Pour un vrai dialogue
L'ampleur du vote Le Pen en Corse donne la gueule de bois.......
Pour un vrai dialogue
L’ampleur du vote Le Pen en Corse donne la gueule de bois et parce qu’il ne s’agit pas d’un vote par effraction, mais d’un acte qui adresse tellement de messages contradictoires qu’il en devient illisible.
Un vote multicoloreLe vote Le Pen, qui l’a emporté dans la quasi-totalité des communes de Corse, ne saurait être lu avec une seule paire de lunettes.
Il est d’une part le fait d’un électorat vieillissant traditionnellement d’extrême droite dont les ressorts sont l’antigaullisme né de la guerre d’Algérie et une sorte de ressentiment ancien envers les valeurs de la République. Ces citoyens-là vont bientôt disparaître naturellement.
On trouve ensuite les xénophobes et les racistes dont la Corse n’est pas épargnée.
Ont enfin voté Le Pen les éléments des couches sociales impactées par la crise, angoissés par la paupérisation qui touche cruellement les ménages les plus modestes.
C’est d’ailleurs un phénomène général qui s’étend dans toute l’Europe et qui fait le miel des partis de l’extrême droite. Il correspond à la réponse des plus fragiles qui étaient hier canalisés par le parti communiste et qui aujourd’hui versent en France les deux extrémités de l’échiquier politique.
En Corse un élément supplémentaire
Il ne fait aucun doute qu’en Corse le désappointement causé par l’attitude méprisante du président Macron envers le pouvoir légitime de l’assemblée régionale, a joué un rôle important dans le vote Le Pen. Il y a donc bien eu un vote nationaliste individuel en faveur de Marine Le Pen qui signifiait la colère provoquée par sa surdité. On trouve, de façon plus contradictoire encore, le même phénomène aux Antilles où le vote Mélenchon du premier tour s’est transformé en un vote Rassemblement national au second tour alors même que ce mouvement avait dans le passé fait preuve d’un racisme assumé.
Comme en Corse, Jean-Marie Le Pen autrefois et même sa fille avait dû renoncer à des meetings à cause de manifestations.
Le vote Le Pen exprime un ressentiment immense des plus pauvres envers le président Macron et son entourage qu’ils devront entendre faute de devoir réprimer une révolte populaire.
Entamer un véritable dialogue
On peut penser ce qu’on veut du nationalisme corse : il est aujourd’hui majoritaire dans notre île et donc légitime. Il y a tout lieu de croire que ses députés seront reconduits sauf manœuvres de division qui ne sont jamais à exclure. Autre réalité incontournable : Gilles Simeoni est le président de l’exécutif et il a pour mission de mener la Corse sur la voie de la modernité. Toute tentative visant à le renverser est dangereuse. Pour le moment, les résultats de sa gestion ne sont pas au rendez-vous pour partie à cause des blocages étatiques et pour partie à cause de l’incompétence de son exécutif. Car enfin il faudra qu’à un moment donné cessent les jérémiades puériles du style « C’est pas ma faute, c’est la faute à l’autre. » Mais si le président Macron consent enfin à faire preuve d’un peu d’intelligence, il engagera un débat constructif avec les instances corses. Nul ne sait ce que vont donner les législatives au plan national. Il y a de fortes chances que la France insoumise soit le principal opposant à la majorité macroniste. Il se trouve que LFI s’est prononcée pour l’autonomie de la Corse.
Voilà bien l’occasion de faire avancer le dossier. Le président Macron dont c’est le dernier mandat n’aura rien à perdre à être positif.
Obtenir enfin des résultats
Les nationalistes ont hélas dans bien des domaines, imité les méthodes clientélaires ou népotistes des clanistes. Pourtant, les Corses ont du génie, mais il est combattu par une médiocrité de gestion qui semble craindre cette inventivité et la bride. Il existe des projets en matière d’énergie, de gestion des déchets qui sont restés coincés dans des tiroirs parce qu’ils pourraient provoquer l’opposition d’une certaine clientèle de bas niveau. Sans la volonté d’avancer, de trancher et donc de déplaire, la majorité actuelle ne parviendra pas à dépasser les gestionnaires des temps passés qui furent plus efficaces qu’on ne le dit généralement.
Jean Baggioni et José Rossi obtinrent de réels résultats. Toute la question réside dans la capacité du pouvoir en place à posséder une vision qui dépasse l’idéologie pour entrer dans le concret quitte à déplaire à une partie de sa clientèle. Il faut en convenir : l’équation est difficile à résoudre. Mais il faudra bien y parvenir si nous ne voulons pas stagner à un niveau d’immobilisme qui rendra ces insuccès proprement insupportables politiquement, psychologiquement et financièrement. Disons-le tout net : face au vide sidéral des partis traditionnels, les nationalistes n’ont tout simplement pas droit à l’échec. Pas pour eux, mais pour la Corse. GXC