieux compagnons de route, elle a raflé 58,52%, 54,50%, 71,47%, 59,13%, 50,40%, 69,18% et 56,52% des voix. A Portivechju, Prunelli di Fium’Orbu, Monticellu, Penta-di-Casinca et Sartè, dont les maires sont Jean-Christophe Angelini et quatre de ses soutiens lors des dernières élection territoriales, elle a totalisé 57,06 %, 69, 17% , 50,23%, 55,92% et et 58,52%. A U Borgo, Calvi et Corti, dont les premiers magistrats sont adhérents ou proches de Les Républicains, elle a réalisé 58,40%, 60,73,%, 55,81%.
Parmi les principales cités, seule les communes des maires centre-gauche macroniens de Pruprià, Petrusella, San Martinu di Lota et E Ville ont accordé une majorité à Emmanuel Macron en lui apportant respectivement 53,01%, 54,12%, 69,88% et 60,03%. A chaud, outre le fait que Marine Le Pen a été Reine de corse un soir, il peut être aussi fait quelques autres constats.
Premièrement, la portée de la vague Le Pen doit être tempérée. D’abord par le constat d’un taux particulièrement élevé d’abstention. Ensuite par la grand nombre de bulletins blancs et nuls. En effet, près de 36% des électeurs ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote (28 % sur le Continent) et plus de 8% de votants ont opté pour le bulletin blanc ou le bulletin nul.
Deuxièmement, les partis indépendantistes Corsica Libera et Core in Fronte qui ont fait campagne pour l’abstention et aussi aussi un tout petit peu Femu a Corsica et le Partitu di a Nazione Corsa qui s’en sont tenus à demander de s’abstenir de voter Le Pen, peuvent se réjouir d’avoir été entendus, même si toutes celles et ceux qui ont fait le choix de rester à la maison ou de voter blanc ou nul n’étaient pas des leurs.
Troisièmement, l’échec corse du « faire barrage » a sans doute en bonne partie été la conséquence de la politique d’Emmanuel Macron qui a plus que tardé à se mettre à l’écoute de la Corse et a ainsi suscité du rejet à son encontre. Darmanin, c’est venu un peu tard…
Quatrièmement, il existe le risque que le rancunier Emmanuel Macron n’oublie pas que la Corse lui a infligé un magistral camouflet électoral et ne soit en conséquence plus très enclin à céder grand-chose à Gilles Simeoni et plus globalement à la mouvance nationaliste. Le risque est d’autant plus grand que son ami et un peu mentor concernant les enjeux régaliens, Jean-Pierre Chevènement, qui adore mettre son nez dans le dossier Corse, ne manquera pas de régulièrement lui rappeler que Marine Le Pen a « cartonné » sans rien céder aux nationalistes. Assurément, ces derniers n’auront pas droit à la moindre déconvenue à l’occasion des élections législatives.
Pierre Corsi
Il existe le risque que le rancunier Macron ne soit plus très enclin à céder grand-chose à Gilles Simeoni et plus globalement à la mouvance nationaliste.
Avec près de 58,54% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron a devancé Marine Le Pen qui a obtenu un peu plus de 41,46%. Comme l’ont été avant lui François Mitterrand, Jacques Chirac et Charles De Gaulle, il est désormais un président réélu malgré un bilan peu reluisant. Le quinquennat a en effet été marqué par « les affaires » ayant éclaboussé l’entourage présidentiel et plusieurs ministres, une gestion longtemps calamiteuse et toujours politicienne de la crise sanitaire, un déclin de l’influence de la France dans le traitement des grands dossiers internationaux, du mépris puis de la violence à l’encontre de la jacquerie des « gilets jaunes » et une politique économique et sociale de niches ayant pour axes de flatter et favoriser la suffisante et insouciante « France connectée » et d’infantiliser et rassurer la frileuse et égoïste « France de la rente et des charentaises ».
Ce succès assis sur des scandales, des bourdes, des échecs, des répressions et une fracture sociale acceptée voire cultivée doit beaucoup à l’insuffisance des uns et à la complaisance des autres. Emmanuel Macron peut remercier la médiocrité de ses concurrents libéral (Valérie Pécresse), socio-libéral (Anne Hidalgo) et écolo-bobo (Yannick Jadot) qui n’ont réussi à rendre crédibles ni leurs personnes ni leurs programmes. Il doit aussi un immense merci à la plupart des « grands médias » et à la société non pas civiles mais des nantis (Judas politiciens, intellos de plateaux TV, vedettes du sport et du show-biz…) qui ont usé de leur omniprésence sur les canaux d’information et de communication pour démolir systématiquement ses deux principaux opposants et une partie de la société ne lui étant pas favorable : peinture en rouge gauche radicale et vert islam de l’image et du message de Jean-Luc Melenchon ; peinture en brun ou vert-de-gris fascistes de l’image et du message de Marine Le Pen ; représentation en épouvantail ou en attardée mentale de la France des banlieues, des périphéries et de la ruralité.
Enfin, il lui faut aussi manifester de la gratitude au refus de choisir, à la lassitude, à la désespérance, au désespoir et au dégoût qui ont poussé plus de 3 millions d’électeurs s’étant exprimés à opter pour le blanc ou le nul et plus d’un quart de l’électorat vers l’abstention (28%). La victoire du président sortant n’est cependant pas glorieuse. Il a obtenu près de 8 points de moins (58,54 % au lieu de 66,10% en 2017), perdu près de 3 millions d’électeurs (18 779 809 suffrages au lieu de 20 743 128 en 2017) et capté 5% de moins d’inscrits (38,52 % au lieu de 43,61 %). Il semble qu’il soit davantage un élu de l’égoïsme social, de la division et du désarroi qu’un élu du désir, de l’adhésion et de l’espoir.
Quelques constats à chaud
Chez nous, le président sortant a été encore moins désiré que dans l’Hexagone. La vague Marine Le Pen a tout submergé. La candidate du Rassemblement National a obtenu 58,08 % des suffrages exprimés, Emmanuel Macron devant se contenter de 41,92% et constater qu’il avait perdu 10 points par rapport à 2017 (51,48 %). Marine Le Pen a été en tête dans la plupart des principales communes, et ce, quelle que soit l’appartenance politique des maires. A Aiacciu, Bunifaziu, A Ghisunaccia, U Vescuvatu et Lucciana, dont les maires Laurent Marcangeli, Jean-Charles Orsucci, Francis Giudici, Benoît Bruzi er José Galetti n’ont jamais caché leur forte sympathie pour le président sortant, elle a obtenu 58,80%, 57,36%, 57,6%, 62,38% et 69,28% des voix. A Bastia, L’isula, Biguglia, Furiani, Santa-Maria di Lota, Cùtuli-Curtighjatu et Brandu, sept cités dont les maires sont acquis au siméonisme ou sont de précieux compagnons de route, elle a raflé 58,52%, 54,50%, 71,47%, 59,13%, 50,40%, 69,18% et 56,52% des voix. A Portivechju, Prunelli di Fium’Orbu, Monticellu, Penta-di-Casinca et Sartè, dont les maires sont Jean-Christophe Angelini et quatre de ses soutiens lors des dernières élection territoriales, elle a totalisé 57,06 %, 69, 17% , 50,23%, 55,92% et et 58,52%. A U Borgo, Calvi et Corti, dont les premiers magistrats sont adhérents ou proches de Les Républicains, elle a réalisé 58,40%, 60,73,%, 55,81%.
Parmi les principales cités, seule les communes des maires centre-gauche macroniens de Pruprià, Petrusella, San Martinu di Lota et E Ville ont accordé une majorité à Emmanuel Macron en lui apportant respectivement 53,01%, 54,12%, 69,88% et 60,03%. A chaud, outre le fait que Marine Le Pen a été Reine de corse un soir, il peut être aussi fait quelques autres constats.
Premièrement, la portée de la vague Le Pen doit être tempérée. D’abord par le constat d’un taux particulièrement élevé d’abstention. Ensuite par la grand nombre de bulletins blancs et nuls. En effet, près de 36% des électeurs ne se sont pas rendus dans les bureaux de vote (28 % sur le Continent) et plus de 8% de votants ont opté pour le bulletin blanc ou le bulletin nul.
Deuxièmement, les partis indépendantistes Corsica Libera et Core in Fronte qui ont fait campagne pour l’abstention et aussi aussi un tout petit peu Femu a Corsica et le Partitu di a Nazione Corsa qui s’en sont tenus à demander de s’abstenir de voter Le Pen, peuvent se réjouir d’avoir été entendus, même si toutes celles et ceux qui ont fait le choix de rester à la maison ou de voter blanc ou nul n’étaient pas des leurs.
Troisièmement, l’échec corse du « faire barrage » a sans doute en bonne partie été la conséquence de la politique d’Emmanuel Macron qui a plus que tardé à se mettre à l’écoute de la Corse et a ainsi suscité du rejet à son encontre. Darmanin, c’est venu un peu tard…
Quatrièmement, il existe le risque que le rancunier Emmanuel Macron n’oublie pas que la Corse lui a infligé un magistral camouflet électoral et ne soit en conséquence plus très enclin à céder grand-chose à Gilles Simeoni et plus globalement à la mouvance nationaliste. Le risque est d’autant plus grand que son ami et un peu mentor concernant les enjeux régaliens, Jean-Pierre Chevènement, qui adore mettre son nez dans le dossier Corse, ne manquera pas de régulièrement lui rappeler que Marine Le Pen a « cartonné » sans rien céder aux nationalistes. Assurément, ces derniers n’auront pas droit à la moindre déconvenue à l’occasion des élections législatives.
Pierre Corsi