Le petit train de la plaine orientale
Le 1 er février 1888 à 10 heures, le premier train milxte en provenance de Bastia entre en gare de Tallone.
Le petit train de la plaine orientale
Le 1er février 1888 à 10 heures, le premier train mixte voyageurs marchandises en provenance de Bastia entre en gare de Tallone. La voie ferrée permet l’arrivée du petit convoi à Ghisonaccia, c'est le 17 juin 1888 à 11 h. Solenzara le 3 septembre 1930 à 11 h et à Porto-Vecchio, enfin, le 25 septembre 1935 à 12 h 30. Cette partie de la voie ferrée dite de la Côte orientale parcourt 135 km. Elle traverse une soixantaine de ponts, 17 gares ou haltes et un unique tunnel à Tarco. Il était prévu d’atteindre Bonifacio en passant par Figari et Tivarello.
L’arrivée à Porto Vecchio
La construction du petit chemin de fer surnommé u trinnichellu — néologisme formé à partir du substantif u trenu, le train et du verbe trinnicà, trembloter — avait matérialisé la modernité en Corse au grand dam des vieux métiers comme les muletiers, célébrés dans le lamentu di u trenu de Maria Felice. Le petit train avance à moins de 30 km/heure. Mais il avance. En 1907, il faut 4 heures pour atteindre Ghisonaccia depuis Bastia. Mais il en faut tellement plus à dos de mulet. La construction de cette voie de chemin de fer a été le sujet d’articles dans de nombreux journaux continentaux alors même qu’il semble secondaire si on en croit la presse insulaire. Le Journal de la Corse pourtant décrit longuement l'arrivée du train à Porto-Vecchio le mercredi 25 septembre 1935, cinq heures après son départ de Bastia. Les 62 passagers descendent des wagons sans être accueillis par la moindre manifestation officielle. Mais la foule est nombreuse pour assister à l’évènement et la gare est pavoisée.
Grâce à sgiò Cameddu
Pour l’arrondissement de Sartène auquel appartient Porto Vecchio c’est du pain bénit. Il paraissait jusque-là oublié du progrès peut-être parce qu’Emmanuel Arène le tout-puissant député ajaccien, était un républicain et que Sartène penchait pour le parti de la réaction. En tous les cas, c’est grâce au député Camille de Rocca Serra, élu en 1928, que les crédits nécessaires à la continuation de la voie de chemin de fer jusqu’à Porto Vecchio ont été votés. Il avait fait inscrire en 1929 au budget les crédits nécessaires pour prolonger la voie qui devait s’arrêter à Solenzara. La même année éclatait la crise économique mondiale. Et sans son obstination, jamais les travaux n’auraient été financés.
Une aubaine pour la Corse
La ligne de la Côte orientale transporte annuellement 10 000 tonnes de sel de Porto-Vecchio à Ajaccio et Bastia. Il est vrai que les marais salants appartiennent à la famille de Rocca Serra. 10 000 mètres-cubes de bois en grumes, 2 à 3 000 tonnes de bois de châtaignier partent sur les wagons vers les usines de Folelli et Ponte-Leccia. Le liège (propriété exclusive des de Rocca Serra), les bois façonnés, le charbon, le bois de chauffage et toutes sortes de denrées périssables peuvent ainsi circuler. Des zones industrielles poussent autour des gares.
L’entrée en lice des autorails
Le 15 mai 1938, 14 mois après la ligne Bastia-Ajaccio, des autorails remplacent les vieux convois. Porto Vecchio n'est plus qu'à trois heures de Bastia ! Mais déjà le train est concurrencé par des compagnies de car dont l’une des plus des importantes est celle qui appartient à la famille Ollandini. Son emblème est la Muvra, l’animal totem des autonomistes du Parti corsu d’Azzione. Les chemins de fer souffrent beaucoup de cette concurrence plus souple et qui couvre la route de la côte occidentale.
La fin du réseau oriental
Le 9 septembre 1943, la résistance corse se soulève. Les SS occupent Porto-Vecchio et le trafic ferroviaire est interrompu. Les patriotes font sauter les ponts pour empêcher le transport de troupes et de munition vers Bastia. La ligne ne sera jamais remise en service et sa dernière section, Casamozza-Folelli, sera définitivement fermée en 1953 sans que l’on en comprenne très bien les raisons. Sous le mandat de Paul Giacobbi, la collectivité territoriale de Corse, par la voix du président des chemins de fer de la Corse, avait décidé de commander une étude préliminaire sur la réouverture d'une ligne jusqu'à Poggio-Mezzana. Sans que cela donne le moindre résultat. Comme pour bien des projets en Corse hélas. Il est à craindre que croire à la renaissance de la ligne Bastia-Porto Vecchio ne relève d’une douce utopie. Et pourtant il fut un temps où c’était une réalité. Aujourd’hui il est remplacé par les ridicules petits trains pour touristes, dérisoire réminiscence d’une autre époque.
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GXC
Le 1er février 1888 à 10 heures, le premier train mixte voyageurs marchandises en provenance de Bastia entre en gare de Tallone. La voie ferrée permet l’arrivée du petit convoi à Ghisonaccia, c'est le 17 juin 1888 à 11 h. Solenzara le 3 septembre 1930 à 11 h et à Porto-Vecchio, enfin, le 25 septembre 1935 à 12 h 30. Cette partie de la voie ferrée dite de la Côte orientale parcourt 135 km. Elle traverse une soixantaine de ponts, 17 gares ou haltes et un unique tunnel à Tarco. Il était prévu d’atteindre Bonifacio en passant par Figari et Tivarello.
L’arrivée à Porto Vecchio
La construction du petit chemin de fer surnommé u trinnichellu — néologisme formé à partir du substantif u trenu, le train et du verbe trinnicà, trembloter — avait matérialisé la modernité en Corse au grand dam des vieux métiers comme les muletiers, célébrés dans le lamentu di u trenu de Maria Felice. Le petit train avance à moins de 30 km/heure. Mais il avance. En 1907, il faut 4 heures pour atteindre Ghisonaccia depuis Bastia. Mais il en faut tellement plus à dos de mulet. La construction de cette voie de chemin de fer a été le sujet d’articles dans de nombreux journaux continentaux alors même qu’il semble secondaire si on en croit la presse insulaire. Le Journal de la Corse pourtant décrit longuement l'arrivée du train à Porto-Vecchio le mercredi 25 septembre 1935, cinq heures après son départ de Bastia. Les 62 passagers descendent des wagons sans être accueillis par la moindre manifestation officielle. Mais la foule est nombreuse pour assister à l’évènement et la gare est pavoisée.
Grâce à sgiò Cameddu
Pour l’arrondissement de Sartène auquel appartient Porto Vecchio c’est du pain bénit. Il paraissait jusque-là oublié du progrès peut-être parce qu’Emmanuel Arène le tout-puissant député ajaccien, était un républicain et que Sartène penchait pour le parti de la réaction. En tous les cas, c’est grâce au député Camille de Rocca Serra, élu en 1928, que les crédits nécessaires à la continuation de la voie de chemin de fer jusqu’à Porto Vecchio ont été votés. Il avait fait inscrire en 1929 au budget les crédits nécessaires pour prolonger la voie qui devait s’arrêter à Solenzara. La même année éclatait la crise économique mondiale. Et sans son obstination, jamais les travaux n’auraient été financés.
Une aubaine pour la Corse
La ligne de la Côte orientale transporte annuellement 10 000 tonnes de sel de Porto-Vecchio à Ajaccio et Bastia. Il est vrai que les marais salants appartiennent à la famille de Rocca Serra. 10 000 mètres-cubes de bois en grumes, 2 à 3 000 tonnes de bois de châtaignier partent sur les wagons vers les usines de Folelli et Ponte-Leccia. Le liège (propriété exclusive des de Rocca Serra), les bois façonnés, le charbon, le bois de chauffage et toutes sortes de denrées périssables peuvent ainsi circuler. Des zones industrielles poussent autour des gares.
L’entrée en lice des autorails
Le 15 mai 1938, 14 mois après la ligne Bastia-Ajaccio, des autorails remplacent les vieux convois. Porto Vecchio n'est plus qu'à trois heures de Bastia ! Mais déjà le train est concurrencé par des compagnies de car dont l’une des plus des importantes est celle qui appartient à la famille Ollandini. Son emblème est la Muvra, l’animal totem des autonomistes du Parti corsu d’Azzione. Les chemins de fer souffrent beaucoup de cette concurrence plus souple et qui couvre la route de la côte occidentale.
La fin du réseau oriental
Le 9 septembre 1943, la résistance corse se soulève. Les SS occupent Porto-Vecchio et le trafic ferroviaire est interrompu. Les patriotes font sauter les ponts pour empêcher le transport de troupes et de munition vers Bastia. La ligne ne sera jamais remise en service et sa dernière section, Casamozza-Folelli, sera définitivement fermée en 1953 sans que l’on en comprenne très bien les raisons. Sous le mandat de Paul Giacobbi, la collectivité territoriale de Corse, par la voix du président des chemins de fer de la Corse, avait décidé de commander une étude préliminaire sur la réouverture d'une ligne jusqu'à Poggio-Mezzana. Sans que cela donne le moindre résultat. Comme pour bien des projets en Corse hélas. Il est à craindre que croire à la renaissance de la ligne Bastia-Porto Vecchio ne relève d’une douce utopie. Et pourtant il fut un temps où c’était une réalité. Aujourd’hui il est remplacé par les ridicules petits trains pour touristes, dérisoire réminiscence d’une autre époque.
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GXC