Nationalistes : bientôt la grande explication ?
Les élections municipales dans plusieurs des communes les plus peuplées, avant même la publication officielle des listes, sont déjà marquées par les divisions des nationalistes. Cela ne fait peut-être que commencer…
A Ajaccio et Bastia, trois listes respectivement soutenues par Femu a Corsica, le Partitu di A Nazione Corsa et Corsica Libera, et Core in Fronte sont à la lutte. Cette situation renforce les chances de réélection de Laurent Marcangeli (Fiers d’être Ajacciens) et réduit celles de Pierre Savelli (Femu a Corsica). Laurent Marcangeli qui en mars 2014 n’avait réuni que 35.16 % des suffrages exprimés au premier tour et 47,1 % au second, pouvaient craindre d’être confronté à la convergence d’une dynamique nationaliste, d’un sentiment revanchard à gauche et de défections au sein de son camp. En partant divisés au combat, les nationalistes ont altéré leurs chances de l’emporter car les discours de forte différenciation tenus par leurs trois listes rendront difficile une fusion entre elles au second tour et n’inciteront pas d’autres forces à les rejoindre ou les soutenir. La liste Pà Aiacciu (Partitu di A Nazione Corsa / Corsica Libera) conduite par Jean-François Casalta affiche un attachement aux fondamentaux du nationalisme et à la démarche Per a Corsica. Jean-André Miniconi à la tête de la liste Aiacciu pà tutti soutenue par Femu a Corsica affirme certes que Jean-François Casalta n’est pas son adversaire mais dilue la couleur nationaliste de sa liste en la qualifiant de « liste de rassemblement d’Ajacciens de sensibilités différentes » et en précisant : « Ce n’est pas une liste de rassemblement de partis et pas non plus une liste Femu. » Enfin Jean-Marc Lanfranchi qui mène le combat de Core in Fronte n’hésite pas à mettre en doute l’étiquette nationaliste de la liste Aiacciu pà tutti: « On a une première liste, qu'on dit nationaliste, celle de Monsieur Miniconi, mais je ne sais pas trop ce qu'elle est véritablement. » A Bastia, la majorité municipale peinera à rassembler au second tour les 9431 voix (55,4 % des suffrages exprimés) qui lui ont été nécessaires en mars 2014 pour venir à bout de la liste que menait Jean Zuccarelli (7592 voix soit 44,6 % des suffrages exprimés). Si elle ne creuse pas l’écart au premier tour et est confrontée à une coalition des opposants à l’occasion du second, outre n’être pas conduite par Gilles Simeoni, il lui faudra compter avec de nombreux électeurs nationalistes peu enclins à la soutenir. Ceux proches de Corsica Libera si leur liste Pè Bastia ne réalise pas 5 % des suffrages exprimée et n’est alors pas en mesure de fusionner, pourraient opter pour l’abstention. Ceux proches de Core in Fronte si leur liste ne peut se maintenir ou reste en lice si elle obtient au moins 10 % des suffrages exprimés au premier tour, pourraient bien se souvenir de ces propos de leur leader Paul-Félix Benedetti tenus sur le plateau de Via Stella « Si la municipalité actuelle est en danger elle l'aura bien cherché. Il faudra qu'elle se remette en question y compris dans ses stratégies d'alliance, et on verra ce qu'il adviendra plus tard. Pour le moment nous sommes dans une logique de continuation politique du sillon que l'on a tracé. Et c'est un sillon politique, pas une soupe électorale. Dans ces conditions, on restera égaux à nous-même, et on se maintiendra au second tour. »
Frondes et rejets ?
A Porto-Vecchio et Ghisonaccia, la division et le choc frontal sont aussi de mise. Dans la Cité du Sel, la liste Pè Purtivechju (Partitu di A Nazione Corsa / Corsica Libera) conduite par Jean-Christophe Angelini voit se dresser sur son chemin la liste Purtivechju da fà menée par Don Mathieu Santini. Ce dernier décrit sa démarche comme étant celle d’un nationaliste « sans étiquette ». En réalité, même s’il se défend de l’avoir voulu ou recherché, il est soutenu par au moins deux partis. Il a reçu l'appui de Femu a Corsica peu de temps après l'annonce de sa candidature. Puis Core in Fronte s’est déclaré en sa faveur. Ceux qui espéraient le ralliement ou l’effacement de Don Mathieu Santini au soir du premier tour en faveur de la liste Pè Purtivechju conduite par Jean-Christophe Angelini, sont aujourd’hui dans le doute. Il sont en effet confrontés à la position intransigeante affichées par l’intéressé lors de la présentation du programme de sa liste : « Si les gens veulent le duel habituel, ils l'auront. S'ils veulent un changement, l'alternative véritable c'est Purtivechju da fà et à ce moment-là c'est au premier tour que ça se joue et ça se joue fortement pour que nous puissions être en course pour le second tour, en force et pour pouvoir créer la mobilisation nécessaire pour gagner. » A Ghisonaccia, la désunion est aussi des plus visibles. Le Partitu di A Nazione Corsa a conclu un accord de mandature avec le maire sortant Divers Droite Francis Guidici. Femu a Corsica qui semblait accepter la démarche, a finalement décidé de lancer sa propre liste. Toutes ces divisions particulièrement voyantes troublent, inquiètent ou irritent. La « prise de température » sur les réseaux sociaux autorise à penser que du fait de ses querelles de fond ou de personnes, les 15 et 22 mars prochains, le nationalisme ne sera pas à l’abri de frondes » de ses bases militantes ou de rejets de la part d’électeurs-lambda qui pourraient se manifester par de l’abstention ou un vote-sanction. Parmi les militants critiques, figure un grand ancien : Pierre Poggioli. Tout en conservant un positionnement responsable, il alimente sur une de ses pages Facebook (Nutizie Nustrale), un débat qui ne manquera pas de se développer après les élections municipales : celui de la clarification de la démarche nationaliste dans le cadre de l’exercice du pouvoir, de l’afflux de populations non-corses et de la question sociale. Il écrit (résumé) : « Voilà que l’on découvre les gens de « sensibilité nationaliste ». On est nationaliste corse ou on ne l’est pas. C’est ce manque de clarté qui fera que le mouvement nationaliste risque de n’être pour la grande histoire qu’une «péripétie» de 50 ans (…) La colonisation de peuplement se renforce et s’affiche de plus en plus, de façon plus ou moins officielle, plus ou moins officieuse et camouflée. Elle envahit désormais, après les zones urbaines, les villages et l’intérieur où elle était marginale il y a encore peu. Elle s’insinue, s’infiltre et s’implante dans toutes les strates et les couches sociales de notre société, la transformant, transformant les esprits (…) Une quarantaine de familles qui ont augmenté leurs bénéfices et mis en coupe réglée l'économie (basée sur le tourisme, la construction ... et la consommation) ; augmentant leurs bénéfices et leurs richesses (et faisant tout pour ne pas en faire profiter aussi la majorité et partager un peu avec elle), développant toujours plus notre dépendance vis-à-vis de l'Hexagone et malheureusement encore plus depuis 2015. »
Frondes et rejets ?
A Porto-Vecchio et Ghisonaccia, la division et le choc frontal sont aussi de mise. Dans la Cité du Sel, la liste Pè Purtivechju (Partitu di A Nazione Corsa / Corsica Libera) conduite par Jean-Christophe Angelini voit se dresser sur son chemin la liste Purtivechju da fà menée par Don Mathieu Santini. Ce dernier décrit sa démarche comme étant celle d’un nationaliste « sans étiquette ». En réalité, même s’il se défend de l’avoir voulu ou recherché, il est soutenu par au moins deux partis. Il a reçu l'appui de Femu a Corsica peu de temps après l'annonce de sa candidature. Puis Core in Fronte s’est déclaré en sa faveur. Ceux qui espéraient le ralliement ou l’effacement de Don Mathieu Santini au soir du premier tour en faveur de la liste Pè Purtivechju conduite par Jean-Christophe Angelini, sont aujourd’hui dans le doute. Il sont en effet confrontés à la position intransigeante affichées par l’intéressé lors de la présentation du programme de sa liste : « Si les gens veulent le duel habituel, ils l'auront. S'ils veulent un changement, l'alternative véritable c'est Purtivechju da fà et à ce moment-là c'est au premier tour que ça se joue et ça se joue fortement pour que nous puissions être en course pour le second tour, en force et pour pouvoir créer la mobilisation nécessaire pour gagner. » A Ghisonaccia, la désunion est aussi des plus visibles. Le Partitu di A Nazione Corsa a conclu un accord de mandature avec le maire sortant Divers Droite Francis Guidici. Femu a Corsica qui semblait accepter la démarche, a finalement décidé de lancer sa propre liste. Toutes ces divisions particulièrement voyantes troublent, inquiètent ou irritent. La « prise de température » sur les réseaux sociaux autorise à penser que du fait de ses querelles de fond ou de personnes, les 15 et 22 mars prochains, le nationalisme ne sera pas à l’abri de frondes » de ses bases militantes ou de rejets de la part d’électeurs-lambda qui pourraient se manifester par de l’abstention ou un vote-sanction. Parmi les militants critiques, figure un grand ancien : Pierre Poggioli. Tout en conservant un positionnement responsable, il alimente sur une de ses pages Facebook (Nutizie Nustrale), un débat qui ne manquera pas de se développer après les élections municipales : celui de la clarification de la démarche nationaliste dans le cadre de l’exercice du pouvoir, de l’afflux de populations non-corses et de la question sociale. Il écrit (résumé) : « Voilà que l’on découvre les gens de « sensibilité nationaliste ». On est nationaliste corse ou on ne l’est pas. C’est ce manque de clarté qui fera que le mouvement nationaliste risque de n’être pour la grande histoire qu’une «péripétie» de 50 ans (…) La colonisation de peuplement se renforce et s’affiche de plus en plus, de façon plus ou moins officielle, plus ou moins officieuse et camouflée. Elle envahit désormais, après les zones urbaines, les villages et l’intérieur où elle était marginale il y a encore peu. Elle s’insinue, s’infiltre et s’implante dans toutes les strates et les couches sociales de notre société, la transformant, transformant les esprits (…) Une quarantaine de familles qui ont augmenté leurs bénéfices et mis en coupe réglée l'économie (basée sur le tourisme, la construction ... et la consommation) ; augmentant leurs bénéfices et leurs richesses (et faisant tout pour ne pas en faire profiter aussi la majorité et partager un peu avec elle), développant toujours plus notre dépendance vis-à-vis de l'Hexagone et malheureusement encore plus depuis 2015. »