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Un road trip aux states

« Manhattan… Susan – Été 66 »
Un road trip aux States


Combat pour les droits civiques. Lutte contre la guerre du Vietnam. Émeutes raciales. Renouveau du féminisme américain. Voilà la toile de fond de « Manhattan… Susan – Été 66 » de Michèle Acquaviva-Pache. Et surtout, surtout… des personnages, des musiques, des voix reflets d’un pays mosaïque.



Pourquoi ce retour sur l’été 1966 aux Etats-Unis ? Parce que l’auteur s’y est balader dans sa jeunesse et que le livre est le récit de cette expérience, proche d’un « roman d’apprentissage ». Parce qu’aujourd’hui présente bien des ressemblances avec cet hier. L’auteur a eu le déclic de ce récit en découvrant l’affaire Michael Brown, Afro-Américain de 18 ans abattu par la police en 2014 au motif qu’il ne voulait pas marcher sur le trottoir. Ce crime va déclencher des vagues de manifestations dans tout le pays contre les violences policières et aboutir à la formation du mouvement, « Black Lives Matter ». Autre phénomène à l’origine de « Manhattan… Susan » les difficultés sans cesse accrues dans certains états visant à empêcher les femmes de recourir à l’IVG, un processus débouchant sur l’assassinat de plusieurs médecins pratiquant des avortements. La suite on la connait : la décision macabre de la Cour Suprême.

Comme la vie « Manhattan… Susan » a ses moments amusants et même carrément comiques, ainsi lorsque Lina – prénom sous lequel se cache l’auteur – se fait vertement rabrouer dans un bus par une dame noire pour cause d’oubli de Rosa Parks, la militante dont l’action a eu un impact déterminant pour obtenir la déségrégation dans les transports publics ! Ainsi quand deux amoureux de la gastronomie française optent, « Aux deux petits pédés » pour baptiser leur restaurant de Greenwich Village et qu’il faut les dissuader avec tact et diplomatie de cette appellation ! La drôlerie sait également faire place à l’émotion et au drame. Alors on pense à Susan, qui endure un calvaire car refusant une grossesse non voulue elle ne trouve aucune écoute, ou revient en mémoire ce jeune qui se rebelle contre son intégration dans une armée qui veut l’envoyer tuer du Viet…

Lina commence sa route en compagnie de Ralf, un étudiant rencontré par hasard. De convoyage de Cadillac à Key West en auto-stop jusqu’à Houston où ils se séparent, on rencontre au gré de leur parcours sans le sou : Syd, le berger des chiens de Charlestown, le vieux Jacob de « Preservation Hall » à New Orleans, qui chante le blues en vieux français, Sarah-Rivka, atypique texane, fan d’Harry Belafonte et tant d’autres dont Janet, la bonne hôtesse de Saint Petersburg, qui veut connaitre comment des appelés français ont pu se soustraire à la guerre d’Algérie.

Dans ce livre les musiques ont une énorme importance tant elles sont en résonance avec l’époque, tant elles en sont indissociables que ce soit la pop de Barbra Streisand, le free jazz de Shepp et de Mingus, les sons caribéens avec leur écho africain, le protest song de Dylan, du trio « Peter, Paul and Mary », de Joan Baez.

A l’instar des épisodes contés l’écriture est joyeuse ou triste et des dialogues rigoles alternent avec les instants de poésie.

Zélia Duran


Ed « L’Harmattan », 17 euros. Présentation le 8 juillet à la Galerie Noir et Blanc avec Patrizia Poli (lecture), Pascal Arroyo (musique )
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