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Depuis 1995, mai n'est plus seulement le mois où l'on fait ce qui nous plait, il est aussi celui de la masturbation.
« Mai-sturbation »

Depuis 1995, mai n’est plus seulement le mois où l’on fait ce qui nous plait, il est aussi celui de la masturbation. Ce plaisir solitaire fait partie des tabous de la sexualité, alors que l’autoérotisme participe à l’épanouissement sexuel, un choix intime et personnel, qui ne regarde que soi.


Onanisme

La journée internationale de la masturbation a été initiée le 7 mai 1995 par la société de sextoys Good Vibrations en hommage à Joycelyn Elders, pédiatre endocrinologue, vice-amiral de l’United States Public Health Service Commissioned Corps, première Afro-Américaine nommée au poste de chirurgien général des États-Unis et conseillère sur les questions de santé à la Maison-Blanche. Elle se fait virer par Bill Clinton après avoir déclaré lors d’une conférence des Nations Unies sur le sida que « La masturbation est quelque chose qui fait partie de la sexualité humaine et peut-être que cela devrait être enseigné à l’école ». Depuis, la journée internationale dédiée à la masturbation est devenue le mois dédié à ce plaisir solitaire. Un plaisir charnel intime devenu tabou avec le puritanisme, car dans l’Antiquité, l’onanisme était considéré comme une pratique saine, normale, ou en tout cas acceptée. C’est au XVIIe siècle avec la découverte du spermatozoïde par Leeuwenhoek que débute la répression envers la masturbation. Elle fut ensuite condamnée par l’Église, au prétexte que cela viole la loi de la nature et anéantit le système de la création, car cela affaiblirait le fluide séminal en affaiblissant les organes génitaux. Le sexe est destiné à la procréation, ainsi soit-il. Et les psychanalystes de s’y opposer aussi, surtout pour les femmes, jugées hystériques. Le vibromasseur est d’ailleurs né en 1883 dans un cabinet médical, pour pratiquer le massage vaginal, à des fins médicales.

Évolution de la pratique

Les pratiques ont évolué dans le temps. Dans l’Antiquité, les reproductions montrent des mâles en pleine activité masturbatoire sur des vases antiques et même sur des peintures rupestres. En Égypte aussi, il existe certains mythes dans lesquels la masturbation est évoquée comme acte créateur. Dans le Kama sutra, les illustrations montrent l’amour physique, avec une pratique de masturbation réciproque dans le couple. Diderot l’évoque comme un « instant délicieux ». Au début du XXe siècle, un nouveau virage se prend sur cette pratique, qui reste taboue, même s’il a été prouvé qu’elle n’est pas la cause de MST ni aucune tare physique comme devenir bossu ou sourd… La révolution sexuelle achève de sortir le sexe du domaine religieux, les féministes en feront quasi un étendard. La preuve que les temps changent : depuis quelques années, de très nombreux sextoys ont aussi été développés pour la masturbation, que ce soit avec des masturbateurs pour messieurs, mais également de nombreux jouets pour les femmes, et d’autres sextoys à utiliser en couple. En 2009, 16 % des hommes et 9 % des femmes avouaient utiliser un sextoy alors qu’en 2019, ce sont 47 % des hommes et 43 % des femmes qui s’amusent avec des jouets sexuels. Le vibromasseur domestique est le cinquième appareil électroménager le plus vendu au monde au début du siècle.

Bienfaits

Selon une étude IFOP/Elle de 2019, 85 % des Français ont déjà pratiqué la masturbation. Plus précisément, 73 % des femmes et 95 % des hommes. L’époque où les médecins estimaient que cette pratique était dangereuse pour la santé est bien révolue. Aujourd’hui, des études ont révélé que la masturbation est excellente pour la santé cardiaque, muscle le plancher pelvien, favorise un bon sommeil, est un très bon antidépresseur et antistress (libération d’endorphines), aide à l’apprentissage de son corps et à la maitrise de sa sexualité (capacité à l’orgasme, zones érogènes, préférences…), permet d’assouvir quelques fantasmes, booste la libido. Certaines études mettent en avant la réduction de risque du cancer de la prostate et pour les femmes de diminution du cancer et des infections de l’utérus. La masturbation atténuerait les douleurs menstruelles. La masturbation est d’ailleurs conseillée pour traiter l’anorgasmie chez la femme, qui découvre son corps et apprivoise sa génitalité. Les médias n’hésitent plus à aborder librement le sujet. Depuis 2017, France 3 Corse Via Stella diffuse « Au Fond des Choses », la première émission régionale dédiée à la sexualité, qui devient ainsi un prisme servant à décrypter le fait social.

Maria Mariana
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