Festival Dissidanse du 8 au 15 Juillet De Bastia à Ajaccio
Itinérance et diversité
Festival Dissidanse. Itinérance et diversité
De Bastia à Ajaccio le festival, Dissidance, se déroule jusqu’au 15 juillet au théâtre bastiais, à l’Alb’Oru, à La Fabrique et in situ, en particulier dans la cour du musée Fesch, place Campinchi, Zad Pietralba, abords de la citadelle ajaccienne.
En cinq ans le festival, Dissidance, a pris de l’ampleur et touche des publics différents de celui qui va habituellement assister aux spectacles de danse contemporaine. Cette année la manifestation met l’accent sur la création insulaire, celle d’Art Mouv’ d’Hélène Taddei et celle de Vialuni de Michèle Ettori. Ces compagnies, on ne les présente plus, puisqu’elles travaillent depuis 1998 à Bastia pour Art Mouv’ et depuis 2000 à Ajaccio pour Vialuni. Mais le festival braque aussi l’éclairage sur de jeunes compagnies insulaires émergentes, preuve de l’essor de cet art, ici.
Les toutes jeunes compagnies à découvrir lors de cette édition sont LaFlux de Bastia, Bal’Dilà d’Ajaccio, La Danzateria de Bastia. LaFlux de Caroline Savi proposant « Sguillada » sur le thème de la vague et du surf alliant chant, danse, musique rock sur une chorégraphie très léchée. Bal’Dilà de Déborah Lombardo et Mathéa Rafini présentant « Körper Körper » avec pour argument le corps en sa force et sa fragilité, sa jeunesse et sa vieillesse. Un spectacle peaufiné en résidence au CDCN de Carolyn Carlson. La Danzateria de Laetitia Brighi et du musicien, Laurent Gueirard, programmant « Lucendiluna » en un hommage aux aïeules de la chorégraphe-danseuse. Un groupe amateur d’une dizaine de femmes est associé à ce spectacle reposant sur trois tableaux : les fleurs, le souvenir, le rêve. A souligner que l’enseignement de la danse à l’université de Corse n’est sans doute pas pour rien dans la bonne santé de la danse contemporaine ici !
L’ouverture à la Méditerranée et à l’extérieur est concrétisée par la participation de trois compagnies. Atacama de Rome avec une pièce unissant le geste, la poésie du corps, l’élaboration d’images plastiques sur des musiques originales. En Drasi de Chypre avec une performance, « Who cares », sur le soin, jouant sur l’intimité et l’humour. Moveo de Malte avec « The other door » à la frontière du genre et de la culture. A mentionner également de Bourg-en-Bresse la compagnie, Passaros » avec de la Danse Théâtre.
Dissidance c’est encore une rencontre de professionnels et une exposition de photos de Pat O’Bine à l’Alb’Oru
Spectacles du 8 au 15 juillet
8 / 07 – Espace Mantinum de Bastia, 21 h 30 : « The Roots » de Corte. « En attendant James B. » d’Art Mouv’.
9 /07 – Alb’Oru, 20 h 30 : compagnies de Malte et de Chypre.
In situ à Saint Roch (Bastia), 17 h : Cie Passaros.
11 / 07 – Place Campinchi (Ajaccio), 17 h : Cie Passaros.
12 et 13 / 07 – ateliers amateurs, Zad Pietralba de 10 h à 14 h.
13 / 07 – Citadelle d’Ajaccio, 17 h : Impromptu.
15 / O7 – Cour du Musée Fesch, 18 h : Art Mouv’, Vialuni, Bal’Dilà.
ENTRETIEN AVEC MICHĖLE ETTORI
Dissidance pourquoi cette appellation ?A l’origine c’est le nom de l’association que nous avons créé Hélène Taddei et moi. C’est une façon de jouer sur le mot, Dissidance, qui rappelle le terme de dissidence ! Une manière de nous placer en dehors des conventions, de signifier notre volonté d’ouverture sur de nouveaux territoires.
A quelle occasion avez-vous eu l’idée de ce festival
En fait c’est la Collectivité de Corse qui nous a soufflé cette idée. L’objectif étant d’aider à diffuser nos créations et celles des compagnies émergentes sur l’île et à l’extérieur. Art Mouv’ et Vialuni ont été retenues car nous disposons de lieux, l’une à Sant’ Angelo sur Bastia, l’autre à Pietralba sur Ajaccio. Dissidance est délibérément itinérant pour coller à la géographie de la Corse. Nous avons aussi le but de favoriser les échanges avec la Méditerranée.
Qu’est-ce qui caractérise l’édition 2022 de Dissidanse ?C’est un focus sur la création insulaire. C’est une chance de pouvoir montrer, ici, notre travail et celui des jeunes compagnies en salle et in situ.
Pourquoi la manifestation est-elle plus bastiaise qu’ajaccienne cette année
Pour des motifs pratiques… La CdC vient de signer une convention avec l’ONDA (Office national de diffusion artistique), institution qui a plusieurs années d’existence et dont le rôle est de repérer les spectacles qui méritent d’être promus au plan national et international. Le festival s’est concentré sur Bastia parce que la ville l’accueille au théâtre et à l’Alb’Oru, parce que les responsables de l’ONDA, qui se déplacent en Corse, doivent dans la foulée gagner le festival d’Avignon. Une rencontre est également au programme avec les représentants de l’ONDA, de la CdC, de la DRAC, de la direction bastiaise de affaires culturelles, des compagnies et programmateurs de la danse contemporaine insulaire.
Le festival 2022 a-t-il un fil conducteur ?
Je dirai : foisonnement et diversité de la création. Toutes les compagnies de l’île croisent, par exemple, danse / musique / vidéo / Danse Théâtre.
Sur quels critères avez-vous sélectionné les compagnies de Malte, de Chypre, de Rome, de Bresse ?On a choisi des compagnies professionnelles qu’on peut recevoir et qui peuvent nous accueillir afin de favoriser les échanges, en particulier en Méditerranée. Nous établissons avec elles des partenariats. Pendant le confinement nous en avons découvert sur le net ou une fois libres de bouger dans des festivals. Maltaise, chypriote, romaine, ou bressane ces compagnies ont en commun le dynamisme et savent s’emparer des problèmes de notre monde !
Les compagnies corses de danse contemporaine sont de plus en plus nombreuses. Voilà un signe plus qu’encourageant ? C’est en tous cas un signe de développement ! Longtemps nous avons été trois : Art Mouv’, Vialuni, Creacorsica. Maintenant on compte huit compagnies professionnelles en Corse avec Studidanza de l’université. Il faut insister : les institutions, CdC, Drac, direction des affaires culturelles bastiaises nous soutiennent ce qui est très important.
La danse contemporaine est-elle accessible à tous ?Parce qu’elle questionne la société, qu’elle n’hésite pas aborder ce qui change, elle est de plus en plus présente dans ses différents styles. Quant à moi ce que je recherche lorsque je vais au spectacle c’est d’être bousculée… Et la danse contemporaine bouscule les conformismes ce qui fait sa réceptivité auprès d’un public de plus en plus large.
Quelle est la spécificité de la partie ajaccienne de Dissidance
A Ajaccio nous nous produisons in situ, dans l’espace public, car c’est l’été. Dans la cour du musée Fesch Art Mouv’, Vialuni, Bal’Dilà propose une composition en écriture instantanée avec une trame d’improvisation. Il s’agit de s’inspirer du lieu, du moment, de la lumière, des spectateurs. Dans le même état d’esprit s’inscrit la pièce dansée par la compagnie, Passaros, place Campinchi
Danser en extérieur est-ce très particulier ?In situ on touche un public qui généralement ne vient pas au théâtre et c’est pour nous une chance à saisir pour populariser encore plus la danse contemporaine. Pour notre part, en extérieur nous sommes un peu à nu et on se positionnent différemment.
Une formule pour qualifier Dissidance 2022 ? Effervescence et diversité !
Propos recueillis par M.A-P