Core in Fronte : vers clarification et diversification ?
En tablant sur des résultats encourageants pour ses listes et des résultats décevants des autres listes nationalistes à l’occasion des élections municipales, Core in Fronte se projette vers les Territoriales de mars 20201 et ...
En tablant sur des résultats encourageants pour ses listes et des résultats décevants des autres listes nationalistes à l’occasion des élections municipales, Core in Fronte se projette vers les Territoriales de mars 20201 et en alternative nationaliste à Per à Corsica.
A l’occasion des élections municipales, Core in Fronte juge possible de dépasser le niveau du témoignage et d’imposer sa différence. Ainsi, à Bastia, Paul-Félix Benedetti n’hésite pas à mettre la barre très haut. L’objectif de la liste qu’il conduit est d’obtenir plus de 10 % des suffrages exprimés au premier tour. De surcroit, étant persuadé que cet objectif sera atteint, il affiche optimisme et intransigeance. Ainsi, sur le plateau de Via Stella, le leader de Core in Fronte a affirmé l’ambition de devenir maire de Bastia, a prévenu qu’il exigerait beaucoup si, au second tour, il était sollicité par Pierre Savelli : « Si la municipalité actuelle est en danger, elle l'aura bien cherché. Il faudra qu'elle se remette en question y compris dans ses stratégies d'alliance », et n’a pas exclu de maintenir sa liste : « Nous sommes dans une logique de continuation politique du sillon que l'on a tracé. Et c'est un sillon politique, pas une soupe électorale. Dans ces conditions, on restera égaux à nous-même et on se maintiendra au second tour. » A Ajaccio, Core in Fronte montre encore plus inflexible. Jean-Marc Lanfranchi qui conduit la liste du mouvement, a assuré en lançant sa campagne sur le plateau de Via Stella : « Il n'y aura pas d'union. S'il y en a qui ont des doutes, je le redis. Ni au premier, ni au deuxième tour. » Par ailleurs, lors du débat public Corse Matin / France Bleu RCFM ayant mis en présence les candidats têtes de liste ajacciens, l’intéressé a enfoncé le clou. D’une part, il a mis en doute la nature nationaliste de la liste Jean-André Miniconi investie par Femu a Corsica. D’autre part, il a accusé Jean-François Casalta porteur des couleurs du Partitu di a Nazione Corsa et de Corsica Libera et certains de ses colistiers, de n’avoir pas défendu les intérêts d’Ajaccio au sein de l’Assemblée de Corse : « Je vois dans votre liste des conseillers territoriaux qui n’ont pas été très utiles à Ajaccio ».
Références aux fondamentaux et volontarisme
Pourquoi Paul-Félix Benedetti et ses partisans font-ils dans l’intransigeance à l’encontre de toutes les composantes de Per a Corsica ? Cela peut se comprendre si l’on se réfère à des considérations idéologiques et politiques. Core in Fronte est favorable à un statut d’autonomie transitoire devant être une étape avant un referendum d’autodétermination, se refuse à condamner ou exclure le recours à la violence politique, est partisan d’un dirigisme économique, social et environnemental (régulation économique, service public fort, redistribution de richesses, réduction des inégalités sociales, respect de l’environnement naturel et paysager) et n’hésite pas à mettre en cause des politiques locales (par exemple en matière d’urbanisme ou d’aménagement des territoires). Il apparaît donc nettement que Core in Fronte ne partage ni le positionnement idéologique, ni la démarche politique de Per a Corsica. En effet, la majorité nationaliste à l’Assemblée de Corse s’efforce d’appliquer une feuille de route qui a pour objectif l’autonomie au sein de la République Française (même si le Partitu di a Nazione Corsa et Corsica Libera soutiennent que c’est à titre provisoire), rejette le recours à la violence politique, ne s’oppose guère à la concentration d’activités entre les mains de quelques familles ou groupes d’intérêt, reste d’une grande timidité dans les domaines social , environnemental, urbanistique et d’aménagement des territoires afin de ménager les chefs d’entreprise et les maires. Par ailleurs, Core in Fronte se réclame des fondamentaux du nationalisme et d’un volontarisme. Le mouvement considère en effet que le nationalisme doit s’inscrire dans les luttes de libération nationale et sociale des dernières décennies, et que pour affirmer son appartenance au Peuple Corse, il importe de s’employer à perpétuer ses valeurs ancestrales et fondatrices. Contrairement à Gilles Simeoni et à Femu a Corsica et dans une certaine mesure aux autres composantes de Per a Corsica, Core in Fronte estime donc que pour se déclarer nationaliste ou corse, il ne suffit ni de prendre la carte d’une organisation nationaliste ou de voter autonomiste ou nationaliste, ni de trouver un emploi ou d’acheter une résidence secondaire sur l’île.
Se garder d’apparaître « naufrageurs »
Toutefois l’intransigeance de Core in Fronte ne relève probablement pas que d’un positionnement idéologique, politique et fondamentaliste. Le mouvement fait aussi dans la tactique électorale et la préfiguration d’une offre politique pouvant être une alternative à Femu a Corsica. Paul-Félix Benedetti et ses partisans visent à capter les suffrages d’une base nationaliste se sentant agressée par le néo-jacobinisme macronien, s’indignant de l’irrésistible ascension de « réseauteurs » et « ralliés de la 25ème
heure », et étant déçue par la modération de Per a Corsica face à l’Etat. Ils espèrent tirer électoralement parti des colères ou des frustrations d’une partie de la population insulaire en situation de précarité, de pauvreté ou d’exclusion qui, après les « victoires historiques » de décembre 2015 et 2017, voit s’étaler sous ses yeux l’accès à l’emploi de nouveaux arrivants, l’enrichissement spectaculaire de quelques-uns et la multiplication de résidences secondaires. Enfin, en tablant sur des résultats encourageants pour ses listes et des résultats décevants des autres listes nationalistes à l’occasion des élections municipales, Core in Fronte se projette vers les Territoriales de mars 20201 et en alternative nationaliste à Per à Corsica. Cette perspective est loin d’être irréaliste si l’on considère que la liste Paul-Félix Benedetti a obtenu près de 7% des suffrages exprimés à l’occasion du dernier scrutin territorial, soit 8000 voix, et n’a manqué que de quelques centaines de voix pour accéder au deuxième tour. Il convient cependant de ne pas éluder que si un maintien de Core in Fronte à Bastia ou une absence de consigne de vote en faveur de la liste Pierre Savelli contribuait à une défaite de cette dernière, Paul-Félix Benedetti et ses partisans auraient quelques difficultés à ne pas apparaître comme des « naufrageurs », et fragiliseraient l’avenir de leur démarche qui est loin d’être négative si l’on prend en compte qu’elle est porteuse de clarification et de diversification de l’offre nationaliste.
A l’occasion des élections municipales, Core in Fronte juge possible de dépasser le niveau du témoignage et d’imposer sa différence. Ainsi, à Bastia, Paul-Félix Benedetti n’hésite pas à mettre la barre très haut. L’objectif de la liste qu’il conduit est d’obtenir plus de 10 % des suffrages exprimés au premier tour. De surcroit, étant persuadé que cet objectif sera atteint, il affiche optimisme et intransigeance. Ainsi, sur le plateau de Via Stella, le leader de Core in Fronte a affirmé l’ambition de devenir maire de Bastia, a prévenu qu’il exigerait beaucoup si, au second tour, il était sollicité par Pierre Savelli : « Si la municipalité actuelle est en danger, elle l'aura bien cherché. Il faudra qu'elle se remette en question y compris dans ses stratégies d'alliance », et n’a pas exclu de maintenir sa liste : « Nous sommes dans une logique de continuation politique du sillon que l'on a tracé. Et c'est un sillon politique, pas une soupe électorale. Dans ces conditions, on restera égaux à nous-même et on se maintiendra au second tour. » A Ajaccio, Core in Fronte montre encore plus inflexible. Jean-Marc Lanfranchi qui conduit la liste du mouvement, a assuré en lançant sa campagne sur le plateau de Via Stella : « Il n'y aura pas d'union. S'il y en a qui ont des doutes, je le redis. Ni au premier, ni au deuxième tour. » Par ailleurs, lors du débat public Corse Matin / France Bleu RCFM ayant mis en présence les candidats têtes de liste ajacciens, l’intéressé a enfoncé le clou. D’une part, il a mis en doute la nature nationaliste de la liste Jean-André Miniconi investie par Femu a Corsica. D’autre part, il a accusé Jean-François Casalta porteur des couleurs du Partitu di a Nazione Corsa et de Corsica Libera et certains de ses colistiers, de n’avoir pas défendu les intérêts d’Ajaccio au sein de l’Assemblée de Corse : « Je vois dans votre liste des conseillers territoriaux qui n’ont pas été très utiles à Ajaccio ».
Références aux fondamentaux et volontarisme
Pourquoi Paul-Félix Benedetti et ses partisans font-ils dans l’intransigeance à l’encontre de toutes les composantes de Per a Corsica ? Cela peut se comprendre si l’on se réfère à des considérations idéologiques et politiques. Core in Fronte est favorable à un statut d’autonomie transitoire devant être une étape avant un referendum d’autodétermination, se refuse à condamner ou exclure le recours à la violence politique, est partisan d’un dirigisme économique, social et environnemental (régulation économique, service public fort, redistribution de richesses, réduction des inégalités sociales, respect de l’environnement naturel et paysager) et n’hésite pas à mettre en cause des politiques locales (par exemple en matière d’urbanisme ou d’aménagement des territoires). Il apparaît donc nettement que Core in Fronte ne partage ni le positionnement idéologique, ni la démarche politique de Per a Corsica. En effet, la majorité nationaliste à l’Assemblée de Corse s’efforce d’appliquer une feuille de route qui a pour objectif l’autonomie au sein de la République Française (même si le Partitu di a Nazione Corsa et Corsica Libera soutiennent que c’est à titre provisoire), rejette le recours à la violence politique, ne s’oppose guère à la concentration d’activités entre les mains de quelques familles ou groupes d’intérêt, reste d’une grande timidité dans les domaines social , environnemental, urbanistique et d’aménagement des territoires afin de ménager les chefs d’entreprise et les maires. Par ailleurs, Core in Fronte se réclame des fondamentaux du nationalisme et d’un volontarisme. Le mouvement considère en effet que le nationalisme doit s’inscrire dans les luttes de libération nationale et sociale des dernières décennies, et que pour affirmer son appartenance au Peuple Corse, il importe de s’employer à perpétuer ses valeurs ancestrales et fondatrices. Contrairement à Gilles Simeoni et à Femu a Corsica et dans une certaine mesure aux autres composantes de Per a Corsica, Core in Fronte estime donc que pour se déclarer nationaliste ou corse, il ne suffit ni de prendre la carte d’une organisation nationaliste ou de voter autonomiste ou nationaliste, ni de trouver un emploi ou d’acheter une résidence secondaire sur l’île.
Se garder d’apparaître « naufrageurs »
Toutefois l’intransigeance de Core in Fronte ne relève probablement pas que d’un positionnement idéologique, politique et fondamentaliste. Le mouvement fait aussi dans la tactique électorale et la préfiguration d’une offre politique pouvant être une alternative à Femu a Corsica. Paul-Félix Benedetti et ses partisans visent à capter les suffrages d’une base nationaliste se sentant agressée par le néo-jacobinisme macronien, s’indignant de l’irrésistible ascension de « réseauteurs » et « ralliés de la 25ème
heure », et étant déçue par la modération de Per a Corsica face à l’Etat. Ils espèrent tirer électoralement parti des colères ou des frustrations d’une partie de la population insulaire en situation de précarité, de pauvreté ou d’exclusion qui, après les « victoires historiques » de décembre 2015 et 2017, voit s’étaler sous ses yeux l’accès à l’emploi de nouveaux arrivants, l’enrichissement spectaculaire de quelques-uns et la multiplication de résidences secondaires. Enfin, en tablant sur des résultats encourageants pour ses listes et des résultats décevants des autres listes nationalistes à l’occasion des élections municipales, Core in Fronte se projette vers les Territoriales de mars 20201 et en alternative nationaliste à Per à Corsica. Cette perspective est loin d’être irréaliste si l’on considère que la liste Paul-Félix Benedetti a obtenu près de 7% des suffrages exprimés à l’occasion du dernier scrutin territorial, soit 8000 voix, et n’a manqué que de quelques centaines de voix pour accéder au deuxième tour. Il convient cependant de ne pas éluder que si un maintien de Core in Fronte à Bastia ou une absence de consigne de vote en faveur de la liste Pierre Savelli contribuait à une défaite de cette dernière, Paul-Félix Benedetti et ses partisans auraient quelques difficultés à ne pas apparaître comme des « naufrageurs », et fragiliseraient l’avenir de leur démarche qui est loin d’être négative si l’on prend en compte qu’elle est porteuse de clarification et de diversification de l’offre nationaliste.