Législatives Haute-Corse : Michel le bien-aimé, Jean-Félix la cible
Au-delà de savoir s'il sera confirmé que << tout sera plié ou presque>> au bénéfice de Michel Castellani et que Jean-Félix Acquaviva << devra ramer >> , il existe bien d'autres enjeux.
Législatives Haute-Corse : Michel le bien-aimé, Jean-Félix la cibleAu-delà de savoir s’il sera confirmé que « tout sera plié ou presque » au bénéfice de Michel Castellani et que Jean-Félix Acquaviva « devra ramer », il existe bien d’autres enjeux.
Au premier tour, le 12 juin prochain, 20 candidats seront en lice. 12 dans la première circonscription (Bastia) et 8 dans la deuxième (Corte / Balagne). Les députés sortants Michel Castellani (première circonscription) et Jean-Félix Acquaviva (deuxième circonscription), tous deux appartenant à Femu a Corsica, sont candidats à la réélection.
Dans les deux circonscriptions, il semble peu probable que les candidats qui arriveront en tête échappent au ballottage. Il leur faudrait pour cela recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés et un total de suffrages au moins égal au quart des inscrits. Ce qui semble à exclure au vu de l’évolution des taux de participation (60,96 % en 2012, 49,22 % en 2017 dans la première circonscription ; 61,86 % en 2012, 54,18 % en 2017 dans la deuxième circonscription) et du grand nombre de candidats.
Au-delà de savoir si, au soir du premier tour, il sera confirmé, comme cela se dit beaucoup, que « tout sera plié ou presque » dans la première circonscription au bénéfice de Michel Castellani et que, dans la deuxième, le député sortant Jean-Félix Acquaviva « devra ramer », il existe bien d’autres enjeux.
Quête de cap ou de reconstruction
Dans le département, le résultat désastreux de Valérie Pécresse (7,08 %), et ce, malgré le soutien affiché de personnalités censées être influentes et porteuses de voix, a porté un nouveau coup dur à Les Républicains et confirmé un déclin amorcé depuis plusieurs années. Tout comme dans l’Hexagone, ce parti semble ne plus vivre que sur ses victoires et dominations passées : son existence repose essentiellement sur des élus encore bien implantés mais souvent vieillissants ou menacés par l’usure du pouvoir ; aucune dynamique militante, des idées ou du renouveau n’est perceptible. Le déclin est souligné par l’absence d’un candidat dans la première circonscription. La dilution de Les Républicains bastiais au sein de l’équipe municipale à dominante siméoniste de Bastia et les défaites de Sauveur Gandolfi-Scheit qui a perdu son mandat de député en 2017 puis la mairie de Biguglia en 2020, n’ont manifestement pas été surmontés. Le déclin est aussi souligné par le fait que, dans la deuxième circonscription, le maire de San Ghjulianu, François Xavier Ceccoli, pourtant président de la fédération Les Républicains de Haute-Corse, est candidat sans avoir demandé l'investiture de son parti et ait expliqué : « J'attends de savoir ce que va devenir mon parti.»
Alors, pour quel cap les électeurs de droite, orphelins d’un parti fort et qui a été longtemps phare, opteront-ils le 12 juin ? Dilueront-ils un peu plus la droite dans le siméonisme et l’option de l’autonomie de plein droit et de plein exercice, en votant pour Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva ? Ou préféreront-ils offrir à leur camp de nouveaux visages et de nouvelles perspectives et, si oui, comment le feront-ils ? Enracineront-ils la droite populiste et souverainiste par des votes Alexis Fernandez et Jean Cardi (Rassemblement National), respectivement candidats dans les première et deuxième circonscriptions, et signifieront-ils ainsi et aussi un rejet de l’autonomisme ?
Choisiront-ils le rassemblement inspiré par le « en même temps » macronien », en votant, dans la première circonscription, Julien Morganti, conseiller municipal et communautaire d'opposition à Bastia ? Candidat venant de la gauche radicale, ayant soutenu Emmanuel Macron dès 2017 et flirtant aujourd’hui avec le parti Horizons se définissant libéral et social fondé par Edouard Philippe. Candidat se disant favorable à une autonomie aux contours plutôt flous (« qui serve les Corses et leur quotidien et non pas un homme et une institution » ). Donneront-il encore une chance à Les Républicains en votant, dans la deuxième circonscription, François Xavier Ceccoli ? Candidat qui veut croire en une refonte de son parti passant par un renouvellement des hommes et des idées, qui se revendique d’une droite de l’entreprenariat, sociale et opposée aux extrêmes, et qui, sans s’affirmer favorable à l’autonomie, ne rejette pas l’idée d’une attribution de compétences supplémentaires à la Collectivité de Corse si elles sont « mieux exercées par la Région en direct qu'elles ne le sont par l’État ».
Si la droite est en quête d’un cap, la gauche est, elle, en quête de reconstruction. La démarche s’annonce longue car d’une part, la division reste de mise, en effet, la constitution de la coalition électorale et programmatiques NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) comprenant La France insoumise, le Pôle écologiste (avec notamment Europe Écologie Les Verts), le Parti Communiste et le Parti Socialiste, n’a pas pris en compte la Corse ; d’autre part, aucune personnalité n’incarne un renouveau. Le responsable du Parti communiste, Michel Stefani, qui sera candidat dans la première circonscription, est certes un militant exemplaire, mais il a été vu et revu.
Quant au message défendu par ce dernier ou Amélie Raffaelli-Franceschi, candidate communiste dans la deuxième circonscription, il n’impacte pas ; même s’il n’est pas dépourvu de revendications souvent inspirées par les besoins vitaux de certaines catégories d’électeurs. La France Insoumise aligne, pour sa part, dans la première circonscription, une néophyte qui doit en moins d’un mois, avec un niveau de moyens proche de zéro et une implantation de son parti encore balbutiante, à la fois se faire connaître et rendre accessible et lisible un programme. Mission quasiment impossible !
Opération reconstruction aussi pour Petru Antone Tomasi dans la première circonscription. En effet, outre en porter les couleurs, il s’emploie à remettre un peu en selle, politiquement et électoralement, le parti indépendantiste Corsica Libera qui a été, l’an passé, un grand perdant des élections territoriale.
Obligation ou quête de confirmation et… deux confirmations
Femu a Corsica est confronté à un impératif.
Le parti siméoniste doit confirmer ! Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva ont donc l’obligation de gagner. Ceci est à la fois imposé par le contexte insulaire et les rapports avec l’Etat. La défaite de l’un ou l’autre des députés sortants, ou a fortiori des deux, signifierait l’amorce d’un ressac de la vague siméoniste, renforcerait les critiques à l’encontre de Gilles Simeoni et son parti au sein de la mouvance nationaliste, fragiliserait le président du Conseil exécutif et la majorité territoriale dans les discussions avec l’Etat portant sur les évolutions institutionnelles.
A priori, Michel Castellani semble être à l’abri d’une mauvaise surprise pour au moins trois raisons.
Primo, plusieurs localités importantes de sa circonscription, dont Bastia, sont gérées par des coalition à dominante siméoniste.
Deuxio, son bilan est conforme à ses engagements de 2017 et est à la bonne mesure de ce que peut prétendre obtenir un député du camp nationaliste au sein de l’Assemblée Nationale. Il a mieux fait connaître la Question corse au sein de la classe politique française. Il a soutenu, dans la mesure de ses moyens, la reconnaissance de droits institutionnels, économiques, fiscaux, sociaux et culturels spécifiques pour la Corses et les Corses au sein de la République. Il a obtenu, avec les deux autres députés issus de la mouvance nationaliste, quelques concessions comme la sacralisation de la journée du 5 mai.
Tertio, et c’est sans doute ce qui permet le plus d’augurer qu’il conservera aisément son siège, il est un bien aimé. En effet, sa fidélité militante ayant toujours préconisé la modération idéologique et l’union des nationalistes, son statut d’universitaire et surtout sa personnalité à la fois simple et affable le rendent quasiment imperméable aux attaques frontales et aux polémiques, et lui assurent des sympathies bien au-delà de son camp. Sa bonne image lui permet même d’être quasiment épargné par le candidat indépendantiste Petru Antone Tomasi dont le parti, Corsica Libera, a pourtant été mis à l’écart par Gilles Simeoni et Femu a Corsica lors de la dernière élection territoriale.
En revanche, Jean-Félix Acquaviva doit faire face à une situation plus délicate. Son bilan de parlementaire est certes honorable car étant sensiblement le même que celui de Michel Castellani. Par contre, quatre facteurs jouent en sa défaveur.
Primo, la plupart des communes de sa circonscription sont aux main de maires de droite ou issus du giacobbisme dont la neutralité ou le ralliement affiché de certains d’entre eux est loin de représenter une garantie Or.
Deuxio, du fait des multiples fronts qu’il a dû gérer (parlementaire présent à l’Assemblée Nationale, chef et porte-parole de parti, conseiller territorial…), et aussi du fait d’une circonscription très étendue et aux réalités diverses, il lui a été difficile d’être en contact direct avec l’électorat.
Tertio, son rôle de leader de Femu a Corsica l’a coiffé du sombrero d’acteur majeur de la rupture de l’union des nationalistes.
Quarto, sa position de premier des siméonistes l’a souvent contraint à être le paratonnerre ou le bouclier politique de Gilles Simeoni ou le chargé des missions ou annonces les plus déplaisantes ou les plus clivantes, en particulier mettre en œuvre et expliquer la rupture de l’union nationaliste.
Tout cela, en fait une cible de choix pour deux artilleurs. François-Xavier Cecolli qui peut espérer susciter un vote d’alternance au sein de la droite et du giacobbisme, et de la frange d’électeurs restant farouchement opposée au nationalisme.
Lionel Mortini, candidat nationaliste indépendant, maire de Belgodère et président de la communauté de communes de l'Ile-Rousse-Balagne, homme de terroir et de terrain, ayant jusqu’au bout été fidèle à l’union des nationaliste, qui peut escompter surfer sur le désenchantement affectant la base nationaliste et un sentiment de rejet de Femu a Corsica aujourd’hui considéré, à tour ou à raison, par les autres composantes nationalistes, comme étant un parti hégémoniste.
Obligation de confirmation pour Femu a Corsica, quête de confirmation pour le Rassemblement National. Alexis Fernandez, jeune et nouveau venu sur la scène électorale et illustre inconnu jusqu’à ces dernier jours, et Jean Cardi, éleveur, syndicaliste agricole bien connu, auront respectivement dans les première et deuxième circonscriptions, la difficile mission de confirmer, au moins en partie, le résultat obtenu au premier tour de l’élection présidentielle par Marine Le Pen (28,02% des suffrages exprimés). L’histoire électorale n’est pas de nature à les rassurer quant à la possibilité de couronner de réussite leur mission. Ainsi, en 2017, les candidats de leur parti qui s’appelait alors le Front National, n'avaient pas réussi à franchir la barre des 5% alors que Marine Le Pen avait réalisé 27,22 % au premier tour de l’élection présidentielle. Obligation de confirmation, quête de confirmation et aussi d’ores et déjà … deux confirmations : Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, est une fois encore dans l’incapacité d’être en course ; le Parti Socialiste, encore à cause de sa faiblesse locale récurrente et aussi à cause de récents déboires nationaux, reste condamné à être absent.
Pierre Corsi
Au premier tour, le 12 juin prochain, 20 candidats seront en lice. 12 dans la première circonscription (Bastia) et 8 dans la deuxième (Corte / Balagne). Les députés sortants Michel Castellani (première circonscription) et Jean-Félix Acquaviva (deuxième circonscription), tous deux appartenant à Femu a Corsica, sont candidats à la réélection.
Dans les deux circonscriptions, il semble peu probable que les candidats qui arriveront en tête échappent au ballottage. Il leur faudrait pour cela recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés et un total de suffrages au moins égal au quart des inscrits. Ce qui semble à exclure au vu de l’évolution des taux de participation (60,96 % en 2012, 49,22 % en 2017 dans la première circonscription ; 61,86 % en 2012, 54,18 % en 2017 dans la deuxième circonscription) et du grand nombre de candidats.
Au-delà de savoir si, au soir du premier tour, il sera confirmé, comme cela se dit beaucoup, que « tout sera plié ou presque » dans la première circonscription au bénéfice de Michel Castellani et que, dans la deuxième, le député sortant Jean-Félix Acquaviva « devra ramer », il existe bien d’autres enjeux.
Quête de cap ou de reconstruction
Dans le département, le résultat désastreux de Valérie Pécresse (7,08 %), et ce, malgré le soutien affiché de personnalités censées être influentes et porteuses de voix, a porté un nouveau coup dur à Les Républicains et confirmé un déclin amorcé depuis plusieurs années. Tout comme dans l’Hexagone, ce parti semble ne plus vivre que sur ses victoires et dominations passées : son existence repose essentiellement sur des élus encore bien implantés mais souvent vieillissants ou menacés par l’usure du pouvoir ; aucune dynamique militante, des idées ou du renouveau n’est perceptible. Le déclin est souligné par l’absence d’un candidat dans la première circonscription. La dilution de Les Républicains bastiais au sein de l’équipe municipale à dominante siméoniste de Bastia et les défaites de Sauveur Gandolfi-Scheit qui a perdu son mandat de député en 2017 puis la mairie de Biguglia en 2020, n’ont manifestement pas été surmontés. Le déclin est aussi souligné par le fait que, dans la deuxième circonscription, le maire de San Ghjulianu, François Xavier Ceccoli, pourtant président de la fédération Les Républicains de Haute-Corse, est candidat sans avoir demandé l'investiture de son parti et ait expliqué : « J'attends de savoir ce que va devenir mon parti.»
Alors, pour quel cap les électeurs de droite, orphelins d’un parti fort et qui a été longtemps phare, opteront-ils le 12 juin ? Dilueront-ils un peu plus la droite dans le siméonisme et l’option de l’autonomie de plein droit et de plein exercice, en votant pour Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva ? Ou préféreront-ils offrir à leur camp de nouveaux visages et de nouvelles perspectives et, si oui, comment le feront-ils ? Enracineront-ils la droite populiste et souverainiste par des votes Alexis Fernandez et Jean Cardi (Rassemblement National), respectivement candidats dans les première et deuxième circonscriptions, et signifieront-ils ainsi et aussi un rejet de l’autonomisme ?
Choisiront-ils le rassemblement inspiré par le « en même temps » macronien », en votant, dans la première circonscription, Julien Morganti, conseiller municipal et communautaire d'opposition à Bastia ? Candidat venant de la gauche radicale, ayant soutenu Emmanuel Macron dès 2017 et flirtant aujourd’hui avec le parti Horizons se définissant libéral et social fondé par Edouard Philippe. Candidat se disant favorable à une autonomie aux contours plutôt flous (« qui serve les Corses et leur quotidien et non pas un homme et une institution » ). Donneront-il encore une chance à Les Républicains en votant, dans la deuxième circonscription, François Xavier Ceccoli ? Candidat qui veut croire en une refonte de son parti passant par un renouvellement des hommes et des idées, qui se revendique d’une droite de l’entreprenariat, sociale et opposée aux extrêmes, et qui, sans s’affirmer favorable à l’autonomie, ne rejette pas l’idée d’une attribution de compétences supplémentaires à la Collectivité de Corse si elles sont « mieux exercées par la Région en direct qu'elles ne le sont par l’État ».
Si la droite est en quête d’un cap, la gauche est, elle, en quête de reconstruction. La démarche s’annonce longue car d’une part, la division reste de mise, en effet, la constitution de la coalition électorale et programmatiques NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale) comprenant La France insoumise, le Pôle écologiste (avec notamment Europe Écologie Les Verts), le Parti Communiste et le Parti Socialiste, n’a pas pris en compte la Corse ; d’autre part, aucune personnalité n’incarne un renouveau. Le responsable du Parti communiste, Michel Stefani, qui sera candidat dans la première circonscription, est certes un militant exemplaire, mais il a été vu et revu.
Quant au message défendu par ce dernier ou Amélie Raffaelli-Franceschi, candidate communiste dans la deuxième circonscription, il n’impacte pas ; même s’il n’est pas dépourvu de revendications souvent inspirées par les besoins vitaux de certaines catégories d’électeurs. La France Insoumise aligne, pour sa part, dans la première circonscription, une néophyte qui doit en moins d’un mois, avec un niveau de moyens proche de zéro et une implantation de son parti encore balbutiante, à la fois se faire connaître et rendre accessible et lisible un programme. Mission quasiment impossible !
Opération reconstruction aussi pour Petru Antone Tomasi dans la première circonscription. En effet, outre en porter les couleurs, il s’emploie à remettre un peu en selle, politiquement et électoralement, le parti indépendantiste Corsica Libera qui a été, l’an passé, un grand perdant des élections territoriale.
Obligation ou quête de confirmation et… deux confirmations
Femu a Corsica est confronté à un impératif.
Le parti siméoniste doit confirmer ! Michel Castellani et Jean-Félix Acquaviva ont donc l’obligation de gagner. Ceci est à la fois imposé par le contexte insulaire et les rapports avec l’Etat. La défaite de l’un ou l’autre des députés sortants, ou a fortiori des deux, signifierait l’amorce d’un ressac de la vague siméoniste, renforcerait les critiques à l’encontre de Gilles Simeoni et son parti au sein de la mouvance nationaliste, fragiliserait le président du Conseil exécutif et la majorité territoriale dans les discussions avec l’Etat portant sur les évolutions institutionnelles.
A priori, Michel Castellani semble être à l’abri d’une mauvaise surprise pour au moins trois raisons.
Primo, plusieurs localités importantes de sa circonscription, dont Bastia, sont gérées par des coalition à dominante siméoniste.
Deuxio, son bilan est conforme à ses engagements de 2017 et est à la bonne mesure de ce que peut prétendre obtenir un député du camp nationaliste au sein de l’Assemblée Nationale. Il a mieux fait connaître la Question corse au sein de la classe politique française. Il a soutenu, dans la mesure de ses moyens, la reconnaissance de droits institutionnels, économiques, fiscaux, sociaux et culturels spécifiques pour la Corses et les Corses au sein de la République. Il a obtenu, avec les deux autres députés issus de la mouvance nationaliste, quelques concessions comme la sacralisation de la journée du 5 mai.
Tertio, et c’est sans doute ce qui permet le plus d’augurer qu’il conservera aisément son siège, il est un bien aimé. En effet, sa fidélité militante ayant toujours préconisé la modération idéologique et l’union des nationalistes, son statut d’universitaire et surtout sa personnalité à la fois simple et affable le rendent quasiment imperméable aux attaques frontales et aux polémiques, et lui assurent des sympathies bien au-delà de son camp. Sa bonne image lui permet même d’être quasiment épargné par le candidat indépendantiste Petru Antone Tomasi dont le parti, Corsica Libera, a pourtant été mis à l’écart par Gilles Simeoni et Femu a Corsica lors de la dernière élection territoriale.
En revanche, Jean-Félix Acquaviva doit faire face à une situation plus délicate. Son bilan de parlementaire est certes honorable car étant sensiblement le même que celui de Michel Castellani. Par contre, quatre facteurs jouent en sa défaveur.
Primo, la plupart des communes de sa circonscription sont aux main de maires de droite ou issus du giacobbisme dont la neutralité ou le ralliement affiché de certains d’entre eux est loin de représenter une garantie Or.
Deuxio, du fait des multiples fronts qu’il a dû gérer (parlementaire présent à l’Assemblée Nationale, chef et porte-parole de parti, conseiller territorial…), et aussi du fait d’une circonscription très étendue et aux réalités diverses, il lui a été difficile d’être en contact direct avec l’électorat.
Tertio, son rôle de leader de Femu a Corsica l’a coiffé du sombrero d’acteur majeur de la rupture de l’union des nationalistes.
Quarto, sa position de premier des siméonistes l’a souvent contraint à être le paratonnerre ou le bouclier politique de Gilles Simeoni ou le chargé des missions ou annonces les plus déplaisantes ou les plus clivantes, en particulier mettre en œuvre et expliquer la rupture de l’union nationaliste.
Tout cela, en fait une cible de choix pour deux artilleurs. François-Xavier Cecolli qui peut espérer susciter un vote d’alternance au sein de la droite et du giacobbisme, et de la frange d’électeurs restant farouchement opposée au nationalisme.
Lionel Mortini, candidat nationaliste indépendant, maire de Belgodère et président de la communauté de communes de l'Ile-Rousse-Balagne, homme de terroir et de terrain, ayant jusqu’au bout été fidèle à l’union des nationaliste, qui peut escompter surfer sur le désenchantement affectant la base nationaliste et un sentiment de rejet de Femu a Corsica aujourd’hui considéré, à tour ou à raison, par les autres composantes nationalistes, comme étant un parti hégémoniste.
Obligation de confirmation pour Femu a Corsica, quête de confirmation pour le Rassemblement National. Alexis Fernandez, jeune et nouveau venu sur la scène électorale et illustre inconnu jusqu’à ces dernier jours, et Jean Cardi, éleveur, syndicaliste agricole bien connu, auront respectivement dans les première et deuxième circonscriptions, la difficile mission de confirmer, au moins en partie, le résultat obtenu au premier tour de l’élection présidentielle par Marine Le Pen (28,02% des suffrages exprimés). L’histoire électorale n’est pas de nature à les rassurer quant à la possibilité de couronner de réussite leur mission. Ainsi, en 2017, les candidats de leur parti qui s’appelait alors le Front National, n'avaient pas réussi à franchir la barre des 5% alors que Marine Le Pen avait réalisé 27,22 % au premier tour de l’élection présidentielle. Obligation de confirmation, quête de confirmation et aussi d’ores et déjà … deux confirmations : Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron, est une fois encore dans l’incapacité d’être en course ; le Parti Socialiste, encore à cause de sa faiblesse locale récurrente et aussi à cause de récents déboires nationaux, reste condamné à être absent.
Pierre Corsi