La population de la Corse à travers l'histoire
Jusqu'à la conquête française, la population de la Corse n'a guère été évaluée.
La population de la Corse à travers l’histoire
Jusqu’à la conquête française, la population de la Corse n’a guère été évaluée. Les historiens parlent de 80 000 personnes durant l’Antiquité et adoptent le même chiffre au XVIIe siècle. Trois facteurs contribuaient à singulièrement réguler le nombre d’êtres humains sur notre île : la violence permanente, les famines et la Peste. Ce qui n’a jamais empêché les chiffres les plus fantaisistes de circuler jusqu’au XXe siècle.
Les vendettas ou des massacres entre Corses
Selon les Chroniques, la Peste de 1348 qui dépeupla l’Europe entière aurait détruit les deux tiers de la population insulaire. La période de la Renaissance n’a guère été plus favorable puisque les vendettas se sont transformées en véritables guerres civiles et ont généré des massacres entre insulaires. La peste réapparaît à trois reprises au cours du XVIe siècle. Les archives génoises donnent un chiffre estimatif entre la date de la mort de Sampiero Corso (1567) et le début de la révolution (1729) : 84 112 âmes dans le Nord, la Terre des Communes et 27 387 dans le Sud, a Tarra di i Signori. En 1734, une nouvelle révolte provoque l’intervention de Maillebois. Celui-ci envoie un mémoire à la Cour en faisant état d’un recensement qu’il avait ordonné en 1741 qui attribuent à la Corse 120 389 habitants. La paix imposée par la conquête française favorise l’essor démographique : 122 000 habitants sont dénombrés en 1779. Le cap des 231 000 est passé en 1841 pour atteindre 273 393 en 1881. La croissance démographique ne cesse qu’au tout début du XXe siècle avec 295 589 habitants décomptés. La décrue commence vers 1905 quand la pauvreté pousse un nombre important de jeunes vers le continent, les métiers de la Fonction publique, l’armée et les colonies. En définitive, les 10 000 morts de la Grande Guerre n’auront pas l’importance qu’on leur accorde généralement.
Une remontée en trompe-l’œil
Les chiffres officiels de l’après-guerre sont étonnants et pour tout dire inexplicables. Alors que tous les témoignages décrivent des villages désertés, en 1926, si on en croit l’administration, la population corse est remontée au niveau de 1911 soit environ 290 000 habitants pour culminer en 1936 à 322 854. La seule explication est la double inscription électorale et le gonflement sans contrôle des chiffres donnés par les maires pour toucher des subventions. Ainsi de 1926 à 1936 la population corse se serait accrue de 12 % contre une moyenne nationale de 5 %. Mais dix ans plus tard, la chute est vertigineuse : 17 % de la population corse aurait disparu pour atteindre 244 266 personnes.
Des chiffres fantaisistes, mais des subventions bien réelles
Les collectivités locales avaient un intérêt financier à grossir le chiffre de leur population, car beaucoup de subventions étaient fixées au prorata du nombre des habitants. Par ailleurs, les maires et leurs adjoints touchaient et touchent encore des rémunérations calculées en fonction du nombre d’habitants. Il y avait enfin l’intérêt électoral. Selon la loi de 1884, le nombre des conseillers municipaux et des adjoints variait suivant la population des communes.
Le scandale de la fraude électorale
La fraude électorale devient massive après le vote de la loi du 5 avril 1884 qui met en place un régime d’élection au suffrage universel du conseil municipal. En 1936, la différence entre la population présente et la population légale était de 15,2 % soit un taux dix fois supérieur à celui de la moyenne française. Or, on observe après la Seconde Guerre mondiale une population qui semble s’être stabilisée. Et pourtant le nombre d’enfants scolarisés a baissé de façon drastique. « On ne peut pas voir là l’explication de la différence existant entre le nombre des enfants dans les établissements d’enseignement et celui des enfants recensés. L’écart considérable qui surprend depuis 1921, puisqu’il est de l’ordre de 20 000, confirme bien l’hypothèse d’une fraude systématique dans les dénombrements. » écrit l’historien Paul Lefèbvre dans un article consacré à ce sujet. En confrontant les chiffres officiels et celui des naissances et des décès croisés avec les cartes de rationnement et ceux de l’éducation nationale, on en arrive à des aberrations. Paul Lefèbvre estime que le véritable chiffre de la population en 1954 est de 150 000 habitants. Ajaccio et Bastia réunissent 50 500 habitants alors que les bureaux de la Statistique générale l’établissent à 72 997. Précision utile : on estime alors le nombre d’« immigrés » de toutes sortes à 4 000 à peine. De telles invraisemblances n’ont été notées qu’en Corse durant la même période. Ce qui signifie que les clans étaient à l’initiative de ce vaste mensonge déconcertant.
GXC
Jusqu’à la conquête française, la population de la Corse n’a guère été évaluée. Les historiens parlent de 80 000 personnes durant l’Antiquité et adoptent le même chiffre au XVIIe siècle. Trois facteurs contribuaient à singulièrement réguler le nombre d’êtres humains sur notre île : la violence permanente, les famines et la Peste. Ce qui n’a jamais empêché les chiffres les plus fantaisistes de circuler jusqu’au XXe siècle.
Les vendettas ou des massacres entre Corses
Selon les Chroniques, la Peste de 1348 qui dépeupla l’Europe entière aurait détruit les deux tiers de la population insulaire. La période de la Renaissance n’a guère été plus favorable puisque les vendettas se sont transformées en véritables guerres civiles et ont généré des massacres entre insulaires. La peste réapparaît à trois reprises au cours du XVIe siècle. Les archives génoises donnent un chiffre estimatif entre la date de la mort de Sampiero Corso (1567) et le début de la révolution (1729) : 84 112 âmes dans le Nord, la Terre des Communes et 27 387 dans le Sud, a Tarra di i Signori. En 1734, une nouvelle révolte provoque l’intervention de Maillebois. Celui-ci envoie un mémoire à la Cour en faisant état d’un recensement qu’il avait ordonné en 1741 qui attribuent à la Corse 120 389 habitants. La paix imposée par la conquête française favorise l’essor démographique : 122 000 habitants sont dénombrés en 1779. Le cap des 231 000 est passé en 1841 pour atteindre 273 393 en 1881. La croissance démographique ne cesse qu’au tout début du XXe siècle avec 295 589 habitants décomptés. La décrue commence vers 1905 quand la pauvreté pousse un nombre important de jeunes vers le continent, les métiers de la Fonction publique, l’armée et les colonies. En définitive, les 10 000 morts de la Grande Guerre n’auront pas l’importance qu’on leur accorde généralement.
Une remontée en trompe-l’œil
Les chiffres officiels de l’après-guerre sont étonnants et pour tout dire inexplicables. Alors que tous les témoignages décrivent des villages désertés, en 1926, si on en croit l’administration, la population corse est remontée au niveau de 1911 soit environ 290 000 habitants pour culminer en 1936 à 322 854. La seule explication est la double inscription électorale et le gonflement sans contrôle des chiffres donnés par les maires pour toucher des subventions. Ainsi de 1926 à 1936 la population corse se serait accrue de 12 % contre une moyenne nationale de 5 %. Mais dix ans plus tard, la chute est vertigineuse : 17 % de la population corse aurait disparu pour atteindre 244 266 personnes.
Des chiffres fantaisistes, mais des subventions bien réelles
Les collectivités locales avaient un intérêt financier à grossir le chiffre de leur population, car beaucoup de subventions étaient fixées au prorata du nombre des habitants. Par ailleurs, les maires et leurs adjoints touchaient et touchent encore des rémunérations calculées en fonction du nombre d’habitants. Il y avait enfin l’intérêt électoral. Selon la loi de 1884, le nombre des conseillers municipaux et des adjoints variait suivant la population des communes.
Le scandale de la fraude électorale
La fraude électorale devient massive après le vote de la loi du 5 avril 1884 qui met en place un régime d’élection au suffrage universel du conseil municipal. En 1936, la différence entre la population présente et la population légale était de 15,2 % soit un taux dix fois supérieur à celui de la moyenne française. Or, on observe après la Seconde Guerre mondiale une population qui semble s’être stabilisée. Et pourtant le nombre d’enfants scolarisés a baissé de façon drastique. « On ne peut pas voir là l’explication de la différence existant entre le nombre des enfants dans les établissements d’enseignement et celui des enfants recensés. L’écart considérable qui surprend depuis 1921, puisqu’il est de l’ordre de 20 000, confirme bien l’hypothèse d’une fraude systématique dans les dénombrements. » écrit l’historien Paul Lefèbvre dans un article consacré à ce sujet. En confrontant les chiffres officiels et celui des naissances et des décès croisés avec les cartes de rationnement et ceux de l’éducation nationale, on en arrive à des aberrations. Paul Lefèbvre estime que le véritable chiffre de la population en 1954 est de 150 000 habitants. Ajaccio et Bastia réunissent 50 500 habitants alors que les bureaux de la Statistique générale l’établissent à 72 997. Précision utile : on estime alors le nombre d’« immigrés » de toutes sortes à 4 000 à peine. De telles invraisemblances n’ont été notées qu’en Corse durant la même période. Ce qui signifie que les clans étaient à l’initiative de ce vaste mensonge déconcertant.
GXC