Anto-Dumè Luciani, berger de son pays
À tout juste 100 ans, l’emblématique berger foule toujours les collines de la région ajaccienne. Chaque jour, c’est aux côtés de ses fils qu’il continue le travail d’une vie.
Plus qu’un métier, le pastoralisme est pour lui une passion qui s’est transmise de génération en génération.
Le 15 décembre dernier, veille de cette nouvelle décennie, M. Luciani débutait lui son centenaire. Toujours debout, rempli de cette force de vie qui le caractérise, le berger de Lisa garde son sourire et son regard rieur que ni le temps ni les épreuves n’ont altérés. Et pourtant des épreuves, il en aura eu. Né dans une Corse pauvre et encore majoritairement agro-pastorale, Anto-Dumè se souvient de la difficulté de la vie, une vie ou il fallait travailler dur pour pouvoir se nourrir. « J’étais l’aîné d’une famille de 6 frères et sœurs. Mes parents étaient bergers aussi. On travaillait dur pour pouvoir manger et entretenir notre petite maison. »
Anto-Dumè né donc il y a plus de 100 ans, un 13 décembre 1919. Il ne sera cependant enregistré officiellement que le 11 janvier 1920. À cette époque en effet, les trajets à cheval pour la ville ne se font pas tous les jours. C’est à l’occasion du déplacement en mairie d’Ajaccio pour la déclaration de naissance d’une voisine que le petit Anto-Dumè fût officiellement inscrit.
Très jeune il quitte les bancs de l’école pour aller garder le cheptel familial à Pevani. Plus de 200 bêtes qui paissent paisiblement à proximité de Sagone. Son père meurt jeune et c’est aux côtés de sa mère, femme de tête, et de ses oncles qu’il apprend le métier. Pendant que ses sœurs s’occupent de la maison, ses frères suivent le chemin du pastoralisme qui semble tout tracé. C’est donc toute une famille qui travaille le lait, chacun ayant une tache propre. Un s’occupe de la traite, l’autre nourrit les chèvres, brebis, vaches qui composent les troupeaux. Un autre encore fabrique le fromage quand le dernier va vendre le fruit du dur labeur. Une affaire familiale à l’organisation bien rodée. Les bêtes restent sur la côte jusqu’au mois de juin. Quand les chaleurs tombent sur le littoral, la famille Luciani amène les troupeaux à Bocognano.
Malgré la dureté de cette période, Pevani, bout de terre qui l’a vu naître, reste pour Anto-Dumè le souvenir d’un véritable paradis. ‘’ Je suis né là-bas, au Capedu, dans notre maison. J’aimais cet endroit, vivre au bord de mer, avec nos bêtes. Nous pêchions le poisson et nous faisions la soupe. C’était de très beaux moments de ma vie.’’
Mais il faudra pourtant un jour quitter les terres tant aimées. À 18 ans, Anto-Dumè rejoint Lisa sur les hauteurs de St Antoine, lieudit de la commune ajaccienne. Dans les années 40, de nombreux de terrains étaient utilisés pour l’agriculture et l’élevage. On pouvait voir des champs à perte de vue dans la région ajaccienne. Une nature omniprésente qui servait à nourrir les habitants mais aussi les nombreux cheptels. La famille Luciani a, pendant de longues années, laissé ses bêtes sur les collines de Pietralba et du Casone. Des terrains que la famille avait en pacage, des locations reconductibles qui ont disparu au fil des ans au profit des promoteurs. Malgré ces difficultés, ses 3 fils prennent la voix paternelle. Léon, Jean-Jérôme et Ange-Marie apprennent le métier à leur tour. Aujourd’hui, deux de ses fils sont toujours bergers. Bien que le métier soit plus difficile aujourd’hui qu’à l’époque, ces derniers ne regrettent pas leur choix de vie.
« C’est vrai qu’aujourd’hui tout est plus cher assure Ange-Marie. Il y a beaucoup de charges. Avant il n’y avait pas d’assurances, de frais de vétérinaire, d’AOC Brucciu, de carburant pour les véhicules, tout se faisait à pied. Le métier devient de plus en plus difficile c’est vrai, mais la contrepartie c’est que nous sommes libres. On peut s’organiser comme on veut et on reste au contact de la nature. C’est une vraie chance. »
Ange-Marie est à Lisa, Jean-Jérôme garde ses brebis à Volpaja et à Afa. Anto-Dumè lui, qui n’a toujours pas pris sa retraite alterne entre les trois terrains. « Il nous donne toujours des conseils, il ne peut pas s’en empêcher s’amuse Ange-Marie. Il appelle toujours les bêtes, tous les jours, il est là. Il reste présent à nos côtés. »
Un centenaire au profit de la Marie-Do
Pour l’anniversaire du patriarche, le 15 décembre dernier, plus de 300 personnes étaient venues célébrer l’entame de sa centième année. Toute une famille réunie, une belle et grande famille comme chacun pourrait la souhaiter. L’occasion de se rappeler à quel point les liens familiaux sont précieux et indispensables. Au cours de cette journée, son petit-fils, Antoine-Marc a rappelé l’importance de la transmission familiale. « Mon grand-père est un personnage qui se caractérise par ses actes et non par des paroles. La transmission ce n’est pas de le dire, c’est de le faire ! Toute sa force et mon admiration à son égard se situe là ! Agir avant de parler ! Dans une vie, c’est primordial de comprendre cela ! Et il me l’a fait comprendre ! »
À cette occasion, la famille Luciani a organisé une collecte au profit de la Marie-Do, association qui aide les malades et les familles touchées par le cancer. 7000 euros ont été récoltés. Pour Antoine-Marc, cette initiative s’explique très simplement : « mon grand-père est un centenaire qui a eu la chance de n’avoir aucune maladie grave dans sa vie ! Nous sommes convaincus que les prochains centenaires devront malheureusement combattre une grave maladie pour y arriver ! »
Les valeurs de partage et de générosité qu’Anto-Dumè a transmis aux siens semblent donc être à jamais préservées.
Le 15 décembre dernier, veille de cette nouvelle décennie, M. Luciani débutait lui son centenaire. Toujours debout, rempli de cette force de vie qui le caractérise, le berger de Lisa garde son sourire et son regard rieur que ni le temps ni les épreuves n’ont altérés. Et pourtant des épreuves, il en aura eu. Né dans une Corse pauvre et encore majoritairement agro-pastorale, Anto-Dumè se souvient de la difficulté de la vie, une vie ou il fallait travailler dur pour pouvoir se nourrir. « J’étais l’aîné d’une famille de 6 frères et sœurs. Mes parents étaient bergers aussi. On travaillait dur pour pouvoir manger et entretenir notre petite maison. »
Anto-Dumè né donc il y a plus de 100 ans, un 13 décembre 1919. Il ne sera cependant enregistré officiellement que le 11 janvier 1920. À cette époque en effet, les trajets à cheval pour la ville ne se font pas tous les jours. C’est à l’occasion du déplacement en mairie d’Ajaccio pour la déclaration de naissance d’une voisine que le petit Anto-Dumè fût officiellement inscrit.
Très jeune il quitte les bancs de l’école pour aller garder le cheptel familial à Pevani. Plus de 200 bêtes qui paissent paisiblement à proximité de Sagone. Son père meurt jeune et c’est aux côtés de sa mère, femme de tête, et de ses oncles qu’il apprend le métier. Pendant que ses sœurs s’occupent de la maison, ses frères suivent le chemin du pastoralisme qui semble tout tracé. C’est donc toute une famille qui travaille le lait, chacun ayant une tache propre. Un s’occupe de la traite, l’autre nourrit les chèvres, brebis, vaches qui composent les troupeaux. Un autre encore fabrique le fromage quand le dernier va vendre le fruit du dur labeur. Une affaire familiale à l’organisation bien rodée. Les bêtes restent sur la côte jusqu’au mois de juin. Quand les chaleurs tombent sur le littoral, la famille Luciani amène les troupeaux à Bocognano.
Malgré la dureté de cette période, Pevani, bout de terre qui l’a vu naître, reste pour Anto-Dumè le souvenir d’un véritable paradis. ‘’ Je suis né là-bas, au Capedu, dans notre maison. J’aimais cet endroit, vivre au bord de mer, avec nos bêtes. Nous pêchions le poisson et nous faisions la soupe. C’était de très beaux moments de ma vie.’’
Mais il faudra pourtant un jour quitter les terres tant aimées. À 18 ans, Anto-Dumè rejoint Lisa sur les hauteurs de St Antoine, lieudit de la commune ajaccienne. Dans les années 40, de nombreux de terrains étaient utilisés pour l’agriculture et l’élevage. On pouvait voir des champs à perte de vue dans la région ajaccienne. Une nature omniprésente qui servait à nourrir les habitants mais aussi les nombreux cheptels. La famille Luciani a, pendant de longues années, laissé ses bêtes sur les collines de Pietralba et du Casone. Des terrains que la famille avait en pacage, des locations reconductibles qui ont disparu au fil des ans au profit des promoteurs. Malgré ces difficultés, ses 3 fils prennent la voix paternelle. Léon, Jean-Jérôme et Ange-Marie apprennent le métier à leur tour. Aujourd’hui, deux de ses fils sont toujours bergers. Bien que le métier soit plus difficile aujourd’hui qu’à l’époque, ces derniers ne regrettent pas leur choix de vie.
« C’est vrai qu’aujourd’hui tout est plus cher assure Ange-Marie. Il y a beaucoup de charges. Avant il n’y avait pas d’assurances, de frais de vétérinaire, d’AOC Brucciu, de carburant pour les véhicules, tout se faisait à pied. Le métier devient de plus en plus difficile c’est vrai, mais la contrepartie c’est que nous sommes libres. On peut s’organiser comme on veut et on reste au contact de la nature. C’est une vraie chance. »
Ange-Marie est à Lisa, Jean-Jérôme garde ses brebis à Volpaja et à Afa. Anto-Dumè lui, qui n’a toujours pas pris sa retraite alterne entre les trois terrains. « Il nous donne toujours des conseils, il ne peut pas s’en empêcher s’amuse Ange-Marie. Il appelle toujours les bêtes, tous les jours, il est là. Il reste présent à nos côtés. »
Un centenaire au profit de la Marie-Do
Pour l’anniversaire du patriarche, le 15 décembre dernier, plus de 300 personnes étaient venues célébrer l’entame de sa centième année. Toute une famille réunie, une belle et grande famille comme chacun pourrait la souhaiter. L’occasion de se rappeler à quel point les liens familiaux sont précieux et indispensables. Au cours de cette journée, son petit-fils, Antoine-Marc a rappelé l’importance de la transmission familiale. « Mon grand-père est un personnage qui se caractérise par ses actes et non par des paroles. La transmission ce n’est pas de le dire, c’est de le faire ! Toute sa force et mon admiration à son égard se situe là ! Agir avant de parler ! Dans une vie, c’est primordial de comprendre cela ! Et il me l’a fait comprendre ! »
À cette occasion, la famille Luciani a organisé une collecte au profit de la Marie-Do, association qui aide les malades et les familles touchées par le cancer. 7000 euros ont été récoltés. Pour Antoine-Marc, cette initiative s’explique très simplement : « mon grand-père est un centenaire qui a eu la chance de n’avoir aucune maladie grave dans sa vie ! Nous sommes convaincus que les prochains centenaires devront malheureusement combattre une grave maladie pour y arriver ! »
Les valeurs de partage et de générosité qu’Anto-Dumè a transmis aux siens semblent donc être à jamais préservées.