Italie : Fratelli d'Italia aux portes du pouvoir
Giorgia Meloni pourrait devenir la prochaine présidente du Conseilm
Italie : Fratelli d’Italia aux portes du pouvoir
L’accession au pouvoir d’une coalition gouvernementale de droite est possible et la leader de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni pourrait devenir la prochaine présidente du Conseil.
Les technocrates de la Commission Européenne et les dirigeants des grandes banques européennes étaient aux anges. Depuis février 2021, pour que leur pays obtienne 200 des 750 milliards d’euros du Plan de relance européen post-Covid, les principaux partis politiques italiens (sauf à droite Fratelli d’Italia) semblaient s’être pliés à toutes leurs exigences.
Un gouvernement de coalition que présidait Mario Draghi, ancien président de la Banque Centrale Européenne, imposait des évolutions fiscales et sociales dictées par la doxa libérale inspirant les politiques de l’Union Européenne ; à savoir, équilibre des dépenses publiques et réduction de la dette à partir d’une optimisation des rentrées d’impôts et taxes et d’une réduction des conquêtes sociales et du service public.
Patatras, le 14 juillet dernier, une des composantes de la coalition gouvernementale a fait défaut. Les sénateurs du parti « antisystème » et écologiste Movimento 5 Stelle ont refusé de participer à un vote de confiance demandé par Mario Draghi visant à accélérer l’adoption d'un décret-loi prévoyant de consacrer 23 milliards d'euros d’aides aux ménages et aux entreprises. Ils ont expliqué qu’il fallait faire davantage et qu’en outre le décret-loi contenait une mesure à leurs yeux inacceptable : la construction d'un méga-incinérateur de déchets à Rome. Bien que, malgré la défection des sénateurs 5 Stelle, il ait en définitive obtenu un vote favorable, Mario Draghi a présenté sa démission au président de la République Sergio Mattarella.
Ce dernier l’a refusée et, pariant que les partis de la coalition gouvernementale opteraient pour un statut quo leur assurant un maintien aux responsabilités jusqu’aux élections générales devant avoir lieu en mai 2023, il a invité Mario Draghi à redemander la confiance. Pari perdu ! Les sénateurs du Movimento 5 Stelle et de deux autres composantes de la coalition gouvernementale, Forza Italia de Silvio Berlusconi et La Lega de Matteo Salvini, ont refusé de participer au vote. Ceci a provoqué une nouvelle démission de Mario Draghi. Sergio Mattarella l’a acceptée et a prononcé la dissolution du Parlement (Assemblé Nationale, Sénat). Des élections générales anticipées auront lieu le 25 septembre prochain.
Perte de sang froid et ingérence
Sergio Mattarella a tout fait pour sauver le gouvernement de coalition mais les considérations partisanes et un rejet de la politique de Mario Draghi l’ont emporté. La cote de confiance du Movimento 5 Stelle qui était arrivé en tête lors des précédentes élections générales en 2018, s’est affaissée depuis que ce mouvement a accepté de gouverner avec des partis du « système ». Il lui fallait donc rompre ! De nombreux scrutins locaux ont montré que les partis de droite Forza Italia et La Lega étaient désavoués par une partie de leurs électeurs pour avoir participé à un gouvernement aux côtés du centre-gauche (PartIto Democratico) et que cela profitait au troisième larron de droite Fratelli d'Italia malgré que de nombreux Italiens assimilent ce parti à l’extrême-droite voire au néo-fascisme.
Il leur fallait donc rompre ! Enfin, au vu des sondages portant sur les intentions de vote, les trois partis de droite ne pouvaient qu’être enclins à provoquer des élections anticipées. Fratelli d’Italia, crédité de 24 %, devance La Lega (14 %) et Forza Italia (8%) ; le parti de centre gauche Partito Democratico et le Movimento 5 Stelle sont eux respectivement crédités de 22 % et 11 %. L’accession au pouvoir d’une coalition gouvernementale de droite est donc possible et la leader de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni pourrait alors devenir la prochaine présidente du Conseil. Cette situation qu’ils considèrent être inquiétante car ils jugent Giorgia Meloni souverainiste et europhobe, conduit certains responsables de l’Union Européenne à perdre leur sang froid et à oser l’ingérence.
Ainsi, le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni a fustigé « les partis irresponsables » qui ont lâché Mario Draghi au risque de plonger le pays dans « une tempête parfaite ». Ainsi un diplomate a jugé bon de prévenir : « L'Italie risque de perdre des dizaines de milliards d'euros du plan de relance si 70 % des réformes prévues dans le plan ne sont pas réalisées fin 2022 ». Rien ne dit que le résultat de tout cela sera ce que souhaitent les donneurs de leçons européens. Giorgia Meloni s’emploie d’ailleurs à retourner les ingérences à son avantage. Elle a lancé aux électeurs : « N'ayez pas peur (…) Ne soyez pas effrayés par les déclarations intéressées de certains Européens qui viennent nous expliquer qu'il est irresponsable de voter en Italie. »
Alexandra Sereni
L’accession au pouvoir d’une coalition gouvernementale de droite est possible et la leader de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni pourrait devenir la prochaine présidente du Conseil.
Les technocrates de la Commission Européenne et les dirigeants des grandes banques européennes étaient aux anges. Depuis février 2021, pour que leur pays obtienne 200 des 750 milliards d’euros du Plan de relance européen post-Covid, les principaux partis politiques italiens (sauf à droite Fratelli d’Italia) semblaient s’être pliés à toutes leurs exigences.
Un gouvernement de coalition que présidait Mario Draghi, ancien président de la Banque Centrale Européenne, imposait des évolutions fiscales et sociales dictées par la doxa libérale inspirant les politiques de l’Union Européenne ; à savoir, équilibre des dépenses publiques et réduction de la dette à partir d’une optimisation des rentrées d’impôts et taxes et d’une réduction des conquêtes sociales et du service public.
Patatras, le 14 juillet dernier, une des composantes de la coalition gouvernementale a fait défaut. Les sénateurs du parti « antisystème » et écologiste Movimento 5 Stelle ont refusé de participer à un vote de confiance demandé par Mario Draghi visant à accélérer l’adoption d'un décret-loi prévoyant de consacrer 23 milliards d'euros d’aides aux ménages et aux entreprises. Ils ont expliqué qu’il fallait faire davantage et qu’en outre le décret-loi contenait une mesure à leurs yeux inacceptable : la construction d'un méga-incinérateur de déchets à Rome. Bien que, malgré la défection des sénateurs 5 Stelle, il ait en définitive obtenu un vote favorable, Mario Draghi a présenté sa démission au président de la République Sergio Mattarella.
Ce dernier l’a refusée et, pariant que les partis de la coalition gouvernementale opteraient pour un statut quo leur assurant un maintien aux responsabilités jusqu’aux élections générales devant avoir lieu en mai 2023, il a invité Mario Draghi à redemander la confiance. Pari perdu ! Les sénateurs du Movimento 5 Stelle et de deux autres composantes de la coalition gouvernementale, Forza Italia de Silvio Berlusconi et La Lega de Matteo Salvini, ont refusé de participer au vote. Ceci a provoqué une nouvelle démission de Mario Draghi. Sergio Mattarella l’a acceptée et a prononcé la dissolution du Parlement (Assemblé Nationale, Sénat). Des élections générales anticipées auront lieu le 25 septembre prochain.
Perte de sang froid et ingérence
Sergio Mattarella a tout fait pour sauver le gouvernement de coalition mais les considérations partisanes et un rejet de la politique de Mario Draghi l’ont emporté. La cote de confiance du Movimento 5 Stelle qui était arrivé en tête lors des précédentes élections générales en 2018, s’est affaissée depuis que ce mouvement a accepté de gouverner avec des partis du « système ». Il lui fallait donc rompre ! De nombreux scrutins locaux ont montré que les partis de droite Forza Italia et La Lega étaient désavoués par une partie de leurs électeurs pour avoir participé à un gouvernement aux côtés du centre-gauche (PartIto Democratico) et que cela profitait au troisième larron de droite Fratelli d'Italia malgré que de nombreux Italiens assimilent ce parti à l’extrême-droite voire au néo-fascisme.
Il leur fallait donc rompre ! Enfin, au vu des sondages portant sur les intentions de vote, les trois partis de droite ne pouvaient qu’être enclins à provoquer des élections anticipées. Fratelli d’Italia, crédité de 24 %, devance La Lega (14 %) et Forza Italia (8%) ; le parti de centre gauche Partito Democratico et le Movimento 5 Stelle sont eux respectivement crédités de 22 % et 11 %. L’accession au pouvoir d’une coalition gouvernementale de droite est donc possible et la leader de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni pourrait alors devenir la prochaine présidente du Conseil. Cette situation qu’ils considèrent être inquiétante car ils jugent Giorgia Meloni souverainiste et europhobe, conduit certains responsables de l’Union Européenne à perdre leur sang froid et à oser l’ingérence.
Ainsi, le commissaire européen à l'Économie Paolo Gentiloni a fustigé « les partis irresponsables » qui ont lâché Mario Draghi au risque de plonger le pays dans « une tempête parfaite ». Ainsi un diplomate a jugé bon de prévenir : « L'Italie risque de perdre des dizaines de milliards d'euros du plan de relance si 70 % des réformes prévues dans le plan ne sont pas réalisées fin 2022 ». Rien ne dit que le résultat de tout cela sera ce que souhaitent les donneurs de leçons européens. Giorgia Meloni s’emploie d’ailleurs à retourner les ingérences à son avantage. Elle a lancé aux électeurs : « N'ayez pas peur (…) Ne soyez pas effrayés par les déclarations intéressées de certains Européens qui viennent nous expliquer qu'il est irresponsable de voter en Italie. »
Alexandra Sereni