Per a Corsica : une opportune dislocation
A l’issue du second tour des élections municipales, il est apparu que beaucoup des électeurs ayant contribué aux succès électoraux de Per a Corsica, avaient pris acte que les concurrences entre nationalistes devaient à la fois être assumées et acceptées.
A l’issue du second tour des élections municipales, il est apparu que beaucoup des électeurs ayant contribué aux succès électoraux de Per a Corsica, avaient pris acte que les différences et / ou les concurrences entre nationalistes devaient à la fois être assumées et acceptées.
Le président du Sénat a dernièrement assuré qu'il n'y aurait pas de report en 2023 des élections régionales. « C'est ce que m'a dit le Président » a précisé Gérard Larcher. La possibilité d’un report après les élections présidentielles avait certes été évoquée par Emmanuel Macron. Mais les propos présidentiels avaient été très mal accueillis . Xavier Bertrand, le président du Conseil régional des Hauts-de-France, avait ironiquement souligné être soulagé que la Constitution interdise de changer la date de la présidentielle. Christian Jacob, le président de Les Républicains, avait lui aussi fait de l’ironie : « Pourquoi il ne nous annonce pas qu'on va décaler l'élection présidentielle tant qu'il y est. » Aux railleries de la droite, avaient fait écho les critiques de la gauche. Europe Écologie Les Verts avait considéré « foncièrement problématique » que soit envisagé « un report pour convenance personnelle». Le Parti Socialiste avait dénoncé la tentation d’un « tripatouillage électoral ».
Seul La République En Marche avait défendu l’idée d’un report en tentant de le présenter comme le pendant obligé d’un nouvel acte de décentralisation. Le Président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, avait en effet déclaré : « Si la décentralisation doit être massive, s'il s'agit d'une urgente nécessité, alors il faut reporter les élections de mars 2021 puisque sinon le nouveau cadre institutionnel ne serait applicable que six ans après le mandat reconduit en 2021. » Chez nous, ne bénéficiant pas de la durée complète d’une mandature et en conséquence manquant de temps pour réaliser ses projets, la majorité territoriale aurait été fondée à applaudir l’idée d’un report. Elle a probablement été bien inspirée de s’en abstenir. En effet, à y regarder de plus près, il apparaît que toutes les composantes de la majorité territoriale ont intérêt au respect du calendrier électoral. Et ce pour au moins trois raisons ! Primo, le scrutin territorial se déroulera avec aux responsabilités un président de la République et un gouvernement contestés ainsi qu’avec un parti présidentiel à la dérive. Ce qui interdira qu’une ou plusieurs listes puissent tirer profit de l’invocation de relations privilégiées avec Paris. Secundo, s’il lui est reproché des insuffisances dans sa gestion de la Collectivité de Corse ou une incapacité d’avoir obtenu la satisfaction de revendications historiques, la majorité territoriale pourra plaider avoir été confrontée et rester en butte à un contexte aussi difficile que conflictuel : complexité de la mise en place de la Collectivité de Corse, cadre institutionnel contraignant rendu paralysant par le jacobinisme d’Emmanuel Macron et l’interventionnisme préfectoral en découlant, crise sanitaire, crise économique et sociale. Tertio, Femu a Corsica, le Partitu di a Nazione Corsa et Corsica Libera pourront sans doute profitablement gérer la dislocation de Per a Corsica. Ceci mérite d’ailleurs d’être développé.
Bénéfique pour tous !
Le second tour des élections municipales a, presque contre toute attente, donné à voir une première acceptation de la dislocation de Per a Corsica. Le 28 juin dernier, il est en effet apparu que beaucoup des électeurs qui avaient contribué aux succès électoraux de Per a Corsica, avaient pris acte que des différences et / ou des concurrences entre nationalistes étaient inévitables et devaient à la fois être assumées et acceptées. Cette prise de conscience a certainement permis au nationalisme de conserver Bastia et de conquérir Porto-Vecchio, Figari et Zonza. Par ailleurs, le refus de Gilles Simeoni de faire des concessions à Corsica Libera, l’émancipation de Jean-Christophe Angelini et le découplage autonomistes / indépendantistes ont, en clarifiant les positionnements et ouvrant des perspectives, probablement apporté au nationalisme de nouveaux électeurs. Au vu de ce qu’a révélé l’épilogue du 28 juin dernier, la probable disparition de Per a Corsica n’a donc plus grand-chose d’alarmant. Elle pourrait même s’avérer bénéfique. Au premier tour des élections territoriales, les trois anciennes composantes de la coalition seront en mesure d’être elles-mêmes et d’ainsi ratisser plus large que lorsqu’elles étaient unies. Femu a Corsica pourra afficher son esprit de rassemblement autour d’une personnalité forte (Gilles Simeoni) et d’un réformisme institutionnellement, économiquement, environnementalement et socialement consensuel. Le Partitu di a Nazione Corsa sera en mesure de capter un électorat qui tout en étant sensibles aux évoluions institutionnelles et en acceptant une régulation au nom de l’intérêt collectif, appréciera que soient aussi mis en avant un soutien à l’esprit d’entreprise et une reconnaissance de la réussite individuelle. Corsica Libera sera à nouveau en capacité de porter une revendication associant libération nationale et libération sociale. Chacun allant de son côté et occupant son champ politique naturel pourra alors escompter faire le plein et réduire d’autant la part laissée aux oppositions. Femu a Corsica aura l’opportunité de capter encore davantage les suffrages des électeurs modérés ne pouvant plus se reconnaître dans un chef de clan et étant en quête de stabilité. Le Partitu di a Nazione Corsa sera à son affaire pour disputer une partie de l’électorat libéral à Laurent Marcangeli si se dernier se jette dans la bataille et tailler des croupières ou rallier à lui la plupart des derniers carrés macronistes. Corsica Libera pourra faire pièce à Core in Fronte et remobiliser un électorat protestataire. Si elles parvenaient ensuite à s’unir au second tour autour d’un contrat de mandature et d’une répartition des sièges équitablement déterminée pat la prise en compte des résultats du premier tour, les trois parties de ce qui avait été le puzzle Per a Corsica auraient alors de bonnes chances de l’emporter largement. Et s’il en était ainsi, Jean-Félix Acquaviva serait en droit de revendiquer le mérite de la pertinence. En effet, en analysant les résultats des élections municipales, le député de Corte-Balagne et aussi Secrétaire national de Femu a Corsica avait lancé : « En Corse, le pluralisme politique est désormais assuré par les partis nationalistes ».
Le président du Sénat a dernièrement assuré qu'il n'y aurait pas de report en 2023 des élections régionales. « C'est ce que m'a dit le Président » a précisé Gérard Larcher. La possibilité d’un report après les élections présidentielles avait certes été évoquée par Emmanuel Macron. Mais les propos présidentiels avaient été très mal accueillis . Xavier Bertrand, le président du Conseil régional des Hauts-de-France, avait ironiquement souligné être soulagé que la Constitution interdise de changer la date de la présidentielle. Christian Jacob, le président de Les Républicains, avait lui aussi fait de l’ironie : « Pourquoi il ne nous annonce pas qu'on va décaler l'élection présidentielle tant qu'il y est. » Aux railleries de la droite, avaient fait écho les critiques de la gauche. Europe Écologie Les Verts avait considéré « foncièrement problématique » que soit envisagé « un report pour convenance personnelle». Le Parti Socialiste avait dénoncé la tentation d’un « tripatouillage électoral ».
Seul La République En Marche avait défendu l’idée d’un report en tentant de le présenter comme le pendant obligé d’un nouvel acte de décentralisation. Le Président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, avait en effet déclaré : « Si la décentralisation doit être massive, s'il s'agit d'une urgente nécessité, alors il faut reporter les élections de mars 2021 puisque sinon le nouveau cadre institutionnel ne serait applicable que six ans après le mandat reconduit en 2021. » Chez nous, ne bénéficiant pas de la durée complète d’une mandature et en conséquence manquant de temps pour réaliser ses projets, la majorité territoriale aurait été fondée à applaudir l’idée d’un report. Elle a probablement été bien inspirée de s’en abstenir. En effet, à y regarder de plus près, il apparaît que toutes les composantes de la majorité territoriale ont intérêt au respect du calendrier électoral. Et ce pour au moins trois raisons ! Primo, le scrutin territorial se déroulera avec aux responsabilités un président de la République et un gouvernement contestés ainsi qu’avec un parti présidentiel à la dérive. Ce qui interdira qu’une ou plusieurs listes puissent tirer profit de l’invocation de relations privilégiées avec Paris. Secundo, s’il lui est reproché des insuffisances dans sa gestion de la Collectivité de Corse ou une incapacité d’avoir obtenu la satisfaction de revendications historiques, la majorité territoriale pourra plaider avoir été confrontée et rester en butte à un contexte aussi difficile que conflictuel : complexité de la mise en place de la Collectivité de Corse, cadre institutionnel contraignant rendu paralysant par le jacobinisme d’Emmanuel Macron et l’interventionnisme préfectoral en découlant, crise sanitaire, crise économique et sociale. Tertio, Femu a Corsica, le Partitu di a Nazione Corsa et Corsica Libera pourront sans doute profitablement gérer la dislocation de Per a Corsica. Ceci mérite d’ailleurs d’être développé.
Bénéfique pour tous !
Le second tour des élections municipales a, presque contre toute attente, donné à voir une première acceptation de la dislocation de Per a Corsica. Le 28 juin dernier, il est en effet apparu que beaucoup des électeurs qui avaient contribué aux succès électoraux de Per a Corsica, avaient pris acte que des différences et / ou des concurrences entre nationalistes étaient inévitables et devaient à la fois être assumées et acceptées. Cette prise de conscience a certainement permis au nationalisme de conserver Bastia et de conquérir Porto-Vecchio, Figari et Zonza. Par ailleurs, le refus de Gilles Simeoni de faire des concessions à Corsica Libera, l’émancipation de Jean-Christophe Angelini et le découplage autonomistes / indépendantistes ont, en clarifiant les positionnements et ouvrant des perspectives, probablement apporté au nationalisme de nouveaux électeurs. Au vu de ce qu’a révélé l’épilogue du 28 juin dernier, la probable disparition de Per a Corsica n’a donc plus grand-chose d’alarmant. Elle pourrait même s’avérer bénéfique. Au premier tour des élections territoriales, les trois anciennes composantes de la coalition seront en mesure d’être elles-mêmes et d’ainsi ratisser plus large que lorsqu’elles étaient unies. Femu a Corsica pourra afficher son esprit de rassemblement autour d’une personnalité forte (Gilles Simeoni) et d’un réformisme institutionnellement, économiquement, environnementalement et socialement consensuel. Le Partitu di a Nazione Corsa sera en mesure de capter un électorat qui tout en étant sensibles aux évoluions institutionnelles et en acceptant une régulation au nom de l’intérêt collectif, appréciera que soient aussi mis en avant un soutien à l’esprit d’entreprise et une reconnaissance de la réussite individuelle. Corsica Libera sera à nouveau en capacité de porter une revendication associant libération nationale et libération sociale. Chacun allant de son côté et occupant son champ politique naturel pourra alors escompter faire le plein et réduire d’autant la part laissée aux oppositions. Femu a Corsica aura l’opportunité de capter encore davantage les suffrages des électeurs modérés ne pouvant plus se reconnaître dans un chef de clan et étant en quête de stabilité. Le Partitu di a Nazione Corsa sera à son affaire pour disputer une partie de l’électorat libéral à Laurent Marcangeli si se dernier se jette dans la bataille et tailler des croupières ou rallier à lui la plupart des derniers carrés macronistes. Corsica Libera pourra faire pièce à Core in Fronte et remobiliser un électorat protestataire. Si elles parvenaient ensuite à s’unir au second tour autour d’un contrat de mandature et d’une répartition des sièges équitablement déterminée pat la prise en compte des résultats du premier tour, les trois parties de ce qui avait été le puzzle Per a Corsica auraient alors de bonnes chances de l’emporter largement. Et s’il en était ainsi, Jean-Félix Acquaviva serait en droit de revendiquer le mérite de la pertinence. En effet, en analysant les résultats des élections municipales, le député de Corte-Balagne et aussi Secrétaire national de Femu a Corsica avait lancé : « En Corse, le pluralisme politique est désormais assuré par les partis nationalistes ».