La banalisation du fait nationaliste
Le fait nationaliste est désormais inscrit dans la vie politique corse.
La banalisation du fait nationaliste
À l’heure où cet article est écrit, les Corses n’ont pas voté pour le second tour des législatives. Mais deux leçons s’imposent : le fait nationaliste est désormais inscrit dans la vie politique corse. Mais il ne l’est plus comme une révolution mais une constante sans plus de dynamisme que le reste de la classe politique.
L’abstention victorieuse des élections
La Corse a un peu moins bien voté que la moyenne nationale. En soi c’est déjà une surprise car, dans les années passées, les Corses se montraient plutôt bons citoyens. Tout au moins quand il s’agissait d’enjeux locaux. Or l’élection des députés est non seulement en partie locale mais hautement symbolique. En emportant trois circonscriptions, les nationalistes avaient emmagasiné de sérieux atouts en vue de discussions avec le gouvernement. Ils visaient donc un maintien et surtout un score de votants élevé démontrant que la dynamique nationaliste différait de l’apathie mortelle qui touchait les autres partis. Enfin, la NUPES de Mélenchon ne présentait officiellement personne en Corse, favorisant ainsi (en théorie) les Simeonistes. Or il n’en a rien été. Certes les nationalistes obtiennent des scores honorables mais rien de flamboyant. Ils sont partout en baisse. Il est possible que les trois sortants soient reconduits mais dans de médiocres conditions. La seule gagnante de ces élections a été l’abstention c’est-à-dire l’indifférence de plus de la moitié des inscrits pour le fait politique. Dans une île surpolitisée, cela méritait d’être noté.
Des cliques et des clans
Le mouvement nationaliste, comme le macronisme a bénéficié de l’état catastrophique de la droite et plus encore de la gauche en Corse. Il a suffi sur le continent que la NUPES apparaisse pour que l’étoile du président palisse. Nous n’en sommes pas encore à ce stade. Mais sur le continent comme en Corse, on peut noter un réel enracinement du mouvement de Marine Le Pen. C’est même celui qui a profité d’une progression estimable alors que toutes les autres familles régressent. Néanmoins même bancal, même confronté à des échecs dans bon nombre de secteurs dont il est responsable, il reste le seul édifice politique qui tienne encore debout. Mais dans un contexte de crise mondiale, quand manger ou posséder une voiture devient presque un luxe, la célébration du XVIIIe siècle paoliste devient un luxe idéologique qui intéresse de moins en moins de citoyens.,
Un retour au clanisme
La banalisation du fait nationaliste et la crise planétaire provoquent un retour aux vieilles habitudes claniques. Un élu doit servir de courroie de transmission avec les autorités royales pour obtenir des avantages. qui se traduit par une forte baisse d’intérêt, risque fort de lui coûter cher à terme. S’il ne sert à rien de concret, il devient un sujet de luxe. Nous voilà bien loin de l’enthousiasme des débuts, du ghjuramentu de l’Assemblée et de l’unité proclamée. Depuis le mouvement nationaliste s’est notabilisé voire gentryfié. Ses dirigeants sont l’incarnation d’un embryon de bourgeoisie nationale qui existait déjà au XVIIIe et au XIXe siècle. Hélas cela ne signifie que cette couche sociale a mis sens dessus dessous un système clanique qu’hier encore ils vouaient aux gémonies. Bien au contraire : ils ont chaussé les pantoufles des vieux clans aujourd’hui disparus laissant apparaître les bourgeois d’un nouveau parti nordiste et d’un nouveau parti sudiste. Rien de nouveau sous les cieux somme toute. Les siméonistes sont dans l’obligation d’obtenir des résultats. De nouveaux clans sont en train de surgir tout simplement parce que la période ne permet rien d’autre. Ou la rue prend le pouvoir ou il faut manœuvrer. Mais on peut compter sur les faux amis nationalistes pour empêcher le président de l’exécutif de continuer à porter seul le titre de marquis de la Corse.
Les premiers tests
Est-ce que le député Acquaviva sera reconduit dans ses fonctions ou servira-t-il de signal envoyé à Gilles Simeoni ? Nous verrons bien mais sa défaite représenterait un funeste présage. La situation de Simeoni devient de plus en plus instable. Il va avoir besoin du poids du président de la République pour stabiliser sa situation. Nous sommes entrés dans une zone de turbulence et il va falloir prendre des décisions rapides et incisives. Ça n’est pas le fort du président de l’exécutif qui préfère étudier, attendre et trop souvent hélas ne rien faire ?
GXC