Aux origines du service public de la marine de Corse
En juin 183O , les premiers bateaux à vapeur qui relièrent le continent et la Corse,.....
Aux origines du service public de la marine de Corse
Les premiers vaisseaux à vapeur qui relièrent le continent et la Corse ont été en juin 1830, ceux de la Compagnie Gérard de Toulon.Trois petits bateaux de 60 à 80 tonneaux desservaient une fois par semaine Ajaccio et Bastia. La compagnie est subventionnée par le gouvernement afin d’assurer un service public.
Marseille : l’alpha et l’omega de la Corse
Il fallait de vingt-six à trente heures pour assurer la traversée. En 1841, une loi substituait Marseille à Toulon comme tête de ligne des "Services postaux de la Corse" consacrant la prédominance de la cité phocéenne et de sa bourgeoisie industrielle.
Deux ans plus tard, l'État mettait en place un service de "paquebots-poste", tout en le limitant au transport des passagers et des dépêches. Les armateurs de marine à voile avaient protesté pour conserver le transport de marchandises et le cabotage nécessaire dans une île où les routes transversales étaient quasiment inexistantes.
Les frères Valery : des pionniers
En 1840, Jean et Joseph Valery deux armateurs et négociants bastiais, fondent une nouvelle compagnie. Ils débutent avec deux bateaux jaugeant moins de 100 tonneaux, le Laetizia et le Golo. Comme ça avait été le cas pour la compagnie Gérard, cette création provoque une nouvelle levée de boucliers de la marine à voile. Le service des lignes corses prospérant, le traité primitif passé avec la compagnie Valery fut augmenté en 1853 d’un service hebdomadaire pour Porto Torres en Sardaigne. Grâce à l’habileté des armateurs et de substantielles subventions versées par Napoléon III, la compagnie Valery devint alors quasiment monopolistique.
En 1861, Joseph Valery décéda. Son frère avait déjà rendu l’âme aux Amériques où il vivait. Il revint donc au neveu Joseph de faire fructifier l’affaire familiale.
La perpétuation du système colonial commercial génois
La Corse exportait détaxés des produits dits « naturels » : huile, peaux, bois, châtaignes. Mais, elle importait aux prix fixés par les armateurs les produits manufacturés, le bois et le blé. Le système mis en place par les Génois puis poursuivi par les Français, a donc perduré.
Dans la compétition à laquelle se livrait la marine à voile et la marine à vapeur cette dernière ne pouvait perdre car c’était désormais la rentabilité et a concentration qui l’emportaient sur les traditions. Les compagnies Frayssinet (un armateur marseillais qui apparut en 1869) et Valery se livrèrent à une guerre des prix qui ruina totalement la marine à voile.
La victoire des Marseillais
En 1876, la compagnie Valery forte de ses vingt-cinq navires, desservait également à partir d'Ajaccio Propriano, Bonifacio et la Sardaigne. Elle lança alors la première liaison à vapeur Corse-Nice, descendit jusqu’à Cagliari, prit pied en Afrique-du-Nord (Alger, Bône, Oran, Tunis). Fraissinet déposséda ainsi Valery des lignes d'Algérie qui étendit alors ses activités vers le Maroc, le Proche-Orient, Madagascar et même Nouméa. En 1879, son patron, le comte Valéry, sénateur de la Corse, âgé de 53 ans, décéda. Une troisième compagnie fit son apparition : la Transat qui connut une progression fulgurante et acheta une partie de sa flotte de Valery. Le restant fut cédé à François Morelli dont la "Compagnie insulaire de navigation" qui disparaîtra au bout de huit ans avec son créateur.
En 1892, ses navires furent vendus aux enchères et remportés pour la plupart par la compagnie Fraissinet qui va régner en maître durant soixante ans sur les lignes de Corse.
L’empire Fraissinet
Jean Fraissinet, un protestant dont la famille était originaire de l’Hérault, avait épousé Mathilde Cyprien-Fabrel, fille de Paul Cyprien-Fabre, richissime armateur marseillais. Son empire touchait au maritime, à la construction navale, à la transformation des produits venus des colonies comme le sucre et à la presse. Il devint propriétaire de la Transat et de la Compagnie Delmas-Vieljeux asseyant définitivement l’emprise de Marseille sur la Corse. Homme d’extrême-droite affirmé, il réussit à échapper aux mesures d’épuration. En 1948, le service de la Corse fut accordé à la Compagnie générale transatlantique qui avala la flotte corse de la compagnie Fraissinet. Après de nombreuses fusions et réorganisations impliquant la Société Générale des Transports Maritimes, Chargeurs réunis et Fabre, la compagnie Fraissinet disparaît en 1968. En définitive, la Corse n’aura été maîtresse de sa destinée maritime qu’au début du XIXe siècle jusqu’au Second empire pour ensuite devenir un satellite rentable pour Marseille.
GXC