• Le doyen de la presse Européenne

L'agonie de la Ve république ou la recherche du Bonaparte introuvable

Nous assistons à l'agonie d'un système.....
On se souviendra que la Constitution de la Ve République fut écrite en partie par Michel Debré sur la demande expresse du général de Gaulle devenu président du Conseil après un coup d'État fomenté par ses fidèles à Alger. Il signait ainsi la fin de la IVe République et l'avènement d'un pouvoir fort et centralisé intronisé par l'élection du Président de la République au suffrage universel. Ce vieux maurrassien mettait ainsi un terme "au régime des partis" qu'il avait déjà condamné en 1946 et ouvrait une voie royale à une monarchie républicaine. Et aujourd'hui nous assistons à l'agonie de ce système mis à mal par la mondialisation, les délocalisations stratégiques et la perte de grandeur d'une France désormais réduite à l'hexagone et quelques archipels.

Toutes les républiques se sont achevées de la même manière


La France a tellement l'habitude de se gargariser avec le concept de république qu'elle en oublie sa propre histoire. La première république entamée en 1792 s'acheva en 1804 par le Premier Empire. La deuxième décrétée en 1848 accoucha du Second Empire. La troisième baptisée avec le sang des Communards se donna au Maréchal Pétain en 1940. La quatrième initiée en 1946 s'acheva par la prise de pouvoir du général de Gaulle. En d'autres termes, le système républicain français a vocation après un temps de vie déterminé essentiellement par l'environnement international et économique à s'achever dans les bras d'un homme providentiel. Toute la question est désormais de savoir quand et comment un régime fort va s'imposer en France.

De petits bonapartes en petits bonapartes


Il faut bien constater que depuis la disparition de François Mitterrand le dernier monarque républicain de France, les présidents ont bien tenté de rejouer la partition bonapartiste sans jamais être à la hauteur. Un bonaparte au sens marxiste du terme est un homme qui prétend se situer au-dessus des contingences de la lutte des classes et gère le pays avec une bonne dose de ce qu'on appelle à tort le populisme et qui n'est qu'une manière d'offrir aux classes moyennes une raison d'espérer dans l'ascenseur social. La stratégie consiste à distribuer au passage des miettes aux plus déshérités de façon à obtenir leurs voix ou tout au moins leur neutralité, évitant ainsi les désordres de rue. Chirac ne fut rien moins qu'un radical sous étiquette de droite. Nicolas Sarkozy ne parvint pas à séduire la France. Ne parlons même pas de François Hollande. Quant à Emmanuel Macron, il tenta bien d'apparaître comme l'homme providentiel mais dans un contexte de crise internationale multifactorielle, il est apparu comme l'homme des banques et d'un système mondialisé peu favorable aux couches les plus défavorisées.

Quand le Rassemblement national brise le plafond de verre


Jusqu'alors l'extrême-droite était contenue par le système des partis comme hier De Gaulle l'était. La Covid et la guerre en Ukraine ont semé suffisamment d'inquiétudes pour que le bon peuple se réfugie dans l'abstention pour une bonne part et donne une partie de sa confiance au Rassemblement national qui vient de briser le fameux plafond de verre. Il a désormais une vaste route devant lui. Avec 90 députés, il est le premier parti d'opposition battant une fois encore les Insoumis de Mélenchon malgré les tentatives d'illusion du leader de gauche. La réalité est que la classe politique traditionnelle est aujourd'hui coincée : favorisation une dissolution de l'Assemblée c'est prendre le risque de renforcer le RN et d'obliger le président à prendre Marine Le Pen comme Premier ministre. Mais jouer les béquilles du macronisme c'est aussi renforcer le RN qui apparaîtra comme la seule opposition crédible.

Favoriser le désordre social


Pour la Nupes, il n'y aura pas d'avenir si elle ne trouve pas le soutien de la rue. Mais là encore, la coalition électorale pourrait bien voler en éclats. L'alliance était de circonstances et chaque groupe a son avenir à jouer en dehors du mélenchonisme. D'autant que désormais tous les grands ténors de la politique française ont déserté les bancs de l'Assemblée nationale. Les mois à venir vont être ceux des petites combinaisons dignes d'une Quatrième république. Mais, il ne fait aucun doute qu'à court à moyen terme, nous irons vers de nouvelles élections. Si le RN réussit à mailler le territoire français à la façon d'un parti, il sera le gagnant incontestable. Ce qui lui a manqué jusqu'à maintenant, ce sont des cadres. Beaucoup avaient rejoint le mirage zemmourien. Il y a fort à parier qu'ils vont revenir au nid la tête basse. Bien malin qui peut prévoir l'avenir. Mais, à l'évidence, il va être agité.

GXC
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