Gilles Simeoni : une fois encore la baraka ?
Les divisions affectant Per a Corsica sont asymétriques. Elles paraissent ni réfléchies, ni maîtrisées. Ceci annonce des lendemains difficiles.
L’actuelle campagne des municipales va laisser des traces. Quels que soient les résultats, l’espoir de voir se construire une Corse nouvelle qu’avait porté Per a Corsica durant les dernières années aura en grande partie disparu. A Bastia et Ajaccio, mais aussi à Porto-Vecchio, Corte, Sarrola-Carcopino, Lucciana, Sisco, Luri, Prunelli di Fiumorbo et Ghisonaccia, le nationalisme majoritaire de décembre 2015 et décembre 2017 aura fait étalage de ses divisions. Il n’aura été capable ni de proposer une vision , ni de se fédérer autour de grandes orientations, ni de se coaliser dans le cadre de mariages de raison. A Bastia, au vu des composantes de la municipalité sortante, il était effectivement très difficile de parvenir à la constitution d’une liste Per a Corsica. Cela étant, le problème était connu et force est de constater que ni Femu a Corsica et ses alliés, ni Corsica Libera (le PNC étant quasiment inexistant), n’ont au fil des ans consenti le moindre effort pour créer les conditions d’un dialogue constructif autour des grandes problématiques municipales. A Ajaccio, où tout semblait inciter à la constitution d’une liste commune, la division l’a emporté. En effet, face à un maire de droite confronté à des divisions et des ressentiments au sein de sa famille politique, à des défections au sein de son équipe municipale et à des critiques très sévères concernant le traitement de dossiers majeurs (stationnement, urbanisme, déchets...), le nationalisme majoritaire a été incapable de s’entendre et s’est même dilué. Le PNC et Corsica Libera font cause commune. Femu a Corsica a adoubé une liste qui relève d’un inventaire à la Prévert et dont la tête de liste n’est pas nationaliste. Le maire sortant n’en demandait pas tant.
Divisions aux quatre coins de l’île
A Porto-Vecchio, Le PNC et Corsica Libera qui gardent de fortes chances de l’emporter doivent compter avec le soutien apporté par Femu a Corsica, y compris avec la venue de Gilles Simeoni, à un candidat affirmant qu’au second tour il se maintiendra ou ne donnera aucune consigne de vote. A Corte, le nationalisme majoritaire fait aussi dans la discorde. Cheminant pourtant main dans la main à Ajaccio, Bastia et Porto-Vecchio, le PNC et Corsica Libera n’ont pu s’entendre. La candidate PNC doit se contenter de l’investiture de son parti et du soutien de nationalistes non encartés dont son second Marceau Simeoni car, tout comme Corsica Libera, Femu a Corsica a décidé de se retirer sur l’Aventin. De quoi réjouir la classe politique traditionnelle cortenaise qui, le maire sortant tirant sa révérence, ne savait pas trop de quoi ses lendemains seraient faits. A Sarrola-Carcopino, c’est pire encore : les grandes manœuvres ont viré au mauvais comique car, après avoir refusé de prendre part à une liste nationaliste unitaire et expliqué vouloir figurer sur celle du maire sortant Divers gauche connu pour avoir favorisé une hyper implantation de la grande distribution, Femu a Corsica a fini jeter l’éponge. A Lucciana, Femu a Corsica a refusé de se joindre à une liste nationaliste unitaire soutenue par le PNC et Corsica Libera et conduite par un des responsables de l’Associu Patriottu. Mais il est vrai que le maire sortant Divers Droite avait, en décembre 2017, plus qu’incité au vote Per a Corsica… Autres scenarii de divisions : à Sisco, Luri et Prunelli di Fiumorbo, des listes nationalistes essaient de déloger des maires acquis au nationalisme majoritaire. A Sisco, le maire socialiste et proche de Femu a Corsica est assailli par des nationalistes non encartés et semble-t-il soutenus par Corsica Libera. A Luri, le maire nationaliste est confronté à une liste conduite par une conseillère de Corse Femu à Corsica. A Prunelli di Fiumorbo, le maire PNC doit compter avec une liste emmenée par un cadre local Corsica Libera. Enfin, à Ghisonaccia, alors que le PNC a opté pour monter sur la liste du maire Divers droite sortant, Corsica Libera a décidé de rester à la maison et Femu a Corsica a initié la constitution d’une liste d’opposition.
Rien de surprenant
Les divisions affectant Per a Corsica ne sont pas une surprise. Elles s’inscrivent dans trois réalités : une concurrence et une différence de vision entre autonomistes et corsistes d’une part, et indépendantistes d’autre part ; l’antagonisme suscité par le refus du PNC de rejoindre Femu a Corsica ; la démarche du PNC et de Corsica Libera en vue de faire front commun (ce qui n’est d’ailleurs pas gagné si l’on considère les situations locales). Le plus surprenant réside dans le caractère asymétrique desdites divisions et qu’elles paraissent ainsi ni réfléchies, ni maîtrisées. Ceci annonce des lendemains difficiles pour Per a Corsica et ses trois composantes. D’abord les 15 et 22 mars prochains du fait de résultats aux Municipales qui pourraient bien être médiocres. Ensuite lors des débats à l’Assemblée de Corse durant les douze mois restant à courir avant les élections territoriales. Enfin quand viendra l’heure de construire une offre politique nationaliste crédible à l’occasion des élections territoriales. D’aucuns soutiennent que tout cela était prévisible dès lors que des fondamentaux nationalistes ont été relativisés au profit de l’ouverture, et que Gilles Simeoni, Femu a Corsica et le nationalisme dit modéré en sortiront renforcés. Certains assurent même que Gilles Simeoni a sciemment et pertinemment anticipé en créant les conditions d’un dépassement du nationalisme à partir de la création d’un Femu a Corsica pensé comme un parti de gouvernement et de très large rassemblement, et en contraignant ainsi le PNC et Corsica Libera à opérer des clarifications. Mais si les résultats des élections municipales s’avèrent non pas médiocres mais désastreux - avec par exemple la perte de Bastia - il y a fort à parier que les optimistes ne se feront plus entendre. Quant à votre serviteur, permettez chers lectrices et lecteurs qu’il se borne pour l’heure à écrire que les sœurs Kratos (Puissance), Bia (Force), Zélos (Ardeur) et Niké (Victoire) sont souvent infidèles et que la baraka n’est jamais éternelle.
Divisions aux quatre coins de l’île
A Porto-Vecchio, Le PNC et Corsica Libera qui gardent de fortes chances de l’emporter doivent compter avec le soutien apporté par Femu a Corsica, y compris avec la venue de Gilles Simeoni, à un candidat affirmant qu’au second tour il se maintiendra ou ne donnera aucune consigne de vote. A Corte, le nationalisme majoritaire fait aussi dans la discorde. Cheminant pourtant main dans la main à Ajaccio, Bastia et Porto-Vecchio, le PNC et Corsica Libera n’ont pu s’entendre. La candidate PNC doit se contenter de l’investiture de son parti et du soutien de nationalistes non encartés dont son second Marceau Simeoni car, tout comme Corsica Libera, Femu a Corsica a décidé de se retirer sur l’Aventin. De quoi réjouir la classe politique traditionnelle cortenaise qui, le maire sortant tirant sa révérence, ne savait pas trop de quoi ses lendemains seraient faits. A Sarrola-Carcopino, c’est pire encore : les grandes manœuvres ont viré au mauvais comique car, après avoir refusé de prendre part à une liste nationaliste unitaire et expliqué vouloir figurer sur celle du maire sortant Divers gauche connu pour avoir favorisé une hyper implantation de la grande distribution, Femu a Corsica a fini jeter l’éponge. A Lucciana, Femu a Corsica a refusé de se joindre à une liste nationaliste unitaire soutenue par le PNC et Corsica Libera et conduite par un des responsables de l’Associu Patriottu. Mais il est vrai que le maire sortant Divers Droite avait, en décembre 2017, plus qu’incité au vote Per a Corsica… Autres scenarii de divisions : à Sisco, Luri et Prunelli di Fiumorbo, des listes nationalistes essaient de déloger des maires acquis au nationalisme majoritaire. A Sisco, le maire socialiste et proche de Femu a Corsica est assailli par des nationalistes non encartés et semble-t-il soutenus par Corsica Libera. A Luri, le maire nationaliste est confronté à une liste conduite par une conseillère de Corse Femu à Corsica. A Prunelli di Fiumorbo, le maire PNC doit compter avec une liste emmenée par un cadre local Corsica Libera. Enfin, à Ghisonaccia, alors que le PNC a opté pour monter sur la liste du maire Divers droite sortant, Corsica Libera a décidé de rester à la maison et Femu a Corsica a initié la constitution d’une liste d’opposition.
Rien de surprenant
Les divisions affectant Per a Corsica ne sont pas une surprise. Elles s’inscrivent dans trois réalités : une concurrence et une différence de vision entre autonomistes et corsistes d’une part, et indépendantistes d’autre part ; l’antagonisme suscité par le refus du PNC de rejoindre Femu a Corsica ; la démarche du PNC et de Corsica Libera en vue de faire front commun (ce qui n’est d’ailleurs pas gagné si l’on considère les situations locales). Le plus surprenant réside dans le caractère asymétrique desdites divisions et qu’elles paraissent ainsi ni réfléchies, ni maîtrisées. Ceci annonce des lendemains difficiles pour Per a Corsica et ses trois composantes. D’abord les 15 et 22 mars prochains du fait de résultats aux Municipales qui pourraient bien être médiocres. Ensuite lors des débats à l’Assemblée de Corse durant les douze mois restant à courir avant les élections territoriales. Enfin quand viendra l’heure de construire une offre politique nationaliste crédible à l’occasion des élections territoriales. D’aucuns soutiennent que tout cela était prévisible dès lors que des fondamentaux nationalistes ont été relativisés au profit de l’ouverture, et que Gilles Simeoni, Femu a Corsica et le nationalisme dit modéré en sortiront renforcés. Certains assurent même que Gilles Simeoni a sciemment et pertinemment anticipé en créant les conditions d’un dépassement du nationalisme à partir de la création d’un Femu a Corsica pensé comme un parti de gouvernement et de très large rassemblement, et en contraignant ainsi le PNC et Corsica Libera à opérer des clarifications. Mais si les résultats des élections municipales s’avèrent non pas médiocres mais désastreux - avec par exemple la perte de Bastia - il y a fort à parier que les optimistes ne se feront plus entendre. Quant à votre serviteur, permettez chers lectrices et lecteurs qu’il se borne pour l’heure à écrire que les sœurs Kratos (Puissance), Bia (Force), Zélos (Ardeur) et Niké (Victoire) sont souvent infidèles et que la baraka n’est jamais éternelle.